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33~

CHA

vit dans

la

m~teffité

d acheter de fes anciens fuj e ts,

au prix de beaucoup de promeífes, la liberté d'aller

fe faire couronner empereur.

Il

tint mal fa paro le

:

les principales villes du royaume former ent une

ligue qui l'obligea de repaffer en Efpagne pour la

diffiper par une févérité melée de clén1ence. Au mi–

lieu de

ces

troubles, les Franc;ois lni avoient enlevé

le Navarre en quinze jours: elle fut reconquife

ert

auffi peu de tems.

Le feu de la guerre allumé entre la France

&

l'Em–

pire, embrnfa l'Italie. Les deux. monarques brulans

du deíir de fe fignaler l'un co.nrre l'autre, écouterent

plus leur animofité que la juftice,

&

le bien des

peuples qu'ils facriñoient

a

leurs haines perfonnelles.

Charles-Quint

s'empara du Milanez,

&

en chaífa

Lautrec. Genes fut affiégée

&

prife par les Impé–

riaux. Une ligue entre le roí d'Angleterre Henri

V Uf

&

l'empereur, fortifia le parti de celui-ci •

il

fut en–

core corrompre le connétable de Bourbon, en lui

promettant fa freur en mariageavec une dot conGdé–

rable. Le pape Adrien

VI,

Florence

&

Venife fe

joignirent

a

lui. Bourbon, il efi vrai, fut obligé de

lever le fiege de Marfeille; maiS'Fontarabie fut prife

par la

l~éheté

du gouverneur Bonnivet, battu

a

·Bria–

gras en 1524,

&

l'année fi.tivante fe donna lafameufe

bataille de Pavie, or1 Fran<yois

1-.

fut pris. On fait

combien cet iJluftre prifonnier fe montra plus grand

dans fa captivité , que fon vainqneur qui le laiífa

trainer

&

languir de prifon en prifon, demanda une

ranc;on exorbitante ,

&

propofa des condirions qn,il

favoit que la grandeur d'ame de

Fran~ois

I.

ne lui

permettroit pas

d'acce~ter

, accompagna tous ces

procédés d'une fauífe demonfrrarion d'amitié, dont

le roi feul fut peut-etre la dupe , paree qü'incapable

lui-meme d'une fi baffe diffimulation,

il

avoit encore

rame trop généreufe pour en foup<yonner fon en–

nemi. Enfin

Charlu,

que la forrune avoit fecondé

jufqu'au point de le rendre maitre d'nn grand roi,

d'un héros, événement qui fembloit annoncer une

grande révolution, ne fut pas en profiter

ni

pour fa

gloire, ni pour fon ambition. L'intéret de fa gloire

auroit dft le rendre plus généreux ; celui de fon am–

bition exigeoit qu'auffi-tot apres la bataille de Pavie,

il attaquat la France avec une armée triomphante

qui auroit trouvé peu de réfifiance dans la confter–

nation générale ou étoit le royaume de la prife de

fon roi.

Tanclis qu'il chicanoit en Efpagne avec fon captif

{ur les conditions de fa liberté qu'illui rendit enfin

fous des claufes trc?:s-onéreufes, par le traité de

Madrid en

1

5l6 ,

1'

Angleterre, les Florentins

&

les

V énitiens fe détachoient de fon alliance;

&

le pape

Clément VII, touché des malheurs de Franc;ois

1,

ou plutot craigoant l'énorme puiífance de l'empereur

en ltalie ,

{e

déclara contre celui-ci. Auffi-tot Bour–

bon marcha contre Rome ;

i1

fut tué : le prince d'O–

range prit fa place. Rome pillée

&

faccagée éprduva

pendant neuf mois toutes forres d'horreurs. Le pape

réfugié dans le

ch~teau

Saiot-Ange,

y

fut retenu

captif par les Impériaux,

&

fut témoin de toutes ces

atrocités, fans pouvoir les empecher.

Charles-Quim

qui fut tenté de le faire mener en Efpagne,

&

qui

l'eut fait peut-etre, s'il n'avoit craint de fe rendre

odieux

a

toute la Chrétienté, ordonna des prieres

&

des proceffions pour la délivrance du faint pere ,

qu'il pouvoit délivrer lui-rneme par une fimple

lettre. Enfin le pape, forti de fa prifon

a

la faveur

d'un déguifement, ne dut qu'a lui-meme fa liberté.

11 rnénagea pourtant

Charles-Quint;

il flatta meme

fon humeur defporique, en le rendaot arbitre du fort

de Florence qu'il foumit

a

la puiífance des Médicis.

Le traité de Cambrai, appellé

la paix des dames,

pacifia la France

&

1

Empire, fans récqncilier les

'ceurs

des deux monarques. L'empe•eur accorda

CHA

auffi la paix aux V ' niriens

&

a

u duc de Mil n. En

1

53) ,

il paífa en Afrique · la

·i

oire le

fui •oí .

Apr '

S

la

pri e de la Goul tte ' il march

droit

a

Tunis,

&

rerabltt Muley-Haír m. De retour de cctte

expédition,

il

eut bi

nrót

occaíion de r ecomme o

.!r

la guerre contre la

rance. La mort de Fran<yois

Sf?rce réveilla les prétemions de Franc;ois

I.

fur le

M1lanez.

Charlts-Quint

' to1t bien ' loign d nrendre

aucune propo H1on

a

cer cgard.

A

u

rnilieu

d

une

feinte n ' goc1ation, il entr en Provence

a

la

te te

de

foixante. mille hommes, s'a ance juTqu'a Marf ille ,

&

envo1e en meme tems une autre armée fou

la

conduite de Henri de Naífau, ravager la

hampagne

&

la

Picardie. Une treve de

dix

ans conclue

a

lCe

en

I)

38,

fufpend de ce coté les ravages de ce fl éau

des nations; rnais les Gantois révolt s par e qu'on

les dépouilloit de leurs privileges, éprouvent fa co–

lere.

Charles~

Quint,

obligé de paífer par la France ,

pour aller les réduire, eut lieu de fe louer de la g ·–

nérofité des

Fran~ois,

vernt qui lui étoit

fi

étrangere,

qu'illa taxa de foibleíf-e

&

d'aveuglemenr.

ll

avoit

pris néanmoins la précaution de promettre au roi

1

in–

vefiiture du Milanez pour un de fes fils. Le roí ne

lui parla point de

fa

promeífe pendant fon

v

jour

dans fes états.

Charles

ioni

de France, l'oublia

&

íe

ligua avec

1'

Angleterre contre un prince dont

il

v e–

noit de recevoir l'accueil le plus noble,

&

auquel

il

avoit prodigué des démonftrations d amitié.

ette

guerre ne luí fut pas auffi glorieufe que les

pr~cé­

dentes; fon armée fut défaite

a

Cérifoles: la paix fe

conclut

a

Crépi en

1545.

Son expédition d'Alger

n·avoit pas

~té

plus heureufe.

.D:puis plufieurs années le Luthéra.nifme remplif–

foJt

1

Allemagne de troubles. La mamere dont l'em–

pereur fe comporta envers les princes proteftans,

ne fut ni plus loyale, ni plus noble que fes procé–

dés envers le roi de France

&

le pape Clément.

U

épuifoit les tréfors de l'Efpagne, fous prétexte de

fu~venir

aux frais

~·~ne gt~~rre

de religion,

&

d'ap–

paifer une guerre CIV1le qu

Ji

fomenroit pour diviíer

les

p~ote~ans.

La

v~aoire

qu'il remporta

a

Mulberg,

fur. 1armee de la hgue de

S

maleade, n'effacera ja–

maiS la honte dont le couvrit l'injufie d ' tention de

l'éleéteur de Saxe

&

du landgrave de Heífe.

L'intúim

publi.é en

1

54~

dans la diete d'Ausbourg, formulaire

de

f01,

cathohque pour le dogme,

&

favorable aux

protefians pour la difcipline, ne

ñr

que dévoiler

davantage les vues de l'empereur. La liberté de l'em–

pire étoit menacée: la monarchie univeríi lle rendue

héréditaire dans la maifon d'Autnche, pouvoit

f~...ule

fatisfaire l'ambition de

Charles;

au moins l'Europe

alarmée fe le figuroit. Les princes proteftans eurenr

recours

a

Henn

U.

qui avoitfuccédé a

Fran~ois

l.

fur

le trone de France. Ce monarque arma en leur faveur.

Des

ce moment les affaires des prvtefians fe réta–

blirent en

Allemagn~.

L'empereur furpris daos les

défilés d'Infpr 1ck, penfa tomber entre les rnains

des pnnces !igués.

Charles

devenu plus traitable,

offre

a

1

'életl-eur de Saxe de luí rendre la liberté que

celui-ci refufe en jouiífant de fon effroi,

&

ne vou–

lant devoir fon élargiífement qu'a ceBx qui avoient

pris fa défenfe.

CharLes-Quint

acheva de perdre fa

répurati{)n devant Metz, done

il

fut obligé de Jever

le fiege apres y avoir perdu plus de vingt mille

hommes,

&

la prife de Terouenne ne la rétablit

point.

Ce fut alors que ce prince fe voyant en butte

a

l'inimitié de prefque tous les fouverains de l'Europe,

aigri par des revers au«quels il n'étoit pas accou–

tumé , accablé d'infirmités , dégouté peut·etre d'une

vie tumultueufe, ou croyant auffi avoir déja trop

régné pour fa gloire, prit

1

•étrange ré olution d'ab–

diquer fon trone

&

l'empire. En

1

55 5 ,

il céda

la C9Uronne d'Efpagne

a

Philippe fon fils ' ave'