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166
CAN
plus
a~ant, ~
donna
17
nom de
Can~da
a
pays ~
c¡u'il decouvnt : on pretend que les Efpagnols
y
etoient entrés,
&
que ·n'-r ayant point tronvé
~e
mines, ils fe retirerent, en prononc;ant avec mépns
ces
motsAca
nada,
que les fauvages
répéreren~
a
la
vue
des Franc;ois. Quelle que foit l'érymolo-gte
de
ce
mot, Jacques Cartier pourfuivit fa ro
u
te, e1fuya
qes périls multipliés , d'
ou
il
vit périr la plupart de
fes compagnQns,
&
revint en France. Gene
futjq~'en
J
6o7 que
M.
de Monty remonta le fleuve de Samt–
Laurent;
&
{econdé par
MM.
de Champlain
&
de
Pontgravé,
il
jetta les fondemens
~e.
Q.uébec :
~n
négocia avec les fauva_ges
~ar
la
tn_edtatw~
des Je–
fuites dont on fe íervlt avec fuccés aupres de ces
nation's rufées
&
pertides. Les Iroquois, loin d'ac–
céder au traité, s'avancerent
a
tnain armée;
Ch.am–
plain
marc.ha_contre,
e~
,
l.esbat~it,
f!x.
ne
d~1t
{a
premiere vtétotre qua 1 eifr01 que Jf ttOlt parmi les
{auvages le bruit des armes
a
feu;
infenfiblem~nt
ils
s'y acco"utumerent,
&
da~s
le fecond
c~mbat
la
~ic
toire fut long-tems balancee; dans la trotfieme aéhon
ils refreren vainqueurs,
&
s'étant faifis des fufils
des morts, ils en devinerent l'ufage,
&
combattirent
dans la fuite a
ar~es
égales conrre les Franc;pis.
Ceux-ci eurent bientot fur les bras des ennemis plus
dangerenx; les Anglois les aífaillirenr avec une flotte
nombreufe ;
il
fallut fe foumettre aux loix du plus
fort , mais par le traité de Saint-Gerrnain,
~e
Can_ada
(ut reíl:itué
a
la France en 163
2.
Cham¡.Jla1n
qm
en
fut établi gouverneur, fit de nouvelles découvertes,
donna fon nom
a
un lac' cont int les Iroqu(}ÍS par la
terreur de fes armes, les Hurons par fa politique;
forc;a ceux-ci
a
recevoir des mifiionnaires, agrandit
&
fortifia Québec,
&
mourut en 1636, honoré des
regrets de fa colonie. Mont-Magni qui luí fuccéda,
la
trouva
langniífan~e
&
prete
a
fe
dér~uir.e ~lle·
meme ; fá compawue commerc;ante , qtu fa1fou la
traite des pellete ries, ne lui envoyoit aucun fecours.
U n nouvel établiífen;1ent
a
Sylleri divifa les forces
des •colons,par
les
forces a uxiliai res
qu'il
fall ut preter
aux 1-Íurons contre les Iroquots. C e fut dans une de
ces expéditions, qu'un de lems chefs, voy ant fes
compatriotes prets
a
fmr lachement' les ranima par
cette courte harangue : Mes amis ,
fi
vous voulez
vous retirer {ans corn battre , attendez du moins
que le foleil foit defcendu derriere les montagnes,
&
ne fouffrez pas qu'il éclaire votre honte : le fucd:s
ne
répondit point
a
l'ardeur de ce magna ime v ieil–
lard.
L.esIroquois vaincus épuiíerent to ute leur po–
li
tique pour détacher les
Fran~ois
de l'aliiance des
Hurons ,
&
les attirer dans leur part.i. Le noble re–
fus de Mont agni infpira
a
nos alliés une confiélnce
qu'ils n'avoient point encere connue. La néceffité
d'arreter
les
lroquois avant qu'ils fuífent entrés fur
les terres de la colonie ,
&
de:! protéger les,progres
de1'agriculture' excita quelques particuliers
a
s'éta-_
hlir dans l'ile de Mont-Réal : beaucoup au-deífus
on
y
batit un fort, on y tras:a une ville ,
&
cet éta–
bliífement mérita bientot le nom de
coLonie.
I.:.es
Iroquois s'attache rent d'abord
a
en fapper les fon–
demens ; les Hollandois de Man-hatte, jaloux de
nos profpérités, qui n'étoient qu'apparemes, pre–
terent des armes
a
ces fauvages'
&
les infituifirent
dans
l'~rt
de la guerre. Malgré. ces fecours, i!s furent
contra1pts de demander la pa1x.Mont-Magm ·la leur
auroit accordée , mais
il
fut rappellé peu de rems
apres. La cour paroiífoit adopter le fy fleme de ne
pas laiífer long-tems daos ces contrées, l'autorité
fupreme d ans les memes mains. Les troubles que le
commandeur de Poinci avoit excités aux Antilles,
ne jullifioient que trop cette politique eirconfpe8e,
tel
étoit l'état du
Canada
en 1648.
· ·
Les Iroquois
J?C
tarderent pas
a
violer
le traíté
de
paix : i ls rentrerent
da-n:s
le
pays
des
.Huroms
le fer
CAN
&
la torche
a
.1~
main
'1
~rtllant
les.
bourgades '
a{–
fommant les vte1llards, ¡ettanr les eJlfans <lans les
:flammes,
&
trainant
lettrS
femmes
&
leurs meres en
efclavage. Telle eft la premiere époque de la difper–
fion des Hurons.
La
plupatt fe rttirerent dans
l'ile
de Saint-Jofe-ph.
n~antres f~>torent
recueillis par les
Frangois;
&
cette multitude généreu·fement rtourrie
par les colons, caufa parmi 'eux
une
dife tte affreufe:
le refie, au
~herclra
un
afyle chez les nations voifi–
nas , ou mena d.a:ns
les
bórs
une
vie
erratl.te,jofq.u'a
.ce que des' tems plu·s heuteux leur permiifent d'éle–
ver
d'~utres cab~nes
fur les c;;endres des premieres.
Ce qa
tl
y
a de deplorable, 'é'efi qne ces hommes ne
troa:r:rent
poi~t d~ reífour~.es
"'dans lenr propre
l:iu–
mamte. Le pant.cuher pouvOJt
ette
doux
&
fociable •
rnais
la
natio·n éroit féroce
:.vóici ua
trait qoi
la
ca:
~aétérife
: des Fraoc;_oi_s avoie?t d-emandé l'hofpitalité
a
un
chef Huron, VlellFard veflérab}e, l'orade de fa
patrie: il fe rrommoit
.Aouantoi'.
Le repas frogal qu'il
- partageoit avec eux fut bientót troublé par les hur–
lemens affreux de tous- les fauvages. Un incendie ,
qui
caufoit ce défordre, avoit dévaré Ieurs
frele~
cabanes.
La
flamme ne refpeéta que la maifon
dlt
fage
&
généreux Aonanto1. Cette efpece de prédi–
le~ion,
dont
le
ciel
fe~bloi~ ~onOTer
ce fau vage,
amma dans ces cceurs defe1peres, tot1s les feux de
l'envie.
Ils
s'écrierent. 9u'il devoit . avoir pan
~
comme eux,
a
la
calami.tecornmtlne; 1ls
luí
firent un
crime de fon bonheur ,
&
faiiiífant ave
e
furie les
débtis encare enflammés de Ieurs cabanes ifs les
jetter~nt
fur la fi7n.n7. Tandis que la flamm; en p-ar–
eourolt avec raptdtte tous les recotns Aouantoi' fe
précipíte
a
travers la fumée
&
les nlin;s enlévé les
vivres
qui
lui reftent. Et pendant que ie feu con–
fmr~e
les refres de fa mailon,
il
<fpptete "ttn amp!e
feflm,
&
fe
t~m.rna_nt , v~r~
fes compatriotes : mes
freres, Ieur dn-tl,
tl
etott
fll'Íle
que je fuífe malheu.
reux comme vous.
J
e ne m'applaudilfois de
voir
mes
biens cQnfervés que pour les panager
a:vec
vous
&
avec ces
Frans:oi~
a
gui
j'ai clonn.é l'hofpitalité. Main–
tenal?t .t?ut
e~
detrmt, Je ne recom1ois le
lieu
oi
1
fut
ma ma rion qu aux cendres
dont
1·a tetre efi converte.
mais j'ai fauvé deux
caitfes
de bled d'Inde vou;
a vez faim,
je
V<?us
e~ d?n~e
une, eile
fuflir~
pour
vous
~ournr
auJoUrd
hm!
Je ferrerai Parttre pour
mes hotes , pour ma famllle
.&
ponr moi.
Cepen~ant
la
c?lon~e ~fiitya
des révolutions qui
ne pouv01ent que
1
affotbltt. Louis
XIV.
céda auné
o~uvel~e ~~mpagnie
d€
co~mers:ans
le·
Catzada,
qui
lu1 a_von ete rem1s par le defifiemem de
la
premiere.
Trots gouye_rneurs fe
_.fuccé?~r;em
eh peu d'at?nées• .
Chacun futvllt un fyfieme different,
&
tous a
1
oute–
rent aux maux dO'Jllt la c::Qlonie éroit accablée: l'Iro–
q uois venoit armé demarrder
la
paix 1a concluoit
&
recommen~oi!
les hofiilirés des
q~
1
il
éroit de
re~
tour dans fa patne : Alexandre de Ptouville mar·
quis de Traci'
rna~cha
(OJ1tre Je can'ton
d'Ag~ies
le
plus redourabte de tous.
I1
gagna des batailles
iit
des
conqueres,
&
ne rendit pas
la
colonie plus
floJ~iifante
L'lroquois, quoique vaincu, fe félicitoit en
fecre~
de,l'i~prudence
des
Franc;oi~
qui s'engageoienr
té–
m,e~au~ment
daos des contrees jnconnues ,
&
qui
pentfo1ent fouvent avant d'arriv er
<m
terme de leur
expédition.
Il
fuyoita delífein, abandonnoit fes bour...
gades'
&
laiffoit
a
la
faim
&
a
l'intempérie des
di–
rnats le íoin de détruire fon ennemi.
Il
voyoit av ec
le
~eme
plaifir les HoTla!ldois cha1fés par les An–
glOis
d~
la nouve!le Belg1que. Toutes ces guerres
~et:rrne.res entroie~t
dans fes vues politiques,
&
d1mmuoterrt du
moms
le nombre des
Européen~
dont
il
redowroit
le
voifinage.
Chaque jonr on changeoit
a
Quebec le plan de
'l'adminiíl:ration. La liberté du commerce y fut pu–
~liée
e.n
J
6'7,
&
bient&~
on reífentit
les
eifets
de
..
.