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S 1 A

Pfolieurs grands canaux qui viennent de

la

riviere,

traverfenr la ville,

&

fonr a!lez profond! pour porcer

les

plus grands ba.reaux ' .

&

les faire aborder

aurn~

des principales ma•fons . Les ru<!s fonr en droir ligoe

Je long des canaux, mais la pluparr fonr forc é-rroire ;

d'ailleors elles fonr rouces falei

&

malpropres, il y

en

a

m~me

qui fonr inondées en

ha

ure marée. A con–

fidérer la grandeur de cerre ville' elle en

a

frez dé–

oeuplée, (Ul·-rour du cOté de l'.>uell

&

du fud, ou

l•on voir de grands efpaces vuides,

&

qui ne four

poinr culrivés .

Le roi a trois pnlais dans certe ville, donr le plus

remarqu~ble

ell chns le 111ilieu de la villc méme .

Ce

palais ell un g rand quarré , divifé en pluficurs b"ri–

mens qui, fuivanr l'archireaure chinoife , loor ornés

• de plutleurs roirs !'un fur l'aurre,

&

de plutieurs fron–

tifpices, donr une p1rrie ell dorl'e. D-Jns

l'enceinre

du pJiais, aufli bien qu'au dehors , il y a de lonaues

écuries ou l'on voir une

cen~dine

d'éléphans

ra~aés

de luire,

&

magnifiquemen~

harrnlchés;

tmis

11

~·y

a qu'une feule ouverrure pour eQrrer dans le palais;

&

qnoiqu' elle

tbir

exrr~mernenr

fa le, perfonne n'y

paRe

qu'ii pié,

&

pour é"virer roure furprife, il ell dé-.

fendu

a

rous le M·rimens q

ui rem

onrenr la riviere,

de s'approcher des murs du

pala.is

royal

qu'~

une cer–

taine diflance.

On volr au1 portes

&

aux nutres avenues de

ce

palais, une foule de gens nuds, donr la peau bafanée

en peinre de figures noires bigarrées, comme les ima–

~es

du ra·m-fépulchre

~

J érulillem . Quelques-uns ne

fonr

marqu~s

ainli gu'aux oras,

~ru~is

les aurres le fonr

par tout le corps, ¡ufqu'a la ceinrure, qu'il convrenr

e!'

un morceau de drap, fulvanr la courume générale

u

u

rays.

On leu1· donne le nom porrugais de

bracos-–

pint•tfo~,

ou

brM

~ti'nt;.

Ce tonr-la les garde! du roi,

f.:

porriers

&

Ces

bareliers. Pour rou-res armes, ils

onr d<!s barons g ros

&

courrs,

&

ne f'ont que ,.oder

autour

ctu

palais comme des vagabonds.

r>ans les aurres parries de la ville il y a un quar–

tier qui ell defliné

;IUX

érrnngers oii demeurent les

Chiriois, les Mauras

&

les Indoullans: c•en un quar–

tier rres-pP.uplé, oil

il

fe f!lit un gnnd commerce ,

paree que tons les va1freaux y aboraenr. Les maifons

de ces étran¡¡ers fonr en quelques endroirs roures

b~ties de pierre, mais elles fonr ferr perite!, n'ayanr

que huir pas de

lon~ueur,

qua ere de lugeur

&

deux éraaes, quoiqu'elles n'1;enr pas plus de deux b'rar–

fes

&

demie de luuteur . Elles fonr couverres de ruiles

place~,

&

onr de grand!!s portes

fans

aucune pro–

porr•on .

l..e quarrier des n:1turels <!u pays ,' elt,

com~

on

peut bien te penfe

r, le plu

s grand de rous; il efl ha–

bité par quanriré d

'arrir.ms

, rem¡ li d

boutiques des

deux cótés,

&

de

g rand·es p

laces pour les rmrchés ,

qui fe rieonenr rous les jours

(o

ir

&

matin. Les mai–

fons des gen du commun qui

y

ñeme11renr, ne fon r

que de mifér•hles cabanes baries de bamb u,

&

cou–

verres de brarx:hes

&

de feuitles de almier qui croif–

[enr dans

1

marais • tes boutiques fonr barres

&

m:ll enr.:nrlues, mais ell es fonr afret bien tiruees en

lignes droires parnllcles aux rue .

Les mandarins ou miniflc·es d' érar,

&

les courri–

Jans , demeurenf

d;ws

les quarriers voilins des palais

du roi; leurs maifons, quoique

b~ries

de pierre

&

d,e chaux , fonr

a

!tez

chérives; les appartcmens ne

fdnr ni propres ni g·1rnis ,

&

fes cours fonr forr (:¡les.

Les canaux de

Siam

onr donné licu

a

un grand

nombre de

ponr~,

donr la plu'>arr lonr fai rs de bois

&

pe

u folides . Ceux qu'on

a

bhi<f'ur le grand canal

(onr de pierre o

u

de brique, avec des b.!hcftrad(,"s de

m~me ;

mais comm., it n'y a dans cerre villc ni

cha–

riors ni charrerres, rous les pones font

f4

rr étroirs :

le

plus beaux onr

6o

ou So pas de long,

&

Jont forr

hanrs au :nilieu.

Comme tour le pays de

Sia'"

fourmille

cte

pr~rres

&

de moines, cerre ville en parriculier en pleinc de

temples , donr les cours abourillenr rég ulieremcnr au

ni vean des rues,

&

font remplies de pyramides

&

de cotonncs de ditférenres figures ,

&

dorc:~es

. Ces

temples ne fonr pas ti

~rands

que nos tfr.lifes, mais

ils les furpafrent en magnificence

ex-réri~ure

comme

par le grand nombre de leurs roirs oar leurs fron–

tiípices dorés, leurs e(caliers avaocés,

leu rs pyra–

mides, colonnes, piliers ,

&

aurres emhelliffemens .

Le dedans ell orné

de

pluiieurs flarues de grandeur

naturelle, ou m

Eme

plusoarandes, arriflement faires

d'un mélange deJ'Iiltre, de réline

&

de poi!, auquel

on donne d'abor .

liD

vernis noir,

&

que l'on dore

Tome XV..

.

·

S 1 A

enCuite . Elles íonr placées en plulieurs rangs daos

un lieu éminenr, ou ell l'aurel .

Dans quelques temple

elles fonr rangées le Ion,.

des murailles , aflifes

les· jambes croiíées,

toure~

nues , excepré au milieu du corps, ou elles fonr cein–

res d'un morceau de drap jau ne foncé; elle> onr aufli

depuis l'épaule gauche jufqu'an nombril, une aurre

piece de d1·a

de la meme couleur enrorrillée. Leurs

oreilles fonr f.:ndues,

&

li

lon¡¡ues, qu'elles defcen–

denr fur les épaules . Leurs cneveux lonr frifés

&

noués fur la

r~re

en deux nceuds,

d~

forre qu'on ne

peut pas dillinguer

fi

c'efl un bonner ou quelque au–

rre efpece d'ornemenr . La

m

ain droire en po(ée fur

le geoou <lroir,

&

la gauche fur le giron.

A

la place

d'honneur, qui ell le milieu,

il

y a une ido!e qui ex–

cede de beaucoup la g randcur d'un homme, a!life

dans la

m~me

pollure fnus un dais. Elle repréfenre

leur aporre, ou le fondareur de leur religion, leur

Sammona-Khodum.

Ce

1

hodum.

a

des flarues d' une grandeur mon–

flrueufe dans quelques temples. Koempfer a vu une

de ces idoles aflife fur un lieu élevé', donr la pro–

porrion éroir relle qu'¿IJe auroir éraor droire , cent

vingr pi6 de long. Ces forres d'idoles fonr dans lá

m~me

poflure

oil

Khodum

&

fes difciples fe mer–

r ienr lorfqu'ils eroienr dans leurs médirarions reli–

l{ieufes . Les

pr~1:-res

(,s

ft>éhreurs, fonr encore obli–

gl's

par lcnrs regles de s'afleoir rous les jours en cer.–

rain rems pour l'exercice de leur Jévorion. lis por–

rene aulli le

m~me

habir; il• vonr la rere nue

&

ra–

fée;

&

pour fe garantir du folei l, ils le couvreor le

vifage d'un évenrai l fair de bois

&

de

feuille! de pal–

miér.

Les maifons des moines fonr pres des temples,

&

elles fonr afrez

ch~rives ;

mais :\,un des cOrés ils ont

leur école pubtique . Cerre école efl une grande falle

<>ll

l'on monte par quelques degrés:

&

au lieu de fe–

nérres il y a pluli eurs peeires lucarnes, pour donner

de l'air aux érudians pendanr les

le~ons;

certe ¡alle

elt divifée en plulieurs bancs. Au milieu elt une

enrade fur laquelle .

il

y

a

un pupitre ouvragé

&

do–

ré; un vieux prerre y vienr

a

cerraines heures lire

d'une voix lente

&

diflinfre fes

le~ons

aux jeunes éru–

clians , Lorfqu'il prononce cena in mor, fes audireurs

merrent leufs mains fur leur (ronr ; mais en général

ils ne brillenr pa.s par leur dévotion; car pendunc les

le~ons

les uns coupenr du pinang , d'aurres

le mee–

rene en poudre;

d'au~res

m.;.lent

du

mercure avec

du jus

quelque herbe'

&

d'autres s'amufenr

a

au-

rre~o~.

?r~s

du pupitre, ou dans un aurre endroir de la

falle, on voir l'idole d'Amida, fe renant debour fur

la fl eur tarare,

faba .rgyptia,

ou

nympb"'a

mag11a~

ils eroyenr qu'il inrercedc pour le! a nes des mores.

Aurour de la falle penJenr des fleurs

&

des

couron–

nes de papier, des banderolles,

&

d'aurres oruen1ens

dorés, arrachés

a

des Mrons de bambou, qu'ils por–

rene

d~ns

les convois funebres . On remarque .:ncore

devane le pu irre une machine en forme de rabie,

faite de bambou j.oinre groflieremenr enfemble,

&:

tendue de pieces de drap jaune, donr les prerres fe

couvrenr la ceinture . Cerre rabie efl ordinaircment

jonchée de fleurs,

&

quelquefois couverre de plars–

pleiiiS de

ri7.,

de pinang, de pifang. de poi!loo fec.

de limon, mangoltangs,

&

aurres truirs

ctu

pays, qui

fon~

des otfrandes

&

des préfens qu'on fait aux moi–

nes du couvenr.

ll

y a plutieurs villages aurour de

Siam~

daos quel–

ques-uns les vailleaux y fervenr de

mailon~,

&

con–

tiennent chacun deux ou rrois familles . Ils conduifent

ces maifoos florranres dans rous les endroirs oil l'on

rienr des foires., pour y vendre leurs marchanrli[es .

Dans les

villa~es

lirués en rerre-ferme, les maifons

íonr communemenr baries de bambous, de rofea ux,

&

de pla11ches. Quelques-unes de cell·es qui coroyent

la riviere, lonr élevées íur des piliers de l"a haureur

d'une braife, afin que les ea ux qui inondcnr le pays

pen.d

anr quelq

ues mois, puifrenr pafrer lihremenr def–

lous.

Chaq.ue

maiíon

a

un degré ou une échelle, pour

defce

ndre a re

rre quand les eaux

fe

fonr rerirées ;

&

un bareau pour aller aux environs lorfqu'elles fonc

ha-ures.

C'ell fur les éminrnces que fonr baris

hors

de la

ville plulieurs temples, couvenrs, rous le' cimerie–

res ou l'on enrerre · les morrs,

&

les cours o

u

l'on

brOte leurs os,

&

ou l'on éleve de magnifiques pyra-

mides.

.

Entre, ces pyramide!

~levée!

proche de

Siam,

il

y

R

en