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CHA

Carlovingienne.

L'hiftoire nous a confervé le nom de

deux de fes femmes, favoir, de Rotrude

&

de om–

nichelde. La premi re donna naiífance

a

Pepin le

l3ref

&

a

Carloman, l'autre

a

Griffon.

Charles

eut en

outre pluíieurs fils naturels entre lefquels on difl:in–

gue Remy, qui fut éveque de Rouen. Des hifroriens

ont regardé

Charles-Marte!

comme l'inftitureur des

comtes Palarins, auxquels ont fuccédé en Franc.e les

ma!tres des requ etes. (

T

-N.)

CHARLES

I, (

Hijl.

de France.)

XXIIIe

roi de

France , vu]gairement nommé

Charlemagne,

c'efr-a–

dire,

Charüs le Grand,

naqnit l'an 742, de Pepin le

Bref

&

de Berte ou Bertaude. La vie de ce prince

a jetté tant d 'éclat, que plufieurs villes fe font dif–

puté la gloire d'a voir éré fon berceau. Les uns ont

prétendu qu'il naquit

a

Ingelheim, pres de Mayence;

l~s

autres,

a

Confrance en uiífe. D es critiques mieux

i hfrruits ont d

1

montré que ce fut

a

Carlsbourg, cha–

teau de

la

Haute-Baviere, fur la Salva. Pepin le Bref

avoit laiffé en -mourant des états bien valles

&

une

dominarion bien affermie. Cer habite polirique mar–

chant fur les traces de fes ancerres

~

avoit confommé

leur crime

&

exterminé la race de Merouée qu'ils

avoient avilie.

Charlemagne

&

Carloman, fes fils,

partagerent fa puiífance : le premier avoit de tres–

grands talens, l'autre n'en avoit que de fort médio–

cres. Il euf cependant aífez de prévoyance pour

craindre l abus que fon frere pouvoit faire des fiens.

H fe retira en diiigence dans fon royaume d'

A

uíl:ra–

fie que Pepin luí avoit marqué pour fon partage,

&

y

refta dans la plus grande défiance.

Charles

le folli–

cita en vain de le fecon

der contr

e Hunauld, duc

d'Aquitaine, qui, fuivant quelqu.es auteurs, étoit de

]a race des anciens rois. Cette défiance étoit fondée ,

&

l'on ne tarda point

a

s'en appercevoir; ce prince

étant mort 1'année fui ante ( 772 ,

a

Samouci, non

fans quelque foupc;on de poifon ) ,

Clz.arLes

fe jetta

dans fes états,

&

s'en empara, a u pr ' judice de deux

princes fes neveux, qui, fous la condnite de Geber–

ge leur mere, allerent mendier un afyle chez Didier,

roi des Lombards. Didier les rec;ut avec les tranf–

ports de la joie la plus vive,

&

d'_autant moins fuf–

peae , qu'il avoit de grands fujets de plaintes contre

Charles

qui lui a voit renvoyé fa filie apres l'avoir

époufée publiquement. Illes conduiftt

a

Rome,

&

pria le pape de les facrer. Adrien

i

occu oit alors

le fiege pontifical, re1etta cette p

pofition : le fain t

pere craignoit de s'expofer au reífentiment du mo–

narque Franc;ois, qui,

inque r des Saxons

&

de

Hunauld qu'il tenoir dans les fers, faifoit des J?répa–

ratifs pour entrer en ltalie. Didier voulur en

ain

lui fermer les paífages ;

Charles

ayant franchi le fom–

met des Alpes, battu les Lombard

a

Clufium, va

l'affi '9er lui-meme dans Pa ie, fa capirale. Tel fut

le prelude des grandes viétoir s de

Charlemagne:

fix moi

lui fuffirent pour renverfer la monar

hie

des Lo1 bards ,

&

pour foumetrre l'ltalie emiere.

Les Romains éblouis des grandes qualités dtt con–

quérant , luí donnerent des marques de la plus en–

tiere ob ' iflance; ils lui déf; ' rerent tous les ho nneurs

que lettrs ancetres avoient rendus au x Céfars

&

aux

Exarques , fuccell"eurs de ces hommes fameux.

Char–

lemagne

fit plufteurs autres voyages en ltalie; le plus

cél bre fe r apporte

a

l'an 8oo; il y étoit at tiré par

Léon III, fucceífeur d' Adr ien. Ce pontife lui deman–

doit jufrice contre plufieurs Ro ains qui confpiroient

pour le perdre,

&

l'accufoient de plufieurs crimes.

Le monarque jugea le pape de la maniere la plus

folemnclle : aY'ant recorir-1u fon jnnocence, il con–

d amna fes accufateurs-

a

p erdre la tete. Ce fut apres

ce jugement mémorable que les RomaiFis le conju–

rerent de faire r e·. ivre en fa perfonne le ritre d'em–

pereur d'Occi nt, é -eint depuis plus de trois fiecles.

Cllarlemagne

y

'onfentit apres bien des follicita-

Tome. 11.

CHA

337

ti? ns, mais

il

le r e<;ut en mai tre.

Il

ne pofa le dia·

deme. fur fon front

qu

apres avoir vu le pontife

a

fes p1eds. Léon

IU

fléchi t le.genou de ant

Char!e–

magne ;

&

apres l'avoir adoré au milieu d'une af–

fembl~e innomb~ab!e

(pofl quas

laud~s

a

pontifice

mo~

re antLquorz:m prtnctpum adoratus efl.),

il

fit expofer

fon portralt, afinque le peHple lui rendlt le meme

hommage. Tel füt l'ufage confiam fous les fuccef–

f~ur_s

d'Augufie avant

&

apres

1

introduél:ion du chrif–

tiamfme:

Charles,

da~s

fes ditférens voyages, ratifia

1~

donatwn dont Pepm avoit récompenfé le zele in–

di~c:et

des papes qui, par un abus crimine! de leur

~m1fie

r_e,

avoient approuvé la dégradation des an–

Cle.ns

r~ts.

_La donation. de Pepin, comme on peut le

V

Olr

a

1

artlcl e de Ce prmce COnfifioit dans la jouif–

{ance précaire de l'exarcat

&.

de la pentapole.

Char–

les'·

en

c?n~rma~t

cette donation, n'en changea pas

le utre; 1l sen referva la fouveraineté comme em–

pereur

&

comme roi, de maniere qu'il étoit libre de ,

les reprendre s'ílle jugeoit

a

propos.

Ce,s préfens du pon tife

&

~u ~n onarque

n'

1

toient

fondes que fur la force: tout

~t01t

appuyé fnr l'épée

~e

Charle,'!apne:

íl

ne

pot~volt

do11ner au pape ni

1

exarcat m la pentapole; m le pape o u les Romains

lu1 donner le titre d'empereur: ce rirre r éGdoit

dan~

la perfonne des empereurs d'Orienr; auífi ce n'eíl pas

a

cette époque que l'on doit rapporter la renaifiance

de l'empire d'Occident, mais feulement

a

1'an 8

1

'l–

que l' empereur Michel confentit, par un traité

folem~

nel'

a

reconnoitre

Charles

pour fon colleCTue. Voila

ce qu.i fe paífa.

d'impo~tant

en Italie fous

1~

regne de

ce pnnce·; mats ces bnllans fucces ne furent pour ce

héros que l'ouvrage de quelque mois . Il conquit pen–

dant ce tems-la meme la Hongrie, la Boheme , la Ca–

talogne

&

la Navarre, forc;a les Véniriens

a

luí ren–

dre hommage, foumit les Saxons qui refufoient de

lui payer le tribut auquel ils é roient aífujettis

&

réo~

forma fon état, ouvrage plus grand

&

plus clifficile

que de remporter des viéloires. Je n'entrerai pas

dans les détails des expéditions de ce prince; il fuffit

de

les

compter; il en fi.t trois en Italie, tant contre

les Lombards q 1e contre pltíieurs peuples qui pré–

tendoient fécouer le joug de fon obéiífance ; deux en

Hongrie, autant en Baviere

&

en Efpagne, une con–

tre les Wilfes, anciens habitans de la Poméranie,

&

douze en Saxe. Celles-ci fu rent les plus pénibles

&

les

plus meurtrieres. Pendant ces différentes expédirions

Clzarles

li vra plus de vingt batailles,

&

ne connut

ja~

mais la honre d'une défaite. L'hifi:oire lui r eproche

~on

inhumanité dans la v iétoire : il efi vrai qu'il fe

h vra

a

tous les exces de la vengeance la plus effr

1

née:

il fit maffacrer en un feul jour

&

de fang-froid quatre

,mille cinq cens Saxons que -leurs chefs avoient remis

a

fa puiífance' comme un témoignage de leur repen–

tir. Ses ravages en Hongrie ne furent pas moins con–

ftdérables. On peut voir daos Eginard, hifiorien

&

confi.d nt de fa

ie, l'effi·ayant tablean des cruautés

de ce conquérant. ·

Ce fut par cette inflexible févérité que s'affermit

une des plus pui.ífanres monarchies qui jamais · nt

paru dans notre h émifphere ;

&

1 l'on en juge par

le fu ce ' s, on pourra croire qu'il s'abandonna moins

aux impreffi ons d une dureté naturel'le, qu'il ne fui–

vit les confeils de la politique. Les Huns, cité an·

cienne

&

fam et~fe ,

éroient pottr ce monarque des

voifins dange ux. Sans parler de leurs anciennes in..

curfions fur les terres de France, ils fornentoient !'in–

docilité natu_r lle

de~ Bavaroi~

,

&

les engageoient

dans de frégue.nres r voltes. Quanr aux Sa xons, leur

opiniatreté

a

refufer un tribut légi time mérita une

partie de 1 urs maiheu rs;

Charles

1 ur avoit faít grace

pluíieurs fois' il étoit

a

c raindre qu'un pardon trop

fréquent n'engageat fes fujet

a

les imit er. Le

L

ran–

sois nourris dans l'anar hie qu avoit introduir

la

Vv