![Show Menu](styles/mobile-menu.png)
![Page Background](./../common/page-substrates/page0532.jpg)
COM
Defendeme vicem modo
rhetor:i~,
atque
poetre ,
lnterdum urbani ,parcentzs vznbus, atque
Extenuamis
eas confu!to.
S ermon. l.
.x-x.
Si la
com¿die
exige que tont y foit naturel, elle ne
demande pas moins que tout y foit imére:ífant. Mal–
heur au poete comique qui
f,
ra bailler une feule fois
les fpeétateurs. Il n'eft cependant pas poffible que-–
l'aétion foit dans tous les momens de fa durée éga–
lement vive
&
également digne d'attention. 11 y a
néceífairement des fcenes pe u importantes , des per–
fonnage? fubalternes, de perits incidens qui n'influent
que foiblement fur l'aétion principale. Tous ces ac–
ceífoires néanmoins doivent intére:ífer chacun d'eux
a
fa maniere.
On fait comment s'y prennent les
poe~es_
mé?io–
cres
le-> bons meme lorfque quelquefOIS IlS
S
OU–
blie;t, pour répandre de l'intéret
fu~
c_es
~etirs
dé:
tails. lis
imagi~ent q~~~lque~
{cen es
eptfodtques qLu
ne tiennent pomt au Úljet ;
Ils
donnent aux perfon–
nage.s fubalternes des caraéteres burlefques, pour
amufer le fpeél:ateur par 1eurs faillies pendant que
l'aél:ion languit. De-la la plupart de ces fcenes tou–
jours au fond tr s infipides, en_rre les. valets
&
les
íuivantes qui s'
' pu~fent
en .platfantenes. De-h\ ,les
caraél:eres d' rlequm , de ícaramouche,
&c.
qu on
retrouve dans tant de
comédies,
quoique lenrs habits
n'y paroiírenr pas. Il ne fuffit pas r,our excufer le
poete de dire que
ct;s
[cenes détachees font dans la
nature, que les domeitiques en ont fouvent de telles,
tandis que leurs mairres
_s'occup~nt
des, plt_ts
gra~ds
intérets ,
&
que
ceu:c-~t
au m1lteu de 1athon
p~m
cipale font quelquef01: mrerrompus par
d~s , affa1~e s
étr.ingeres. L'auteur n en eíl: pas plus
autO~lfe
a
falre
enrrer ces épi(odes dans fon p lan; on ne lm demande
pa de nous montrer les chofes de _Ja maniere com–
mune dont elles arrivent tous les JOurs, avec tout
l'ac¿omi?agnement qui peut s'y trouve_r, mais on
exige de lui qu'illes repréfente
d~
la ma_mere qu'elles
ont pu fe paífer,
&
qu'e~les o~t
du le faire pour pro–
duire fur un fp eél:ateur
I~t~lh&ent
&
de bon gout le
plaifir le plus vif
&
la fausfaé.
1011
la plus complette.
Ces d 'fauts de recourir aux fcenes épifodtques,
Oll
a
des rempliífages
langu:ífan.s, . pour
C~Ch.e~
le
vuide de l'aél:ion, font
pour lordmam~
la fune d, un
manque de !ugement ou,de ralent comtqLte
da~s
1au–
teur de la p1ece. Pour reuffir
dans ce genre, Il faut
plus qu'en tout autre un grand
fo.ndd'idées
&
d'ima–
gination . Si en d.:veloppa?t l'a_él:10n
da.~s
l'ordre
na~
turel ' il ne s'offre rien
a
1efpnt du poete que ce qui
fe pré(enteroir
·a
l'efprit de tout le
mond~
,
~
_ion
intel igence qe pénetre pas plus avant dans lmt neur
de fon fujet
que jufqu'oti le fimple bon feos peut
aller fans
eff~rt;
fil-es objets ne font fur fon imagi–
nation
&
fur fon 'reur, que des impreffions ordi–
naires
&
communes, il peut en épargner le détail
aux fpeétateurs. Ceux-ci s'attendenr
a
voir fur la
fcene des perfonnages qui daos to t'ttes les conjonc–
tures, les fituations, les citcoofiances fe difiinguent
du commqn
qes
hommes pa·r
le~1r
raifon, leur eiprit,
o u leurs femimens,
&
qui par ce moyen paroiífent
dignes
dé
uous
intér~ifer.
De tels
perfonnag~s
font
toujours fths de plaue; on les
VO) t,
on
le~
ecoute
avec fatisfaaion;
&
bien que ·leurs
occ~1pattons
ac–
tuelles n'ait' rieh d'intéteífant, leur mamere de pen–
fer
&
de fentir répand
d~ l'inrér~t
fur· la fcene la
moins importante. L'intelligence, l'efprít, l'humeur
joviale, le caraél:ere font des chofes qui
e~citent
notre aqeotion' meme daos les événemens de la vie
les plus communs. Les moíndres aétions d'un homme
fingulier amufent,
&
chaque mot d'un homme diíl:in–
gué par fon efprit ou par {es lumieres, fait une im–
preffionagr 'able. Ain:fllesfcenes
acce:í.foiFes, podrvu
COM
qu~elles
tiennent réellement
a
l'aél:ion peuvent tres–
bien foutenir l'attenrion des
fpeétatet~·s.
ll eft
m~me
poffible de donner de l'importance a des fcenes qui
au
~on~
ne font placées
qt~
e pour" remplir le vuide
de 1a·éhon, lorfque celle-ct
e.íl:arretée par quelque
caufe inévitable. On peut
employer ces fcenes
a
faire raífonner un ou plufieurs perfonnages fur ce
qui a précédé, fur la pofition aél:uelle des chofes
fur ce qui
vafuivre, ou fur le caraétere des autre;
aél:eurs. C
'e.íl:-la le lieu propre
a
placer des r ' fl oxions
lumineufe
s fur ce que la piece contient de mora l
&
d:infi:ruétif ; mais il faut que le poete foit aífez judi–
Cien-:' pour mettre dans la bouche de fes perfonnages
au heu de penfées triviales
&
communes' des re:
marques fines,
&
d'une application bien juíl:e qui
répandant un nouveau jour fur les vérités morale;
&
yh}~ofop?iques_,
&
leur donnant un plus haut dé..
gre d energte, pmífent les graver dans l'efprit
&
le
creur d'une maniere forte
&
ineffa~able.
C'eft dans
ces fcenes-la que les bclles maximes , les fentences
t~ é~orables,
.que les bons juges regardent comme
1ObJet le plusmtéreífant de la poéfie, font véritable–
ment
a
leur place.
11
y
a en effet tres-peu de ces vé–
rités pratiques' qu'il importe tant
a
l'homme d'avoir
conftamment préfentes
a
l'efprit' qu'un poere comí–
que ne püiíl'e développer d'une maniere ' galement
frappante
&
convaincanre, daos des fcenes de l'ef–
~ece
dont. nous
parlon~.
Quoique peu vives, ces
1cenes devtennent tres-mtére:ífantes pour des fpec–
tateurs qui cherchent quelque chofe de plus que le
fimple amufement des yeux
&
de l'imagination. Ce
n'eít que daos le has comique ou l'on ne fauroit
fupporter des fcenes vuides d'aél:ion.
La
comidie
eíl: beau coup pbs propre que la tra–
gédie
a
donner des fcenes inftruétives. Les événe·
mens tragiques font hors du cours ordinaire de la
nature, au lieu qu'il fe préfente tons les jours des
cas oú l'heureux fucces dépend du bon fens, de la
prudence , de la modération, de la connoiíiance du
monde, de la droiture ou de quelque vertu particu–
liere,
&
oú l'oppofé de ces quahtés produit le
défor~dre
&
}'embarras. 11 n'y a point d'homme qui, par
fes Eaifons civiles
&
morales' ne puiífe
a
tout nlO·
ment fe trouver daos des conjonétures ou fon pro- .
cédé envers les autres,
&
fa
fa~on
de penfer en
oé~
néral, aient une influence fenfible fur fon fort.
0
Si
notre corps eft chaque jour expofé a divers accidens
notre état moral ne l'eft pas moins.
Poúvons-nou~
un feul moment nous promettre de n'avoir ni pro–
ces' ni infultes' ni difputes' de ne nous point faire
d'ennemis, ou de n'etre pas la duppe d'autrui? Tan–
tot pour nous épargner des embarras
&
des chagrins
la prudence exige que nous fachions plier, tantot qu:
nous ayons une fermeLé convenable,
&
que nous fa–
chions
m~me
contrecarrer des períonnes que nous
n'ofons ni ne voulons offenfer. Tantór il s'agit de
nous calmer nous-memes, tantot de calmer les an–
tres ; ici c'eft
a
nous a faire entendre raifon
a
une
perfonne préoccupée' la c'eft
a
nous
a
écouter les
avis d'autrui'
&
a
les pefer avec impartialité; un
jour nous fommes appellés
a
pacifier les que relles
des autres; le lcndemain nous devons nous laiífer
réconcilier.
f/eniam dare peterequ.e
vicijfim
,-
c'efi la
plus fréquente occupation de la vie fociale.
Qui feroir l'homme aífez dépourvu de raifon , on
pourroit díre aífez bmtal , pour ne pas defirer d'a–
voir follS les yeux des modeles exaél:s
&
bien def–
finés , qui lui indiquent d'une maniere lumineufe ce
qui luí
convien~
de faire
&
d éviter en mille rencon–
tres- d'ou dépend<?nt fa tranquillité, fon honneur,
fouvent tout le bonheur de fa vie? Ce feroit vaine..
mem qu'i! voudroit confulter les traités de morale,
ces ouvrages , quelque excellens qu'ils foient, s'é·
noncent d'une maniere trop générale; l'application