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3

18.

AME

'<jll'entre

c~s

ál1les

ainfi multípliées , 11.s croyoient

~'il

n'y en avoit qu'une feule qui nlt parrie de la

,Divinité. Les autres étoient feulement une mauere

-élémentaire, ou depures qualités.

Quelque différence de lentiment qu'il y eut {ur

la nature de l'

ame,

tous ceux 'luí croyoient que c'é–

'toit une fubfiance réelle, s'accordoient en ce point,

~'elle

étoit une partie de la fubfiance de Dieu,

-qu'elle en avoit ét{\ féparéc,

&

qu'elle devoit y

'retournér par -réfu/ion : la propo/iti0n efi évidente

'par elle-meme a l'égard de ceux qui n'admettoient

'¿ans tonte

la

nature qu'une feu!e lilbfiance univer–

{elle;

&

ceux qui en admettoient deux , les confidé–

iroient comme réunies

&

compofilOt enfemble l'uni–

vers, précifémentcomme le corps

&

l'ame

compo–

{ent l'homme : Dieu en étoit

l'ame,

&

la matiere le

'Corps ;

&

de meme que le corps retournoit a la maífe

'¿e la matiere dont il étoit forti,

l'ame

retournoit a

l'e(prit

un~verfel

, de qui tous les efprits tiroient leur

:fubfiance

&

leur exifrence.

C'efi conformément

a

ces idées que Ciceron ex–

pofe les (entimens des Philofophes Grecs:« Nous

~,

tirons, dit-il , nous puifons nos

ames

dans la na–

" ture des Dieux, ainfi que le fOlltie¡lOent les horno

), mes les plus fages

&

les plus favans

».

Les expref–

{¡ons originales font plus fortes

&

plus énergiques ;

A naturadeonlm,

TU

doéli{fimisfapientiffimifque placuít,

Izatiflos animos

&

Matos Izabemus.

De divoLib. 11. c.

xlix.

Dans un autre endroit, il dit que l'efprit hu–

main qui

ell:

tiré de l'efprit divin ne peut etre com–

paré "tu'a Dieu :

HumanrtS aIltem animus dteerptus 11,

mente divina, cum alío nulto nifi cum ipfo Deo compa–

rari pot11-

Tufcul. qua::fr. Lib. V. c. xv. Et alin qu'on

ne s'imagine pas que ces fortes de phrafes, que

l'ame

efr une partie de Dieu, qu'elle efi tirée de luí, de

fa nature ( phra{es qui reviennent continuellement

dans les écrits des anciens ) ne {ont que des expref–

fions figurées ,

&

que l'on ne doit point interpréter

avec une févérité métaphyíique , il ne faut qu'obfer–

ver la conféquence que l'on tiroit de ce principe,

M

&

qui a été univerfeJlement adoptée par toute 1'311-

tiquité, que l'

ame

étoit éternelle,

ti

parte ante

&

ti

parte pofl;

c'efr-a-d.ire, qu'elle étoit fans commence–

ment

&

fans fin , ce que les Latins exprimoient par

le feul mot

defempiternetle.

C'efi ce que Ciceron in–

dique aífez clairement quand il dit qu'on ne peut

trouver fur la terre l'origine des

ames:

((

On ne ren–

»

contre rien, dit-il, dans la nature terrefire, qui

"ait la faculté de {e reífouvenir

&

de penfer, qui

"puiífe fe rappeller le paífé , coníidérer

le

pré–

" fent,

&

prévoir I'avenir. Ces facultés fonr divines;

,,&

l'on ne trouvera point d'OII l'homme peut les

" avoir, fi ce n'ea de Dieu. Ainíi ce quelque chofe

" qui fent , qui gOllte, qui veut,

ea

célefie

&

divin,

" &

par cette raifon il doit etre néceírairement éter–

"nel... La maniere dont Ciceron tire la conféquen–

ce, ne permet pas d'envifager te príncipe dans un

autre fens que dans un fens précis

&

métaphr,fique.

Lor{qu'on dit que les Anciens croyoient

1

éternité

de

l'

ame,

fans commencement comme fans fin, on

ne doit pas

s'irna~iner

qu'ils cruífent que l'

ame

exiliat

de toute éternite d'une maniere dillinéte

&

particu–

nere, mais feulement qu'elle étoit tirée ou détachée

de la {ubfiance éternelle de Dieu , dont elle faifoit

partie,

&

qu'elle s'y devoit réunir

&

y rentrer de

nouveau. C'efr ce qu'ils eJ....pliquoient par I'exemple

d'tme bouteille remplie d'eau

&

nageant dans la mer,

venant a fe brifer ; l'eau coule de nouveau

&

fe réu–

nit

a

la maífe commune : il en étoit de meme de l'

ame

a

la diífolution du corps. lis ne différoient que fur le

tems de cette réunion ; la plus grande partie foute–

noit qu'elle fe faifoit a la mort,

&

les

Pythagoriciens

prétendoient qu'elle ne fe faifoit qu'apres pluíieurs

tranfmigrations. Les Platoniciens marchant entre ces

AME

clet1x opinións, ne réuniífoient

a

l'e(prit univerfel;

immédiatement apres la mon, que les

ames

pures

&

fans tache. Celles qui s'étoient fouillées par des vi–

ces ou par des crimes, paífoient par une fucceffion

de corps dilférens, pour fe purifier avant que de re–

tourner a leurfubil:ance primitive. C'étoit-I¡\ les deux

efpeces de métemp{ycoú:s naturelles , clont faifoient

réellement profeffion ces deux écoles de Philo{ophie.

Que ce foient-la les véritables fentimens de l'anti–

quité, nous le prOll.vons par les quatre grandes {eétes

de I'ancienne Philofophie; {avoir les Pythagoriciens,

les Platoniciens , les Péripatéticiens,

&

les

Stolciens :

l'expoíition deleurs fentimens confirmera ce que nous

avons dit de ceux des Philofophes en général fur la

nature de l'

ame.

Ciceron

dans la perfonne de VelIeius l'Epicurien,

accufe Pythagore de foíitenir aue

I'ame

étoitune fub–

fiance detachée de celle de Dieu , ou de la nature

univerfelle,

&

de ne pas voir que par la

il mettoit

Dieu en pieces

&

en morceaux. " Pythagore

&

Em–

pédocle, dit Sextus Empiricus, croyoient, ainíi que

" toute l'école Italique, que nos

ames

font non-feu–

" lement de la meme nature les unes que les autres ,

»

mais qu'elles font encore de la meme nantre que

»

celles des dieux ,

&

que les

ames

irrationnelles des

11

brutes; n'y ayant qu'un (eul e{prit infus dans l'u–

»

nivers qui lui fournit des

ames,

&

qui unit les nO–

/) tres avec toures les autres

».

PlatO!' appelle {ouvent

I'ame

f.1ns aucun détour,

Dieu,

une

partí. dI Díeu.

Plurarque dit que Pytha–

gore

&

Platon croyoient l'

ame

immortelle,

&

que

s'élan~ant

dans

l'ame

univerfelle de la nature, elle

retournoit a fa premiere origine. Arnobe accufe

les

Platoniciens de la meme opinion, en les apofuophant

de la forte: " Pour'luoi donc

l'ame

,

que vous dites

»

etre immortelle, etre Dieu, efi-elle maJade dans

" les malades, imbécille dans les enfans , caduque

»

dans les vieillards?

o

folie, démence , infatua-

" tion

,,!

.

Ariíl:ote,

a

quelques modifications pres , penfoit

fur la nanrre de

l'

ame

comme les autre Philoíophes.

Apres avoir parlé des

ames

{eníitives ,

&

déclaré

CJll'elles étoient mortelles , il ajoíhe que I'efprit ou

l'intelJigence exifre de tout tems ,

&

qu'elle efi de

nanlre divine: mais il fait lme feconde difiinétion;

il trouve que l'e{prit ea aétif ou paffif,

&

que de

ces deux fortes d'efprit le premier efi immortel

&

éterne! , le fecond corruptible. Les plus favans Com–

mentateurs de ce PhiJofophe ont regardé ce paífage

comme inintelligible ,

&

ils {e font imaginés que

cette obfclll'ité provenoit des

formes

&

des

lJllalités

'lui infeétent fa phiJoíophie,

&

qui confondent en–

femble les fubil:ances corporelles

&

incorporelles.

S'ils euífent fait attention au {entiment généraJ des

Philofophes Grecs fur

l'ame

univerfelJe du monde.

ils auroient trouvé que ce paílage efi dair,

&

qu'A–

rifrote, de ce príncipe commun que

I'ame

efr une

partie de la fub1lance Clivine, tire ici une concluíioll

contre fon exiil:ence particuliere

&

diainéte dans un

état futur: lentiment qui a été embraífé par tous les

PhiJofophes, mais qu'ils n'ont pas tous avoiié auffi

ouvertement. LOl{qu'Ariaote dit que J'inrelligence.

aétive efi feule irnmorrelle

&

étemelle,

&

que l'in–

telligence paffiye eil: corruptible; le fens de ces ex–

preffions ne peut etre que celui-ci : que les fen{ations

particulieres de!'

ame,en

quoi coníiaefon intelligence

paffible, ceíreront a la mort: mais gue la fubfiance, en

'luoi confifie ron intelligence aétive , continuera de

lubíiller, non féparément, mais confondue dans l'

a–

me

de l'univers. Car l'opinion d'Ariíl:ote , qui com–

paroit

l'am~

a

une table rafe, étoit que les (enfátions

&

les réflexions ne font que des paffions de l'

ame,

&

c~ea

ce qu'il appelle

l'intelLígellce pajJive,

qui comme

il

le

d.it

) ceífera d'exiil:er , ou qui en d'autres termes

équivalens )