CHA
e le étoit le plus allumée ; il fuccomba fous le poid
de fes infirmités, de fes chagrins
&
de fes revers;
ne jouiífant prefque plus d'aucune confidération,
prefque dépouillé de fes états, l'argent feul
d~
la
France le déroba aux befoins que peut
épro~,.t"/er
un
particulier malheureux. On le
bb1m~
fur-tout , de
ne s'etre point mis
a
la tete de fes troupes, au mo–
ment qu'il réunit la
cour~~~e
de ,Boheme
a
celle d.e
l'Empire, lorfque la m01tte de .1Enr<;>pe
comb~ttolt
pour fes intérets. La fortune
qm.
le m,1t fur
u~ ~rOJ:e,
a pu feule lui donner un rang diíhngue dans 1hiil:otre.
(M-Y.)
CHARLES, {urnommé MARTEL,
(Hijl. de France.)
troifieme prince ou duc d'
~ufirafie, naq~it
l'an 7<;'4
ele Pepin le Gros
&
d'Alpatde fa concubme. Sa natf–
fance caufa une vive jaloufte
a
PleB:rude
~
femme
léoitime de Pepin,
&
peu
s~en
fallut qu'il n'en fí'1t la
villime. Cette femme ambitieufe prétendit d'abord
l'exclure de la fucceffion paternelle. La batardife
n'imprimoit encore aucune tache d'infamie. Les
Fran<;ois, quoique convertís au chrifiianifme, s'em–
barraífoient peu que la religion imprimat fon facré
caraB:ere fur leur alliance. Tous les en
fans~
n'im–
porte quel fut l'état de leur mere, étoient indifiinc–
temen t admis au partage de leur fucceffion. Cet ufage
préjudiciable au bon ordre, dura tant que régna la
famille des Merouingiens. N'ayant pu r éuffir par la
voie de la perfuafion, PleB:rude ufa de violence ;
&
des que Pepin fut mort, elle le fit enfermer
a
Cologne doans une prifon étroite.
Charles
donna des–
lors une idée de ces grands t alens qt..ti l'ont élevé au
premier rang de ceux qui ont gouverné la terre,
&
dont nous allons donner une courte analyfe. Aban–
donné
a
lui feul'
&
fans autre reífource cpae fon
oénie' il échappe
a
la vigilance de fes gardes'
&
leve une armée. Au lieu de fatisfaire fes vengeances
contre fon ennemie, il ne fonge qu'a arreter les pro–
gres de Rainfroi, général
&
maire du palais de Chil·
p eric II, qni, vainqueur de Tcod,alt, fils de Pleétru–
de, mena<;oit d'envahir 1'Aufirafie. Apres plufieurs
combats, dont le fue ces du premiet lui fut contraire,
il parvÍnt
a
les COQtenir dans leurs limites, qnoiqu'ils
fuffent fecondés de Rabode, duc des Frifons, qui fai–
foit de continuels efforts pour recouvrer la partie
de fes états dont Pepin l'avoit privé. Apres avoir
préfervé 1'Aufrraíie du joug des N eufiriens,
Charles
s'en fit proclamer prince. Tel fut le titre que pri–
rent d'abord les maires du palais d'Aufirafie, lorf–
qu'ils en eurent ufurpé le fceptre. Les fils de Plec–
trude étoient enfermés dans Cologne; il alla les af–
fiéger,
&
les fit prifonniers eux
&
leur mere. Modé–
t·é dans fa viél:oire, il leur accorda un pardon géné–
reux,
&
fe contenta de les mettre dans i'impoffibi–
lité de lui nuire. Apres avoir réuni tous les Aufira–
fiens en fa faveur' illes condnifit
a
la conquete de
la Neufiríe. Chilperic U vaincu auffi-tot qu'attaqué,
fut obligé de laiífer fon trone
a
la difpofition du
vainqueur. Quoique
Charles
en eut fait la conquete
il n'eut point aífez de confiance pour s'y aífeoir. .
Les F an<;ois regardoient la valeur comme la plus
fublime vertu; mai ils ne croyoient pas que ce fut
un titre pour parvenir au rang fupreme, tant qu'il
refioit un rej etton de la tige royale. 11
y
pla<;a un
prince nommé
CLotaire
;
mais celui- ci étant mort
quelque tems ap res, il rappella le monarque qu'il
avoit détroné ,
&
lui donnant un titre fans pouvoir,
il gonverna fous fon nom les trois royaumes d'Auf-
.trafie , de Neufirie
&
de Bourgogne. Sa fageífe éga–
lant fes talens militaires, il corrigea plufieurs vices
qui s'étoient introduits par la foibleífe des regnes
précédens. Cene fut qu'apres avoir fortifié le corps
politique, en en purifiant les membres, qu'il fongea
a
foumettre les provinces Germaniques, qui, depuis
p lufieurs fiecles' étoient
tribnta_ir~s
&
{ujettes
a
la
C·
H A
domination Fran<;oife. Rien ne put réfúler
a
fon cou;
rage infatigable qui le portoit fans ceífe aux extré-–
mités de fon vafie empire. Les Bavarois, les Alle–
mands proprement dits, c'efi-a-dire, les Suabes, les
Turingiens, les Frifons
&
les Saxons, furent obli–
gés de lui donner des marques de leur foumiffion.
Les Frifons furent les plus maltraités.
Charles,
apres
avoir renv erfé leurs idoles, brí'Llé leurs bois facrés
~
&
tué Popon, leur duc,
fu~ceífeur
de Rabode, les
for<;a
a
renoncer
a
avoir des ducs de leur nation :
privilege dont ils avoient toujours été fort jaloux.
La viél:oire la plus éclatante de cet age ,
&
qui fait le
plus d'honneur au nom Fran<;ois , fut celle qu'il rem–
porta fur les Sarrafins, qui, fiers de leurs conquetes
en Afie
&
en Afrique·, parloient de foumettre l'Eu–
rope au joug de l'alcoran. Introduits dans l'intérieur
de la France par Eudes, duc d'Aquitaine, qui vou–
loit profiter de leur
allianc~
pour s'ériger en roi, ils
y exercerent les plus terribles ravages. Si les auteurs
n'ont pas groffi le nombre de leurs troupes, elles
montoient
a
700
mille hommes.
Charles_
les rencon–
tra dans les plaines de Tours; les deux armées ref–
t~rent
en préfence pendant fept jours confécutifs,
&
s'eífayerent par différentes efcarmouches; mais apres
ce terme , la vié.toire couronna la valeur de
Charles.
Quelques-uns ont penfé qu'il fut furnommé
Martel
des coups qu'il frappa dans cette mémorable jour–
née; d'autres, d'apres une efpece d'arme dont il fe
fervit pendant le combat.
Charles
au milieu de fes profpérités , defira le día-·
deme. Ce qefir fe manifefta, fur- tout
a
la mort
de Thierry , dit
de Chelles,
fantome de roi qu'il
avoit placé íur le trone depuis le déces de Childe–
ric. Les conjon&ures étoient peu favorables.
·n
avoit
été obligé de faire contri'· ., er les eccléfiafiiqnes aux:
charges de l'état,
&
meme de donner
a
des Ia1cs des
biens affeé.tés aux
eglifes;
il pre!fentit leur oppofi–
tion;
&
ne manifefia rien de ces fentimens : il fe
contenta du titre fous lequel il avoit gouverné juf–
qu'alors; mais fa fierté ne lui permettant pas de s'a–
baiífer davantage fous un maitre , il laiífa le trone
vacant,
&
ne jugea point
a
propos de faire des rois.-
Cependant le
fucd~s
de
Charles
contre les Sarra–
ftns qu'il vainquit dans plufteurs autres rencontres,
éleverent fon nom au plus haut dégré qe gloire. Les
Romains preífés d'un coté par les Lombards qui
vouloient les mertre fous le joug,
&
intimidés de
l'autre par l'empereur de Confiantinople, qui les
mena<;0it de fes vengeances, lui envoyerent une cé–
lebre ambaífade. On remarque que dans leurs
lettres~
ils lui donnoient le titre de vice-roí. Cette premiere
ambaífade n'ayant produit aucun effet, le pape Gré–
goire III lui en envoya une feconde ,
&
lui écrivit
les lettres les plus preílantes. Le faint pere qui voyoit
les Lombards
a
fes portes, peignoit Ieur roi fous les
plus odieufes couleurs. Les nouveaux ambaífadeurs
aborderent le prince d'Auftrafie de la maniere la plus
refpeétueufe; ils tomberent
a
fes pieds,
&
lui offri–
rent, avec le titre de patrice, la fouveraineté de la
ville de Rome. Ces offres étoient bien capables de
flatter fon ambition , mais il n'en put profiter; il
étoit atteint d'une maladie qui le conduifit au tom–
»eau cette année
la
meme. Il mourut
a
Crecy, dans
la 3
ge
année de
{on
age'
&
la
2
3
e
de fa magifira–
ture' laiífant une réputation comparable
a
celle des
plus gt·ands capitaines
&
des plus grands po1itiques
qui jamais aient honoré Athenes
&
Rome. Placé fur
les dégrés du trone, il avoit tous les talens qui peu–
vent l'illufirer:.
&
s'il ne porta pas le diademe , il
eut au moins
le
~loire
d'en préparer un
a
tes fuccef–
feurs plus brillant
&
plus augufre que celui q u'il
avoit ambitionné. On ne faír
ii
c'e:fr de ce héros
ou de Charlemagne, fon arriere fi s , que a fe–
conde ré\ce de nos rois a pris le nom de
Carlienne
o u
-
CarLovingienne,