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CAN

L'écluíe ronde efl un baffin en

ma~9nnerie

,

de

90

pieds de diametre ,

&

qui a trois o uvertures de

20

pieds chacune. Ces ouvertures {ont fermées par

des portes bufquées capables de foutenir le poids

&

l'effort de l'eau' & de la difiribuer

a

l'orient '

a

l'oc

~

cident o

u

au midi. Les portes de l'orient vont a.u

canalet

haur, du coté cl.e la riviere d'Herault, dont le mveau efi

ordinaireme nt le plus élevé ·;

&

par cette raifon,

it

y

a de ce coté-la des portes contre-bufquées pour fou–

tenir l'eau alternativement dans les deux fens.

Les portes de l'occident vont au grand

canal

du

cOté de Beziers, dont le niveaLt efi plus has que ce–

luí de la riviere ou du

canalet

haut; enfin les portes

du midi regardent du coté d'Agde,

&

s'onvrent dans

le

canalet

bas, dont le niveau efi: le plus bas des trois

niveaux de l'éclufe ronde'

a

caufe de la pente de

l'Hérault; il efr d'environ

5

pieds au-'deífous du

ca–

nalet

haut. Le moulin qui barre la riviere entre les

embouchures de ces deux

c-anaux,

a néceffité la for–

me

de cette éclufe ronde , qui efr fort ingénieufe;

on en trouve la defcription dans

l'ArclúteElure

hy–

liraulique

de Belidor,

tome IV, page

4 10.

La riviere

d'Hérault fe jette dans lamer

a

deux milles d'Agde.

A

trois milles de l'éclufe ronde

,

on paffe une ri–

viere appellée

Libron,

qui a long-tems incommodé

la navigation du

canal,

fur-tout par le¡. quantité de

fables qu'elle charrie dans fes crl1es ,

&

qui enfa–

bloient une demi-lieue du

canal.

On

y

a fait, en

1767,un travail fort curieux : c'eft ce qu'on appelle

le

radeau du

L ibron.

On a confl:ruit le long du

canal

deux murs de

12

toifes de longueur, fans compter les épaulemens

qui les terminent; le couronnement qui eft au !lÍveau

des eaux du

canal

fert de radier

a

celles de la riviere.

La hauteur des épaulemens furpaífe celle des plus

grandes crues. Ces murs qui paroiífent paralleles ,

fant cependant éloignés de

20

pieds par une de leurs

extrémités, & de 19 pieds feulement par l'atltre. On

a ménagé

a

l'arete intérieure des deux radiers une

feuilleure d'un pied en quarré; elle fert

a

recevoir

un radeau d'environ 16 toifes de

longueur~,

qui porte

pres de chacune de fes extrémités une forte de para–

pet auffi élevé que les épaulemens du radier avec

lefquels il fe raccorde; enforte que ce radeau forme

un conduit perpendiculaire

au.canal.

Ce radeau eft

fait en coin, comme l'efpace defiiné

a

le recevoir,

afin qu'ille rempliíf. plus exaétement; cependant on

a ajonté des volets

a

charniere au radier de l'avenue

des eaux, pour achever de fermer tous les joints en–

tre la ma<ronnerie & le radeau.

Le radeau eft ordinairement dans une perite gare

ménagée au bord du

canal,

tour pres de l'ouvrage ,

&-au-devant d'une maifon confuuite pour le loge–

ment des deux gardes. Des qu'on s'apper<roit que la

riviere gro:ffit, ces deux hommes mettent le racleau

a

fa place; il y forme comme une gouttiere dans la–

quelle paífent les eaux du Libron

,

avec les fables ,

pour fe rendre

a

lamer. Des que le torrent n'en–

traine plus de fable, on refire le radeau pour laiífer

paffer les barques. Les ctf1es ne font pas ordinaire–

rnent de longue durée.

Les épaulemens d'amont & d'aval font ¡':>ercés

chacun parun épanchoir defiiné

a

baiffer les eaux de

la riviere

&

du

canal

pour les empecher de paífer

par-deífus le radier lorfqu'elles pourtoient

y

caufer

du dommage. Ceux d'aval fervent encore

á

enlever,

par na manceuvrage, le peu de fable

fin

on de limon

qui peut s'échapper par les joints du radeau, & tom–

ber dans le

canal.

On a eu foin auffi de pratiquer achaque épaulement

des rainures verticales dans lefquelles on fait entrer

des planches pour former des batardeaux au befoin.

Cet ouvrage qui eft auffi fimple qu'ingéni-eux, a

GOllté

plus~

.de 8o,ooo

livres

a

MM.les propriétai-

CAN

res, fans ·compter les frais du changement dn lit du

Libron, qui ont été faits par la province pour l'a\i–

gner

&

y

amener d'autres ruiffeaux. O n retire le

radeau des que le torrent diminue : deux hommes·

fuffifent pour le tirer de fa remife' ou il eft

a

flor '

&

le conduire

a

fa

plac~'

ce qu'on efi obligé de•

faire tous les jours dans les tems de

plu~s

&

de dé–

bordemens, qui durent quelquefois une femaine.

On obferve que la cht1te des eaux du

canal

vers

la mer eft moindre

a

Libron qu'a l'éclufe ronde,

quoique le niveau de toute la rerenue foit le meme;

mais il paroit que la mer

y

entre plus librement ,

&

q1:1'elle

y

éprouve moins de réíifiance, paree qu'il

y

a moins d'éloignement, l'embouchure du Libron

n'étant qu'a 8oo toifes du radeau.

·

A

trois milles du radeau du l..ibron eft l'éclufe de

Portiragne, qui tire fon nom d'un bonrg ott l'on

croit qu'il

y

avoit un port autrefois, quoiqu'il foit

aétuellement

a

deux milles de la mer. Le nom dt1

village indique en effet un port,

&

l'on

y

a vu les·

anneaux ou s'amarroient les barques. Toute cette

plaine efi ma-récageufe, & fujette aux inondations;

les eaux fauvages font

re~ues

par un

contre-can.zl

qui les porte dans un n.üffeau-mere'

&

enfuite a la

mer, afinque les eaux du canal Ú>Íent toujours all

m

eme ni veau.

Au pont-rouge, qtlÍ

eft a ci

_nq milles de Portira...

gne , on entre dans la

rivie.re

d'Orb, qui nourrit le

canal depuis Beziers ju

fqu'a Ag

de. Avant d'y arriver,

on trouve deux portes qu'on nomme

demi-éclufes

~

éloignées entr'elles de

400

toifes, la premiere ap–

pellée de

S. Pierre,

&

la feconde ,

des Moulins–

neufi.

Elles font toutes les deux bufquées vers la

riviere d'Orb pour en foutenir les grandes eaux, du–

rant lefquelles les barques ttouvent un abri dans l'in–

tervalle qui fépare ces deux portes. On s'en fert auffi

apres les inondations pour balayer le

canal,

&

ra–

mener dans la riviere les fables qu'elle

y

a dépofés.

La branche du

canal

qui vient d'Agde finit

au

pont-rouge placé fur le bord oriental de l'Orb. La

branche qui va vers le Haut-Languedoc communi–

que

a

cette riviere par fon bord oppofé au pont

Notre-Dame, 446 toifes au-.deífus du pont-rouge.

La riviere d'Orb, dont

la

largeur eft d' environ 30

toifes, n'a pas, dans fon état ordinaire , affez de pro–

fondeur pour le paffage des barques; on

y

fup pléa

d'abord en rehauffant les eaux par une digue qui

barre fon lit immédiatement .au-deífous du pont–

rouge. Les graviers & les fables qui s'accumulerent

au-devant de cette digne firent perdre bientot le

fonds qu'elle avoit procuré. Pour le rétablir, on a

percé l'e.xtrémité de la digue voiftne du pont-rouge

par fi.x épanchoirs

a

fond' de 9 pieds de largeur cha–

cun, & l'on y a dirigé les eaux par des ouvrages

a

fleur-d'ea1.:1

qu~

traverfent la riviere diagonalement

depuis le pont N otre-Dame. Les eaux qui fe vui.:.

dent par ces épanchoirs forment un courant au-de–

vant de cesouvrages, &yentretiennent

plu~

defonds

qu'ailleurs

:

c'eft la route que les barques fuivent.

Cependant, pour faire paífer les barques & leur·

procurer affez d'eau, l'on efi: obligé non-feulement

de fermer tous les épanchoirs avec des vannes , mais

encore de mettre un rehauífement mobile fur totite

la longueur de la digue. Ce rehauffement, qui a

trois pieds de hauteur, efi fait avec des madriers af- ·

femblés

a

charniere avec la tetiere de la digne. Lorf–

qu'ils fon t relevés, ils font aífujettis par des arcbou–

tans aífe mblés auffi

a

charniere avec leur bord

fupérieur. Les vannes qui fervent

a

fermer les

épanchoirs font compofées de plufteurs pontrelles

fé··

parées; on les coule une

a

une dans les rainures des

poteaux montans qui bordent chacune des ouver–

tures. L'un de ces poteaux eft fixe; l'autre , qui

peut tourner fur fon axe, efi arreré par un arcbou-