119 / 542
LETTRES
demeurera-t-il pas ce qu
1
il étoit auparavant; c'est-a–
dire, l'un ne sera-t-il pas toujours un lingot d'or, et
fautre um morceau de fer, quoiqu'ils soient unis en–
semble
?,
Oui, sans doute , vous n'en pouvez discon...
·venir. Voila done deux morceaux, l'un d'or, l'autre
de fer, qui, tout distingués qu'ils seront l'un de l'au–
tre, ne feront plus cepe11dant qu'nn morceau. C'est
aiasi, conclut l'enfant, que la nature divine et la na.–
ture humain.e, quoique di:stinguées l'une de l'autre
~
ne fout cependant qu'une seule personne en Jésus–
Christ.
Le curé, qui ne s'attendoit pas
a
une telle repartie,
demenra d'abord interdit, et sortit ensuite plein de
col~re'
donnant mille imprécations ace jeune bomme,
{jUi venoit de le désarmer. Ceux qui forent témoins
de sa victoire , vinrent incontirnmt nous en faire
ragréable récit.
.
Je joindrai' mon révérend pere'
a
ce récit' celui
de quelques autires actions d'une vertu solide, dont
nous avons été témoins
a
Alep; ils vons feront corl-–
noitre que nous ne travailloñs pas dans une
ten~
mgrate.
Une jeun.e filie de cette ville, élevée dans
la
piété
par un pere et une mere qui craignent Dieu, fut re–
cherchée il y a quelque temps, avec importunité,
par plusiems. personnes également d1armées de
s~
sagesse et de sa beauté. Apres leulf avoir
foil
dé–
clarer plusieurrs
fo
is qu'elle ne songeoit
a
aucun éta–
hlissement, et voyant que ses refus ne la délivroient
pas de leurs importunités , elle eut le courage de se
défigurer le visage pour mettre en silreté sa virginité,
qu'elle avoit vouée
a
Dieu.
Une dame de cette meme ville, fort distinguée par
sa naissance et par ses biens, s'iFlterdit, il
y
aquel–
ques années, par délicatesse de conscience et par
esprit de morti.fic
, tout usage du bain , si ordi-..
naire. dans le Levant.