CAN
province f-eroierit également exportées
a
moindre
frais.
Mais la Bourgogne feroit, par cette navigation,
vívifiée dans toutes fes parties, tandis que le
fanal
ne feroit profitable qu'a fes riverains. En effet, c.e
canal
fera mieux vendre les denrées du pays qu'Il
.parcourra; mais les vingt-cinq premiers ports
ot~verts a la tete <des
canaux
parriculiers'
&
la mulu–
tude des
a
utres rendront plus faeile
&
plus avanta–
geufe la vente des denrées du crí'1
d~
t<;>utes les com–
munautés de la province. Le
callal
d1mmuera un peu
le prix des marchandifes
&
des d
enrées de
1'
étranger,
qui feront
confomm~es
daos le
pa.ysqt~'il pa.r~our
ra ; mais la navigauon fur
~es
vmgt-cmq nv1eres
mettra toutes les communautés de la province
a
portée de jouir de cette diminution. L.e
canal
aug–
mentera la population des quatre ou cinq villes ou
il
y aura des magafins
&
des entrepots pour expor–
tation
&
pour importation; mais les vingt-cinq ri–
vieres portant bateaux fous les murs de vingt ou
vingt-cinq villes, produifant un effet analogue, fa–
voriferont la population de ces vingt-cinq villes
&
de leurs environs. De plus, toutes les marchandifes
venant de l'étranger, qui par le
canal
paíferoient de–
bout, étant néceífairement dépofées, voiturées par
terre,
&
rembarquées, mu1tiplieroient les reífources
des journaliers, des voituriers
&
des aubergilles,
&
vivifieroient le centre de ·la province. Le
canal
pro..
duira
a
denx ou trois cens vilhi.ges la vente de leurs
denrées, fans fupporter aucunsfrais d'entrepots; mais
la nouvelle navigation mettra les dix-huit cens pa–
roiífes qui compofent le duché de Bourgogne,
a
portée de verfer toutes leurs derirées daos les ba–
teaux, au moyen d'un ,fimple voiturage des greniers
au port le plus voifin. Par le
canal,
l'efprit de com–
merce qui n'efi prefque point connu daos la provin–
ce, prendra un peu de faveur; mais par l'exécution
du fyfieme projetté, tous les Bourguignons aujour–
d'hui fimples cultivateurs 'joindront,
a
cette qualité,
celle de marchand ' paree qu'ils auront tous
a
leur
portée le lieu du débit pour vendre,
&
les magafins
pour acheter. Par le
canal,
l'étendue des eaux navi–
gables ne fera que doublée en Bourgogne ,
&
la
. profpérité devant etre en proportion de l'accroiífe–
rnent de la navigation, ne feroit non plus que dou–
blée ; tandis que les deux cens huit lieues de rivieres
navigables,en quadruplant la navigation aéluelle de la
Bourgogne, quadrupleroient auffi fa profpérité.
Le fyfieme des eaux navigables doit etre femblable
a
celui des grandes routes. Si on avoit pris le parti
de ne faire
qu'~ne
feule route en Bourgogne, ave
e
une telle magnificence , en
·y
portant toute la dé–
penfe qui auroit fuffi pour en faire trente atltres,
l'avantage n'auroit pas été bien grand: ce projet au–
roit meme été préjudiciable aux pays éloignés de la
pompeufe route, qui cependant en auroient fuppor–
.tés ane partie des frais, fans pouvoir en efpérer le
rnoindre avantage pour leurs débouchés. On
a
done
. fait bien fagement , en multipliant les rou.tes
&
en
procurant par ce moyen,
&
autant que des routes
le peuvent faire, les débouchés néceífaires pour la
vente des denrées fuperflues,
&
l'achat de celles
dont on a befoin.
11
paroit que la meme conféquence
efr applicable
a
la navigation projettée en Bourgo–
gne '
&
que les memes motifs doivent engager
a
préférer celle que l'on propofe de faire fur les vingt–
cinq rivieres défignées.
Le mémoire de
M.
Antoine, dont cet article efr
prefque entiérement t\n extrait, préfente enfuite un
coup-d'ceil général fur les moyens d'exécuter fon
projet,
&
l'on voit que fon exécution entraineroit
infiniment rnoins de dépenfes gue celui du projet du
gr.and
canal;
il fe propofe d'entrer daos rous les détails
néceífaires
dans de
nouv~au~
mémoires
2
&
a
cette
CAN
occafion expofe ceux qui ont rapport a la navigation
de la Seille que M. Amelot, alors intendant de Bour–
gogne, fur la requifition des habitans de Louhans,
devoit faire entreprendre.
On
a
vu précédemment que l'on avoit déja tenté
de rendre cette
r·
iere navigable,
&
que differens
obfiacles
;.'y
oppoíerent. Cette riviere qui
Íl
jette '
dans la Saone, au-deífous de Tournus, ne fera que
favorifer le débouché des denrées de la Breffe-Cha–
lonoife; mais un des avantages du projet de
M.
An–
toine, efi de multiplier ces débouchés pour toutes
Jes parties de la province; auffi indépendamment
des rivieres , au moyen defquelles cet ingénieur
pro~
pofe d'établir la communication avec les deux
mers~
il
vou<lroit qu'on en rendit navigables quatre autres,
fituées au levant de la Saone, daos le cornté
d~Au
xonne. Celles de Malot, depnis Chauffin; de Braine .;
depuis Bellevevre; de laValiere, depuis Savigny, ea
Reverfmont;
&
de Solnan, depuis Sainte-Croix.
Une réflexion bien naturelle que fait naitre le pro·
jet de
M.
Antoine, efi que le meme efprit qui a fait
multiplier par-tout les routes' doit engager a multi-,
plier par-tout les
canaux
navigables.
(A
A.)
CANAL
de Languedoc.
e
Archit. Hydraul.)
Il
eft
parlé fi fuccinétement de ce magnifique ouvrage,que
nous avons cru devoir entrer ici dans des détails
plus circonfianciés. Le
canal
qui forme la comrnuni–
cation des mers au travers du Languedoc, efr un
des plus beaux monumens qu'il
y
ait de l'indu,firie
humaine; celui quien
con~ut
l'idée,
&
qui put s'en
promettre l'exécution,
fut
un des génies les plus ad–
mirables qu'il
y
ait eu,
&
le grand Colbert qui en
protégea l'exécution, malgré toutes les difficultés
phyfiques
&
morales, feroit digne, par cela feul, de
l'immortalité.
Il
n'exifioit aucune defcription un peu complette
de ce prodigieux ouvrage, pas meme dans
1'
Archi–
teélure Hydraulü¡u.e'
de Belidor, oit il. en efi parlé fort
fuccinél:ernent
(T. IV.p.338.);
la defcription qu'en
clonne M.l'abbé Expilly, daos fon grand
Di8ionnaire
de laFrance,
au mot
Canal,
efi défeél:ueufe
&
incom._
plete, quoiqu'il
e
e M. Parilliers, habile ingénieur,
qui en fit la vifite en 172 3. D'ailleurs, le
canal
a
été perfeaionné depuis ce tems-la,
&
les mefures
ont été prifes avec plus de jufieífe. Auili ayant fait
le voyage du
canal,
en 1773,
&
l'ayant examiné
avec foin, j'ai cru devoir publier mes notes fur cet
important ouvrage.
M.
le
comt~
de Caraman
&
M.
de Bonrepos ;•
qui en font les principaux propriétaires, m'ont pro-_
curé tous les moyens de le bien voir;
M.
Garipuy
a
bien voulu ajouter fes remarques
a
la
defcription
que je_lui en avois envoyée; ainfi l'on peut regarder
comme certains, les détails que je vais en donner
~
j'ai fait ufage auffi d'un mémoire tres-favant
&
tres–
détaillé de
M.
Fornier, avocat au parlement de Tou–
loufe, fur l'hifioire du
canaL.
Ave
e
tant de fecours
~
j'ai eu peine
a
renfermer dans des bornes anffi
étroites l'article que l'on va lire.
L'idée de joindre dans cette partie Ja Méditerranée
ave
e
l'Océan, ou du rnoins,
1'
A
u
de ave
e
la Garon–
ne, a du fe préfenter naturellement, il n'y a que
trois lieues, vers Limoux entreles rivieres qui vont
a
l'Océan ,
&
celles qui vont
a
la Méditerranée;
auffi l'on voit qu'il en fut quefiion fous Franc;ois
I,
enfuite' fous Louis
XII.
en 1539 (
Annales de Tou–
loufe,
par la
F
aille,
page
'33.);
mais cela étoit pref–
que impoíiible daos un tems oit les éclufes n'étoient
point encore connues. Le projet fut repris fous
Henri
IV.
en
1598:
le cardinal de Joyeufe, arche–
veque de
N
arbonne, qui en fentoit. l'utilité, avoit
beaucoup iníifié la-deífus ;
&
en
1604,
le connétable
de
~ont~orenci ~
gouverneur de Languedoc
1
fit