CHA
plantes ,
&.
que plufieurs modernes , parmí lefquels
{e
trouvent Mellieurs le comte de Marfigli
&
Lanci–
ft ,
dans leur
diffirtation latinejilr !'origine
des
champi•
gnons
>
imprimé< d R ome m
t
7
t
4 in-8°
d
fe font per–
{uadés que ceux que l'on voit fur des troncs ou des
branches d'arbres , font des maladies
das
plantes aux–
quelles ils font attachés ; femblables aux exofiofes ,
dont le volume ne s'augmente que par le dérange–
ment des libres oífeufes , qui donhe lieu a une extra–
vafa tion de leurs fues nourriciers;
&
que ceux qui
n ai1Tent a terre parmi des feuilles pourries'
0 11
lur
les fumiers, ne font que , ou des expanfions de quel-.
ques libres de plantes pourries dont la terre efi par–
fenrée, ou des produilions caufées par la fermenta–
tion de .certains fues que ces auteurs difent etre gras
&
huileLLx , qui refiés dans les parties de ces plantes
p ourries ,
&
melés avec une portian de fel de nitre,
prennent la fQrme de globule , plus ordinaire qu'au–
cune autre aux
cluz.mpignons
naiffans.
Mais toutes ces idées fur la nature des
champi–
!J'!Ons
fe détruifent aifément par un exa'!len_
lUl
pe!!
attentif de leur fubílance , de leur organifanon , de
leur variété ,
& ,
de leur maniere de fe multiplier ;
c ar enfin tous ces na.uds , ces vefiies ,
&
ces autres
t umeurs qui paroiífent fur certaines parties des ar–
b res , de meme que fur le corps des animaux ' com–
m e des maladies auxquelles ils font fujets , font com–
p ofés d'une matiere qui participe de la fubfiance fo–
l ide ou liquide de ces plantes
&
de ces animaux fur
lefquels ils fe n;ncontrent; au lieu que la
fu~l}ance
des
champignons
qui s'attachent aux arbres, e!lnon–
feulement .toute. différente.-de c,elle, des plarttes fur
lefquelles ils nalÍfent ,
IltalS
meme efi femblab\e
a
c elle des
champignons
qui fortent immédiatement de
la terre.
Si d'ailleurs la fingularité de l'Órgani(ation efi dans
les plantes un de ces caratleres qui les diilinguent
des autres produllions de la nattrre' ce meme ca–
tallere fe fait reconnoitre par une difpoíition parti–
culiere d'organes dans lés
champignons.
Les cáralleres de l'organifation ne fe trouvent ¡:;as
Jl\óins multipliés dans cette plante , qu'ils le font
dans
tous
les gentes de
el
alfes de plantes; ils y font
conílans , en quelque pays
&
dans quelque année
qu
'on les
obfer~e
; ce qui doit,fe faire par l.e moyen
d'une reprodullton atlnuelle d efpeces, qm ne peut
fe comprendre fans la fuppoútion d'une femence qni
les perpétue
&
les multiplie.
Cette fuppofition de femences n'efi point imagi–
naire ; elle5 fe font {entir au toucher en maniere de
farine dans les
champignons
,
dont la tete efi feuille–
tée en-dc¡ífous , lors fur-tout qu'ils commencent a fe
p ourrir ; on les apperc;:oit aifément
a
la faveur de la
loupe dans ceux dont les feuillets font noirs a leur
marge ; on les trouve fous la forme d'une poufiiere
dans ceux qu'on appelle
vejfes-de-loup
;
elles paroif–
fent en aíi'ez gros grains fur le
cluzmpignon
de Mal–
the ; elles font placées dans des loges defiinées
a
les
contenir dans l'agaric noir digité de Boerhaave.
Quelque peine qu'on ait communément
a
fe
con–
vaincre que ce font de véritables graines , les Bota–
nilles accottturr¡és
a
en voir de pareilles dans d'au–
tres plantes , les reconnoiíi'ent aifé'ment dans celle–
ci ,
&
ne peuvent plus douter que les
ahampignons
ne foient d'une claíi'e particuliere de plantes , lorf–
q u'en comparant .¡es obfervations fa ites en différens
•pays, avec les figures & les defcriptions de ceux
qui ont éré gravés , ils apperc;:oivent chacun chez
eux les memes genres & les memes efpeces.
L'établiífe.t,ent .de la claífe nouvelle
a
former ,
pour la perfellion•de la méthode , doit done fe ti–
rer de quelques caraEleres qui ne foient pas moins
e nentiels que ceux des autres claífes '
&
qui les dif–
férencient.
T ome lll.
CHA
8r
Et quels feront les caratleres de ée9 fortd de
plantes ? finan d'etre dans toutes leurs parries d'tme
li.tbfiance uniforme, mollaífes_lorfqu'elles font dans
leur état de fraichetlf' charnue!'' faciles
a
fe rom..;
pre
j
auffi prompte5
a
venir qu'elles font de peu de
durée , & capables, lorfqn'elles font feches ; de re–
prendre leur forme
&
leur vQlume natttrel
>
li
on les
trempe dans quelque liqueur dont elles s'imbibent.;
caralleres qui tous pourroient fe comprendre fous
le nom de
plant/J.S fongueuf es
:
d'aillettrs elles fe font
connoitre
a
l'extérieur
p~r
une figure fi fmguliere •
que n'ayant ni branches ,
n~
feuilles , ni fleurs pour
la pll!part , elles ne reíi'emblent ni
a
aucune herbe ,
ni-á aucun arbre.
On pourroit
d~vifer
les plantes
fon~ueufes
en deu,.;
fellions générales ; !'une renferm'ero1t les ly chen ,
&
l'autre les
champignons
:
la fellion des
;hampignons
fero¡r fufceptible de denx divifions confidérables ;
dont l'une comprendroit les
champignons
qui ne por–
tent que des graines,
&
l'autre €eux qui ont des grai•
nes
&
des fleurs.
Les genres de la premiere de ees divifions fe•
roient le
champignon
proprement dit , le poreux ,
l'hériífé , la morille , les fungoides
1
la v eífe-de-loup;
les agarics, les coralle-fungus ,
&
les truffes.
Les genres de la feconde de ces fol!divifions
fe~
roient le typhoidas ,
&
l'hypoxylon.
•
11 ne refieroit plus qu'a faire une application par–
ticuliere des c"araéleres de tous les genres qui fe
rap~
portent aux différentes divilions de la claífe géné"
rale ' a dortner le dénombrement des efpeces ' avec
une concordance des defcriptions des auteurs , con•
forme aux figures qu'ils en ont fait graver.
T ellcs font les re!"arques & le projet
~h'avoit
cortc;:tt M. de
J
ullieu en
1
;718 , poúr former
1
hifioire
botanique des
champlgnons
;
mais comme par mal•
heur
il
ne l'a point exécuté , perfonne n'a ofé fe
charger d'une entreprife que cet illufire académicien
fembloit s'etre réfervée ,
&
qu'il pouvoit confom·
mer avec gloire.
11 faut done nous conterlter iufqu 'a ce jour des
ouvrage~
que nous avons cités fur cette matiere ;
&
qumqu'ils ne renipliiTent point nos deúrs , ils fu[..
fifent néanmoins pour nous mertre fur la voie , pout
nous fournir une connoi1Tance générale des divers
genres de
champignons ,
&
potir nóus prouver qu'ii
n'y a guere de plantes qüi produifeht plus de varié–
tés en groífeur, en hauteur , en étendue
&
en dif–
férence de couleur des cartnelures
&
du chapiteau,
que le fait celle-ci.
Voila fans doute l'órigine des faüíTetés qu'ór\ lit
dans Chúius , Matthiole , Ferrantes lmperati ,
&
auf_res écrivains , fur la grojfeur énorme de que!•
ques
champignons.
Pour moi, lorfque j'entends Clu–
úus parler d'un
champignon
qui pouvoit nourrir plus
d'un jour toute une fa mille ; Matthiole prétendre
qu'il en a
vU
du poids de trente livres ; Ferrantes
Imperati pouífer l'exagération jufqtt'a dire qu'il y
eh
a qüi pefent plu9 de cent livteS; enfin d'autres rap–
porter que fur les cor\lins de la Hongrie & de lá
Croatie , il en croit de fi gros qu'un fettl teroit la
charge d'un charriot: je ne trotJve pour Cnire de
li
monflrueux
champignoriS
,
qtte le pot de la fable de
la Fontaine, quÍ étoit aufli grand c¡u'une églife.
Il nefaut pas porter le m&me jugement fur les fai ts
qui regardent les
malh~urs
caure.s par des
<!.ampi~
gnons
perniciettx ;,
&
e efi
1~ c~mtude
des h1fl01res
qu'on en cite , qu1 a engage d1ve?s auteurs moder–
nes
a
former d'apri:s D iofcoóde , la divilion
aéné~
rafe de la cla(['e des
champignons,
en nuilibles ,
0
&
en
bons
a
manger. On met au nombre des premiers la
_veífe-de-loup (
voy•{
ce
1/lOt )
;
&
au rang des
der~
niers le
champignon
ordinaire qui vient fue cou<:he
i
- -·
.
r.
.