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8 78

I!

X T

.

_ .

" §

EXTI

SPICE, . . .. Dans cet article , au lieu

de

/11arti1ms ,

li·fi:z

/lllar1i11iris. Lmres fur l'E11cyclapMie.

EXTRAIT ,

f. m. (

Bel!es-Lettres. )

On a calcule

q u'a lire quatorze heures par jour,

i~

faudroit huit

cens an; pour epuifer ce. q ue la bibliotheq ue du roi

conrient fur

l'hill:oire feulement. Cette difproportion

dffe(perante de la duree de la vie avec la quantite des

Jivres dont chacun peut avoir quelque chafe d'inte–

reffant, prouve la neceffite des

extraits.

Cc travail bien

dirige feroi t uh moyen d'occuper utilement une mul–

titude de phimes que l'oilivete rend nuif1bks;

&

bien

des gens q ui n'ont pas le talent de produire avec l'in–

trlligence q ue la nature donne ,

&

le gout qui peut

s'acquerir , reuOiroient

a

faire Jes

extraits

precieux. Ce

feroit en litterarnre un attelier public , ou les defceu–

vres trou veroient

a

vivre en

travailJant. L es jeunes

gens commenceroient par la;

&

de cct attelier ii for–

t iroit des hommes infhuits

&

formes en di!ferens genres.

II n'y a point de fi mauvais livre dont on ne- puilfe

tirer de bonnes chafes, difcnt

taus Jes gens d'efprit

&

de gout. 11 n'y a pas non plus de

fi bon

livre

dont on ne puiffe faire

~ n

cxtrait

malignement tourne

qui defigure l'ouvrage

&

l'aviliffr: c'efl: le miferable

talent de ceux qui n'en ont aucun ; c'efl:

l'indufl:rie

de la balfe malignice ,

&

!'aliment le plus favoureux

de l'envie; c'efl: par cette leeture que les fats fe ven–

gent de l'homme d'efprit qui

les humi lie ,

&

qu'ils

goutent le plaifir fecret de le voir humilie a fon tour.

C'e!l:- la qu'ils ·prennent !'opinion qu'ils doivent avoir

des produCl:ions du genie , le droit

d~

le juger eux–

memes

&

des armes pour l'attaquer. Dela vient q ue

duns un certain monde, Jes plus cheris de taus les

e~rivains,

quoique les plus meprifes '

font

des barbouil–

leurs de feui lles periodiques , qui

travaillent

les uns

honteufement

&

en

fecret

&

les

amres

a

decouvert

<lVeC une fiere impudence ,

a

denaturer par

leurs

ex–

traits

les produCl:ions du talent. On reproche

a

Bayle

d'avoir fait d'excellens

extraits

de mauvais livres ,

&

d'avoir trompe ks leCl:eurs par

l'intfo~t

qu'il

favoit

preter aux ouvrages les plus arides ; les critiques dont

nous parlons Ont trouve plus facile de depouiller que

d'enrichir ,

&

le

reproche q u'on fait

a

Bayle cit

le

feul qu'il ne merite pas.

Suggon l' iflej}o jior , ne' prati Hiblei ,

Ape

bmigna

,

e vipera crudele;

E

Jecondo gl' inflinti

,

o buoni

,

o rei ,

L '

ttna in

tofto il convertr, e

altra in miele.

( M . M ARMONTE L. )

EXTRAV

ASE' , fe dit

tn

//griwlture

du foe qui

fort

de fes vailfeaux lymphatiques, pour

fr

repandrc:

dans le tilfu cellulaire. L e fuc propre des plantes etant

extravafi ,

leur caufe des maladies ou des accidens ,

cornme le fang

extravafe

en produit clans k s animaux.

Ce

fu~

vegetal

s'extravafe

qudquefois , de maniere

qu'il fort entierement des vailfeaux,

&

fe montre au

clehors , tantot fous la forme de refi ne , cornme au pin

&

a

l'epicia ; rant6t fous cdle de gornme ' aux ceri–

.ilers, aux prnniers , pechers , abricotiers , aux orrnes ;

-en feve epa1ffie ,

f.<Jc.

En fortant ainli des plaies des

arbrcs, ii caufe rnoins de dommagc que

lorlqu'il fe

rcpand clans les vailfea>JX lymphatiques

OU

dJOS le tiJTu

cellulaire.

Ci-)

EXTREME,

(Mitapbyf.)

En 1767 M. Changeux

fit imprimer

a

P.1ris cleux volumes

in-

12, qui ont pour

titre,

'l'raiti des Extremes, ou Elimms de la ftirnce de

'la

rialtte.

Nous allons donner' une notice de ce favant

ouvrage ; nous croyons qu'elle pourra etre utile

&

agreable aux philofophes

&

aux litterateurs. Ce rrai ce

efl: divifc en dix livres ; clans le premier, qui ne con–

tient que foixante pages ' !'auteur crablit la thforie de

tout Ion fyfleme ,

&

clans

les neuf livres fuivans, il

fa!t

une application de fes principes aux arts

&

aux

fr:ences. L 'avertilfement ou plutot la preface nous ap–

p rcnd , que l'ameur avoit entrepris de faire , pour

EXT

l'E11cyc!npfdie,

!'article

R EALITE ;

que pcu-a-peu

Jes

idecs en

fe

developpant , ont forme deux volumes. il

· ajoute qu'il commence par diflinauer la realite de' la

verite'

&

q u'il a cherche

a

deca°uvrir le caraC\:ere de

la realite , de la merne maniere que Defcartes avoit

decouvert celui de la vcrite ; qu'il a

trouve que le

moyen.de

reconnoitre la realite etoit fonde fur un prin.

cipe, d'ou decouloient une fonle de confequences dans

taus les genres de connoiffances: ii ajoute que la fcience

de la realite ell: plus dure que celle de la verite ' avec

laquelle on ne pourra plns a l'avenir la confondre.

IL

dit : voici

le

principe fur leq uel porte toute cettc fcien–

ce . ..

Dain la conjlitutio11 prifente de I'homme , !es

e~·-

·

tremes

fe

touchent fans

fe

confondre

,

&

la realite ne'

fa

trouve q11e dans le milieu qui

ejJ

en/re les deux extremes.

L'auteur dit que les

extremes

ne font pas feulement

des mots qui n'expriment que des rapports ;

ils font

encore relatifs aux differens efprits : c'efl:

l'infini appli–

que

a

taus les genres de connoilfances '

&

a

tous les '

objets de ces connoilfances. M. Changeux croit quc

l'infini ell:

con~u

differemment par tous les hommes,

&

q ue ce qui ell:

infini par rapport

a

un ignorant,

ne l'efl: point par rapport

a

un favan t : qu'il

y

a au.

tant d'ordres d'infinis qu'il

y

a d'hommes qui font

ufage du rai(onnement ,

&

quoique tous les chapitre:i

de Cct ouvrage puilfent Ctre entendt1s differemrnenc,

cependant tous Jes hommes en tireront necelfairement

Its memes conftquences,

&

les mcrnes lumieres

fur

la realite, parce que la realite occupe

le

milieu en–

tre

les

extremes.

II ajoute q ue, quoique Jes hommes

fe

foucient peu de la realite ' & que l'on ne puilfc

pas fe

flatter de leur faire abandonner leurs chime.

res', il efl: cependant utile de les entreteni r d u vrai

bieri ; ils ne fon t pas fiiches de connoitre

l~s

moyens

d'etre fages

&

heureux ' !ors meme qu'ils fopt

le

plus

determines

a

ne point faire ufage de Jeurs connoilfan–

ces ; ils jouifll-:nt alors, au moi ns en idee , des bicns

dont ils

fe

privenr. Enfin M. Changeux obferve que

clans

la jeunnelfe ou !'empire tout-puilfant de l'habi–

tude n'a point encore detruit la nature , il ell: proba–

ble q ue fi

l'on enfeignoit la fcience de la realite com-

me elle doit l'etre , on pourroit rendre la jeuaelfe in–

finiment plus fage , parce q ue cette fcience efl: propre

a

l'homme

>

&

c'ell: pcut-erre la feule q ue les fouve–

rains doivcnt polfeder

a

fond: il fau t

en

effct qu'ils

fachent en quoi conlill:e la realite en rout, pour ne

point

le

tramper , & pour n'erre point trompes: clans

cet objet ils n'ont befoin q ue de connoitre parfaite–

ment le principe unique& fimpledont il ell: quell:ion,

&

d'apprendre

a

en fai re ufage.

Dans

le

chapitre premier , du premier livre , M .

Changeux dcfinic Jes

extremes ,

&

ii en examine

le~

proprietes. 11 dit que les

extremes font to/lies le chofes ou

/es qualites des chofes , lorfqu'on !es itend, ou lorfq11'011 les

diminue au/ant que l'imagrnation le pen11et;

c'efl:.a-dire'

q u'on leur donne , autant qu'elles en font fufceptibles,

un caraCl:ere d'infini dans les deux genres oppofes : ii

<lit, que fans ce caraCl:ere d'infini ii ell: evidenr que

plufieurs chafes ne feroient point parfaitement

extremes.

Ce mot

d'i11ji11i

marque done une impoffib1lite d'ajou–

ter ou de retrancher q uelque chofe de l'objct; en un

mot ii n'y a que l'infini , ou le nombre infini en gran·

deur ,

&

le nombre infini en petitelfe , qui puilfent

etre deux

extremes ;

ce font alors deux abfolus par–

faitement oppofes .

11

ell: evident q u'il fam raifonner

des erres

&

de leurs qual ites differences comme de la

grandeur ou de la petitelfe numerique qui font

extremes.

D ans

le chapitre

fecond , M . Changeux montre

comment deux

extremes

fon t oppofes entr'eux : telle ell:

!'extreme

grandeur,

&

!'extreme

pecitelfe. L 'oppofitio.n

p ar contradiccion , telle quc l'exi!l:ence

&

la non-ex1-

Ctence ne fon t pas des

extremes,

parce que l'etre ,

&

le non.fare n'ont rien de commun ; !'on ne peut rap–

procher ni eloianer Jeurs parties.

D ans

le

chaP\tre troifieme, on prouve que Jes

ex–

tremes

fe touchent : par exemple, k s angles exceffive-