CAN
t ant pendant la durée du rehauífement; Iorfqu'on
v eut le fai re ceífer, on abat l'arcbou tant par un coup
de hache; le poteau tourne, le v annes échappent ,
mais une chaine qui les retient les oblige de fe ran–
oer
a
coté du cou rant. Les épanchoirs ouverts'
1
S
~aux
ne furmont ent plus la chauífée fixe ,
&
l'on va
abattre
a
la main fon relevement mobile.
Cette manceuv re eít une des plus curieufes du
canaL,
on la fait plllfieurs jours de la
C
mai~e,
fui–
vant la fréquence du paífage des barqut:S-
On remédieroit
a
tous ces embarras fi l'on faifoit
fuula riviere
&Oj
b un pont-aqueduc pour
y
faire
paífer le
canrÍL;
mais cet ouvrage feroit fi difpe n–
dieux, qn'on n'a pas encore ofé l'entreprendre.
La riviere d'Orb fert de
canaL
fur une efpace de
446 toifes, an bout dLLq ue l on reprend fur la ri ve
o ppo fée
a
Beziers,
&
au midi de l'Orb, l'embranche–
ment du
canaL
qui concluir ,a u.
hui~
éclufes d_e _Fo n–
ferane , qui
comm~~c
nt a
42.7
to;fes
d ~
l_a n v1ere ,
&
iiniífent
a
572.
to1fes de cette meme nv1ere.
Ces huit fas accolés
&
d'un feul trait, placés l'un
f ur l'autre , forment une cafcade de .
I
45 toifes de
Iongueur fur 66 pieds de pente. · Cette hauteur eít
di viD/e en huit chutes de 8 pieds 3 pouces chacun e,
&
les bateaux s'élevent par ce moyen jufques fur la col–
Ene. Lorfque toutes les portes fontouvertes, on voit
un fleuve d'eau roulant
a
gros bouillons '
&
formant
la plus belle cafcade arti ficielle qu'il
y
ait au, monde.
Apres avoir paífé l'éclufe de Fonferane , o n par–
cour t
2.7)00
toifes d'un feul trait fans trouve r d'é–
cluf<! ; ce long efpace efi ce qu'on appelle
la
retenue
de Fonferane ,
c'eft la plus grande retenue qu'il y
ait dans le canal; elle n'a aucun e pente ni d'un coté ,
ni de l'autre: auffi ell-il arrivé q ue l'eau ne venoit
point, · quoique les éclufes fuífent ouvertes;
les
plantes qui croiífoient dans le
canaL
fuffifant pour
oppofer une réíiftance
a
la chCtte de l'eau daos le
baffin fup érieur de Fonferane; pour y remédier on
eft obligé de couper les herbes de tems en tems ,
&
M. Claurade a fait conll:ruire pour cela une machine
qui réuffit parfaitement : en voici une .idée.
A l'extrémité d'une barque efi une roue horizon–
tale de 9 pieds;
a
laquelle on applique huit hommes
fur quatre leviers ; cette roue engrene dans trois tan–
t ernes verticales,dont les axes portent en-bas des plq–
teaux de 4 pieds de diametre;a chacun de ces plateaux
font iixées quatre faux de 9 pouces de faillie
a
deux
tranchans; leur mouvement alternatif eíl: rendu neuf
fois plus grand que celui de la roue au moyen de l'en–
grenage ,
&
elles coupent avec une grande prompti–
tude toutes les plantes qui les environnent. Les axes
qui portent les plateaux
&
les faux, font en tés fur
les arbres des lanternes, de fas:on qu'on peu
les
placer
a
différentes hauteurs
&
les retirer pour ai–
guifer les faux.
La VOLlte du Malpas eít
a
3 milles des éclufes de
Fonferane,
&
a
4 milles de Beziers; le
canaL
y entre
fous la montagne,
&
y regne l'efpace de 85 toifes;
la large nr du
canal
eít ici de 19 pieds, fans compter
une banquette de 3 pieds. La voilte a
2.2.
pieds de
hauteur au-deíll1s de l'eau,
&
il refie encore envi ron
autant de hauteur de la montagne au-deífus de la
vof1te; cette monta gne eít de tufou d 'une efpece
de pierre tendre , qu'il a fallu foutenir par une voCtte
en mas:onneri e ; on y a ménagé de difiance en dif–
tance des chaines de pierres de taille , fur lefquelles
on a éle vé des murs de refend , qui vonr jufqu'a la
concavité de la montagne,
&
des portes par lef–
quelles on peut paífer pour viíiter les voutes ; il n'y
a qu'un e longueur de
2
5
toifes qui n'eft pas vof1tée.
Or:
appers:oit dans cette partie un banc de coquilles
qm regne le long de la montagne;
&
dans un endroit
de
~etr~
montagne on voit un veílige de bitume ou
de Jay et. Il eut
ét
1
facile de déblayer le deífus de la
T ome JI.
1
79
vo1tte, la pi erre n'éra nt pas dure ; rnais le paífage
efi:,~íf~z l~rge
,
&_
1a
long~u ~ ur
efi aífez courte , pour
qu 11 ,n y ait
aucu ~
mconv _men,t
a
paffer par-deffous;
oñ n a pas eu meme befom d y pratiquer des puits
pour donner de l'air, comme on le fai t dans le
canaL
de Picardie, dont il
y
déja une lieue de percée
fous les monté\gnes, au-dela de faint Q uentin , com–
me nous le dirons en parlant de ce
canal.
D e deffus la montagne dn Mcrlpas on voit l'ancien
étang de Montadi, deíféché par un aqueduc fou–
terrei-n qui fubíiíte encore,
&
paífe íous le
canal.
U
y
~
\me ouverture, par laquelle ce
canaL
peut fe
vmder dans cet aqu duc de Monradi, quand on
veut mettre
a
fec une partie de la grande retenne :
on aífure que cet aqueduc fut fait daos le dixieme
fiecle par des gentilshommes du pays, quoique les
uns
d~tent
d'Henri
~V fe~
lement _,
&
que les au tres
le faífent remonter Jufqt attx anc1ens Romaius.
On auroit pu é viter cette montagne de Malpas
mais le chemin qu'on a fuivi eít beaucoup plus
~our~
pou r all er
a
Beziers ,
a
Agdes
&
a
Cette, que tous
l es autres chemins qu'on auroit pu prendre.
A trois milles de la
voC~te
du Malpas, on pa.ífe pres
de Capeílang , on
y
vo1t des épanchoirs
faits en
1767 '
a
l'occafion des ravages produit; par des
eaux fauvages; qui avoient dégradé les rives méri–
dionales du
canaL.
On y voit auffi deux ré verfoirs
a
fl e
11·
d'eau qui font
tres~larges
; s'ils ne produifent
pas to ut l'effet qu'on en avoit attendu, c'eít que l'eau
fe vuide lentement
&
difficilement quand elle n'efr
pas chargée d'une colonne fup érieure , ou accélérée
p ar la pr ilion o u par la chute , mais ils ont du moins
l'avao tage de verfer, des que les eaux dépaífent leur
couronn~ment, fa~s ~é p e ~d re
d/e la vig1lance du
garde qm efi charge d ouvnr les epan thoirs
a
fond.
Le
canal
paífe vers cet
endro~t
fu r plu íieurs aque–
d~tcs
:
~n
fit e_n
1
7,_67 , vers c;lUI du Capellang, une
rer:a~at10n
qm
c~ntta
1oooe
ecus ,
~
qni en auroir
coute quatre f01s
m01ns
dans une autre faifon · mais
la néceffité de r établir promptement la
navig~tion
obligea les propriétaires
a
employ er tous les moyen;
poffi.bles
po~r
accélérer Fouvrage? malgré les gla–
ces , les plUies, la rarete des ouvners, la difficulcé
des tranfports, la briéveté des jours.
L'aqueduc du pont de Ceífe,
a
fix milles qe Capef–
tang , eít un des plus confidérables du
canal·
il eíl:
compofé de trois grandes arches, fou s lefquelles
paífe la riviere de. Ceífe, pour all er fe jetter dans
1'
Aude,
a
deux mtlles de la; ¡;omme cette riviere
efi: abondante , on s'en fert auffi pour alimenter le
canaL,
par le moyen d'une prife d'eau, qui com–
mence
a
1800
toifes du
canal
,
&
qui efr la plus
confidérable des quatre prifes d'eau dont nous avons
parlé ; on y a ménagé auffi un épanchoir
&
un ba.
tardeau, ou efpece d'étranglement du
canal
en
mac;onnerie, dans equel on place des pieces de'bois
qui ferment la communication, quand on veut met–
tre
a
fec une partie feulement de la grande retenue
de Fonferane; il y a de femblables batardeaux en
plufieurs endroits du
canaL.
Cette meme riviere de Ceífe ,
a
dix milles au–
deffus de fon arrivée dans le
canal ,
paífe au travers
d 'une montagne, o
u
elle s'efi fait une ouverture
tres-fingul iere , appellée
le
pont
de
Minerv~.
A un mille att-dehi de l'aqueduc de Ceífe , on
• trouve le Semail , oú on a
b~hi
une auberge
&
oü
eft le
~oucher
o rdinaire par le bateau de pofte; c'eíl:
a
fix m1lles de Narbonne.
On avoit commencé, en
1686,
a
creufer une
branche de communication, pour joindre ici le
ca–
nal
avec l'ancien
canaL
de Sijean, ou de la Nouvelle
qui traverfe N'arbonne ,
&
qui fe con( nue par celui
de la Robine, jufqu'a la riviere d'Aude,
a
une lieue
du
canal
royal de La_nguedoc.
z
ij