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SI B
Jibylü
avoic rendu fes
or~cles.
Ariflore en parle com.
me d'un lieu rres-curieux;
&
Virgile en fa ir une def–
cription magnifique. LJ religion avoir conlacré cecee
caverne, on en avoir fa ir un temple.
Les Romains avoienr prefque pour les
Jibyllu
el–
les.m~mes ,
autanr de relpeél. que pour leurs oraeles;
1
'ils ne les regarderenr pas comme des divinirés, ils
les crurent au moins d'nne nature qui renoir le mi·
lieu entre les dieux
&
les lJommes. Lallan.;e prérend
que la T íburrine étoit honorée comme une déeJle
a
Home. M . Spon rapporte qne prc!s du líeu que les
gens du pan difent étre l'anrre de la
jibylü
Tibur–
tine, on voir les ruines d'un pe¡it remple qu'on crqir
luí avoir été confacré. On peut remarquer ici que
les habitans de Gergi' <hns la perite P hrygie, avoienr
courume de repréfemer fur leurs médailles lu
jibyl/t
qui éc.ói.r
!l~e
dans cette ville, comme étant leur gran–
de dovuure.
Pour rerminer cer arricle> je n'ajomerai qu'uu mor
d11 combe
&
de l'épitaphe de la
.ftbylle
Eryrhrée ,
la
plus céle re de rourcs . Dans fes vers, die Paufa–
nias , elle le fa ir r:t1otllr fcmrne , umilr fccur,
&
ran–
tót filie d' Apollon. Elle palla une bonne partie de fa
vie aSamos, enfuire elle vinr
a
Claros, puis
a
Dé–
los,
&
de-la
a
Delphcs o
u
elle rendoit
(es
or~cles
fur
une roche. Elle linit fes jours dans
la Troade; fon
tombeau, conrinue-r-i l, (ubtiile eucore <1Qns
le bois
facré d'Apollon liuinrheus, avec
un~
épiraphe en vers
éiégiaques, gravés lur une colonnc,
&
donr void le
fens. Je fuis cene fa meufe
/ibyllt
qu'Apollon vou–
lur avoir pour intPrprcrc de lés oraeles ; aurrefois vier–
ge
éloqueme , maimenant muene lous ce marbre,
&
condamnée
a
un lilcnce érernel. Cependant par
la faveur du dieu, roure morte que je i'uis, ¡·e jouis
de la donce fociéré de Mercure
&
des nymp Jes mes
compagoes,
Ceux qui feront curieux d'approfondir davantage
l'hl!loire des
.fibylles,
peuvent
parcourir le• lavanees
dillerrarions de Galla:ns :
(ex
Gall.tidiffirtlltioues de
jibyllis,
Amfi.
168~,
in.-4 6 .
L
erraité qu'cn a faor M.
Perir médecin de Paris,
Pet. P.ttiti de
Ji
by/la traéla–
tus,
Lips.
1686 ,
i11-8".
L'ouvrage de Th. Hyde,
dt
religione Per.forllm .
Vao Dale,dt
oraml¡,. Etbni,·orttm,
&
Laddnce qui nous a confervé [ur les
./iby!!es
1'dll·
cienne rradirion, qu'il dir avoir ruifée dlns les écrirs
de Varron.
(Le (;bevalier
DE
].At•covRr . )
~IBYLLE
dt Dtlpbes,
(
Anliquit.
grw¡. )
prophé–
tefle
<JUÍ
pronno<,¡oi t des oraeles. Diodore de Sicile, 1
Denis d'!clalycarna!fe, Plutarque
&
Pau fanias. nous
la reprél
entenr comme une
femme vagabonde, qui
alloir de
conrr.íeen •conrn'e
débir.er~'
prédiélions.
Elle étoit en
m~me
rems la
ji
bylle
deDciphes , d'E–
ryrhrée , de Babylone, de Cumcs
&
de beaucoup
tl'autres endroirs. Plulieurs peuples fe difpuroienr
l'honneur de l'avoir pour
concit•Jy~nne. Elle-m~
me
tlans un de fes oraclcs, que nous avons eacore, fe
dit filie d'un pere morrel,
&
d'unc mere immorrelle.
11
ne faur pourtant pas la confondre avec la Pyrhie,
puifqu'elle prophétifoir
(~OH
le f'ccours de! exhalai–
fons qui forroienr de
l 'anr~e
de Delphcs,
&
qu'elfe
n'a Í3mais moneé fur
le k!cré trépié. D'ailleurs la
vraie Pyrhie ne forroir 'jamais dl! temple d'Apollon,
d~s
qu'une fois elle avoit été confacrée
a
ce dieu; la
fibylle
au contraire, éroit écrangere,
&
roujours er–
rante,
Y..oyez
P vTHIH . ( D•
'J.'
'IBYLUNS , L1v u s ,
(Hjjl .
rotn.)
anciens livres
d'o'racles
&
de préJ otlions
exrr~mement
accrédités
chez les Romains. lis fu rene apporrés
a
Tarquín le
Superbe, ou, felon Pline,
ií
Tarquín l'ancicn, par
une vieille my!lérieufe qui difparur comm" une om–
hre; on la crnr libylle elle-merQe. On alfembla
les
augures, on enferm1 les livres dans le rempie de Ju–
pirer au capirole; on cr¿.d des ponrifes pour les gar–
rler; on ñe doma poinr que les deflinées de Rome
n'y fu!fent écrires . Ces livres prophétiques périrenr
cependallt dans !'incendie du capirolc l'an
671
de
Rome, fous la diélan\re de Sylla; ma· . on fe Mea
de rép,arer cene perre . On en recueillir d'aurres dans
la ville cl'Erithréc
&
ail leurs; on les rédi"ea par
cxrrain. Augulle les renferma dans des colfres do–
p~s
,
&
les mi e fuus la bafe du temple d'Apollon Pa–
latin qu'rl vennir de b.hir. lis
y
demeurerenr jufqu'au
rems d'Honorius en
40)
de J. C.
&
cer empereur,
dir-on, donna des ordres
ii
Srilicoo de les jerrer dans
le feu. Tra<,¡ons
Cll
détail toute cerre hi!loire d'apres
les écrits de
M .
Frerer,
&
faifons-la précéder de fes
réflexions imére!fanres fur cecee maladie incurable de
l'efprit humain, qui , toujours avide de connoltrc l'a-
S lB
venir , change f1ns celfe
d'obj~ts ,
ou do!gUJfe fnus
une forme
o~clUvelle
les anciens objers qu'on veur lui
arracher. Croyons que l'hifioire des erreur qui fem–
b!en~
les plus décroées, peur encore ne pas étre
~jour
d hm des recherches de pure curiotiré.
Dans
~ous
les lieciCJ
&
daos rous les pays, les hom–
mes ont été également avales de connoirre !'avenir·
.&
cetre curiofiré doir erre reg:ardée comme le
pnn~
c1pe de prefque
r~u~es les.pr.a~•ques
fupcrflitie ufcs qui
~nt
déliguré.·la rehgwn pnmmve chez les peuples po–
hcés, aulli-b1en que.
che~
les
n~rions.
lauvages.
L.:~
d.
.tf.éren~es
·elpeces
~e
d•v•nar•on que
¡.,
hafard
avo1r fa• e 1magmer,
&
qu adopta la fuperll trion con–
fi!lo ienr d'abord ,dans une interprératíon conjeéÍur·
3
ie
de cerrains événemens qui par eux -memes ne méri–
roicnr le plus fouve1·H aucune arten.riou; mais qu1
011
éroir convenu de prendre pour auranc
d~
lignes de l:t
volonté des dieu.x
n commen<;a probablemenr par
l'obferv:uion des p
nomenes célefles, done les ·hom–
mes fur.ent roujou rs rres-vivemeor frappés; mais la ra–
ree~
dt: ces pbéoomeoes, lit chercher cl'amres fian es
qui le pré(entoient plus fréquemment, o u meme
"q~e
l'on pílr faire parolrre au befoio . Ces .ligues furenr le
cbanr
&
le vol de cenains oifeaux;
l'éclar
&
le mou–
vemenr de la flamme qui confumoor l.es
cbof~s
offerres
au> dieux ; l'érac oül'c rrou voieut les emrailles des vi-'
élif!Jes;
l~s
paroles p1·ouom·ées fans. deilein, que le
ha!ard faofoot e11tendre; eolin, 1es•ob¡ets qui fe pr.éfen–
rotem daos le fommeíl
i\
ceux qoi par cercain!" tacri–
lices
o~
par d'aurres drénwnies' s'étoient préparés
a
recevoJr ces fooges propbétiques.
Les Grecs furenr pendane plufieurs liecles fans coo–
nulrre d'autres
moyens qu e ceux. lii de s'inllruire de
la volomé des
die.ux;&
chez les Romaons,
(j
oo en
excepre quelques ca> flnguliers, cerre .di-vination coo–
jeélurale fur roujours la f'eu le que le gouver-ne01eor
auto rifa; on en av<>it m¡!me fair un are qui avoir fes re–
gles
&
fes príncipes .
Dms les occa(ions 'importantes c'éroit po1r ces re–
gles que fe con,luifoieur les hommes les plus fenfés
&
les plus
cou~ageux;
.la raifoo !ubjuguée des l'en–
fance par le pré¡ugé rehgoeux, ne fe croyoit poinr en
droir d'examiner un fylleme adopté par le corps de
la nation . Si quel9uefois (éduite par ceu:e nouyelle
philofophie, done rire-Live fa ir gloire de s'lrr-e ga–
rantí , elle emreprenoit de le révolrer, bientllt la íor–
ce de l'exemple,
&
le refpeél: pour les anciennes O()i–
nions la concraignoienr de renrrer fous le juug.. En
vo.Jiez.vous un exemple bien li•!_gulier! le voicL
Jules Céfdr ne peur
~ere
accufe ni de
perirefi~
d'ef–
prir, ni de manque de counl"'e,
&
on ne le foup–
<,¡onnera pas d'avoir éré fuperii'irieux;
ce[I~Udanr,
ce
meme Jules Céfar ayanr une fois verfé en voiwre •
n'y montoit plus fans récirer cercaines paroles , qu'on
croyoit avoir la verru de prévenir cetre efpece d':tc–
cidenr. Pl ine qui nous rapporre le fait,
liv.
XXV/l.
cbop.
ij.
aflore que de fon
r~ms,
prelque tour le
monde
f~
fervoir de ceere
m~m~
formule,
&
il en ap–
pelle la coni'cience de fes leélenrs
a
témoin.
J)u rems d'Homere
&
d'Heliode, on ne connoi!foit
point encore les uracles parlans, ou du-moins ils
avoient iort peu de célébr ité; j'appelle
oratle par–
la>JS,
ceux ou l'on
prét~ndoir
que la
divinit~
conful–
rée de
vive
voix, répondoir de la
m~me
maniere par
l'organe d'un
pr~tre,
o u d'une prétreíle qu'elle infpi–
roir. L'oracle de Delrhes qui fut le premier des ora–
eles parlans, ne répondoir qu'un feul jour dans l'an–
née, le fepneme du mois bulios, ufage qui lublitb
meme a!fez long-tems: ainli on imagina pour la com–
modité de ceux q_ui vouloíenr connoirre !'avenir, de
drefler des recuelis d'oracles
0 11
de prédiaions écri–
rcs, que pouvoienr confulrer les curieux qui n'avoient
pas le loilir d'an endre. Ces prédiélions, con<,;ues en
termes va..ues
&
ambigus, comme ceux des oraclct
parlans, éroienr expliqué<!s par des devins parricu–
liers, qu'on nommoit
chrif/11ologuu,
ou interpretes
d'oracles.
On rrouve dms les an<;iens écrivJins rrois dilférens
recueils de cecee efpeoe, cclui de Mufée, celui de
Bacis,
&
t'elui de la Sobylle.
Quoiq u~
ce deroier aic
été beaucoup plus célébre chez les Romains qne chez
les Grecs, on. voir
né~r¡moins
par les ouvrages de ces
derniers, qu'!ls ne b•lfo•ent
p3~
d'en fa ore ufi¡ge. Il
falloit
m~
me que crs préd él •nm fulfenr rres-connues
aux Arhéniens, puifque le poere Ari!lophane en fait
le (iJjer de fes plaiflnteries daos deux des comédies
qui nous re!lenr de lui .
Dilférens pays,
&
di/féreas tiecles avoient eu leurs
.
libyl.
.·
'•