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EXP
parce qu'on abufe des moyens , parce qu'on · Jes em–
ploie mal-a-propos.
Un air a-t-il quelque chofe de trifie; au lieu d'u n·
mouvement un peu lent, on lui en donne un tres–
\ent; on prodigue tous les moyens ; on
les
melc mal
enfemble. Nous l'avons deja mnarque ,
&
per!onne,
je crois, ne voudra le nier: une fu ite de notes atcen–
dantes
&
diatoniques ne peut pas produire le meme
d Tet que la meme fuite de notes defcendantes avec le
meme mouvernent; cependant on trouve tres-fouvent
ces deux traits de chant clans le mcme air
&
fous ks
memes paroles. Un compofiteur a un motif tres-ex–
preffif: ce motif va en montant: en le tranfpofant dans
tin
des modes adjoints, ce motif ne peut plus aller
en montant,
a
caufe de l'erend ue de la voix : on le
renverfe ,
&
ii procede en defcendant. Peut-il avoir la
meme expreffion ?
Nous avons donne
a
notre portrait fon coloris. D.on–
nons Jui !'attitude
&
l'habillemrnr.
II.
De l'expreffion de l'harmo11ie.
L'on accufe ordi–
nairement ks muficiens d'attribuer par prejuge de
l'ex–
prefjion
a
ce qui n'en a point. Cette accufation fe por–
te fur -tout contre
l'exprelfion
de l'barmonie ;- c'efl: pour–
quoi je
me
bornerai fimplement au phyfique de l'har–
rnonie.
Tout fon porte av« lui
fon otl:ave,
fa
douzieme
&
fa
dix. leptieme majeure : fi done vous accompa–
gnez un fon
de
fon ocl:ave, de
fa
douzieme
&
de
fa
dix-feptieme majeure, vous aurez !'accord le plus con–
fonn ant poffibk : c'efl: !'accord que donne la nature
-meme.
Sllbllituez la quinte
a
la douzieme, en lailrant tout
·Je re!l:e, vous fcntirez plus diO:inctement la tierce que
dans !'accord precedent ,
a
caufe de fon €loignement
des autres parties;
&
comme la tierce majeure a tou–
jours q\1tlque chofe de fort, c'efl:, je crois, la face
de !'accord parfait qui fora le plus de bruit.
Subfl:ituez la dixieme majeure
a
la dix-feptieme, en–
force que votre accord foit compore de.quinte, otl:a–
ve
&
dixieme,
&
vous tentirez que cet accord moins
confonnant que k premier , e!l: aul1i moins bruyant
que
le
frcond.
E"nfin baifftz encore la dixieme d'une otl:ave, en
la
reduifant
a
la tierce majeure, vous aurcz un ac–
cord de tierce majeure, quince
&
oCtave, le moins
conlonnant de ces quarre.
Quand on voudroit nier
l'exp1·e.flion
que j'amibue
a
la fcconde
&
a
la troilieme face de !'accord parfait '
to(1jours ne pourra-t-on me nicr que !'accord parfait
fous la premiere face ne foit k plus confonnaot, le
plus un,
&
que lcs aurrcs
le
foot moins.
L'accord parfait majeur dl: done au moins fu(cep–
tible de faire un effer phyfique , plus ou mains agreable.
L'accord de fixte qui en dl: renvcrle, fair un effet
mnms plein que !'accord p.rfair.
L'accord de fixte-q uarre ell le moins confonnant.
L a dillon;rnce , qud le qu'dle foir, fair une impref–
fion
dcfagreab_I~ ft~r
l'ouie; on ptut augmenter ou di–
minuer te delagrement.
Les premieres ddfonances n'etoient que des fuf–
·penfions qu'on fauvoit tof1 jours en dtfcrnJant , jc crois
qu'on peut en conclmc que !cs (ufpen!ions fauvees en
dcfcendant font ctlles qui caufent 1'1mprcffion la moins
dCf'ag-reable.
~ant
a
la fepticme mineure ,
OU
a
Ja diffonance
proprement dire , mc:rrez-la dans l'floignement conve–
nable, elle ne diffonne prefque plus,
el
le fcra done
l'eflt:t le moms defagreable de toutes Jes di!fonances
elfcctives.
L'experience confirme ce que je viens de dire. Frap–
pcz fur \>n cbvccin un accord compofe de
l'ut
le plus
grave , de !On citlave, de
fa
douzieme , de fa double
octave , de
fa
dix.fcpticme majeure ,
&
de fa feptieme
mineure ,
&
vous ne kntirez aucune di!fonaoce ; feu–
kment cct accord fcmble avoir quelqu: chofe de plus
Jerri que I' ccord parfait.
EXP
Apres Jes accords confonnans , celui de dominanre
tonique ell done le moins dilfonant.
En1uite vient celui de fimpk dominante qui
:i
me.
me quclque chofe de plus doux que le precedent
a
caure de fa
tierce mineure.
L'accord de feptieme avec quinte fautTe e!l: moins
agreable, ii c:fl: plus trifie que ks deux autres.
L'accord de feptieme majeme avec tierce majeure,
cO: dur
&
bruyant.
Enfin celui de feptieme mineure, accompagne de
tierce majeure
&
quinte faulre' en fombre.
Arrerons-nous-lii, une enumeration etendue de l'ef–
fct de chaque accord nous meneroit trop loin.
Si done un muficicn, apres avoir compofe une me–
lodic douce ,
y
met une harmonie , ou
fc
trouvent
beauc
oup d'accords mineurs , peu de dilronances ,
&
parmi
celles.ciplus d'accords de feptieme que d'au–
tres,
& fur-tout plus de
limples dominantes que de
dominantes toniques; necelrairement
fa
melodie' bicn
loin de perdre fon expreffion , ne peut qu'avoir ga–
gne ' parce qu'outre l'expreffion de cette melodie' il
a encore employe l'effet phylique de l'harmonie; mais
fi le muficien n'a point d'egard
a
ce que
nou~
venons
de dire, bien loin de renforcer l'cffet de
fa
melodic,
ii le diminuera; ii en viendra meme jufqu'a
le
ren–
dre nul.
. Si
a
une melodie qui exprime du grand , du ma–
Jefl:ueux , on ajoute une harmonic pleine , compofee
d'accords parfaits , plutot que de renverfes , mtttant
tof1jours amant qu'on le peut la tierce majrnre dans le
delrous , cvitant
les accords de dominante '
&
leur
prfferant ceux de dominance tonique, l'on rendra ccr–
tainement
fa
melodic encore plus expreffive.
Mais une dilronance doit etre preparee
&
fauvee
pour faire l'cffet le moins defagreable ; en omcttant,
quand cela fe peut, la preparation , ou bien en ren–
dant la preparation tres-courtc
&
la dilronance lon–
gue , on augmente done
fa
durete ,
&
fi avec cela on
change fon fauvcment , ou qu'on le faute par ellipfe,
on pone la durete au plus haul point; on caufe phy–
fiquement un dffordre dans l'organe de l'auditeur, ce
dfford re joint
a
une melodic' exprimant de la colerc,
par exemple, doit necelrain:ment rendre cctte expref–
fion plus force.
Je ne fais fi je me trompe, mais ii me femble que
{i
l'on employoit
a
propos le phyfique de la mufique,
on parviendroit bientot
a
une expreffion dont nous
n'avons aucune idee.
Mais que faudroit-i l pour cela? Un compofiteur
philofopbe, obfervant toutes Jes irnpreffions de la mu–
fiq ue' fur.tout ecoutant Jes jugemcns de tout le mon–
do, erfayanc cous Jes changemens poffibles clans un
feul air,
&
remarquant avec foin quand ii fait le plus
d'elfet; rechcrchant pourquoi ii fait alors
le
plus d'ef–
frt , afin de s'epargner dans la fuite la peine de ta–
tonner de nouveau,
&
afin de fe former peu-il-peu un
recuoiJ d'obfervations, ou plut6t de regles fUres, moyen- ·
nant lefquelles ii pourra produire tel ou tel dfrt don–
ne' fem blable
a
un ehymi!l:e qui augmente, d1minue,
modifie
a
fon gre la vertu d'une drogue , en la me–
lant
a
propos avec d'autres.
Mais !'harmonic aait encore phyliquement fur nous
par un aum: moyen
~
cclui de la modulation barmo·
niquc , ou
le
parfage d'uri mode dans un aut[C.
Certainement en majeur , le mode de la quintc efl:
le plus rclatif au regnant ; ii e!l: majeur comme Jui;
ii n'y a dans leurs dcux echtlles qu'un feul
ton ?e
di.fftrent le
fa
;
enfin !'experience le prouve '. pu1f–
que nous palfons toiljours de
l'accor.d de dom1nan1e
tonique
a
cdui de tooique, pour faire une
cadt~Ce
parfai re, par laquelle on pu1lre finir. La modula_non
la plus narurelle, cclle qui nous frappera
le
m?1ns ,
&
nous lailfera par eonfequent
le
plus
tranqu1ll:s ,
c'efl: celle du mode regnaoc
l
c~lui
de
fa
dominante
toniq ue.
Si avcc
~ela
!'on menage
la
traalition en pa
ff
ant