s
U 1
glige dOlle ce qu'on {e doit
a
foí,
m~111e
; Ol,l
in"tet–
rompt le cours de fon bonheur, on fe prive des
moyeos de fe pertcétionner davantage daos ce mon–
de,
n
efr vrai que ceux qui fe tuent eux-mémes re,
ga rdent la mort
com~~
un
~tat
lJ1us
hellr~llx
que la
v ic; mais c'eft en quollls.
rél1fonn~nt
mal? 1Is
~ e
y eu–
vent jamais avoi r unc entlcre cerqtu de; Jamals ds ne
p ourront démontr r que 'I;ur
.v~e
eí!:
~10
plus granel
malh ~ur
qtlC la mort. .E t c eíl:/cl la ele
pO~lr
répon–
dre
c\
div rfes
qtl cfhon~
qu
on fo rme úuvant
les
difFérens cas Oll un homrne pcutfe trouver.
On demande
l°.
íi
un foldat peut fe tucr
pO~ll'
n e
pas tomber entre les mains des ennemis ; comme
cela
eft
fouvent arrivé dans les fieeles paffés. A cette
queíl:ion on en pcut joindre une autre
qui
revient aH
mame ,
&
a
laquelle on doit faire la mcme réponfe,
(avoir íi un capitaine de vaiíleau peut mettre le fe u
el
fOil navire pour le faire fauter en l'all' afin qne l'en–
nemi ne s'en rende pas maltre.
QllclC¡lle~ns
d'en–
tre les moralifies croient qu e le
jiticide
efi permis
dans ces deux cas , parce CJue l'amour de la patrie
d I:
le principe d ces aaions. C'ell: une fa<;o n de nuire
a
l'enne1l1) pour
laquell~
011 doir Fuppofer le confente:
ment du [ouveraJl1 ql1l veut fa u'e tort
¡\
Con ennenll
de qu ·lquc fa<;o n que ce foit.
es raiíons quoiqlle
{pécieu(es , ne font cepeodant pas fans exception.
D'auord il eíl: fllr que dans un cas d<i! cette importance
il ne fuffit pas de fuppofel' le con[entement du [ouve–
r ain. Pendant que le fouverain n'a pas déelaré fa vo–
]onté expreírément, il faut regarder le cas comme
dotLte ux : or dans un ca:> douteux ,
00
ne doit point
prendre
le
parti lc plus vioient,
&
qui choque tant
d'autres <lev irs qui [ont elairs
&
fans contcíl:ation.
Cette Cflleíl:ion
a
d0nné o ccafion
a
une feconde ,
favoir s'il fa ut obdr
á
un prince qui vons ordonne de
.vous tuero Voici
ce
qu'on l'épond ordinairement. Si
l'hoInme qui re<;oit cet ordre eft un criminel qui mé–
rite la mort, il doit obéir fal)s craindre de commettre
llllJaicidc
puniíElble , paree qu'i! ne fait en cela que
ce que le bourrean devroit fai re. La {entence de
mort étant prononcée , ce n'efi pas lui qui s'ote la
vi , c
'e.íl: le
j u ~e
auqucl il obéit coq¡me un inílru–
ment q uila lui oteo Mais
íi
cet homme eft un iono..
cent
~
iI vaut mieux qu'il refufe d'exécllter cet ordre,
parcc qu'aucun fouvera in n'a clroit fm la vie d'UI1 in–
nocent. n propoCe encore cette troiíicmc
que.ll:ioil,
favoil~
{j
un malheurcl1x condamné
él
une m orr ígno–
minieufe
douloureufe. , peut s'y foufiraire en
fe;
tuant lui-meme. Tous
!
s moralifi s font ici pour
le.
n ~gative.
Un t el homll1c enfreint le droit quc le ma–
gillrat a fm lui poui· le punir, il fi-ufrr cn mcm e t ems
le
but q I'on a d'infpirer par lc chatiment ele l'horrenr
pour des crimes fcmblabl es au fie n.
Di{ons un mot
duJllicide
indireét. On entencl par–
VI
toute aélion .qui occaíionne une mort prémarurée
fa ns qu'on ait
II
.p réci/cm~n~
l'i..ltention ele fe
b
pr¿
curer. C ela
f~
ÜlJt
OUen fe hvrant aux empOrtcmellS
d es paffions vlOI ntes , on en menant une vle d rc–
glée. ou n fe retranchant le n éce{faire par une ava–
l·ice
h
ntenf, ,ou en s'expo[.,nt il11prud mment
i\
un
danger évident. Les mcmcs raifon qui cléfendent
d'attenter
¡\
{a i direaement conda111nent au ffi le
fll icidc
indir ét , comme il eíl: aifé le le voil'.
Pour ce luí regar le l'i1l1putati n du
J iticide,
il f<lut
remarquer 'In' lIe lépencl
de
la fituation d'efprit Oll
\1n homme
f
trouve. avant
&
au 1110ment qu'íl fe
tu ;
fi un homme qUI .a le ccrv au
~érangé ,
o n qui
íl: tombé cl'lns une nOlre mélancolle, ou qui eH en
phrénéfie, fi un tel homme fe tUl! , o n ne pell.t pa
l"egarel r ion a ion comme un crime, parcc que elans
un t
1
état on ne fait p as cc c¡u'on fait ; mais 'ille fai t
de propo el líbér ,l'aétion lui
fr
imputée dans{on
entier. ar quoiqu'on obj ae qu'aucun homme joui!:
fant
el la raifon
ne pem
fe fu er ,
&
qu' ffeétiv ment
s
U
l.
tOl! es meurtri·ers d'eUX-111emes p\üffent
&tI.
cLés comme des fous Clans le momen! qu'ils ,.ret>ar–
vie : il fal t cependant prendre garde
a
le\lr
v~ ote~t!a
dente. C'eíl:-la Otl [e trouve ordinairement
l~p~e~e
de leur défefpoir. Pellt-etre qu'ils ne Caven
ongme
qu'ils font
dan~
le. moment qu'ils fe
tue~t
tt
palsce
{i .
/l.
bl'
1
'
ant eur
e pnt eH tron e par eurs paffions . mal$· e'
II I
r.
S'·l
.
!I
I
é
'
e
eur
laute.
J
s aVOlent
t ClC 1
de domlner leurs
p
/Ii
d ' 1
·1
·
a
10ns
es
e
cornmencement ,
1
S aurOlent fftremenr
e
venu les malheurs de leur état pr'{ent ainti
1
I~~
-
.
n .,
r·
d
,
a uer·
nl ere al.llon etant une Hute es aaions p,réeéde t
elleleureíl: imputéeavec les autres,
n es,
Le/iticide
a.
toujO\lrS été un [ujet de contellaríon.
parml. les
anCl(~ns
phllofophes :
le~ ~toleie!1s
le per–
mettolcl:t
é\
leur fag<i!: Les PlatOl1lClens {olltenoient
\
~ue
la vle eíl: une.
íl:atlO~
dans .laql1elI.e Dieu aplacé
1
I~omm e ;
que pal con[e.qllent
11
ne
hu
eft point per–
mis de
1
abandonner ftllv¡:¡nt fa famaine. Parmi
I
modernes
~
l'abbé .de S.
Cy.ran
a
{omenu qu'íl /:.
9yelques
ca~
oh on peu,t fe tuero
y
oicile titrede
{o~
h~rc
..
Q llejl:lOn royaLe Olt
eft.
montre .en
que/Le
(xtrérnité"
p rLnclpaLelllelZt en tems de ptllX
,
le
fl':l~t
pourroit
tire obLi–
gt! de COlZJÚYU La
yú
dlt
pr¡ilZce
aux
dépens
de
lajjenm
Quoiqu'il ne foit pQint douteux que l'Egltfe
chr·é.
tienne n e co ndamne le
flti,ide
,
il s'cft frollvé des
chrétiells qui ont voulu le jufrifier.
D~
ce nombre
efi le doaeur Doone, favant théologien anolois
qui , fans doure , pour con[oler [es compatri'9 t es '
que la m élancolie clétermine a{fez fouvent
a
{e don:
n er la mOr!, entreprit de prouver que
lejllicide
n'eft
point cléfendu dans l'Ecritul'e-Sainte,
&
ne fut point
1"egardé comme un cri'me dans les premiersftecles de
l'Eglife.
Son ouvrage écrit en anglois, a pour titre
IlIA0A–
NATO~ :
a
déc4aration o.f that parado:r:e or
thejis
tlzal
felf-Izomicide is not Jo nalllraLLy
fin
&
that
it
lIlai
ne–
ver
be
otlzerwife, c.·c. London
1700.
ce qllifignifieex
o
pofition
d'wz
p aradoxe
oll.IYf1~m,
qfti prou-ve
que Le
fui·
cicle
n'efl pas toujollrs
ur.
p i e/uf
lUllluel,
Londm
1700.
Ce doétem Donne mOUl"ut doyen de
S.
Paul, di–
gnité
á
laque!le il parvint apres la publication de (on
ou vrage.
Il
prétcnd prouver daos fon livre, que
leAticid~
n'e-íl: oppofé , ni a la loi de la nature ,
1lI
a
la ral(on ,
ni
a
la loi. de Dieu révéléc.
Il
montre que dans l'an-:
cien T eíl:ament , das hommes agréables
a
Diell fe
font donné la mon
~l
eux -'- J1.1emeS ; ce qu'il prouvc
par l'exemple ele Sam[on, qui momut écra{é
f
~l.IS!e~
ruines d'un temple, qn'il tit tomber fur les Phl/¡lttns
&
fur lui - meme.
Il
s'appuie encore de l'exemple
d'E–
leazar, qui fe nt écra{er fOllS un éléphant en combat–
tant pOllr fa patrie ; aél:ion qlli efi louée par
S.
AIl1~
broife. Tout le monele conno!t chez les payens, les
exempl
S
de Codrus, CurtillS , Decius , Lllcrcce,
~aton,
frc.
.
Dans le nouveau Teíl:amellt , il vent fortlGer
(Oll
fyfieme par l'exemple ele Jefus-Chriíl:, dont la mort
fut volontail'e.
n
regarde un granel nombre de
mar~
ty rs COl11me de
vraisfuicides,
ainíi qu'une !oule de
tolitaire
&
de pénitens qui fe font fait
mou~l~
peu.a:
peu. S. Clément exhorte les premiers chreuens.
~~
martyre, en leur citant l'exemple des payens
qUl
e
dévolloient pour leur patrie. Stromat,
üh.
~Y. ~er~
tnllien condamnoit ceux quifuyoientla perfeclltlo
n ,
roye{
Tertullian.
de
¡ugá
,
propoJ.
1l.
~ll
tems
~e
1
p erfécntions chaque chrétien pour arrJver
~u
CI¡–
afFrolltoit gédéreu{ement la mort,
&
lorfqu:o n
1.1IPP.~
. .
1
ffi íl:
' , .. t
f e
fU/s
all¡jl
ClOlt un martyr, es a
1
ans s ecnOlen, )'
é
G _
cllrétien.
E uf"ebe rapporte, qu'ull martyr nom
m
er
·manus irritoit les betes pour [orril" plus
p'rompte~
ment
cl~
la vie. S. Ignace,
é
eque d'Antioche,
d~ns
fa lettre aux ficlele's de Rome, les prie
de .n~ PT~~
.folliciter fa grace,
vollllZlnriltS morior quin mdll utl
ee.J'
mori.
Bodin