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COM

Defendeme vicem modo

rhetor:i~,

atque

poetre ,

lnterdum urbani ,parcentzs vznbus, atque

Extenuamis

eas confu!to.

S ermon. l.

.x-x.

Si la

com¿die

exige que tont y foit naturel, elle ne

demande pas moins que tout y foit imére:ífant. Mal–

heur au poete comique qui

f,

ra bailler une feule fois

les fpeétateurs. Il n'eft cependant pas poffible que-–

l'aétion foit dans tous les momens de fa durée éga–

lement vive

&

également digne d'attention. 11 y a

néceífairement des fcenes pe u importantes , des per–

fonnage? fubalternes, de perits incidens qui n'influent

que foiblement fur l'aétion principale. Tous ces ac–

ceífoires néanmoins doivent intére:ífer chacun d'eux

a

fa maniere.

On fait comment s'y prennent les

poe~es_

mé?io–

cres

le-> bons meme lorfque quelquefOIS IlS

S

OU–

blie;t, pour répandre de l'intéret

fu~

c_es

~etirs

dé:

tails. lis

imagi~ent q~~~lque~

{cen es

eptfodtques qLu

ne tiennent pomt au Úljet ;

Ils

donnent aux perfon–

nage.s fubalternes des caraéteres burlefques, pour

amufer le fpeél:ateur par 1eurs faillies pendant que

l'aél:ion languit. De-la la plupart de ces fcenes tou–

jours au fond tr s infipides, en_rre les. valets

&

les

íuivantes qui s'

' pu~fent

en .platfantenes. De-h\ ,les

caraél:eres d' rlequm , de ícaramouche,

&c.

qu on

retrouve dans tant de

comédies,

quoique lenrs habits

n'y paroiírenr pas. Il ne fuffit pas r,our excufer le

poete de dire que

ct;s

[cenes détachees font dans la

nature, que les domeitiques en ont fouvent de telles,

tandis que leurs mairres

_s'occup~nt

des, plt_ts

gra~ds

intérets ,

&

que

ceu:c-~t

au m1lteu de 1athon

p~m­

cipale font quelquef01: mrerrompus par

d~s , affa1~e s

étr.ingeres. L'auteur n en eíl: pas plus

autO~lfe

a

falre

enrrer ces épi(odes dans fon p lan; on ne lm demande

pa de nous montrer les chofes de _Ja maniere com–

mune dont elles arrivent tous les JOurs, avec tout

l'ac¿omi?agnement qui peut s'y trouve_r, mais on

exige de lui qu'illes repréfente

d~

la ma_mere qu'elles

ont pu fe paífer,

&

qu'e~les o~t

du le faire pour pro–

duire fur un fp eél:ateur

I~t~lh&ent

&

de bon gout le

plaifir le plus vif

&

la fausfaé.

1011

la plus complette.

Ces d 'fauts de recourir aux fcenes épifodtques,

Oll

a

des rempliífages

langu:ífan.s

, . pour

C~Ch.e~

le

vuide de l'aél:ion, font

pour l

ordmam~

la fune d, un

manque de !ugement ou,de ralent comtqLte

da~s

1au–

teur de la p1ece. Pour reuffir

dans c

e genre, Il faut

plus qu'en tout autre un grand

fo.nd

d'idées

&

d'ima–

gination . Si en d.:veloppa?t l'a_él:10n

da.~s

l'ordre

na~

turel ' il ne s'offre rien

a

1efpnt du poete que ce qui

fe pré(enteroir

·a

l'efprit de tout le

mond~

,

~

_ion

intel igence qe pénetre pas plus avant dans lmt neur

de fon fujet

que jufqu'oti le fimple bon feos peut

aller fans

eff~rt;

fil-es objets ne font fur fon imagi–

nation

&

fur fon 'reur, que des impreffions ordi–

naires

&

communes, il peut en épargner le détail

aux fpeétateurs. Ceux-ci s'attendenr

a

voir fur la

fcene des perfonnages qui daos to t'ttes les conjonc–

tures, les fituations, les citcoofiances fe difiinguent

du commqn

qes

hommes pa·r

le~1r

raifon, leur eiprit,

o u leurs femimens,

&

qui par ce moyen paroiífent

dignes

uous

intér~ifer.

De tels

perfonnag~s

font

toujours fths de plaue; on les

VO) t,

on

le~

ecoute

avec fatisfaaion;

&

bien que ·leurs

occ~1pattons

ac–

tuelles n'ait' rieh d'intéteífant, leur mamere de pen–

fer

&

de fentir répand

d~ l'inrér~t

fur· la fcene la

moins importante. L'intelligence, l'efprít, l'humeur

joviale, le caraél:ere font des chofes qui

e~citent

notre aqeotion' meme daos les événemens de la vie

les plus communs. Les moíndres aétions d'un homme

fingulier amufent,

&

chaque mot d'un homme diíl:in–

gué par fon efprit ou par {es lumieres, fait une im–

preffionagr 'able. Ain:fllesfcenes

acce:í.foiFes

, podrvu

COM

qu~elles

tiennent réellement

a

l'aél:ion peuvent tres–

bien foutenir l'attenrion des

fpeétatet~·s.

ll eft

m~me

poffible de donner de l'importance a des fcenes qui

au

~on~

ne font placées

qt~

e p

our" remplir le vuide

de 1a·éhon, lorfque celle-ct

e.íl:

arretée par quelque

caufe inévitable. On peut

em

ployer ces fcenes

a

faire raífonner un ou plufieurs perfonnages fur ce

qui a précédé, fur la pofition aél:uelle des chofes

fur ce qui

va

fuivre, ou fur le caraétere des autre;

aél:eurs. C

'e.íl:

-la le lieu propre

a

placer des r ' fl oxions

lumineufe

s fu

r ce que la piece contient de mora l

&

d:infi:ruétif ; mais il faut que le poete foit aífez judi–

Cien-:' pour mettre dans la bouche de fes perfonnages

au heu de penfées triviales

&

communes' des re:

marques fines,

&

d'une application bien juíl:e qui

répandant un nouveau jour fur les vérités morale;

&

yh}~ofop?iques_,

&

leur donnant un plus haut dé..

gre d energte, pmífent les graver dans l'efprit

&

le

creur d'une maniere forte

&

ineffa~able.

C'eft dans

ces fcenes-la que les bclles maximes , les fentences

t~ é~orables,

.que les bons juges regardent comme

1ObJet le plusmtéreífant de la poéfie, font véritable–

ment

a

leur place.

11

y

a en effet tres-peu de ces vé–

rités pratiques' qu'il importe tant

a

l'homme d'avoir

conftamment préfentes

a

l'efprit' qu'un poere comí–

que ne püiíl'e développer d'une maniere ' galement

frappante

&

convaincanre, daos des fcenes de l'ef–

~ece

dont. nous

parlon~.

Quoique peu vives, ces

1cenes devtennent tres-mtére:ífantes pour des fpec–

tateurs qui cherchent quelque chofe de plus que le

fimple amufement des yeux

&

de l'imagination. Ce

n'eít que daos le has comique ou l'on ne fauroit

fupporter des fcenes vuides d'aél:ion.

La

comidie

eíl: beau coup pbs propre que la tra–

gédie

a

donner des fcenes inftruétives. Les événe·

mens tragiques font hors du cours ordinaire de la

nature, au lieu qu'il fe préfente tons les jours des

cas oú l'heureux fucces dépend du bon fens, de la

prudence , de la modération, de la connoiíiance du

monde, de la droiture ou de quelque vertu particu–

liere,

&

oú l'oppofé de ces quahtés produit le

défor~dre

&

}'embarras. 11 n'y a point d'homme qui, par

fes Eaifons civiles

&

morales' ne puiífe

a

tout nlO·

ment fe trouver daos des conjonétures ou fon pro- .

cédé envers les autres,

&

fa

fa~on

de penfer en

oé~

néral, aient une influence fenfible fur fon fort.

0

Si

notre corps eft chaque jour expofé a divers accidens

notre état moral ne l'eft pas moins.

Poúvons-nou~

un feul moment nous promettre de n'avoir ni pro–

ces' ni infultes' ni difputes' de ne nous point faire

d'ennemis, ou de n'etre pas la duppe d'autrui? Tan–

tot pour nous épargner des embarras

&

des chagrins

la prudence exige que nous fachions plier, tantot qu:

nous ayons une fermeLé convenable,

&

que nous fa–

chions

m~me

contrecarrer des períonnes que nous

n'ofons ni ne voulons offenfer. Tantór il s'agit de

nous calmer nous-memes, tantot de calmer les an–

tres ; ici c'eft

a

nous a faire entendre raifon

a

une

perfonne préoccupée' la c'eft

a

nous

a

écouter les

avis d'autrui'

&

a

les pefer avec impartialité; un

jour nous fommes appellés

a

pacifier les que relles

des autres; le lcndemain nous devons nous laiífer

réconcilier.

f/eniam dare peterequ.e

vicijfim

,-

c'efi la

plus fréquente occupation de la vie fociale.

Qui feroir l'homme aífez dépourvu de raifon , on

pourroit díre aífez bmtal , pour ne pas defirer d'a–

voir follS les yeux des modeles exaél:s

&

bien def–

finés , qui lui indiquent d'une maniere lumineufe ce

qui luí

convien~

de faire

&

d éviter en mille rencon–

tres- d'ou dépend<?nt fa tranquillité, fon honneur,

fouvent tout le bonheur de fa vie? Ce feroit vaine..

mem qu'i! voudroit confulter les traités de morale,

ces ouvrages , quelque excellens qu'ils foient, s'é·

noncent d'une maniere trop générale; l'application