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~44

SMY

mere, pour l'art de peindre la {éduifante paffion de

l'amour : fi, -comme Mirnnerrne 1'a chanté, dit-il ,

l'amour

&

les jeux font tout l'agrérnent de la v ie ,

.palfons nos jours dans l'amour

&

dans les jeux.

Si

,

Mimnr;rmus uti cmfel ,fme amore jocifque

iL

ejl

jucundum

,

'/livas

In

amore jociJque.

Epifl. V i. L.

l.

ver!

().5~

NOllS

connoi'ífons les

"I~r5

de Mimnerme qu'Ho–

:race avoit en vue ; Stobée,

tito

63'

p .

.2.

43 , nous les

a

confervés dans fes extraits.

ti

{¡HIt

en donner ici

<la

bel1e vedion latine de Grotius ,

&

la tradu ion

libre de cette jolie pieée en vers

fran~ois

par un de'

4l0S

poetes.

Vita quid

ejl,

quid dulce , nifijuve! aurea Cypris?

Tunc peream, Vmuis cum mihi cura p erito

FLos celer cetaLÍs j exu donalus lllrique ,

LeElus , amalorUfll munera, teélus amor.

-Qmnia diffllgiunt mox e12m venÍt atraJeneélus ,

Q llce ftLcit

{,>

puLchros wrpibus eJfe pares.

TorpidajoUic;i[ce Laaeranlprcecordia curce .–

Lumina nec foliJ

,

T/ee juvat alma dies,

Jnvifitm pueris

,

inholloraw mque,pueLlis.

T am dedil , he¡¿

,

finio trijtia fula Deus.

'Q

uefiroit fans

l'

amour Le plaiftr

&

la vid

'Puijfe-t-elü m'etre ravie ,

Quttndje pudra;

Le

gOltl du myflere amour.eux

~

D es fav wrs "des

fiell.Y;

fl/liS pour les amans heu-

reux.

CueiLLons laflllr

d~

ráge ,

elle efl bieniol pajJt'e,:

Le fe'xe n'y

foh

rien

;

La viúLLejfe gLacJe

V ielZt avee la Laidwr confondre la b (lud.

L'Izomme aiors

11

en proú altx foins

,

el

la uiflejfe;

Ha'

desj.unes gens, des belfes maltraúé ,

-Dlt

Joled

ti

regm iLJ OllfJr la cla>-té

D

.voi

ti

eJon de

La

vuiLLeffi.

Le plus gra d de tous les poetes du -monde eíl: né

,du- moins

él

ee que je erois, {ur les bords du Méles'

qui baignoit les murs de

Smyme ;

&

comme on

n~

connoiíroit pas fon pere ;

ji

porta le nom de ce rpif–

l ea

u ,

&

fut ap[dellé

1VUfijigene.

Une belle avantu–

{'iere, nommée

Crith¿ide ,

ehailee de la ville de Cu–

mes, par la honte de fe

vOl!"

,enceinte, fe trouvant

fans logement , y vint faire fes .couches. Son enfant

p,erdi~ I~

vU,e dans la fuite.,

,&

fut nommé

Homere,

,C

eft-a-d1Te 1

aveugLe..

. Jamais fi{le d:efprit,

&

furtout fitle d'efprit qui de·

'Vlent fa ge , apres avoir @u des foiblefIes, n'a man–

~ué

d.e

ma~i ,:

Crithéide l'éprouva ; car, felon l'au–

tenr de la Vle d'Homere, attribnée

a

Hé¡:odote Phé–

mius, qui enfeigna la grammaire

&

la mufiqlle

a

SlNyrne ,

n'époHia Crith 'ide qu'apres le malheur de

cette fille,

&

la n aiífance d'Homere. II COJ1Cllt

,d'elle íi ,honne opinjon" la voyant daos fon voiíi–

l1age

lInlc¡t~ement o~~upee

dll fom de gagner fa vie

a

filer des lames, qu

11

la pn t chez lui, pour Fem–

,ployer

a

filer celles dont {es éeoliers avoient COlltU-1

,me de payer Ces le'Tons, Charmé des bonnes mreurs

de

l'i¡~telligence.,

&

peut-etre de la figure de

cett~

fille, Il en

~t

fa

~en~me

?

adop,ta ron enfant,

&

donna

.tous fes foms

.a

fon edllcatlOn. Auffi Phémius eft

fort c.élebre

~ans

1'0dyífée ; il Y eft parlé de

hci

.en trOls endrolts,.l.

l.

v .•

,1.54.

1.

XVlI.

v. 263.

L.

XXI!.

v .

3.3:'

&

l~

Y

~aíIa

pour un chantre infriré

d~s

dleux. C eft hu qUl par le chant de fes poéfies

mIfes en muíique ,

,&

accompaanées des {ons de (a

IY,re, égaye

~es feíl:.i~s,

01; les:)pour{uivans de Pé–

~elope

emplolent les Journees entieres.

Non·{eulement les Smyrnéens,giorieux de la

na~f{ance d'Homere, montroient

él

tout le monde la

grote oit leur compatriote compofoit [es poemes ;

S lV1

y

apres fa mort ils lui brent dreírer une fiatue

&

un

temple;

&

pour comble d'honneur ,

ils

frap? renr

des médailles en ron nomo Amaftris

&

Nicée, allie

de

myrne,

en brent de meme , l'une

a

la t "re de

Marc-Aurele ,

&

l'atltre

a

celle de Commod,e.

Paufaruas appelle le Mél' s nn

beau fl uye;

i1

ea de–

"enn bj en ch.

'lif

epuis le temps de cer illufue 'cri–

vain.; c'eíl: aujollrd'hui un petit núireau

~

qui pent

a

pelle faire moudre deux mouli ns ; mais il n 'en efi:

pas moins le plus noble ruiífeau du monde dans la r'–

publique de lemes, Anffi n'a- -il pas eté oublié itlr

les médailles , d'autant mieux que c' ' toit

a

fa fource

qu'Homere ébauchúit dans une caverne les poéfies

qHi

devoi.ent un jourl'immortalifer. Le Méles efi: re–

pré[enté iur une m 'daille de Sabine , fous la fi aure

d'un vieillard appuyé de la main gauche fur une:)ur–

f.le

, tenant de la droit.e une come d'abondance.

Il

eft

auffi repr'fenté fur une médaille de Néron, avec la

fi mple l 'gende de

la

ville , de meme que [ur celles

de Titus

&

de D omitien.

A un milIe ou environ , a'l.l-deIa du Méles , fur le

chemin de Magnéfie

él

gauche, au milieu d'un champ,

on montre encore les ruines d'un

b~himent

que l'on

appelle

le w/lpte de

J allltS ,

&

que

M.

Spon foup'Ton–

noÍJ: etre celui d'Homere ; 111ais elepuis le départ de

ce voyageur , on I'a détruit ,

&

tout ce quartier eft

rempli de beaux marbres antiques. A quelques pas

de

la , coule une fource admirable,

q

'fait moudre con–

tinuel.lem nt {ept meules dans <le meme moulin.

Q uel dommage , dit Tournefort, que la mere d'Ho–

mere ne vint pas accouchcr aupres ¿'une fi belle

fon~

taine ? On

y

voit les débris d'nn grand édifice de

marbre, nommé

les bains de Diane

;

ces débris font

~ncore

magndiques, mais il n'y a point d'in(crip–

tlon.

Autrefois les poetes de la Crece avoient l'honneur

de vivre

ramilierem;n~( av ec

le; rois . Eurypide.fut

recher,~he

par ,Arc,helaus ;

&

meme avant EurYIJ1de,

Anacreon aVOlt vecu avec Polycrate, tyran de Sa":

m?,s ; Efohyle

&

Simonide avoient été bien

re~us

ele

Hleron , tyran de Sy racufe. Philoxene eut en fo n

tems l'acceuil du jellne D enys ;

&

Antagoras de

Rhodes~

auffi-bien qll'Aratlls de Soli , {e iont vus

hO~lOrés

de. la familiarité d' Antigonus roí de Macé–

dome; malS avant eux, HOn1ere ne rechercha les

bonnes graces d'aucun prince; il foutint fa pauvreté

avec courage

D

voyagea beaucoup pour s'iníl::míre

préférant une grande réputation

&

une gloire

fo!i~

de, '<luí s'eft accrue de fie cle en íiecIe ,

él

tous les fri–

voles avantages que 1'0n peut tirer de l'amitié des

grands.

Jamais poéíies n'ont paíle par tant de mains que

celles

d'Home r~. ,

Jofephe,

L.

l.

(,co~tre

Appian),

aífure que la tradmon les a confervees des les premiers

tems qu'elles

ra~urent?

&

qu'on les apprenoit par

c0e\lr fans les ecnre. Lyci.lrgue les ayant trouvées en–

lome , chez les .d.efcendans de Cléophyle , les ap–

porta dans le Péloponnefe. On en récitoit dans tonte

la -Crece eles morce¡HlX , comme l'on chante aujour–

d'hui des

~ymnes

, ou des

l?ie~es

détachées des plus

beaux opera. PI,at,on, Paufamas, Plutarque ,

Dio–

'gene Laerce ",Clceron

&

Strabon, nous apprennent

que Solon,

~Ij¡ftr,ate ,

&

Hipparque fon fils, forme–

Tent les premlers 1

arrang~men: ~e

tontes ces pieces,

&

en nrent deux corps bien fmvIs 'l'un fous le nOI11

de

L'!Liade,

.&

,l'~u,tre

[ous celui de

l'OdyiJée;

cepen–

dant la multlphclte des copiescorrompit avec le tems

l~ 'b-eauté el~

ces dellx poemes , {oit par des le'Tons vi–

Cleu~es,

fOlt par

u~

grand nombre de vers, les uns

QbmlS, les autres a¡outés.

Alexandl'e, admirateur des poemes d'Homere .

chargea

Ari~ote,

Anaxarque,

&

Callifthene, du

fo~

de les exarruner,

&

felon Strabon, ce conquérant

meme [e bt lln plaiíir d'y travailler avec eux. Cette