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7 6

EXP

parce qu'on abufe des moyens , parce qu'on · Jes em–

ploie mal-a-propos.

Un air a-t-il quelque chofe de trifie; au lieu d'u n·

mouvement un peu lent, on lui en donne un tres–

\ent; on prodigue tous les moyens ; on

les

melc mal

enfemble. Nous l'avons deja mnarque ,

&

per!onne,

je crois, ne voudra le nier: une fu ite de notes atcen–

dantes

&

diatoniques ne peut pas produire le meme

d Tet que la meme fuite de notes defcendantes avec le

meme mouvernent; cependant on trouve tres-fouvent

ces deux traits de chant clans le mcme air

&

fous ks

memes paroles. Un compofiteur a un motif tres-ex–

preffif: ce motif va en montant: en le tranfpofant dans

tin

des modes adjoints, ce motif ne peut plus aller

en montant,

a

caufe de l'erend ue de la voix : on le

renverfe ,

&

ii procede en defcendant. Peut-il avoir la

meme expreffion ?

Nous avons donne

a

notre portrait fon coloris. D.on–

nons Jui !'attitude

&

l'habillemrnr.

II.

De l'expreffion de l'harmo11ie.

L'on accufe ordi–

nairement ks muficiens d'attribuer par prejuge de

l'ex–

prefjion

a

ce qui n'en a point. Cette accufation fe por–

te fur -tout contre

l'exprelfion

de l'barmonie ;- c'efl: pour–

quoi je

me

bornerai fimplement au phyfique de l'har–

rnonie.

Tout fon porte av« lui

fon otl:ave,

fa

douzieme

&

fa

dix. leptieme majeure : fi done vous accompa–

gnez un fon

de

fon ocl:ave, de

fa

douzieme

&

de

fa

dix-feptieme majeure, vous aurez !'accord le plus con–

fonn ant poffibk : c'efl: !'accord que donne la nature

-meme.

Sllbllituez la quinte

a

la douzieme, en lailrant tout

·Je re!l:e, vous fcntirez plus diO:inctement la tierce que

dans !'accord precedent ,

a

caufe de fon €loignement

des autres parties;

&

comme la tierce majeure a tou–

jours q\1tlque chofe de fort, c'efl:, je crois, la face

de !'accord parfait qui fora le plus de bruit.

Subfl:ituez la dixieme majeure

a

la dix-feptieme, en–

force que votre accord foit compore de.quinte, otl:a–

ve

&

dixieme,

&

vous tentirez que cet accord moins

confonnant que k premier , e!l: aul1i moins bruyant

que

le

frcond.

E"nfin baifftz encore la dixieme d'une otl:ave, en

la

reduifant

a

la tierce majeure, vous aurcz un ac–

cord de tierce majeure, quince

&

oCtave, le moins

conlonnant de ces quarre.

Quand on voudroit nier

l'exp1·e.flion

que j'amibue

a

la fcconde

&

a

la troilieme face de !'accord parfait '

to(1jours ne pourra-t-on me nicr que !'accord parfait

fous la premiere face ne foit k plus confonnaot, le

plus un,

&

que lcs aurrcs

le

foot moins.

L'accord parfait majeur dl: done au moins fu(cep–

tible de faire un effer phyfique , plus ou mains agreable.

L'accord de fixte qui en dl: renvcrle, fair un effet

mnms plein que !'accord p.rfair.

L'accord de fixte-q uarre ell le moins confonnant.

L a dillon;rnce , qud le qu'dle foir, fair une impref–

fion

dcfagreab_I~ ft~r

l'ouie; on ptut augmenter ou di–

minuer te delagrement.

Les premieres ddfonances n'etoient que des fuf–

·penfions qu'on fauvoit tof1 jours en dtfcrnJant , jc crois

qu'on peut en conclmc que !cs (ufpen!ions fauvees en

dcfcendant font ctlles qui caufent 1'1mprcffion la moins

dCf'ag-reable.

~ant

a

la fepticme mineure ,

OU

a

Ja diffonance

proprement dire , mc:rrez-la dans l'floignement conve–

nable, elle ne diffonne prefque plus,

el

le fcra done

l'eflt:t le moms defagreable de toutes Jes di!fonances

elfcctives.

L'experience confirme ce que je viens de dire. Frap–

pcz fur \>n cbvccin un accord compofe de

l'ut

le plus

grave , de !On citlave, de

fa

douzieme , de fa double

octave , de

fa

dix.fcpticme majeure ,

&

de fa feptieme

mineure ,

&

vous ne kntirez aucune di!fonaoce ; feu–

kment cct accord fcmble avoir quelqu: chofe de plus

Jerri que I' ccord parfait.

EXP

Apres Jes accords confonnans , celui de dominanre

tonique ell done le moins dilfonant.

En1uite vient celui de fimpk dominante qui

:i

me.

me quclque chofe de plus doux que le precedent

a

caure de fa

tierce mineure.

L'accord de feptieme avec quinte fautTe e!l: moins

agreable, ii c:fl: plus trifie que ks deux autres.

L'accord de feptieme majeme avec tierce majeure,

cO: dur

&

bruyant.

Enfin celui de feptieme mineure, accompagne de

tierce majeure

&

quinte faulre' en fombre.

Arrerons-nous-lii, une enumeration etendue de l'ef–

fct de chaque accord nous meneroit trop loin.

Si done un muficicn, apres avoir compofe une me–

lodic douce ,

y

met une harmonie , ou

fc

trouvent

beauc

oup d'acc

ords mineurs , peu de dilronances ,

&

parmi

celles.ci

plus d'accords de feptieme que d'au–

tres,

& f

ur-tout plus de

limples dominantes que de

dominantes toniques; necelrairement

fa

melodie' bicn

loin de perdre fon expreffion , ne peut qu'avoir ga–

gne ' parce qu'outre l'expreffion de cette melodie' il

a encore employe l'effet phylique de l'harmonie; mais

fi le muficien n'a point d'egard

a

ce que

nou~

venons

de dire, bien loin de renforcer l'cffet de

fa

melodic,

ii le diminuera; ii en viendra meme jufqu'a

le

ren–

dre nul.

. Si

a

une melodie qui exprime du grand , du ma–

Jefl:ueux , on ajoute une harmonic pleine , compofee

d'accords parfaits , plutot que de renverfes , mtttant

tof1jours amant qu'on le peut la tierce majrnre dans le

delrous , cvitant

les accords de dominante '

&

leur

prfferant ceux de dominance tonique, l'on rendra ccr–

tainement

fa

melodic encore plus expreffive.

Mais une dilronance doit etre preparee

&

fauvee

pour faire l'cffet le moins defagreable ; en omcttant,

quand cela fe peut, la preparation , ou bien en ren–

dant la preparation tres-courtc

&

la dilronance lon–

gue , on augmente done

fa

durete ,

&

fi avec cela on

change fon fauvcment , ou qu'on le faute par ellipfe,

on pone la durete au plus haul point; on caufe phy–

fiquement un dffordre dans l'organe de l'auditeur, ce

dfford re joint

a

une melodic' exprimant de la colerc,

par exemple, doit necelrain:ment rendre cctte expref–

fion plus force.

Je ne fais fi je me trompe, mais ii me femble que

{i

l'on employoit

a

propos le phyfique de la mufique,

on parviendroit bientot

a

une expreffion dont nous

n'avons aucune idee.

Mais que faudroit-i l pour cela? Un compofiteur

philofopbe, obfervant toutes Jes irnpreffions de la mu–

fiq ue' fur.tout ecoutant Jes jugemcns de tout le mon–

do, erfayanc cous Jes changemens poffibles clans un

feul air,

&

remarquant avec foin quand ii fait le plus

d'elfet; rechcrchant pourquoi ii fait alors

le

plus d'ef–

frt , afin de s'epargner dans la fuite la peine de ta–

tonner de nouveau,

&

afin de fe former peu-il-peu un

recuoiJ d'obfervations, ou plut6t de regles fUres, moyen- ·

nant lefquelles ii pourra produire tel ou tel dfrt don–

ne' fem blable

a

un ehymi!l:e qui augmente, d1minue,

modifie

a

fon gre la vertu d'une drogue , en la me–

lant

a

propos avec d'autres.

Mais !'harmonic aait encore phyliquement fur nous

par un aum: moyen

~

cclui de la modulation barmo·

niquc , ou

le

parfage d'uri mode dans un aut[C.

Certainement en majeur , le mode de la quintc efl:

le plus rclatif au regnant ; ii e!l: majeur comme Jui;

ii n'y a dans leurs dcux echtlles qu'un feul

ton ?e

di.fftrent le

fa

;

enfin !'experience le prouve '. pu1f–

que nous palfons toiljours de

l'accor.d de dom1nan1e

tonique

a

cdui de tooique, pour faire une

cadt~Ce

parfai re, par laquelle on pu1lre finir. La modula_non

la plus narurelle, cclle qui nous frappera

le

m?1ns ,

&

nous lailfera par eonfequent

le

plus

tranqu1ll:s ,

c'efl: celle du mode regnaoc

l

c~lui

de

fa

dominante

toniq ue.

Si avcc

~ela

!'on menage

la

traalition en pa

ff

ant