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EDO
qu'ils ne feroient point attaqués dans
leur
retraite;
Le roi de Fez pouvoit accabter les aggreífeurs de
Tanger,
&
s'íll'eut voulu
il
ne s'en feroit pas fauvé
un feut; cependant
il
fut aífez généreux pour accep–
ter les propofitions qui lui
1
toient faires,
&
il exigea
feulement que l'un des deux infans refreroit en
ótage jufqu'a la refiitution de Ceuta : cette condition
fut acceptée: don Ferdinand refra parmi les Maures ,
&
don Henri , fe rernbarquant
avec
les t roupes,
retourna
a
Ceuta. Cependant le roi
Edouard,
informé
du petit nombre de foldats gui étoient paífés en Afri–
que' fe hata d'y envoyer don Juan fon frere a la
t ete d'un renfort tres· confidérable,
&
ces no
u
velles
troupes arriverent heureufement
·a
Ceuta quelques
jours apres que les Portugais , retirés de devan t
Tanger, y
ltoient rentrés. Ce fecours inattendu
¡·animant les efpérances de don Henri, il oublia le
traité qn'il avoit en le bonheur de conclure avec le
roí
de Fez,
&
le danger auquel feroit é idemment
expofé don Ferdinand ,
&
au
lieu de refii tuer
Ceuta,
iJ
en renou vella la garnifon, augmenta les
fortifications, remplit les magaúns,
&
renvoya en
.Portugal fon frere, avec les foldats malades
&
hors
d'écat de fervir. A leur entrée a Lisbonne,
Edo1~ard
informé de tout ce qui s'éroit paífé en Afrique,
aífembla fon confeil pour examiner fi l'on facr· fie–
roit Ceuta a la foi jurée par le traité de Tanger , ou
fi
l'on facrifi eroir a la poífeffion de Ceuta l'in fan t
don Ferdinand, frere du roi. Cette quefiion étoit
encore plus indécente qu'abfurde: car enfin la refiitu–
tion de Ce uta avoit été promife
>
&
ce n'
1
toit gu'a
~ette
condition que le roi de Fez avoit confenti
a
la
retraite de l'armée Portugaife qu'il eut pu éc!afer;
&
de quelque importance que cette place fftt pour le
Portugal, il éroit contre l'inrégrité , contre l'hon–
ñeur meme de la nation 'de la retenir au mépris des
fermens faits devant Tanger. Cependant le confeil
fut d'un avis contraire, tant l'inréret l'empone fur
l'honneur
&
fur l'équité : ce fut meme' dit on ' de
l'avis du pape que l'on convinr de retenir Ceuta ,
&
d'offrir au roí de Fez une tres-groífe fomme pour la
ran<_;:on de don Ferdinand ,
&
qu'au cas ott les
M<1ures fe refuferoient a ce d
1
dommagement , le
pape publieroit une croifade pour procurer la bb rté
a
don Ferdinand. Les Maures indignés de cette
violation manifefie des promelfes les plus folem–
nelles, rejetterent toute offre, fe refuferent aux fol–
licitations des rois de Cafiille
&
de G re nade ,
&
gar–
derent don ferdinand qui fupporta avec une hé–
rolque confiance les d
1
goCus, les humiliations
&
les
d éfagrémens de fa dure captivité : il refia , quelques
efforts qu'on fit pour le dégager, parmi les infide les,
jufqu'a
Ú1
~o~t. Pe~dant qu'i llanguiíf~it ~n
Afrique,
Edouard
fa1f01t
a
L1sbonne tour ce qm d pend01t de
lui pour
h~her
le moment de fa délivrance: mais le
Portugal n'étoit guere alors en état d faire d s efforts
heureux : les finances étoienr dans le plus rrifie épui–
fement,
&
fans le chancelier Jean de Régras, qui,
par des moyens que les circon.fiances empecherent
qu'on ne regardat comme oppreffifs , fit rentrer
<les
fo~mes
confid 'rabies dans les coffres du roi , il
eur
fallu abfolument renoncer
a
l'expédition pro–
jettée. Libre des inqui ' tudes que luí a oír dono ' es
le mau vais érat de
{es
financ s,
Edo¡¡.ard
fit
par mer
&
par terre les plus grands préparatifs pour poner
laguerre che2. les Maures d'A frique,
&
il avoa d'au–
t
t
plus de raifon de fe flatter du fucc s, que la na-
excitée par les bulles du pape,
&
plus encore
ar le defir qu' ll e a oit de déh rer don Ferdinand,
rnontroit l'impatience la plus vive
&
le zele le plus
ardenr patrr cette exp 'tlition. Le roi penfoit
a
et
1
gard comme les Porrugais ,
&
cene fut que malgré
lui qu il fe vit obligé de fufpendrepour quelque rems
les foins auxquels il fe livroit; rnais la pefre qui ne
ED
77
ceífoit de
dév~íler
Lisbonne
&
les environs , robli–
gea de fe_ retirer dans l'Efi:ramadure ,
&
de fe "1xer
a
T_?mar
JU~qu'a Te~
que la
viol~nce
de la con agion
fe fut ralentle a .....tsbonne; ma1s peu de jours apres
qn'il fe
fltt
rendu a Tomar , il rec;ut une lettre de
fa
capitale ,
&
l'ayant ouverte fans pr 'caution
il
fnt
fubitement attaqué de la pefie,
&
le mal fit
~n
peu
de momens tant de progres , qu'il mourut le
9
Sep–
tembre
14
38
dans la quarante-feptieme ann
1
e de fon
age ,
&
apres un regne de cinq ans
&
un mois.
A
fes
qualités eftimables ,
Edouard
joignoit des talens peu
communs,
&
un gout éclairé pour la littérature :
il
~, '~toit
déclar
1
l'auteur
d~
deux ouvrages qui avoient
et~
re<;us avec
~pplaudtifement,
quoiqu'on ne fut
pomt encore qut les avoit compofés: l'un étoit inti–
tulé
le.
~on
Confeiller
,
rempli de réflexions morales
&
poJmques auffi fages qu'ingénieu{es ; l'autre étoit
un
Traité fur
l'art
de dompter
&
de drejfer les
chevaux.
(L. C.)
EJ?REJ? ' · (
Hijl.
d'~ngleterre.)
Les foiblelfes de
ce
p~t~ce <.~~hpfer_ent,
íur la fin de fa vie, les grandes
quahtes qut
1
avotent rendu célebre dans les premie–
res ann
1
es de fon regne. Par fa valeur
&
fes bien–
faits il mérira
d'abo:~
l' ftime générale; il fut gagner
la confiance de fes ÍuJets : mai
la puúllanimiré lui fit
perdre daos la fuire une partie de l'affeétion de fe·s
íi._1jets. Frere d'Edmond I,
&
petit-fils d'Edouard l'an–
cten,
Edred
fut,
a
bien de égards , digne de fuccé–
der
a
ces illufire fou verains. Sa valeur héro!que fe
fignala par mille attions d'éclat,
&
fes arm ·s vitl:o–
ri ufes
a~ran~hir~nt
1'Angleterre du joug des rebel–
les Dano1s. A peme les Northumbres eurent appris
l'événement funetie qui venoir de terminer les jours
d'Edmond I, qu'impatiens de rentrer dans leur an–
cienne indépendance ,
&
comptant fur la foibleífe
&
!'incapacité du nouveau fouverain, ils réfolurent
de fe procurer'par la force des armes la liberté qu'ils
n'~voiem
pu jufqu'alors obtenir par le moyen du
bngandage
&
des fatl:ions . Dans cette vue il fe ligue–
r nt avec Malcolm, roi d'Ecoífe, qui crut cette occa–
fion propre
a
fe délivrer de l'engagement qu'il avoit
COntraB:é ' relativement
a
la province de Cumber–
land. Il comptoit, comme les Danois Norrhumbres ,
fur !'incapacité
d'Edr~d
qu'il croyoit hors d'état de
réfiíler a l'attaque des deux armées confédérées.
Mais Maleo
1m
&
fes aHiés fe trompoient,
&
l'
1
véne–
mem ne jufiifia point leurs efpérances.
Edred
auffi
brave qu'Edmond,
&
plus aB:if encore, infiruit des
grands projets qu'on formoit contre lui, fit tant de
diligence , que déja il éroit fuivi d'une puiífante
armée au centre du Northumberland, avant que les
Danois euífent meme arret' le plan de leurs opéra–
tions. Surpris,
&
hors d'état de faire éclater leur
révolte , moins en état encore de réúfiet·
a~u'
An–
glois , il ne refioit aux Banois Nonhumbres d'autre
reífource que celle d'a ouer la perfidie de leurs com–
plots ,
&
d implorer la clémence du roi. Ce fut le
parti gu'ils prirent,
&
ils conjurerent
Edred
de leur
prefcrire les conditions auxguclles il voudroit leur
accorder la paix. Ces conditions ne furent ni dures
ni avilimmtes: le roi d'
Angleter~e,
fatisfait de la fou–
miffion des rebelles , fe contenta de leur impofer
quelques amendes,
&
de fair punir les principaux:
auteurs de la révolre. S éloignant enfuite du Nor–
thumberland , il s'a anc;a vers les frontieres de
l'Ecoíre , otl ilfe propofoir de punir plus rigoureufe–
ment l'ingratitude de Malcolm: mais celui-ci, décon–
certé par l'humiliation des Northumbres,
&
ne pou–
va nt feul r
1
Gfier aux for ces du roí d'Anglererre, fe
hata de fuivre l'exemple de fes alliés ,
&
fe foumet–
tant comme eux , il jura de rendre a l'avenir l'hom–
mage qu'il avoit tent
1
de refufer.
Edr~d ,
trop gené–
reux pour fuppofer des intentions perfides a des
ennemis abattns, crut la gue rre terminée,
&
retourna