í
CAM
vient de prefcrire , pour la conduite
d~une
campagne
d'offenfive,qu'on nedoive favoir pour agird 'feníive–
rnent rant paree que la plupal't de ces maximes font
'
d
d'
1
•
communes aux eux genres operatiOns, que paree-
que
les
autt~es
font
c~nnoitre
ce que
1
ennemi
~eut
faire quand 1l eft fur l offenfive : par cette dermere
raifon,
i1
efi néceffaire qu'un général , chargé d'une
campagne d'offenfive, n'ignore point les maximes
fuivantes.
n.
On peut juger de la partie de la frontiere
Oll
l'ennemi doit s'aífembler,
&
de l'objet qu'il fe pro–
pofe, en obfervant les lieux, le nombre
&
la confif–
tance de fes dépots : on fe mertra en écat de s'op–
pofer
a
fes deífeins ,
&
de les faire échouer en ap–
provifionnant de fon coté les p
laces les plus expo–
fées
&
les plus importantes, en
reconnoiífa.ntd'ex–
cellentes pofirions,
&
en prenan
r toares le mefures
poffibles pour n'etre point prévenu en campagne.
I I I. Un général qui efi fur la défeníive doit
évi–
ter toute occaíion de combattre , oú la fupérioriré
du nombre peut beaucoup : il cherche
a
harceler
l'ennemi'
a
l'affamer; il s'applique
a
ruiner fon
ar~
mée en détail' en fe tenant toujours
a
porrée de pro–
:fiter de fes fautes, en occupam des poftes sftrs
&
avantagenx, en l'attirant dans un défilé ou quel–
qu'autre lieu reíferré ou il puiíre fe ranger fur un
front égal au íien , ott le nombre
n'~iit
plus lieu ,
&
ou
la viél:oire dépende des bonnes difpo!itions qu'il
fera ,
&
de la valeur de fes troupes.
1
V.
ll
faut qu'il foir aétif, hardi, entreprenant;
une conduite timide
a
coup sftr décourageroit fes
troupes , leur feroit perdre toute la confiance
qu'elies auroient en lui;
a
la fin elles le méprife–
roient,
&
elles lacheroient le pied lorfqu'elles le
verroient forcé de combattre malgré luí , par quel–
que faux mouvement qu'il auroit fait.
' V. C'efr dans une
campagne
de défeníive fur-tout
'lue pour faire, ou ne pas faire quelque chofe, il ne
faut jamais fe régler fur la conduite de
1'
ennemi ,
mais uniquement fur ce qui nons intéreífe eíientiel–
lement ; car, comme le dit Vegece :
«
vous com–
" mencez
a
agir contre vous- meme ' des que vous
~'
imirez une démarche que rennemi a faite pour fon
"avantage
>>.
VI.
»
ll y en a , dit Montécuculli , qui laiífent
"avancer l'ennemi dans le pays, afin que fon armée
" étanr affoiblie par les garnifons qu'il efi obligé de
" mettre de coté
&
d'autre' ils puiífent enfuite le
>-'
combattre avec plus d'avantage
>~.
~'
D'autres feignent de craindre pour rendre l'en–
" nemi plus aíl'uré & plus négligent, & n fe retirant
" ils le conduifent vers des lieux défavantageux
&
" vers leurs fecours qui s'avancent, puis ils tournent
')tete tout d'un coup
&
combattent
».
" Les autres marchent continuellement , ou pour
" tirer
1'
ennemi de fes poftes, & l'aífaillir; ou póur le
'~
ruiner par des marches atr"quelles il n'efi pasaceou·
,. turné».
Mém. de Mont. Liv. 1,
chap;
3
,
art.
3.
VII.
«
Quand on efr fans armée , on qu'elle eft
»
foible, ou qu'on n'a que de la cavalerie, il faut;
" 1°.
Sauver tout ce qu'on peut dans les places for–
'' tes; ruiner le refie,
&
particuliérement les lieux
"
oit
l'ennemi pourroit fe pofrer.
)>
2
°.
S'étendre avec des retranchemens, quand on
'' s'appen;oit que l'ennemi veut vous enfermer; chan–
" ger de pofte ; ne demeurer pas dans des lieux oü
"l'on puiffe etre enveloppé fttns pouvoir ni combar–
'' tre, ni fe retirer , & pour cela avoir un pied en
'' t:r:e
&
l'autre en mer, ou fur cfuelque grande
,, nv1ere.
,, 3
q.
Empecher les deífeins de fon ennemi, en
,, jettant de main en main du fecours dans les places
" dont il s'approche , diftribuant la cavalerie dans
't
des lieux éparés pour l'.incommoder fan$· ceífe ;
Tome II
CAM
16
~) ~e fa~~~
des paífages; rompre les ponts
&
tes mou..
'' lms; ta1re enfler les eaux; couper les forets
&
s'en
>>
faire
des barricades
».
Les memes, liv.
J.
chapitre 3 ,
article 4·
Rn pareil cas on s'attache
a
la confervation des
places les plus importantes; on y met de bonnes gar–
ni.fons , on
d~molit
les autres ou on les abandonne.
En incommodant l'ennemi de toutes manie res, on
empeche fur-tout que fes partis ne s'écanent trop
de fon armée, & ne jettent trop facilement la terreur
dans le pays. On rerire de la campagne tout ce que
l'on'peut en o ter; on con fume par le feu les fourrages
qu'on ne peu t mettre en líeu de fttreté; on envoie att
loin les beítiaux'
&
autant qu'il fe peut'
a
couvert
des grandes rivieres, ou ils foient en fftreté
&
ott ils
fubfiílent aifémenr.
VIU.
L'cnnemi , dit Vegece, a quelquef'ois comp..
t~
de
~nir
bi.entot
~n€
expédition; mais íi l'on par–
VIent a la fa1re tramer en longueur, ou la difette le
confume, ou le dépit de ne ríen faire de coníidérable
le r 'bu re,& .l'?blige de s'en
~ller.
C'eft alors que fes
foldats, eplllíes par le travatl
&
les fatigues, défer–
tent en toule ; une partie fe diffipe ; d'autres fe ren–
dem
a
vous' paree que la fidélité des troupes tient
rarement contre la mauvaife fortune; d'autres tom–
bent malades
&
p 'riífent;
&
une armée qui étoit
nombreufe en entrant en
campagne,
fefondinceffam–
mentd'elle-meme.
Combi
n d'armées ont éprouvé
un tel fort
!
•
'
IX. Le réfultat d'une
campagm
efr le parti qtt"on
doit prendre quand
la
faifon ne permer plus de tenir
les troupes fous les toiles.
Lorfqu'on a agi offeníivement,
&
qu'on a fait des
conquetes, il efi queftion de favoir íi l'on efi en état
de les, con f7rver.,
&
les moyens qu'on employera
pour
s
y mamtemr. Dans un pays de places forres
on coníidere celles qu 'il eft importamde oarder ou
d~
démolir ; les poftes qu'il faut fortifier
&b
garnir pour
la sftreté de.s quartiers, .des magaíins, des hopitaux,
pour couvnr les convo1s, coníerver une communi·
cation libre avec fes derrier s, pour alfujettir le
pays, s'aífftrer des principaux paífages, du cours des
rivieres ,
&c.
Dans un pays ouvert on examine les
villes qui peuvent erre facilement' promptement
&
avantageufemenr
fort~fiées,
les pofies, les rivieres,
&
autres objets dont on pourra fe couvrir
&
fe fer–
vir utilement. Les mefures prifes par M. le maréchal
de Broglie, en 1761, pour la confervation de la Heífe,
qu'il avoit reconquife pendant cette
carnpagne,
font
un parfait modele de ce qu'on peut faire en pareil
cas. En tres-peu de tems ce général fit fortificr plu–
íieurs villes
&
p1ufieurs poftes; il fit ouvrir des grands
chemins ,
&
fit tous les approviíionnemens qui lui
éroient néceffaires: avec cela, la Fulde, riviere qui
traveríe la Hclfe, fut rendue navigable, par fes
ot·
dres
&
par fes foins. L'entrepriíi que firent les enne–
mis pendant l'hiver, pour nous faire abandonner ce
pays, prouva clairement
&
univerfellement , par
les mauvais fucces dont elle fut fuivie pour les
alliés, combien M. le maréchal de Broglie avoitmis
de vigilance, d'aB:ivité
&
de prudence dans fon pro–
jet,
&
la grande capacité de ce général. Cette
cam–
pagne
eft incontelfablement une des plus belles
&
des plus infiruétives qu'il y ait dan l'hiftoire.
Si par qu elque motif qne ce foit on ne pem con–
ferver le pays conquis, on l'évacue , on en _tire de
groíies contributions, on Pappau vrir de maniere
a
le laiffer hors d'état de pouvoir fournir aucune refd
fource
a
l'ennemi; quelquefois on le brttle' on le
faccage.
Quand on efi fur la défen!ive ,
il
efi effemicl de
prévoir de bonne heure
Olt
l'on fe retirera pour pren–
dre fes quartiers dhiver, & de s'occuper de tour ce
qui pourra en
affCm~r
la tranquillité. Si l'on n'a
plu~
X