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~

77

2

EDO

le duc

d.e

Clar~nce

fon frere;

il

connoiífoit d'aill.eurs

l'efprit foible & puíillanime de Henri. C..es

hab1ta~s

de Londres lui en Otwrirent les portes,

&

les parti–

fans de Henri prennent la fuite. Ce prince malheu–

rem'' jouet de la fortune'

repa~a

du tróne aans

~a

tour tandis que fon rival ufurpo1t une feconde f01s

'

1

fa place.

Edouard

fortit de Londres avec une armee

pour aller comb,attre celle de

W

arwick:

Il

rencontra

fes ennemis pres de Barnet , le

4 A

vnl

1

37

1 ,

les

attaqua

les vainquit; & fon triomphe fut d'autant

plus

co~plet

que \Varwick périt fur le champ de

·bataille. Henri & fon fils furent égorgés par ordre

du

vainqueur.

Il

n'épargea aucune des t etes qui

lui parurent fufp eéles. Prefque tous ceux qtú avoient

en

des liaifons avec la maifon de Lancail:re, furent

facr-ifiés

a

fa ft'treté. Le duc de Clarence fon frere ,

celui-la meme qui l'avoit fervi

fi

utilement dans la

derniere révolution , ne fut pas épargné.

Il

avoit

d'abord fui vi le partí de Henri, c'étoit aífez pour

mériter la mort.

Edouard

ne luí laiífa que le choix

de fon fupplice.

Il

fut noyé dans un tonneau de mal–

voifie , comme il l'avoit deíiré. A ces cruautés ,

Edouard

joignit des débauches aviliífantes, & mou–

rut fubitement peu apres fon frere en

1483'

agé de

4r

ans.

EDOUARD V , fils

d'Edouard IV,

n'avoit que

onze ans lorfqu'il monta fur le treme, & ne l'occupa

que deux mois , ayant été égorgé avec fon frere

Richard , par ordre du duc de Glocefter leur oncle,

q1,1i ufurpa la couronne.

EDOUARD VI, :fils de Henri VIII & de Jeanne

de Seymour; fuccéda a fon pere en 1547· Quoiqu'il

n'eut pas encere dix ans accomplis ,

il

donno it les

plus belles efperances. L'amour de la ju.ílice fembloit

~vec

lui. Des traits de bieQ{aifance annonc;;:oient

fon ame tendre

&

feníible. 11 fit des progres

fi

rapi- ·

des' & fi fort au-deífus de fon age 'dansl'étude des

langues & des fciences, que le célebre Cardan le

regardoit comme un prodige en ce genre. Tant de

talens & de

fi

heureufes diípoíirions furent malheu–

reufement corrompus par fes mini.ílres , qui profite–

rent de fon enfance pour contenter leurs vues ambi–

tieufes ,

&

lui faire ratifier, au gré de leur méchan–

ceté, des aélions auxquelles fon cceur fe refufoit. I1

fit

périr fur un échafaud fes deux oncles Edouard

&

Thomas Seymour, le fecond par les iníinuations du

premier ,

&

celui-ci par les intrigues du comte de

W arwick. L'archeveque Cranmer lui arracha l'arret

de mort de deux femmes prétendues anabaptiíl:es ,

dont 1 'efprit foible plus que coupable étoit plus digne

de pitié que de rigueur. Le fougueux prélat les avoit

condamnées au feu;

Edouardrefufoitde

figner l'ordre

de leur fupplice'. Cranmer employa toute fon élo–

quence pour obtenii" le confentement du prince.

Edouard

le donna en pleurant,

&

dit

a

l'archeve–

que :

H

Si vous me faites commettre une mauvaife

~)

aélion , vous en répondrez devant Dieu:

>)

paroles

remarquables qui caraélérifent en meme"tems l'ame

compatiífante du jeune monarque, & le zele barbare

du prélat. Le comte de \Varwick & les apotres'<le la

réforme lui ñrent commettre une nouvelle injuil:ice,

en lui perfuadant d'exclure de la couronne fes deux

freurs , Marie & Elifabeth , pour appeller au tróne

Jeanne Gray qui n'étoit que fa couíine, mais qui

avoit époufé le fils du comte de ' Varwick;

&

ce

comte, im'patient de voir fa belle-fille fur le trone,

h~ta

la mort du roi par un poifon lent qui le conduiíit

au tombeau en

1

553 , av¡ant qu 'il eut exercé par

l ui-meme l'aut0riré fou veraine dont on abufoit

fi

indignement fous fon nom.

EnouARD, roi de Portugal , (

H~fl·

de

Port. )

fuccéda. en

I

433

a

donJuan qui s'étoit illufi:ré par

de grandes aélions , & de grandes qualirés. Fils ainé

de ce fouverai n ,

Edouard

>digne d'un tel pere , n'eut

E DO

pas été plutot proclamé, que pour éviter la peíle

qui

ravageoit Lisbonne ,

il

fut obligé de fe retirer

a

Sintra, jufqü'a ce que ce fléau eui: ceífé d'exercer fes

fureurs dans la capitale,

&

il n'yrentra que pour dé–

dommager autant qu'il dépehdoir de lui, les habitans

des pertes qu'ils avoient fouffertes par la ceífation

du travail. Le roi alla enfuite

a

Leiria

&

a

Santaren,

o1t

il

convoqua les états généraux ; ce fut dans cette

aífemblée nationale qu'il donna la plus haute idée

de fon habileté dans l'art de gouverner, de fa pru–

dence & de la grande utilité de fes vues; chacune des

provinces

&

prefque chacune des villes du roya

u–

me avoit fes loix

&

fes conturnes parriculieres, en.:–

forte qu'il n'y avoit point dans l'état de jurifprudence

:fixe , ni rien d'aífu ré dans les droits des citoyens:

les memes raifons qui faifoient gagner un proces

a

Lisbonne' le faifo ient perdre

a

Leiria

Olla

Guima–

raens,& la ju.ílice qui devroit etre u_niforme furtonte

l'étendue de !aterre, varioit en Portugal, & dépe ndoit

des lieux qu'on habitoit.

Edouard

voulut qu'il

n'y

eút dans le royaume qu'une coutume générale , une

feule

&

meme regle '

&

les ordonnances qu'il pu–

blia

a

ce fujet l'ont beaucoup plus illufiré' que n'euf–

fent pu

le

faire les plus éclatantes viéloires.

Il

feroit

bien

a

defirer' que cet exemple ftlt fuivi dans des états

beaucoup plus étendus que le Portugal, & o1t-l'on

fouffre encore cette barbare

&

ridicule confufion de

coutumes , cette multiplicité d'ufages oppofés entre

eux, & qui jettent la plus grande incertitude fur la

jurifprudence , qui fouvent y paroit abfurde. Tan–

dis qu'on ne

croyoitEdouardoccupé

que des moyens

de rendre fes fujets heureux

&

fon royaume florif–

fant , il méditoit le plan d'une grande & périlleufe

entreprife ; ambitieux de fignaler fon regne par quel–

que conquete importante en Afrique , il formoit le

pro jet de s'emparer de Tanger qui, s'il eut pu s'en

rendre

1~1aitre

, e{'tt aífuré aux Portugais la liberté

du commerce le plus brillant

&

le plus étendu.

Edouard

fit part de fes vues au confeil; on décida

unanimement que la conquete de cette place feroit

auffi glorieufe qu'utile : mais les <tvis fur ent partagés

fur les moyens d'exécuter cette entreprife ; les plus

prudens voulurent que l'on ne tentat cette expédi–

tion qu'apres avoir fait les plus grands préparatifs .;

&

avec une flotte nombreufe ; les autres trop eni–

vrés de la valeur

&

du courage des Portugais , pré–

tendirent qu'il fuffiroit d'etwoyer en Afrique un petit

nombre de troupes pour répandre la terreur dans

toutes ces contrées , & que Tanger, fans s'expofer

a

un fiege, fe

h~teroit

d'ouvrir fes portes. Le roi eut

le malheur de fuivre ce dernier fentiment,

&

l'on

de.ílina pour cette entreprife

qt~atcrze

mille hommes

avec une flotte proportion!lée, dont le commande–

ment fut confié aux infans don Henri & don Ferdiw

nan.d. Les préparatifs de cette expédition avoient

été faits

a

la hate' & les troupess'étoient raífemblées

&

embarquées fi précipitammebt ' qu'arrivées

a

Ceuta , les infans furent tres-étonnés lorfque , fai–

fant la revue de leur petite armée, ils compterent

a

peine fept mille hommes' au lieu de quatorze mille

qui leur avoient été promis. Cependant quelque

foible que ftlt cette troup.e, elle marcha fiérement

vers Tanger dont elle alla former le fiege; les Maures

allarmés,

&

ignorant encore le véritable état de l'ar–

mée Portugaife , fe liguerent pour la défenfe de

Tanger, & le roi de Fez

a

la tete d'une armée tres–

nombreufe , vint atraquer les a¡Iiégeaos dans leurs

retranchemens ; les infans

r epoufferent d'abord

les Maures; mais bientot inveilis de toutes parts ,

renfermés entre la ville

&

l'armée prefqu'innom–

brable du roi de Fez,

&

ne voyant nul moyen de

réíifier fi l'on en venoit

a

une bataille, ils propofe–

rent au roi de Fez de luí rendre Ceuta,

a

condition

qu'il permettroit auxPortugais de fe rembarquer,

&