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CAM

1 I

I.

Le plan particulier d'une

campagne

confi!l:e

a

établir les op

1

rations de chaque armée' foit qu'el–

les foient deftinées

a

agir de concert ou féparément.

Cet article eft du reífort des généraux qui doivent

commander.

Ils

communiquent ordinairement p r

des mémoires leurs idées, leurs vues, leurs def–

feins;

&

ce n'eft qu'apres qu'ils ont été

examiné~

&

approuvés p-ar le prince,

&

qu'ils ont re<;u fes mf–

truél.ions

&

fes ordres' qu'ils fe difpofent

a

les met–

tre

a

exécution .

.

. Pour bien régler le plaJl pa.rticulier d'une

campa–

gne,

il efi: imporrant de connoitre avec to

ute l'ex

ac–

titude poffible , la Etuation, l'éra,t

&

la.

natu.re

de

la frontiere ,

&

du pays o

u

1

on don fa1re la

guerre.

Un aénéral nommé pour agir offeníivement,

&a

qui on°demande préalablement le plan de la

campa–

g:Ze,

commence par coníid

1

rer la frontiere de l'en–

nemí. Si c'eft une ligne de places fones , il indique

celle qu'il eft le plus important d'attaquer,

&

~n

déduit les raifons: il expofe les différens mouvemens

qu'tl

ferCl-, pour prévenir l'ennemi en

campag~e

,

&

luí donner le change fur la place qu'il devra attaquer;

la maniere dont

il

fera l'inveíliífement de cette place:

il déúgne les polles qu'il occupera , les endroits

oi1

il

établira fes magaGns : il développe la conduire qu'il

tiendra pendantle Gege; foit qu'il ait une armée d'ob–

Íervarion, o

u

qu'il ne foit pasen érat d'en avoir une,

pour s'oppofer auxdiverfes tentatives que pourra fai–

rel'ennemi.

En

unmot,il n'oublie aucun desmoyens

qu'il emploiera pour venir

a

bout de fon entreprife

~e

plus promptement

&

le plus surement qu'illui fera

poffible : il fait voir en meme tems comment il afsú–

re}:a fes convois

&

fes derrieres, ainfi que la com–

rnunication

&

la

correfpondanc~

de fa propre fron–

tiere.

En fuppofant la fin de cette premiere opération,

il

dir quelles font les places qu'il faut enfuite affié-

'

ger : il o.bferve s'il ne feroit pas plus convenable de

les bloquer _,

&

de

cherche~

a

combattre l'ennemi'

· pour l'éloigner

&

le mettte hors d'état de pouvoir

empecher la prife de ces plac;es : il le fuppofe dans

une pofition avantageufe ;

&

il détaille fa marche

&

les <lifpoGtions qu'il fera faire

a

fon armée, pour

le JOÍndre

&

l'attaquer avec fuc_cés. Si l'ennemi eft

obligé de fe retirer, de que] que

fa~on

que ce foit ,

il

f~it

remarqner les plflines , les défilés, les rivieres

q1.1'il aura

a

paifer dans fa re traite,

&

comment il

po1.1rra.le

furprendre o

u

l'attaquer t:!n quelqu'endroit

& le

mettre en déroute.

Si la frontiere de l'enpemi n'a que peu o

u

point de

places; que ce fair uoe chaine de montagnes , dont

Ies

gorges foient retranchées , o

u

une grande riviere

dont les pa,ífages foient gardés , le général fait voir

les J,llou-vemens

&

les J;ll.anre\tv.res qu'il emploiera

~our

divifer; l'attention de l'ennemi, parrager fes for-

1

~e.s,

&

tacher de pénétrer ou de paífer

en q.ueJ–

qu'endroit , foit par íu.tprife , foit par un combat

avantageux.

Enfin, de quelque natnre que foit la frontiere

&

le pays qtí'il eft chargé d'attaquer, il préfente tout

ce qu

'il

croit de mieltx

a

fa ire pour s'en rendre mai–

tre

&

s'y maintenir: il varíe fes deífeins de pluíieurs

manieres, afinque, quoi qn'il pu.iífe arriver, il ne refte

pointdans l'inaaion, ni dans !'embarras. Mais com–

rile il ne faut pas toujours compter fur des fucces,

en fuppofant qu'il ne réuffiífe pas , il efi eífentiel

qu'il prévoie comment, dans tous les cas fachettx

qui pourront

lui

arriver, il fe tirera d'affaire.

Celui qu'on choiút pour faire une

campagne

de

défenGve , doit plus qu'aucun autre avoir une con–

!lOiífance profonde de la fromiere

&

du pays oit il

eft deíl.iné

a

op

1

rer.

11

eft néceífaire qu'il ait vu.l'une

&

l'autre,

&

qu'il

les

poífede parfaitement, p.our

CAM

pouvoir bi

en mé

direr

&

bien établir le plan de fes

op

1

rations.

Si.la

frontiere qu

il

aura

a

défendre eft

de la pr miere efpece,

il

envifage quelle eft la place

qu'il faut couvrir de pr ' férence aux autres. Pour

ce.t

eff~t,

il

choifit une po.úrion d'ott

il

puilfe remplir fon

obJet.

Il

fuppofe enfuite que d'une maniere ou d une

autre' l'ennemi par iendra

a

inveíl:ir cette place: en

démontrant comment il ' tablira fa circonvallation

de quel coté

il

formera fon attaque ' les poiles qu

occupera pour couvrir

-L

s

opérations

il

fait remar–

quer l'endroit par lequel il pourra l'a;taquer avec

le

plus d'avanti)ge pour fecourir les affiégés,

&

de quel–

le maniere il procédera

a

l'exécution de ce deífein.

S'il n'efi pas aífez en forces pour rien tenter de fem–

blable , il expofe la conduite qu'il obfervera pour

harceler les affi. ' gea ns , enlever

urs convoi

les

gene.r

p~ur

leurs fubGllances, leur cou perleurs

c~m

..

mumcat10ns ; en un mot , tous les efforts qu'il fera

pour retarder' meme empecher 's'il efr poffible 'la

prife ele la place.

Si,

malgré tour ce qu'il fe propofe

de faire' l'ennemi vient

a

bout de fon entreprife '

il

dit comment il fe poll:era pour couvrir

les

autres

places: s'il efi contraint de les abanclooner

a

leurs

propres forces,. en quel point il fe piacera pour ne

pas les perdre de vue,

&

les pouvoir protéger d'une

fa~on

ou d'une atitre;

&

fi

l'ennemi prend le parti

de les bloquer

&

de pénétrer dans le p ys, quel fera

le pofte aífez avaotageux qu'il occupera pour pouvoiF

l'arreter

&

l'obliger

a

rifquer l'événement d'un com–

bar avant d'aller plus loin.. Enfin ,

s'il

efi forcé dans

fa pofition, comment,

&

ou il e retirera pour évi–

~er

qnelque nouvel échec '

&.

fe mettre

a

portée de

recevoir

du

fecours.

Si la frontiere efi

de

la deuxieme efpece;

fi ,

com–

me on l'a dit ci-devant, au líen d'avoir urie ligne de

places, elle

efi:

b~r~·ée

par

une

,chaine de montagne

~

o

u

par uelque nv1ere coníiderable, le général fait

voir les différens paífages qu'il eft

le

plus .important

de garder; il détaille les mouvemens,

&

les difpo–

Gtions qu'il faudra

qu'il

faífe, pmlr prévenir l'ennemi

par~tout'

rompre fes projets'

&

etre toujours en

état de

r~po.uffer

fes attaques. En fupl?ofant tot

te~

que cehu-c1 pourra tenter ,

&

en mdiquant les

moyens qu'il emploie'ra pour arreter· fes de

ins

il dit de quelle maniere il cherchera

a

l'attirer dan;

quelq\l€ lieu refferré,

0~1

il pourra l'attaquer avec

avantage,

&

fans lui donner

le

tems de fe reconno!–

tre ..

ll

aje,ute

a

cela tout ce qu'il fera pour

tin~r

le

meilleur parti de

fon

armée'

&

caufer

a

l'ennemi

le

plus de mal

qn'il

pourra. Dans

~ous

les cas qu'il fup–

pofe,

il

fait mention des lieux d'oit il tirera fes con·

vois,

&

des précautions qu'il prendra pour évacner

súrement le pays qu'il fera furcé d'abandonner.

Qnelqu'abregé qu-e foit l'expofé qu'on vient de

voir, il fait aífe'll fenrir combien

il

faut de travail

&

de rems pour fe mettre en étar de former Hn plan

de

campagne.

Auffi n'appartielilt-il qu'aux généraullt

<;lu

premier o.rdre de pouvoir régler

a

cet

égard

quel–

que chofe de fixe

&

de sf1r: c'eft le frui.t de la fóenee

militaire, d'une expérience confommée

&

réflechie.

(( Il

ne faut pas toujours,

di~

le commentateur de

); Polyhe,

tome V,page

347,

régler l''tat de la

'' guerre fur le nombre

&

la qualité des forces que

,, l'on veut oppofer

a

l'ennemi' qui fera peut-etre

,, plus fort.

n

y a certains pays oü le plus foible

'' peut paroitre

&

agir contre

l€

plus fort, oi1 la ca–

" valerie

efr

de moindre fervice que l'infanterie,

" qui fouvent fupplée

a

l'autre par fa valeur.

L'ha–

)) bileté

<l'nn

général efi toujours plus avamageufe

»

que la fupérioriré du nombre,

&

les avantages

)t

d'un pays. Un Turenne regle l'état de la guerre

,., fur

la

grandeur de fes connoiílances, de fon cou–

,~

rage

&

de fa hardidfe. Un général qui ne lui ref-·

»

fe.mble en

rien,

mal·!labile,

petl entreprenant

1