Table of Contents Table of Contents
Previous Page  785 / 960 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 785 / 960 Next Page
Page Background

EDO

Paéle

qui

d 'lioit les fujets du ferment de 6délité.

Edouard

répondit

qu'il

fe foumettroit

a

tout,

&

que

cette difgrace étoir la jufie punition de fes péchés.

Ifabelle, dont rambition

&

la

paffion adultere pour

Mort~mer

avoient conduit cetre révolucion , envía

a

fon malheureux époux la vie qu'on lui avoit laiífée.

Malrravers

&

Gournay furent chargés de le tuer

daos fa prifon. Ces infames bourreaux lui firent

fubir la mort la plus cruelle. Ils lui introduifirent une

corne dans le fondement'

&

paíferent

a

travers un

fer chaud, avec lequel ils lui brulerent les entrailles.

Ainfi périt

Edouard 11,

agé de 43 ans.

·

EDOUARD

III

n'avoit que quinze ans lorfqu'il

monta fur le trone en 13

27.

Quoiqu'il montdh une

maturité de jugement

&

une pénétration au-deífus

de fon age' les loix du royaume ne lui permettant

pas de prendre fi jeune les renes du gouvernement'

Ifabelle fa mere fe mit a la tete des affaire avec

Mortimer fon amant. Mais le jeune

Edouard

fignala

des-lors fon ardeur martiale contre les Ecoífois qui

ravageoient les frontieres de

1'

Angleterre.

A

u

re tour

de cette campagne il époufa une princeífe de Hai–

J)aut,

&

en 13 29 il alla en France rendre hommage

a

Philippe de Valois , pour la Guyenne

&

le Pon–

thieu. Revenu en Angleterre, il eut de violens foup–

~ons

{ur la conduite de fa mere

&

de fon minifrre.

Bientot il découvrit les noires intrigues tramées pen–

dant fa minorité, la mort de fon pere

&

d'autres cri–

rnes de cette efpece. Le parlement trop dévoué

a

Ifa–

belle futcaífé. Un autre

autorifaEdouarda

prendre en

main l'adminifiration des affaires, quoiqu'il n'eút pas

encore l'age marqué par les loix. Mortimer fut enlevé

jufques dans le lit de la reine fon amante ,

&

pendu

au gibet commun de Tiburn avec toute l'ignominie

attachée a ce fupplice. Ifabelle fut confinée dans

un chareau avec une modique penfion de cinq cens

livres fterling. Ayant ainfi vengé

tm

pere encore

plus

malheureux que coupable'

il

fe difpofa a con–

quérir le royaume d'Ecoífe. Apres cette expédition

ou il trouva plus de difficultés qu'il n'avoit penfé,

&

dans laquelle il montra plus de fureur que de cou–

rage ; étant venu jufqu'a quatre fois en Ecoífe ,

&

·ayant ravagé de la maniere la plus cruelle les pro–

vinces qui s'étoient déclarées contre luí , il fit la

guerre

a

la France par l'ambition de mettre fur fa

tete la couronne que portoit Philippe de Valois. Le

combat naval de l'Eclufe (

13

39) , dont il eut rout

l'avantage, fut fui vi d'nne treve de deux ans. Lorf–

qu'elle fut expirée,

Edouard

fe remiten campagne

avec une nombreufe armée.

U

alta campera Crecy,

ou il remporta une viB:oire complette fur

les

trou–

pes du monarque fran<;ois en 1346. Ce fut dans

cette bataille que les Anglois commencerent

a

fe fer–

vir du canon, dont l'ufage étoit alors pe u connu.

Enfuite

Edouard

ayant pris fa marche par Le Boulon–

nois , vint mettre le fiege devant Calais , fiege

a

jamais mémorable , ou les affiéges accablés par la

force , donnerent au

~ainqueur

l'exemple d'llne

magnanimité héroique ' propre

a

confondre l'inhu–

manité avec laquelle il les traitoit. A la bataille de

Poitiers · en 13 57, le roi Jean qui avoit fuccédé

a

Philippe·, fut fait prifonnier,

&

orna le triomphe

d'Edouard

qui eut la cruauté d'expofer ce prince

rnalheureux

a

la rifée d'une populace infolente.

Tandis que le roi Jean langniífoit dans les fers, l'An–

glois continuoit de ravager fes provinces. Il s'avan<;a

jufqu'aux portes de París,

&

l'on voyoit par-deífus

les murailles la fumée des villages qu'il bruloit.

Tout-a-coup le ciel -fe couvre de nuages épais. En

un infiant tour le camp d'

Edouard

efi inondé; les

tentes, les bagages, les munitions , tout eíl entrainé

par les torrens; une grele d'une groífeur énorme

accable les

homm~s

&

les chevaux; la foudre

&

les

éda\rs les rempliífent d'etfroi. :Les

foldats

s'écrient

J'ome

11._

EDO

77

qu.e le ciel.vengeur de la France , le.:; punit de leur

bngan<Jage:

Edouard

rremble comme eux

&

fe

to~rnant

vers l'égli

e.de

Charrres, dont on apperce–

VOlt

les clochers , fait Vreu de confentir

a

la paÍx s'i{

échapp~ ~ ce

danger., Tant il eft vrai que la terreur

entre mfement dans

1

ame du coupable

!

Le trairé de

Brerigny

fi

avanrageux

a

l'Anglois,

fut

íigné

&

le

r~ú. J~an

revint en France apres quarre ans

d~

ap–

tlVJte.

La guerre fe ralluma entre les deux couronnes

en

q68.

Charles V avoit fuccédé au roí Jean, m

rt

quatre ans auparavant. La fortune fe laífa de favori–

{er un héros fanguinaire. Bertrand du Guefclin battit

les Anglois de tous

~otés.

En moins de fix campa–

gnes ,

Edouard

perdtt les belles provinces dont la

conquete lui avoit couté plus de vingt ans de tra...

':aux,

&

tant de .

f~ng

&

d'argent. Ces revers amor..

t1rent cette

amb1~10n

effrénée qui l'avoit agité juf–

qu'alors. Une pa.ílwn plus douce , mais hors de fai..

fon, lui fuccéda. Son fol amour pour Alix Pierce

le ?t tombe!- dans des

foible~es

ind'gnes d'un grand

pnnce. Umquement occupe de fa maitreífe

&

de

fes plaifirs ,

il

laiífa ufurper fon aurorité par fes

minifires '

&

leur abandonna les renes du gouverne–

~e~t

..

~es, fo~ds

de l'état

furen~

bientot épuifés par

1av1d1te d Ahx

&

de fes favons. De-la un mécon–

teD:tement univerfel.

Edouard,

qui jufqu'alors n'a–

vou encouru que le reptoche d'un conquérant fé–

roce , mérita fur fes vieux jours celui d'un prince

foible

&

e:fféminé.

Il

eut pourtant des vertus. Auffi

humain envers fes fujets,

qu'impla~able

envers

fes

ennemis, íl fut le proteél:eur des veuves, des orphe..

lins,

&

en général de tous les malheureux; il aima

la jufiice

&

la fit obferver.

Il

encouragea les (cien–

ces, les arts

&

le <¡Ommerce,

:fit

avec fon parle–

ment plufieurs fiatuts avantageux

a

la nation ;

&

fans fa manie aveugle de vouloir etre roi de France:

il efH employé

a

des établiífemens utiles

&

durables,

les tréfors qu'il confuma vainement

a

des conque tes

p_aifageres.

11

mourut en

l

3

77 '

agé de foixante–

cmq ans.

EDOUARD

IV , fils de Richard, duc d'Yorck,

ufurpa la couronne d'Angleterre qui appartenoir

a

Henri VI, de la maifon de Lancafire. Deux viB:oi–

res remporrées fur celui-ci, aífurerent fes droits

fans les légitimer. I1 fe fi.t couronner en 1461. Telle

fut !'origine des guerres civiles entre les maifons

d'Yorck

&

de Lancafire, qui firent de

1'

Angleterre

un vafie théatre de carnage. Le célebre comte de

Warwick, qui avoit fait monter

Edouard

fur le

trone , l'y maintenoit contre tous les efforts de fes

ennemis. Le monarque imprudent témoigna peu de

reconnoiífance d'un fi grand bienfait;

&

comme s'il

eut craint de n'etre pas aífez maitre ' s'il fembloit

partager avec fon bienfaiteur une autorité dont illui

étoit redevable, il écarta ce général de tous fes con–

feils;

&

tandis qu'il avoit envoyé \Varwick négo–

cier en France le mariage de ce prince avee la freur

de la reine époufe de Louis XI, le roi devenu amou–

reux d'Elifabeth \Voodwill, qui dédaigna d'etre fa

ma'itreífe, fe détermina

a

la ccuronner,

&

il eut

fi

peu de conúdératión pour le comte

&

la commiffion

dont ill'avoit chargé, qu'il fit ce mariage fans lui en

faire part. Warwick outragé s'en vengea en otant

a

Edouard

la couronne qu'il lui avoit donnée. Hen–

ri VI, forti de fa prifon, monta fu

r le trone

qui lui

étoit du.

It

n'y refta pas long-tems.

Edoua.rd,

fait pri–

fonnier en 1470, trouva le moyen de fe fauver ,

s'aífura de quelques amis,

&

ofa reparoirre en An–

gleterre a vec une tranquilliré affeB:ée , feignanr de

renoncer a la couronne,

&

fe contentaor du titre de

duc d'Yorck. Avec cette modération apparente il

pénétra jufqu'a Londres. \Varwick étoit abfent.

Edouard

a

voit

un fort parti,

a

la tete duquel ét01t

E E

e e e

íj