ED M
d'
Edmond,
qui fe fut
a
peine éloigné,
qu'
Anlaf
&
Réginald réunirent leurs forces contre leur bienfai–
teu r, fe liguerent avec les Danois de Meréie
&
le roi
de Cumberland,
&
entrerent fur les terres du roi
d'Angleterre.
Edmond 1,
plus irrité de l'ingratitude
de fes ennemis, qu'effrayé de leurs armes, r erourna
fur fes pas, fubjugua tour
a
tour les Merciens
&
les
Nofthnmbres, furprit les deux rois,
&
(e
difpofoit
a
les combattre' lorfqu'ils prirent le parri de la fou–
miffion, & lui jurerent une fidélité que la crainte de
fa vengeance , tant de fois fufpendue, les empecha
de violer.
Edmond,
avanr que de rentrer dans le
'Veífex, réfolut de punir le roi de Cumberland, qui,
fans fujet
&
fans prétexte, avoit pris contre
1'
Angle–
terre le parti des Danois. Pour s'emparer de ce
royaume,
Edmond
n'eut qn
'a
fe préfenter: il ren–
verfa le treme ,
&
réduifir le Cumberland en pro–
vince, qu'il céda au roi d'Ecoífe, dans la vue de
l'attacher
a
fes intérets'
&
de l'empecher
d~
favo–
rifer les
f, '
ditions fréquenres des Northumbres: mais
en cédant cette pr<;>vince,
Edmond
s'en réferva la
fouverainet é ,
&
le roi d'Ecoífe s'engagea pour luí
&
fes fucceífe urs de venir en perfonne rendre hom–
Jllage
a
la cour d'Angleterre, au tems des grandes
fe tes toutes
tes
fois qu'il
y
feroit appellé. C'eft vrai–
femblablement d apres cet engagement que quel–
qnes auteurs ont écrit que du rems
d)Edmond
1,
les
rois d'Ecoífe éroi·ent vaffaux du roi
<il'
Anglererre;
mais ils n'ont poinr penfé
qt.~e
cet hommage n'ayant
lieu que pour le Cumberland, il ne pouvoit en au–
cune maniere tirer
a
conféquence pour le royaume
d'Ecoífe.
Les fucces multipliés d'
Edmond,
&
íes grandes
qualités étendirent fa réputation chez totts les peu'–
ples de l'Europe; qui refpeéterent fa valeur,
&
admi–
¡·erent fes verrus. Les Danois établis daos fes états, -,
implorerent vainement, en différentes occafions, les
fecours de leurs compatriotes : le roi de Dane–
marck ne crut pas devoir fe commettre avec un fou–
venlin qui favoit égalemenr,
&
fe faire efrimer par
Ja fageífe de fon gouvernement,
&
fe faire redouter
par la terreur de fes armes. Le calme que lui procura
la crainte qu'il avoit infpirée
a
fes ennemis abattus,
ne
fut
pas pour lui un tems d'oiú'Veté; ill'ernploya
a
rendre fes fujets auffi heureux qu'ils pouvoient l'e–
tre. Défenfeur de l'état, il voulut en etre auffi le lé–
giflañeur ;
&
par quelques-.unes des loix qu'il fit,
&
que le tems a refpeétées' on voit combien il eut
a
coeur la féliciré de fon p.euple. C'efi:
a
lui que l'on
rapporte la premiere loi de rigueur publiée en An–
gleterre contre le larcin: car, avant
Edmond
1,
les
voleurs n'étoient foumis qu'a des peines pécuniaires;
&
ces reilitutions n' 'toient rien moins que
fuffifan~
tes pour intimider les brigands.
Edmon.d
1,
afio d'ar–
reter le défordre qu'ils commettoient' ordonna que
fi
pluíieurs voleurs fe rénniífoient pour eKercer le
brigandage' le plus agé d'entr'eux périroit an gibet.
Ce grand roi ne put donner que quelques loix qui
prouvent que vraifemblable¡nent il eút renclu fes
fuje ts
heure.ux,
ft
le phis cruel accident n'eftt ter–
miné fon regne avec fa vie des les premiers jours de
]a paix;
&
lorfqu'a peine il c,ommenc;:oit
a
jouir du
fruit de {es viél:oires. Un jour qu'a Packlekirk, dans
la province de Gloceíl:er, il fe rendoit
a
un fefiin fo–
lemnel qu'il avoit ordonné , il apperc;:ut Leolf, fcé–
lérat convaincu de mille atrocités ,
&
banni du
royauine' s'a eoir impudemment
a
la table du roi.
Irrité de cette infolence ,
Edmond
1
ordonna qu'on
pr1t ce miférable,
&
qu'on le mit hors de ce líe u peu
fait pour fes pareils..Leolf plus furieux qu'humilié,
tira un poignard qn'il tenoit caché fous fes habits,
&
regar~ant
le roi avec andace, menac;:a d'égorger qui–
conque oferoit l'approcher.
Edmond
tranfporté de
colere, s'élanc;:a fur Leolf, qu'il prit par les cheveuX'
Tome. Il• .
EDN
pour_ le
~raln~r
hors de la falle. Cette aé.tion impru–
dente lm couta cher: Leolf porta un coup de poi–
gnard dans le flanc du roi, qui tomba mort fur l'af–
faffin.
A
i~ft
périt
E.dm~nd
!
,
en
94
3 ,
a
l'age de
2
5
ans, apres en av01r regne 8.
U
laiífa d'Elgive fa
fe~1me,
deux fils dans }'enfance .' Edwy
&
Edgar,
qm'
a
caufe de leur bas-age' ne lm fuccéderent point.
Sa couronne paffa fur la tete d'Edred fon frere par
les fuffrages de la nobleífe
&
du clergé: car,
al~rs
le
clergé commenqoit
a
jouer un role important dans
l'état,
Oll
il ne tarda pas
a
fufciter des troubles qui
penferent plus d'nne fois opérer fa ruine entiere.
Au:ffi l'on reprochoit
a
Edmond
d'etre trop facile
aux inúnuations des prctres,
&
d'a voir accordé
fa proteétion
a
Dunfian, qui rec;:uc de ce prince
l'abbaye de Glaíl:on,
&
qui paya d'ingratitude les
bontés fucceffives des enfans de fon bienfaíteur.
EDMOND
JI,
furnommé
Cóte de Fer,
(
Hifl. d'
An.–
g!eterre.
)
Le regne d'
Edmond
11
fut rres-court ; mais
fes talens, fon heureux caraétere, fa conilance, fes
malheurs meme ont rendu
Úl
mémoire refpeB-able.
Ethelred
li,
fon pere, qui ne fut ni regn er, ni fe
faire eftimer, luí tranfmit ce royaume épui[é par
les guerres civiles, ruiné par les Danois, déchiré
par les faé.tieux;
&
tandis que les Anglois
pl a~oient
le jeune
Edmond
lur
le trone ébranlé, les Danois
oppreffeurs de ce meme royaume, difpofoient de
la couronne en faveur de Canut, fils de Swenon
(
Voyez
CANUT,
Suppl.
).
Ces deux éleéhons rallu–
merent le feu mal éteinr de la guerre,
&
les deux:
concurrens défolerent les provinces pour fa voir au–
quel des deux le fceptre refteroit. La viétoire fut
long-tems indécife ;
&
cinq batailles confécutives
, n'avoient encore produit que le ftlaifaere d'une foule
de citoyens , mais le fixieme combat fut fatal aux
4nglois. L'armée
d'Edmond
JI
fut batrue,
&
pref-.
qu'entiérement exterminée par
l~inftgne
trahifon d'E–
drick-Srréon, général des Anglois,
&
beau- frere
d'Edmond:
ce général perfide, peu content d'avoir
empeché plufieurs fois la défaite des ennemis, pafia
tout-a-coup avec la plus grande panie des foldats
auxquels il commandoit, du coté des Danois; dé–
feétion cruelle qui entraina la ruine de farmée roya–
le. Camtt viB:orieux, n'ufa point en barbare du fue–
ces qu'il venoit de remporter; il Iaiífa le Weíl'ex
a
fon concurrent,
&
garda pour lui le refie de
1'
Angle–
terre, jufqu'a ce que la mort
d'Edmond
lui fouruit
Poccafion de s'emparer encore dn Weífex: il n'at–
tendit pas long-tems'
&
le meme fcélérat qui lui
avoit fi Ia.chement procuré la viétoire, ponrfuivit le
malheureux
Edmond
jufques fur le trone qui luí étoit
refié. Soit crainte d'etre enfin puní de fes atrocités,
foit haine contre fon beau-frere, Edrick-Stréon mit
le comble
a
fa perfidie, en faifant égorger
Edmond
11
par fes propres domeíl:iques.
Edmond
n'avoit regné
qu'onze mois, il méritoit un deftin plus heureux:
él
peine il eut le tems de fe faire conno'ltre,
&
cepen–
dant il donna daos ce court intervalle, des preuves
éclatantes d'une prudence confommée , d'une conf–
tance inébranlable: la douceur
&
la bienfaifance,
la modeíl:ie
&
l'équité formoient fon carattere , la
vigueur de fon tempérament
&
fa force prodi–
gieufe lui avoient fait donner le furnom de
Cóte de
Eer. (L. C.)
EDNAN , (
Géogr.
)'
bóurg
d'Ecoffe , oit naquit le
célebre poete Jacques Thompfon ; d'un pere minif–
tre. Son poeme
D es faifons,
ouvrage auffi philofo–
phique que pittorefque
e
rraduit de l'anglois en fran–
<;ois en 1759 , par M. Bontems ) luí acquit une
grq.nde réputation,
&
ne le tira pas de la paL1v reté :
un de fes créanciers l'ayant fait arreter, M. Quint
~
comédien, touché do malheur du poete qu'il ne con–
noiífoit que par fon poeme, fe rend chez le bailli o
u
M. Thompfon avoit été conduit,
&
lui demande la
EEeee