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s

tJ ·p

Sans ce príncipe, il n'y auroÍt point des cho{es

;dentiques; car deux chofes font identiques ,10rCque

I'on peut fubílituer l'une

a

la place de

1

'autre fans

qu'il arrive aucun changement par rapport

a

la pro–

:priét~

qu'on conGdere. AinG, par exemple ,

fi

j'ai

.une boule de pien'e

&

une

bo~le

de plomb,

&

que

Plliue

m~ttre

I'une

él.

la place de l'autre dans le

baflin d'une balance, fans qt\e la balance change de

fttuation, je dis que lé poids de ces boules eíl iden–

rique , qu'il efi le meme

~

&

qu'elles {ont identiques

quant

a

leurs poíds :

cep~ndant s~jl pou~oit

arriver

quelque choCe fans une

raifonf4fzfanre

,

Je ne pour–

r01s prononcer que le poids de ces boutes en ideh–

tique dans le tems meme que j'aflil,re qtt'il efi iden–

tíque , puifqu'il pourroit arriver fans aucune raifon

un changement dans l'tine qui n'arriveroit pas dan!!

l'autre,

&

par conféquent leur poids ne ferait pOlnt ,

~dentique

; ce qui eíl contre la

dé6~ition.

Sans le príncipe de la

rairon foffifante

,

on ne pour·

roit plus dire que cet univers , ou toutes les par–

ries font Íl bien liées entr'elles, n'a pu etre produit

que par une fageífe fupreme ; car s'il peut y avoir

des effets (ans

raifim fi1fifante

,

tOlLt <i:ela a pu etre

p roduit par le hafard , c'efi-a-dire , par rien. Ce qui

arrive que!quefois en fonge nOtlS fournit ljidée d'un

monde f,lbuleux , 011 tous les événeméns arrive–

í'oient fans

raifon fuffifante.

Je reve que je fuis dans

tna

chambre occupé a écrire; tout d'un coup ma

,haiCe fe change en un cheva! aifé ,

&

je me trouve

(!n un ínílant

a

cent lieues de l'endroit 011 j'étois ,

&

,ayec des perfonnes qui {ont mortes depuis long.tems.

'Tout eela ne peut arriver dans ce monde, puifqlí'il

h'y auroit point de

raifonj'iI.fJzJarz..te

de tous ces effets.

C'efi' ce principe

qni

diílingue le fonge de la veille ,

&

le monde réel du monde filbuleux que l'on nous

rlépeint daos les cot1tes des fées.

Dans la Géométrie, ou tontes les vérités {ont né–

ceífaires, on ne fe fert que du principe de contra>:

oiaion; mais lor{qu'il efi poffible qu'une chofe (e

trouve

en

différefls état{) ; je ne puis aífurer qu'elle

fe trouve dans un tel état plutot que dans un aütre ,

a

moins que je n'allegue tlne raifon de ce que

j'affir~

~e

; ainÍl , par exemple

~

je puis etre affis , couché;

debout , toutes ces déterminatiotls de ma íituation

fom également poffibles ; mais quand je fuis debOllt ,

ir

faut qu'il y ait une

ralfon fuffifante

pourquoi je fuis

\ debout,

&

nOA pas affis ou couché.

.

APchiirlede paífant de la géométrie

el

la

mécha~

ilique ; recobnut bien fe befoin de la

raifollfuffi–

[ante

j

car voulant démontrer qu'lIne balance abras

égaux , chargée de poids égaux refiera en éguilibre

1

ir

fit voir que dans cette égalité de bras

&

de poids,

la balance devoit reíler en repos, parce qu'il n'y

auroit point

~e

;aifo"n

rU.ffif~nt6

ponrquoi

1'~\J1

,des

bras defcendrOlt plutot que 1autre.

M.

de Lelbmts ,

~\'¡i

étoit tres-attentif aux fOUTces de nos rai{onne–

mens , {aiíit ce principe , le développa ,

&

fut le

premier ql1i l'énon'fa difiinaement

&

qui l'introdui–

íit dans les fciences.

Le principe de la

raifonfuffifante

ea

encore le fonde–

inentdesreg1es

&

des COlltumes, qui oe font fondées

<¡ue fur ce q1.l'on appelle

convenance;

cal' les memes

pommes peuvent fuivre des coutumes dífférentes,

ils peuveot déterminer leurs afrions en pluÍlenrs ma–

.nieres ;

&

lorfqu'on choiGt préférablement

a

d'au–

tres, celles OU

il

y a le plus de raifon , l 'aaion de-

vient bonne

&

ne fauroit erre blitmée ;

ma~s

on la

nomme

d 'raifonnabLe ,

des qu'il ya des

raij'ons fu!fi–

jantes

pour

rre

la point cornmettre;

&

c'eíl fur ces

memes pnncipes qlle l'on peut pronóncer qu'une

coutnme eíl meilleure que

1

autre, c'efi -

a-

dire ;

lpland elle

a

plus de raifon de ron coté.

Ce pr' neipe bannit de la philofoprue tous les rai–

for.nemens

a

la fcholailique; car les

Scholaílique~

Toml

Xr.

. .. s

u

F

t

3

~

admettoient bien qu'íl ne {e fait ríen fans cau{e . mais

ils alléglloie?t

'p0~lr

cai.!{es

~es

natures

plafii~ues

,

des ames vegetatlves,

&

d al.ltres mots vuides

de

fens; mais quand oei a míe fois établi qll'une caufe

n'~~

bonne

qLl'aut~nt qll'~lIe

{atisfait

au

principe de

raijon

fuflifante,

c ell:-a-cbre , qu'autarit qu'elle con–

tient quelque chofe par Otllon puiffe faire voir com–

ment,

&

pOllrqlloi un effet ¡leut arriver; aiGrs on

ne

peut plus {e payer de

ces

gtands mot8 qu'on mettoit

a la place des idefes:

.

, Quand

,0l!

expliql~é

, par exerrlple , pourqu oi les

rlantes nadIent , crolífent

~

fe confervent,

~

9\1e

.on

do~ne

pOllr C3uft¡ de ces effets üne ame vegeta–

tl:,e quí fe

trollv~

dans tontes les

plan~es,

on allegHe

bl~n

une caufe de ces effets , 111ais une caufe 'lui

n'~{l¡.

pomt recevable , paree qti'elle ne contient rien par

OLI je puiíte comprenare comment la végétation s'o":

pere;

c~r

cette,ame

végé~ative

étantpofée, je n'en–

t <!nds pomt de-la pOurqUOI la plante que je

cGnGde~e

a plutot une FeUe firuanre

q~H~

tóute alltre , ni com'–

ment cette ame peut former une machine telle que

celle de cette plante. .

.

Au

~efie

, on peut f-aire une efpecé

d;atgt.imen~

ad hominem

c.ontre le principe de la

raifon fuffifante

j

en demandant

a

Meffieurs Leibnits

&

\Volfcomment

ils peuvent l'accorder ave!= la contingénce de l'uni.!

verso

Ll

contingence en efÍet fHppofe une différence.

d'éqllilíbre. Or, <luoi de plus oppofé

~

cette indiffé–

rence que le príncipe de la

raijon fuffifante

?

II

faut

donc dir!,! que le monde exiíle , I'!?n contingemment ;

mais en vertu d'une

ralfon fuffifante

,

&

cet avelt

ponrroit mener jllfqu'aux bords du fpinoÍlfme.

Il

efi

vrai que ces philofophes tacheñt de fe tirer d'aff'aire,

en expliquarlt la contingence par une chofe dont le

contraire n'tlfi point impoffible. Mais il eíl toujouts

vrai que la

ralfon

fuJlif~nte

ne laiífe point la eontin–

gen.c:~

en fon ent,ier. Plus un. plan a de raifons, quí

folhclteñt fon eXlílenee , m01l1S les autres

devlen~

nent poílibles

~

t;'eíl -

a-

dire; peuvent prétendre

a

liexifience.

N

éánmoins le principe de la

raifon

[aflijant,

dl:

d'un tres-grand lI{age. La pltlpart

d~s

faux raifonne.

mens n'ont d'autre

four~e

que l'oubli de cette ma–

xime. C'efi le feul fil quí puiífe nous copduire dans

ces labyrinthes d'erreur, que l'efrrit humain s'efi batí

pour avoír le plaiíir de s'égarer.

Il

ne fam done rien

admettre de ce qui viole cette maxime

fondamen~

tale, qui fert de bride aux écarts fans riombre que

fait l'imagination , des qu'on ne l'aífujettit pas am,

re!51es d'un !aifonnemertt févere.

SUFFITIO , (

Littérat.

)

e{pece de purification

pratiquée par eeux qui avoient affifié

a

des

funé~

railles; cette purifieatio.n (wnílfioit íunplement

el

paífer.promptement fur du feu ,

&

a

une légere af ..

perÍlon d'eau lufirale. (

D;

J.

)

.

SUFFOCATION

f.

(PAyjiolog.)

perte de la

re{piration, foit en tout , foit en pártie.

La

Jitifocation

procede de différentes caufes; mais

nous n'expliquerons ¡ci que

lafuJfócatiolÍ

qui réfulte,

10.

de la fubmerÍlon ;

2

e.

de la privatión d'air dans

la machine du vuide;

3°.

10rÚlu'on monte fur des

lieux fort élevés ; 4°. quand on refpire un alr trop

J

chaud, condenté, ou rempli de vapeurs nuiíibles aux:

poumons.

Lesj'llffocations

qui proviennent de mala–

dies, dépendent de ces maladies qui ront f?rt variées•

Dans la fubmerÍlon par l'eau, les noyes meurent

comme ceux qui font étranglés. Dans lesuns

&

dans

les autres, le paífage de l'aír efi bouché. Ce n'eíl!

point l'eau qui fuffoque en entrant daos les pou–

mons, ear l'ouverture ,

c'eíl-~-dire, ~a

glotte ; n'eíl

qu'une fente treS-petite : or

1

eau qtU couvre cerre

fl nte, ne permet

poi.nt

~

l:ai1' d'en fortir,

p~r

COn–

féquent elle ne faurOlt s y 1I1finuer; cependant lorf–

Cllle les cadavres viennen.t

a

fiotter , l'eau n'y tro

Ive

..

.LLll

ij