CAN
.droit de
S
7
en fervir ponr frapper celui qui trouble–
roit la paix de fes voifins , & qu'enfin s'i l s'élevoit
entr'eux quelques ditférends,
il
n'avoient d'a utres
juges que
lui.
E11
effet, il1es te.rmina avec tant d'é–
quité, qu'il ne confulta que la
roi tu re de fon creur.
Ces peuples n'avoient point de code,
les
confeils
des vieillards & les anciennes coutumes leur tenoient
lieu de loix. Voici
que.lques-uns de
l
urs uf
a
ges: fi un
homme étoit bldfé
da.nsune querelle, l'ofFenfeur en
étoit quitte pour u
n p réfent;
s'i~ péri.ífoit,d~
.la main
de fon ennemi' l'aífaffin donno tt
a
fes hentters des
préfens propo rtionnés
a
l'eílime que le mort s'étoit
acquife p
ar mi lesfiens. Les femmes, furprifes en
adultere,
étoie.ntmurilées d'une maniere horrible,
&
cette
{¡'
vérité,autorifée dans des contrées o
ti
régnoit la polygamie , fait aífez voir q u'au nord,
comme au midi
~
le fexe le plus fort abufe toujours
<le fon pouvoir pour opprimer le plus foible.
Ce traité, conclu par Calliere , fut l'époque la
plus brillante de fon adminifiration : elle fuffifo lt
a
fa gloire. M. de Vaudreuil fuivit le meme plan.
Il
étouffa dans fa naiífance une guerre fanglante qui
venoit de s'allumer entre les Ouataouais
&
les Iro–
quois. Cette fage médiation otoit aux Anglois l'oc–
cafion de former une nouvelle ligue conrre la France
avec les cinq cantons.
Cependc~.nt
il voyoit ave-e
douleur la cultnre languir
&
la population s'éteindre.
11
propofa
a
la cour de faire tranfporter au
Canada
cette multitude de contrebal)diers condamnés aux
galeres' dont le chatiment ell: plus
on~reux
a
l'état
qui les punit ,
qu
'ils ne lui font uti!es. Mais la rnort
J>enleva au rnilieu de l'exécution. Les cendres de la
guerre fe recbaufferem fous le gouvernement de
M.
de Beauharnois ,
&
bientot rout le nord de
PA111érique en fu t embrafé,. Le refie de cette hifioire
offre toujours le meme tablean : les fauvages tou–
jours divifés entr'eux , les Anglois épuifant leur po–
litique pour les foulever contre les Fran9ois: ceux-ci
·dupes
&
viilimes de leur bonne-foi , l'Iroquois paf–
fant d'un partí
a
l'autre ' les fecondanr &
les tra–
hiífant tour
a
tour; enfin le
Canada
conquis dans la
.derniere guerre par nos ennemis, le brave & mal–
heureu¿c Mont-Calm mourant les armes
a
la main ,
&
cette immenfe contrée cédée
a
1'
Angleterre par
le
traité de paix.
M.
de Voltaire ne femble pas regretter cette
perte. Si la dixieme partie , dit-il , de l'argent en–
glouti dans cette colonie avoit été employée
a
dé–
fricher nos terres incultes en France, on.auroit fait
un gain confidérable. Cette réflexion efi d'un ci-.
toyen philofophe. On ne peut nier cependant que
le commerce des pellcteries, peu dífpendieuxenlui–
rneme , ne fut une fource de richeífes. Les fauvages
faifoient tous les frais de la chaífe,
&
vendoient les
plus belles peaux pour des infirumens groffiers, tré–
fors qui leur étoient plus précieux que nos méraux
&
nos étoffes de luxe, qui ne font que des richeífes
d'opinion. (
M.
DE SACY.
)
CANAL, f.
m.
(Géogr.)
c'efi un intervalle de mer
entre deux terres , dom les deux extremités vont ré–
pondre
a
la grande roer' ou bien les eaux qu'elle
pouífe dans les terres. On l'appelle auffi
détroit, bras
de mer, manche, pas
ou
pafe.
Le terme de
canaux
eft plus affeél:é
a
quelques detroirs parriculiers , com–
me au détroit de Gibraltar , qui efi entre 1'Afrique
&
l'Europe ,
&
qui donne l'entrée de l'bcéan dans
la
merMéditerranée: au décroit de Babel-Mandel,
qui
e.fientre
1'
Afie & 1'Afrique,
&
qui fait communi–
cati
onde l'Océan avec lamer Rouge: au détroit de
Bahama, qui efi le plus fa meux des paífages du golfe
du Mexique dans la mer du Nord.
Les termes de
canal
&
de
manche
font auffi plus
affeétés
a
certains détroits , comme au détroit qui eft
CAN
efltre la France
&
1'Angleterre, qu'on appelle
ca~
nal, manche,
o u
manche .Britannique,
&
qui s'appelle
pas de CaLais
ou
de D ou.vres;
&
de Calais
a
l'endroit
ou il efr plus étroit' c'eíl-a-dire ,a fon en'rée du coté
de la mer d'
~llemagne.
Le bofphore de Thrace s'ap·
pelle auili aUJOurd'hui
canal de Lamer Noire,
&
détroit
de Conjlanúnople.
(
+
).
CANAL
du duc de B ridgewater, p resde
Manchefler~
en Angleurre.
Ce
canal
efi fans contredit un des plus
be~u:'
&
~e~ ph~s fu~prenans
o uvrages en ce genre,
qm ment ete executes dans
ce
fiecle. Le duc de Brid–
gewater l'a fai.t confiruire pour le tranfport du char–
bon de terre de fes mines,
a
Manchefier & autres
places.
ll
a commencé par creufer au pied d'une
valle montagne
a
\Voríley-Mill ,
qui
efi
a
envi–
ron _fept milles de Mancheiler un large baífm pour
fervtr de port
a
fes bateaux ' & de réfervoir pour
fourn i.r l'eau néceífaire a la navigation. & afin de
.
.....
,
ttrer commodément le charbon de la mine, qui
s'étend fort avai?t dans la: montagne, il a coupé un
paífage fouterram dans le roe, aífez latge pour que
des batteaux plats & longs puiífent aller jufgu'aux
o ~tvrages .
Le niveau efi fi bien gardé , que l'eau qui
falt aller un moulin
a
l'entrée du paífage
y
coule'
&
refie
a
la profondeur de pres de cinq pieds
:
ce paf–
fag.e
fo t~terram
fert encore
a
recevoir les eaux qu 'on
pmfe de la mine, & qui fans cette d 'charge
inon ..
de ro~ent
les
travat~x.
On entre dans le paífage fou–
t~rram
fur
t~ne
petite flfue ,
o~t
un bateau long de
cmquante p1 eds, fur quatre pteds & demi de larae
deux pieds trois pouces de profondeur,
prop~e
i
tranfp<Jrter le charbon de te rre '
&
qui fe conduit
a
la ramc. On fait environ rrois quarts de mille au tra–
vers du rocher avec des umieres.
A
cette difiance
d
l'entrée, on trouve les travaux de la mine & le
canal
fe divife en deux branches, dont l'une
~raver~ant
les ouvrag€;s continue en forme de rue érroite
Jufqu'a
pres
d'ün
quart
de
mille ,
&
l'autre tourne
íur la gauche ' & s'étend a-peu-pres auffi loin ; mais
el~es
pourroient etre pouílees plus avan t ' &
par
la
fmte on ponrra couper d'autres branches femblab les
fel~n q~1e
les veines de la mine l'exige.rod't pour
l'ex~
plo1tatton. Dans certains endroits il
y
a des arches
pour {outenir les terres ' lorfque le roe commence
a
manquer au travers ou aux environs Je la mine.
I1
y
a
auffi de difiance en difiance des trous percés dans
la volite , & qui vont jufqu'a
1~
fuperfici e de la
mon.
tagne pour renouveller l'air dans ce fouterr ain
&
donner une iífue aux exhalaifons
ordinaireme~t
fi
dangereufes dans
l~s ~rav~ux
d.e
e~
gen re. Quelques–
unes de ces chemmees ou condmts perpendiculai–
res , ont jufqu'a trente-fept verges. A l'entrée l'ar–
c~e
du
canal
n'a
q~e
fiX pieds de largeur, fur cjnq
pteds de haut depms la furface de l'eau; mais
ell~
·
s'éLargit. enfuite,
&
'deux
barea~1x
euvent fe ren–
contrer& paífer commodément l'un aupres de l'au–
tre fans fe gener : aupres de la mine l'arche a
dix
pieds de large.· •
·
Depuis le baffin dont nous avons parlé
le
canal
fe
~ontinue
jufqu'a Manchefter, comme ;n peut le
V~Ir
fur la c.arre ,
p_L.
XIl,
d'A :chiteélure
da~?S
ce
S
up–
pte:~len;; ~
1l a
e~vtron ~~ufm1lles
de
A
en
B,
quoi–
qu,~l
n
y
a1t
e~
hgne d;olte que
~ept
milles, paree
qu tl a fallu fatre un derour de pres de deux milies
pour conferve: le niveau. Le
car;.a~
<:ft
large, on peut
y
aller
a
la votle; de chaque cote
tl
y
a un chemin
c_ommode pour les voitures
&.
pour les chevaux qui
ttrent les bateaux. Le dt1c a fa1t conftruire plufieurs
ponts fur le
canal
pour la commodité du public
&
pour ne point gener les grands chemins qu'i l coupe–
mais l'ouvrage confiruir aupres du pont de
Barro~
(
B anon-Bridge )
marqué 3 fur la carte , & dont on
donne une vue
fig.
2
,
a quelque chofe de bien fur· .
prenant.
n
s'agiífoit de faire pairer le
canal
par-deífus
une