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'

872 .

E X

P

tre

tifque d'etre froid. Riccoboni le Jils a trl!s bicn

obl~rve

que la nat.urc

e!t

a~a

forte pJr

~lle-m.eme

,

fans qu'il foit btfoin d'exagercr. Ccux qui le ltvrent

fans relerve aux imprdlions de la pa!Iion, ce qui n'dl:

que trop frequen t chez le bas peuple ,

mont~ent

af–

fez combien la firnple nature ell: exprtffive. S1 le co–

medicn faifit bien ce degre de force '

&

qu'il fache

)'Jl!ier avtc

la dignite qui convient aux peri'onnes

d'un rang plus rekve, ii n'aura pas befoin d'outrer

fon role.

C'eft principalement ,a l'egard de la partie de

l'cx–

prejjion

qui confifte clans !'attitude du corps

&

dans

!e ge!l:e , qL1'il ell: necelfaire au COmeditn d'tntrer,

comme nous l'avons die , clans la paffion qu'il doit

exprimer. En effh, ii n'y a point de regles qui puif–

fent le diriger

a

cet.

ega~d.

La nature nous a cac

~e

les rdlorts qu'elle fa1 t ag1r dans ces occafions ; de me–

me qu'un ' hornmc qui pcrd l'eq uilibre, prtnd par in–

fti ntl: en tombant !'attitude la plus proprc

a

le garan–

tir; auitude qu'aucune reflexion nc lui feroit trouver

s'il fentoit diftint1ernen't la prnr de le ,bkfler; de me–

rne auffi la nature agit-elle clans routes les paflions ,

fur k s divers nerfs du corps , d'unc rnaniere qui nous

dt inconnue.

Que

l'aCl:eur le rempliffe bien du fcnti–

rnent qu'il doit faire paroitre,

l'cxprejfion

du gefte

&

de !'attitude fera vraie

&

nawrelle.

Ce n'eft p:is ici le lieu d.e parler de

l'

expreffi.on

.'

en

tant qu'clle depend de la vo1x

&

de la prononc1at1on:

cct article coneerne la declamation.

Quant

a

la danfe' c'dl: de [OLIS

Jes arts celui OU

l'exprejjiun

a le plus de difficnlte. Le danfeur ne peut

pas confulter la nature; ii n'y trouve point les mou–

vemens qu'il doit executer : ii ne · peut l'imiter que

de ,loin ,

&

rendre d'une maniere toure differente ce

qu'elk Jui aura indique. Tous fes pas, rous fes mou–

vtmens tiennent

a

!'art; la nature n'en a point de fem–

blables,

&

cependaot ils doivent portc:r le caraCl:ere

<le la nature.

II

fa ut que clans chaque rnouvement du

danfeur, on puiffe lire le fentiment qui le meut ;. fe_s

pas foot autant de mots qui nous difent ce qlll

le

p a!Tc dans fon rreur.

C'dt

a

ees grandes diflicultes qu'il faut attribuer

l'irnperftCl:ion de l'art de

la danfe; c'eft ce qui

ait

qu~

Its dJnfeurs

s'occup~nr

plmor

a

inventer des mou–

vemem ingen1eux , des fours difficilts , des

ttitudes

uniques, qu'• imiter la vraie

e:xprejjion

de la nature.

II

eft

pourtant certain que chaque paffion capitak ,

&

mernc chaque nuance particuliere de cette paffion ,

a

clans

b

nature fon

exprejfion

propre , marquee par

l'attitudc

&

le mouvement du corps. Ces diverles at–

titudes , ces mouvemens expreffifS , f9nr l'alphJbc't de

la veritabk danfo; li elle n'dt pas fondee fur ces

ele–

mens, on pem dire: qu'elle n'a aucuns principes. L'on–

vrage d'un danfeur vraimcnt dar.fn1 r' doit etre de dc–

COUYl'il' ces elemens , de Jes reprefenter par des mou–

vemens reguliers

&

bicn lie; '

&

de favoir '

a

!'aide '

<le leur diverfite

&

de Jeur combinaifou, compofer un .

ballet enm:r ,qui exprime une aCl:ion bien deterrnioee.

(

Crt article

efl

tire de Ir. <fhiorie ginira!e des Beaux-Arts

de M.

SULZER. )

§

ExPRESSION , (

M11)iq.)

Dans cet article du

Di8.

raif des Sciances ,

&c. on le borne prefque enricrement

a

prouver que Jouvent Lulli manque

d'exprej/io11.

M.

H.oulfrau dans fon DiCl:ionnaire de Mufique , trdce plus

paniculieremcnt ce qui produit une bonne

exprejfion

;

c'tfi

pourquoi je mets ici fon article: je l'ai deja dit

qudquc part ' plus une partie d'un art ell: difficile

a

reduire en pnncipes ' plus ii eft bon de raµproc her les

idees des gtns

de

gout fur ceue partie. (

F. D.

C.

)

L'exp1ejJion

efi

une qualite par laquelle le mulicien

fent

vivement

&

rend avec energie routes

les idees

qu'il doit rendre,

&

tous lcs fentimens qu'il doit ex–

primer.

II

y

a

une

exprejjio11

de compofition

&

une d'e–

xecution ,

&

c'clt de kur cuncours que rHulte l'dfc:t

mufcal le plus puiffant

&

le plus agreable.

.Po

r

donner de

l'exprejfion

a

fes

ou vrages ,

le

com:

EXP

pofiteilr doit faifir

&

comparer. rous Jes

rapports

qui

prnvenr. le trouver entrc les traits

e

Ion objet

&

les

produchons de fon art ;

ii

doit connoitre au lent'

l'dfrt de .tous . Jes

c~raCl:eres ,

afin de porter

exact~~

mcnt celu1 qu'il cho1fit .au dcgre qui Jui convirnt :

car '.

co~1me

un ban . pemtre

n~

donne pas

b

mcmc

lum1ere a

rous

fes obJets, l'hab1le mufirien ne donne–

ra pas non plus la merne energie

a

tous fcs fentimens

ni Ja meme force

a

tOLIS leS tableaux,

&

pJacera cha:

que partie au lieu qui convient, moins pour la fai–

re 'v;;loir feulc: , que pour donner un plus grand cf–

fet au tout.

A

pr~s

avoir bien vu ce qu'il doit dire, ii cherche

comment ii

le dira ; & voici ou commence l'applica–

tioo des preccptes de l'art,

&

qui eft comme la Jan–

gue particuliere clans laquelle le muficien veut fe faire

entendre.

La

melodic , !'harmonic , le mouvement, le choix

des inftrumens

&

des voix font les elernens du Jan–

gage mufical;

&

la melodie ' par fo n rapport imrne–

diat avee !'accent grammatical

&

oratoire , eft celui

qui donne. k

~araClere

a

tous Jes autres. Ainfi, c'ell

colijours du chant que

re

doit tirer la plincipale

ex–

prcj/ion ,

tant dans la mufique inftrumentale , que dans

Ja vocale.

Ce

qu'on cherche done

3

rendre par la melodie ,

c'eft

le

ton dont s'cxpriment les fentimens qu'on veut

reprefcnter ,

&

!'on doit

bien

fe garder d'imiter en

cela la <lfrlamation theatrale qui n'eft elle-memc qu'u–

ne imitation , mais la voix de la nature parlant fans

affeCl:ation

&

fa ns art. Ainfi le mulicien chnehera d'a–

bord un genre de mflodie qui lui fourniffe Jes infle–

xions muucales

les plus convenablts au fens des pa–

roles, en fubordonnant toujours

l'exprejfion

des mots

a

cdle de

b

pcnlee'

&

edit ci rneme

a

la fituation de

l'ame <le l'interlocuteur: car , quand on eft fortement

aifeCl:e, tous les difcours que l'on tient µrcnntn t, pour

ainli-dirc, la teinte du fentimenr general qui domine.

en nous ,

&

l'on ne qu relle point ct qu'on aime,

du ton dont on querelk un indifferent,.

La

parole ell: diverfement accenrnee felon les <liver–

ies paffions qui l'infpirent ' cantor aigue

&

vehemen–

te , tantcit remiffc

&

Ja~he ,

tantot varire

&

impetueu–

fe,

tamot egale

&

tranquille clans fes

inflexions. De–

la

le mufi ien

tire les dif

ferences

des modes de chant

qu'il emploie ,

&

des lieux

div.rs

clans Jefquels ii rnain–

ticnt la voix, la faifant

proc~der

dans le bas par de

petits incervalles pour exprimer Jes Jangueurs de la tri–

fteffe

&

de l'abattement , lui arrachant dans le haut

les Ions aigus de l'emportemenc

&

~e

la douleur,

&

l'entrainant rapidemenr par tous Its 1ntervalles de fon

dia afon dans !'agitation du dffefpoir ou l'egarement

des paliions contra!lees. Sur·tollt ii faut bien obferver

que le eharme de la mufique ne conlifi:e pas feu lement

dans 1'1mitation , mais dans une

imitation agreable;

&

que la declamation rneme , pour faire un li grand

elfet ' doir etre fubordonnee

a

la melodie ; de forte

qu'on ne peut peindre

le

fenriment fans lui donner ce

charme fecret qui en

dl

inleparable , ni

toucher

le

creur fi l'on ne plait

a

l'oreillc. Et ceci ell: encore rres–

conforme

a

la nature' qui donne au ton des perfon–

nes ftnfibles je ne fais quelles inflexions touchantes

&

del icieufes que n'et1t jamais celui des gens qui ne fcn–

tent rien. N'allez done pas prendre le baroque pour

l'expreliif , ni la durete pour de l'energie , ni donner

un tableau hideux des paffions quc vous voukz rcn–

dre , ni faire en un mot, conime a !'opera

fran~ois ,

ot1

le ton paffionne re!fembk aux eris de la colique,

bien plus qu'aux tranfports de !'amour.

Le plaifir phyfique qui rffulte de l'harmonie, aug–

mente

a

fon tour le plaifir moral de !'imitation , en joi–

gRant Jes fenfations agreables des accords

a

l'expr~f)ion

de la melodie' par le memc: principe dont je viens

de parler.

Mai~

l'harmonie fair plus encore ; elle ren·

force

!'exprdfion

meme en donnant plus de jufi:e!fe

&

de precifi

a\I )(

inccrvallc:s melodieux ;

c:llc

anime Jeur

-

caraClc:rc

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