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\
SI.B
fibylles: on confervolt
a
Rome avec le plus gra11d foin
les prédiélions
d~
celle de Cumes,
&
on les conful –
toit avec appareil dans les occafions
import:~nres;
ce–
pend·
e les écrivains de cecee ville, P line, /.
XIII.
c. xiij,
&
Denis d' H t licarnaffe,
l.
/ ,
&.
i ...
ne !ont
d'accord lur le nornbre tles
l iv~;e
qu1 compofoiem ce
rccucil , ni (ur le roi anquel il fu e prélenté . lis s'ac–
cordenc íeulell!ent
~
di re que T arquin, foic le pre–
mier, foit le !econd de ceux qui ont porté ce uom,
fit
enferme~
ce reeueil daos un colfre de pierre, qu'il
le dépof:1 dans'un fouterrain du tem ple de J unon au
capicole,
&
qu'il commit
~
la
garde de ces vers qu'on
prétendoi t conrenir le dcflin de Rome, rleux magi–
ftrats fo us le
ti
ere du
dmm1virijilcris fa,·iundis,
•tux:
quels
il
étoit Mfendu de les communiquer,
&
ii qlll
meme
¡¡
n'étoit permis de les coníu lter que par l'or–
dre du roi ,
&
dans
la
fui te par celui du fénat . Cen e
charge étoi t une eípece de facerclloce ou de magi[–
trature Ílcrée, qui jouiffoit de plufi eurs exemptious,
&
qui duroir aucant que la vie.
Quand les plébéiens eurcnt été admis
a
partager les
emplois avec les pacriciens , l'an
¡66
ava nt
J.
C. on
augmenca le nombre de' ces interpretes
des
deflinées
de la nation , comme les appelle P. Decius dans Ti–
t c-Li ve,
fatorttm po¡mti RollwiÍ jnterpretu .
O n les
porta jufqu':l U! K. dont cinq reulement·étoient patri–
eicns,
&
alo rs on les nomma
décemvirs
.
D ans
la
fuire, ce nombre fd't eucore acero de cinq perfon–
nes,
&
on les appella
qrlind¿cemvirs .
L'époqu~
pré–
ci[e
de ce dernie•· change.nent, n'ell pas connue; mais
cornn1e une _lertre de Célius ii Cicéron,
¿pift. lamil.
.J.
VIII.
c.
JV,
nous appre1d que le quindéciinvtrat
efl pl us ancien que la diéla rure de
].Ji
es Célar, on
peuo conjeélurer que le
ch~ngesnent
s'étoit fa ir {ous
Sylla.
C es magillrats que Cicéron nommoit taut6 t
jiby!–
Jinortll/1 interpretes,..,
tanc6c
ji~yllilli
focerdotes
,
ne
p ouvoient conful tC!'"les
Ji;;rer .f kyl/itls
fiws un o1:dre
e xpres du fénat,
&
de-la vient l'exprellion
fi
lou–
·vent répétée dans T ire-Li ve
libros adire
jr~l]i
Jimt.
.€es qnindécimvirs étant les fculs
a
qui la ledure de
.ees livres fu e permif'e, leur rapporc éroit re!!u fans
examen,
'&
le li!nat ortlonnoir
c~1
conféquence, ce
qu'il croyoit
convenjl~le
de faire. Certe confnlration
ne fe faifoi t que lorfqu 'il s'agi llbit de ralln:rer les ei"–
p rits allarmés , par la nouvelle
de quelques préfa–
ges fiich eu x, ou par la vue d'un d.tn•{er drmr la ré–
publ iquc femb loit erre ménacée:
addeponendas
pu–
I ÍtiS
q11am atl jiljcipimdas religiOiles,
Ul t Ctcéron;
&
afin de connoltre ce qu'on devoi t faire pour appai íer
les dieux irrités,
&
pour dérourne¡· l'elfer de leurs
menaces, ('Omme l'obt"erven t Varron
&
T ite-Live.
L a réponfc des
!Ívres jiby//Ílu
étoit communé –
ment, que pour re rendre la d1vir•ité f.tvorable , il
falloi t infliruer une nouvclle fére, ajouter de nou–
velles eérémonies aux anciennes , im noler relles ou
rell cs viélimes,
&c.
Q uelquefois me!me
les
pr~rres
Jibytlins
jugeoien c, <ju'on nc pouvoit dérourner l'ef–
'fet du courroux célellc que par des facrilices bar–
bares,
&
immolanc des viél:imes humaines. Nous en
trouvons un cxemple dans les deux premieres guer–
J"CS
puniques, lel années l2-7
~
21 7
avant]. C.
Les
Jécem~irs
ayan t vu dans
les
livrcs jibyllins
q ue des Gaulois
&
des Grecs s'empareroient de la
vill e ,
11rbcm
oct~~pajuros,
on imagi na que, pnur elé–
~ourner
l'effet de ceetc prédiélion, il
f~ lloit
enrep·er
vifs dans la place , un homme
&
une femme ele cha–
cune de ces de
u~
natio::s,
lenr
fa ire prendre ainfi
poffCITion de la ville. Togte puérile qu' étoit ceere
interprétation , un
tres -granJ nombre d' exemples
nous montre que
les prlncipes de
l'art divinaroire
aelmetroient ees for res d'accommodemens avee la del:
tinée.
Le recuei l eles
vers jibyJ!ins
dépofé par l' un des
T arqui ns dam le ca pi tole, péri c comme ou l'a
vu
au tems de la g uerre focia lc, dans l'embrafe¡;nent d.:
ce temple en
671.
Mais on le h3ta de remédier
a
la
ecrte qu'Oil Vei)Oit de fa ire,
&
des
J'an
76
avant
J.
C. le fénat fur la propofition des confu ls Oéla–
"Vius
&
Curion
~
chargea rrois dt'putés d'a ller cher–
cher dans la vlilc 1l'Emhrée, ce qu'on y confcrvoir
t!es an<:iennes prédiélions de la fibylle. Varron
&
I•eneflelh! Cltéi par Laébnce , ne parlent que d'Eri–
thrée_; mais Denis
d•Halica_n_~;tffe
&
Tacite ajomenc
les
vtlles grecqt1es de la S1clle
&
de l'ftalie .
T acirc qui dcvoir écre intlnlir de l'hi/lr.Jire des
li–
pres jibyllin,-,
puifqu'd étoit du corps des quinde–
cimv,iis, dit qu'apres le retour des députés, on char•
S I
B
gea les
prerr~s
fibylliru
de f:tire l'exameR des dilfl5-
rens morceaux qu'on a"oit rapportés;
&
Varron af-.
ftJroic felon Denis d'Hal icarna([e , que
la
regle qu'
ils avoiel)t fuiv1e, éroir de rejecter comme faux tous ·
ceux qui u'étoient pas alliljetm
a
la méchode acroí–
tiche. N us indiquerons dans la
fuire quelle étoit
cecee méthode .
Augulle éranr
devP.nufouverain pontife, apre
h
more de Lepidus , ordonna une recherchc de
tous
les écrits prophétiquel , foic grecs, foic latins , qui fe
trouvoient eorre les mains des particuliers ,
&
done
les mécontcns pouvoient abufrr pour
troubler fa
nauvelle domination
~Ces
livres_ remis au prétcur ,
momolent ii deux mille volumes qni furent brülés;
&
l'on ne con(erva que les
wrs jibytlins,
done on
fit
m~me
u
ne nouvelle révition .
Comme l'
e.xe;nplaire écrit au tems de Sylla' com–
m~n!;oic
a
s
'al rt!rer, Augufle chargea encare les quin"
tleclmvirs d'en faire une co ie de leur propre mai n,
&
fahs laift r voir
~e
livrc:
i\
ceux qui
toienr pas
de leur corps . O n croit que, pour donner un air
plus
a~1tiqne
&
plus vénérable ii leur copie, il1 l'é–
crivi rent 1\tr ces roiles préparées qui compoloient
les anciens
lihri lintei'
a>'a~r
qu'on connut dans l'oc–
cicl~nt
l'ufage du papier d'Egypte,
&
avant q u'on
eur découvert
a
pergame l'art de préparer le pnr–
chemin ,
carta Pergam•!Jii .
Cet exemplaire
d~s
vers fibyllins
fut enfermé dans
deux coilt-ets dorés,
&
placés dans la bafe de la
flatuc
d'Apollon Pa ll tin , pour n'en Erre tiré que
d.w> les cas cxtraordinai res .
11
rei'Oit inuclle de fuivre les dilférentes confn! ta–
rions de
c~s
livres , nurquécs dans
l'hifloi re romai–
ne; m.Jis nous croyons devoir nous arr! ter (ur celle
qui li: lit par l'ordre d' l\urélien , au mois de Décem–
bre de l'an
270
de
J_
C. paree que le récit en ell
extrémement circonrlancié dans Vopifcus .
Les
Marcomans aya m rraver[é le l)gnube,
&
for–
cé les pallages des Alpes, étoient entrés dan1 l'fta –
lie , ravageoient les pays
titués au nord du P6,
& .
menasoi~nt m~me
la vi lle de Rome, d..Jnt un mou–
vement mal, entend u de l'armée romaine , leur avoit
ouvert le chemin. A la vue dn péril ou fe crouvoit
l'empire, Aurélien naturell ement fuperflitieux, écri–
vit aux pontifes, pour les ordonner confu lter les.
livres fiby/lins.
Il falloit pour la forme un rlecret du
fénat ; Jlnfi le préreur propofa dam l'all'emblée le ré–
quilicoire des pootifes,
&
rendir conwte d
la lettre
dn pn¡¡ce. Vooifcus nous donne un
pr~cis
de la dé–
libération,
qu' i~ com"llence
en ces ter'TJ es:
pr.ttor tlr–
batiiiS dixi
,
referiJJI'u "'' vos
,
patres con(cripti,
pon&i(ic11111 Ji•'?.f"e/lionem,
&
prj11~ipis
Jitteras q1Íbt1s
jubetm·
rtt
;;";¡piciantm· fatales /Íbri,
& ~.
Le decrrc
du J"énat
rap'lort~
enfuite,
odJnn~
aux p Jnttfes
_/ijy !–
litu
de íe purifier. de re
rev~tir
des habits fat:rés .
de montet' au temple, d'en rencnlveller les branches
de laurier, d'ouvrir les livres avee des mains litnc–
tifit!es, d'y cherch"r la deflinée de l'empire,
&
d'exé–
cuter ce t¡ue ces livres ordonneront. Voici les ter–
mes
d~ns
1 fq ·1els Vopifcus rapporre
l 'ex~cution
.iu
decret:
itrtm
df
ad tmrpllfm, injpe<fi Jibri , proditi
verjiu, l11/lrata urbs, catztata cm·mina,
ambtlr~itÍitJ
celebratutiz, ambarva!ia promi(/it, atque
ita folenmi –
tas qtl<f jubebatnr éxpleta
ejl
.
La letcre de l'empereur aux pontifes , qu'il appelle•
patres /a11fli,
linit par des olfres de contribuer au;<
frais des facrifices ,
&
de fournir les vifl imes que
les dieux demanderont,
m~me
.s'il
le fa ut des eap–
tifs de rouces les nations,
mj11slibet gentis captivos,
qtlltlibet aqimalia l'egía .
Cette off•·e mom re que ,
malgré les édi ts de
e~1 pereurs,
.on croyo1r, com–
me Je l'ai dit , les faen lices humams perm1s dans les
occafions exmtordinaires,
&
qu' Aurélien ne penloic
pas que les dieux [e contenteroient de cantiques
&
de procefTions ,
Sa lettre aux
pontife~
commence d'une
fa~on
lin–
g uliere ,
il
a.trque qu'i l efl (Qrpris
q~'on
ba!an"e
ú
l<;>ng-rems
ii
confulter les
livru jibyllms.
fl
lemble,
aJOUCe-t-il , que vous aycz cru dél1bérer dans une
églife de
chré~iens,
&
no n
d~ns
le temple de tous
les dieux :
permde q11a/i
m
.-IJr(/lta_nort~lll eccl~jia,
11011
in templo deomm omnimn
tr11'lt~retu.
Ce
qu• aug•nenre
la ting ularité
&
l'exprellion de
l'~mper~ur ,
c'ell qu'il
efl prouvé
p.~r
les ouvrages de S. Jnflm •. de T héo–
phile d'Anuoche , de Clément d'Alexandne ,
&
d'O–
rigene, que depuis
pr~s
de fi x _vmgt ans, les ohré–
tienl cttoient au tcms d'Auréllen , les ouvrages de
la fibylle ,
&
que quelques-uqs d'entr'eui la trai!oient
¡je prophére{fe ,
·
Les