Table of Contents Table of Contents
Previous Page  844 / 960 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 844 / 960 Next Page
Page Background

EPO

Voila tout ce qui femhle conftituer l'eífence dli

poeme épigue. Un po ··me qui réunira tontes

ces

·condirions, quel

qt~.'e n

foit d'ailleurs le fujet , la

forme, l'érendue

&

le genre

du

metre , peut pré–

tendre

a

la qualificarion

d'épopie.

La

forme en varie

a

l'infiai, depuis ·l'Iliade d'Homere, jufgu'aux cam–

pagnes de Marlborough, chantées .par Addiífon.

Il

y

·a

apparence que le fujet

d~

1'.

~opée

ne

_r?u~a origina~·rement que fur des exped1t10ns milltanes; ma1s

Homere montra déja par fon Ody:ífée qu'on pouvoit

-choifir d'autres événemens. Quel<:¡ues ·critiques font

dans l'idée que la forme du poeme épique a été in–

variablement fixée par Homere ; mais le

Fingal

d'Of–

Ílan efr d\me tourautre forme,

&

n'en efi pas moins

une

épopée.

N'exigeons du poete que l'e:ífentiel de la

p oéfie épigue,

&

laiífons le refie

a

fon génie

&

a

íon choix . Ne prétendons pas meme qu'il intro–

duife des intelligences fupérieures pour mettre du

merv eilleux

&

du furnaturel dans fon poeme. La

grand.eur peut tres- bien fe trouver d!lns des aé.tions

humaines,

&

exciter notre admiration.

11

fuffit que le

génie du poete foit vraiment grand. Ce n'efr eas

~e

que les divinités font dans l'lliade qui en confl:itu-e le

merveilleux; on pourroit le retrancher

entiérement~

&

le poeme conferveroit encare fa grandeur. Quand

au contraire un génie médiocre s'efforce de don–

ner a fon poeme un air de merveilleux en recou–

rant

a

des e tres furnaturels, Oll meme

a

des etres al–

légor~que_s ~

bien loin

d'y

ajout~r

de

~a

grandeur, íl.,Ie

rend mfa1lhblement fro1d.

N

e preferlvons done pomt

de regles arbitraires

a

cet égard'

&

laiffons également

au difcernement du poete, tour ce qui concerne le

lieu, le tems

&

la dnrée de l'aé.tion

j

qu'il fatisfaífe

aux conditions eífentielles de

l'épopée,

& il s'aífurera

un rang parmi le petit noinbre des bons épiques.

Ce que nous avons dit jufqu'ici conce·rne propre–

ment la grande

épopée,

celle qui chante une aé.tion

de la premiere grandeur, & qui nous fait connohre

des perfonnages d'un caraé.tere fublime, & d'un cott–

rage extraordinaire. Mais on peut encore appliquer

le ton

&

la maniere épique

a

des fujets d'une gran–

deur moyenne, ce qui produit la perite

épopée

qui ne

Iaiífe pas .d'etre tres-intéreífanre, bien qu'elle ne nous

montre pas des

héro~

du premiet ordre. De cette ef–

pece étoient dans l'antiquité le poeme de Hero

&

de Léandre de Mufée; le rapt d'Helene de Coluthus,

&

d'autres encare: nous pouvons citer entre les mo–

dernes le Jacob de Bodmer, comme un modele de ce

genre. Enfin il

y

a une iroifieme efpece

&épopée,

c'~íl:

celle qui chante de petits objets avec un ton de digni–

té, c'eíl:l'épique badin, ou comique; tel eíl: le

Lutrin

de Boileau, la

Boucle de cheveux enlevée,

&c.

La grande

épopée

eíl:, fans contredit , la plus noble

proclué.t~on

des beaux - arrs. Les anciens regardoient

l'Iliade

&

l'Odyífée comme deux fources otile capi–

táine, l'homme d'état, le citoyen

&

le pere de fa–

mille devoient puifer la fcience qui leur étoit nécef–

faire; ils trouverent dans ées deux poemes les mo–

deles de lá tragédie

&

de la comédie; ils efiimoient

que l'orateur, le peinrre, le fculpteur y pouvoient

apprendre les regles les plus eífentielles de leur art.

C ette opinion femble outrée, mais elle ne l'eíl: pas.

Le poere épique a réellement en fon pouvoir l'effet

qu'on peut attendre de toutes les branches des beauXlo

arts.

L'épopée

réunit tout ce que les divers genres de

poéú e ont chacun de bon en foi. Tout ce que lesarts

de la parole ont d'u.tile & d'inflntaif, le poeme épi–

que p eut l'avoir dans un dégré fupérieur. Quel ora–

teur a jamais furpaífé Homere. Quel effet ont pro–

duit les tableaux

&

les peintures, dont Homere n'ait

le premier donné les exemples' ? N'eíl-ce pasa Ho–

mere que Phidias a dtt le chef¡ d'reuvre de fon art?

Quelle notion capable d'élever l'ame , de l'exciter

aux derniers etforrs, de réprimer en elle la paffion la

EPO

plus violente, peut mieux s'inúnuer dans l'efprít ,

tnieux erre gravé e dans le creur' qu'au moyen de la

poéfie,

&

de la poéfie épique

?

Affignons done

a

l'épopée

le rang {upreme entre les produé.tions de

l'art;

&

a

u

poete épique, s'il efr grand dans fon gen–

re , la prééminene'e íur tous Jes artifies.

Quand "On réfléchit quel génie ce genre íublime

exige , on ne fera pas furpris que le nombre des bon–

nes

épopks

.foit fi petit. La Grece

fi.

fertile en grands

génies, n'a l:ompté que tres-peu de poetes épiques,

&

Roine n'en

a

eu qu'un {eul

qui

ait excellé, elle

sui a d'ailleurs produit tant d'homm es admirables.

· Les p€>"eres Gréts

&

Latins qui apres H omere

&

Vir–

gile, ont hazardé de fournir cette 'Carriere , bien

qu'en a:ífez petit nombre, n'ont pules fuivre que de

forr lo in ,

&

ne luifent qt1e comme de foibles étoiles

en compar;aifon de ces foleils. Quoique les fciences

&

les arts foi'ent aujour'd'hui répandus dans toute

l'Europe , rien n'y efr plus rare cependant qu'une

bonne

-épopée.

La France illuíl:rée par tant de grands

hommes; n'a e-ncore en ce gen re qu'un bien foihle ef–

fai

a

produire\ L'ltalie, l'Angleterre

&

1'

Allemagne

Ont

a

cet égard l'avantage d'avoir

VU

naitre des poe-·

tes qui peuvent approcher" ou d'Homere , ou de

Vir–

gile. Le poete Grec fouffriroit avec plaifir d'avoir

Milto~

&

Klopfiock a fes c·orés;

&

Virgile ne mépñ–

feroit pas la compagnie duTaífe. L'un

&

l'aurre prete–

roient quelqi.l<:foi.s une oreille

at~enti-ye

aux chants du

Dante

&

de

1'

Anofie,

&

adm1rero1t plus d'un

ta–

bleau deífmé de la main de Bodmer. (

Cet article

ejl

tiré

de la Théorie glaérale desBeaux-..Arts de M. SuLZER.)

ÉPOQUE, (

Aflronomie.)

On appelle

époque

oa

racine

des moyens mouvemens d'une planete,

le

lieu moy en de cette planete déterminé pou quel–

que infiant marqué, afin de pouvoir . enfuite, en

comptant depuis cet infiant , déte

iner le liett

moyen de la planete ; pour un autre infiant

·que!–

conque.

Parmi les planetes riot

S

comprenons aufii le foleil,

q4e les tables afironomiques fuppofent, ou peuvent

fuppofer en mouvement, en lui attribuant le mouve–

rnent de la terre..

Foye{

COPERNIC.

Poye{

auffi

Mouv.t.M~NT

MOYEN, LIEU MOYEN , TEMS

MOYEN, EQUATION DU TEMS,

Díaionn. raif. des

S

ciences

,

&c.

&

Suppl 'ment.

Les afironomes font gonvenus de faire commencer

l'année dans leurs tables a l'infrant du midi qui préce–

de le premie.r jour;de janvier, a rnoins;que l'année ne

ÍOÍt biífexti}e, c'efi-a-dire,

a

midi le 3

I

décembre,

eníerte qu'a midi du premier janvier, on compte déja

un jout complet ou vingt -quatre heures écoulées.

Ainfi, quand on trouve dans les tables afironomi.l

ques au méridien de París

l'époque

de la longitude

rnoyenne du foleil en

1700,

de 9 fignes

10

dégrés

1

minutes

1

5 fecondes; cela fignifie que le 3 r décem–

bre 1699,

a midi, a

Paris, la longitud e moyenne

du foleil, c

'efl:-a.dire

, fa difiance au premier point

d'aries,

en

n'ayant é

gard qu'a

fon mouveqtent

rnoyen, étoit de 9 fignes

10

dégrés 7 minutes

15

fecondes, & ainfi des autres.

L'

époque

une fois bien établie, le lieu ·moyen pour un

infiant quelconque efi aifé

a

fixer par une úmple re–

gle de trois. Car on dira: comme une année on 365

jours efi au tem-s écoulé depuis o u avant

1'

époque

ainfi le mouvement moyen de la planete, ou le

tems périQdique moyen pendant Qne année, eft au

mouvement cherché, qn'on ajoutera

a

l'époque,

ou.

qu'on en retranchera. Toute la difficulré fe

~éd.uit

done a bien fixer

l'époque,

c'efi -a-dire, Je

Vf~l

heu

moyen pour un tems déte rminé. Pour cela, 1l faut

obferver la planete le plus

e~aéte~en~

qu'il

~ft

poffi–

ble da ns les pointsde fon

or~1te

ou

~e

heu vra1 fe,con–

fond ave e le lieu moyen, e efi-a-d1re, ou ·les

equa~

tions du moyen mouvement font nulles. On am-a