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118
SI A
les prendre,
&
jamais pour les ruer . O
o
voir rou–
jours un élépham de gude au palais du roi rout en–
harnaché
&
prec a monrer. A l'endroit oit il efl mis
de garde, il y
3
un échaffaud qui ell
ii
plein pié de
l'app3rtement du roi, afio que fans (orcir le prince
puifle m nrer rour-de-(uire fur fon éléphant.
L'eau pure efl la boifl
n.
ordinaire des
iamois;
mais comme c'ell de l'eau de riviere chargée de bour–
be, on la mee dans ele grands vafes pour la laiffer
repoier
&
filtrer pen iant un cercain
e(
pace de tems.
lis hoivenr aufli de deux liqueurs qu'ils appellent
tarí
&
neri.
Le
t~ri
fe tire par iociíion d'une efpece de
coq,¡,tier fauvage; le neri
fe tire de méme de liare–
CJUÍE!i' ,
forre d'arbre done le fruit (e nom¡ne
ar~qut.
]ls boiveot encore des eaux-de-vie de riz, qu'ils éctair–
c ifl'en t avec de 13 chaux.
'Leur dépenfe en habit>,
~~~
logement
&
en ameu–
blemeos n'efl pas coureui'e . D'abord ils o
e
s'h3billent
point: ils vont nuds piés
&
nue
t~te,
&
s'enrourent
feulement les reins d'une piece de roile peiote qu'on
appeile
pag11e ..
Le~ rs
maifons les plus belles fonr de
b o1s,
4¡
a
un leul érage. La pluplrt de leurs lits oe
c onGilent qu'en une nane de jooc. Les cables font
fans piés, fans napes, ni ferviertes, ni cueilleres,
ni fourcherres, ni coute3ux. Point d'aurres íieges que
des narres de jonc. Lcur vaifl'elle efl de porcelaine
grolliere, ou d'argille . Le bois Gmple ou verni!lé leur
1ournir tour le relle. Leur oóurrirure ordioaire cll le
riz
&
le poi!lon . La mer leur donne auffi de perites
torrues
&
des écrevilles. Les fauterelles, les lézards
&
la plu¡>lrt des infectes. ne déplaifeut point
a
leui
gour. Leur.
f:1u !les fon t faires avec un peu d'eau, de
fel , de perites herbes,
&
un peu d'épices, que leur
fou rnifl'em les Hollandois.
Les
form~lirés
de leurs mariages font a!lez limpie$;
ma is
a
ca
u
fe de la chaleur du cl imlt, on a coumme
de marier les filies
&
les gar<_¡ons fort jéunes, de forre
que les filies Ont fouvenr des enfuns
a
l'a<Te de douze
ans . Les hommes pPuvenr avoir
pluúeu~s
femmes,
daos le nombre defquelles il y a en a roujours une qui
ell la principale de routes . Le divorce y ell commun;
en ce cas le mari rend
a
r.,
femme fa principalc dot;
&
ils pJrtagent leurs eníans égalemenr, íi leur nom–
b re ell pair ; s'il ell impair , la
te
mme en
a
un de plus
q ue le mari. Pour les aurre.s femmes
&
leurs enf1ns,
l e mari a
fa
pui!laoce de les vendre. Apres le divor–
ce, le ¡oere
&
la mere peuvcnr aulli veodre les eofans
lJUi leur fonr échus en parrngc.
11
y a des rribunaux de judicarure pour juger cous
les diiFérens des parriculien; m3is il n'y a dans cha–
~ue
tribunal qu'un feu l officier qui air voix délibéra.
t 1ve ; rous les autres ntont que voix confulra rive, fe–
Ion l'ufage de la Chine,
&
autres érars voifios. Les
g ouverneurs des vil!es fonr les chefs des rribunaux.
Dans les proces délicars, on admet
13
preuve d1,1 feu,
de l'eau,
&
des vomirifs. La peine du vol ell la
c ondamnatioo au double ou au tri[>le; n\ais on érend
la peine du vol fur route la pofl'ellion
injuft:~
en ma–
tiere réelle: de forre que lorfq u'on efl évincé d'un
h érirage par proces, on rend non-feulemenr l'héri–
tage
a
la parrie, mais on en paye encore le prix,
moi.rié
a~x
juges. moirié
a
.la partíe. Quand il peur
~
avo1r peme de more, la d.écdion en er; refervée au r01
feul, qui quelquefois feulement accorde
a
des jucres
extraordinaires qu'il eovoie dans les provinces ," le
p ouvoir d'infliger une peine capirale .
Le roi ell encieremenr defpote; rour le peuple fans
dillinélion luí appartient . La feule différence qu'il y
a des efclaves du roi
a
fes fujers de coodirioo libre,
c:'efl que ceux-la font roujours occupés
a
des
trav~ux
perfonncls,
&
fonr nourris; au lieu que ceux-ci ne
luí doi vent de travail que fi x mois de 1'3nnée,
&
(e
nourri!lent
eu~-memes.
Généralemcnr tour le peuple
etl une milice eorolée; mais comme ce prince n'em–
p loie ·jamais tous fes fuj ers daos fon armée,
&
que
raremem il mee une armée en campagne, il occupe
~
rel rravail qu'il lui pla!t pendam fix mois de l'an–
Jrée, ceux de fes fujers qu'il n'emploie pas
a
13
guerre.
Les Si3mois fonr peur-erre le peuple le moins porté
&
le plus inhabi le a !'are militnire. Si les Pé.ruans,
Jeurs voifins, entrene d'un curé fur leurs
terr~s,
ils
entrene dons celles du Pégu,
&
les deux parties em–
menent des
yilla~e!l
enriers en captivité . De liéges,
ils n'en onr ¡ama1s
f.~it;
&
quand ils prenoenr quel–
ques places, c'efl roujours par la faim ou par la rra–
hifon . lis font encore plus foibles fur mer que fur
t'erre: a peine le roí 3-t-il cinq ou íix perits vaifl'aux'
~ui
ne peuvent fervir que pour poner des
march~n-
SI A
difes.
Ses
g-aleres ne fonr que de médiocres bateaax
a
uo po [. avec des rames fort courtes qui arteignent
¡¡
peine
a
l'eau.
&
des ancres de bois .
Les fin3nces du roí confitlenr en droirs
de
douaoc
fur les marchagd1fes qui arl'iveot daos fe< érots,
&
en
UIJ
dmir 3nnuel fur
{Out
es les terres bbourables.
&
f'ur tolls les fruits qui fe
r~cueillenr;
il
a
outre cela
des rerres qu'il fa ir culriver par fes fujets; il a les
ameodes
&
confifcat10ns ; en/in il gagne beaucoup
daos le
eommer~e
qu'il fait feul
&
e•dufivemem fur
la pHl¡nrr des chofes rares qu'on vend eo!uire
a
Ion
profir.
L
s
anciennes lois de
Si11m
ordonoent qu'apre,
13
more du roi, foo frer
fuccédera
a
la couronoe;
&
apre· la more du frere, ou s'il n'y a _poim de frere,
fon fil ainé. Mais ces lois oor éré íi fouveor violées.
&
la fucce.llion a écé ti forr dérnngo!e, qu'a-préfenr
lorf<¡ue le roi viene
o
mourir. celuí de la
fa
mil le royale
qui ell le plus pm!lant, s'empare de la couronne; de
forre qu'il arnvc rarement que le plus proche
&
vé–
ritablc héririer IJlOQte fur le rróne , ou foit en ér-Jt
de
s'y
maincenir.
Le roi de
Siam
a plutieurs grands officiers; favoip
I.
un officier qm
a
la dirc,:lion des cours eriminelles
&
des confifcarions; c'efl une place de urancle coo–
fiance.
2.
Un graod chancelier, qui a la direélio11 des
affaires étrangeres.
l ·
Un graad ch3rnbellan, qui a la
furinrendance des palais du roí .
4·
Le premier juge.
) . Le rcceveur général des revenus de la couronne .
•
6.
Un grand écuyer qui a l'infpeél:ion des éléphans
&
de lenrs équípages .
7·
Un gran d mJ!tre da la maifon.
qui a fous Ion inrendance rous les domefliques du roí,
&
les ballons de fa majeflé.
11
y
a pluGeurs
a
ueres officiers de la cour d'un rang
inférieur, com:ne le chef des
mal~gans, c~lui de~
mo–
res, le receveur des douanes,
&c.
Les Siamois o'onr poinr de nom de famille hérédi–
taire' ils resoivenr les noms qu'ils porrcnr de leurs
mairres
&
de leurs (upérieurs. Les l"'emiers de l'étar
porrent le nom de leurs charges; ma1s nul officier n'a
de gagas; il a
r~ulement
le logemenr
&
quelquefois
de perirs préfens du prince, co01me quelques rerres
labonrables , qui reviennenr encr•rc
a
u roi avec l'offi–
ce apres la more de
l'offi~ier .
Ainti le feul gain
des
offi~es
contille <jaos les concullioos
&
les préfens des
partiauliePs,
ce
qui ell fi commuo que
l~s
moindres
ofliciers en font aux plus grands
:t
titre de
r~fpeél ,
mais en réaliré pour en
~tre
prorégés. La minillere ell
orageux daos ce pays-la, rant par l'inconflaoce naturel–
le du prioce' que paree que les voies font ouverres
a
cout le monde pour luí porrer fes plaimes .
Un ambaflldeur n'eft dlnS ce roya
u
me, comme daos
tour I'Orienr, qu'ufi me!lager eles
rois; il
ne
repré–
fenre point fon
ma!tr~ ;
il ell arréré
A 1
nrrée du ro–
yaume, jufqu'a ce que le roí foi t informé de fon ar-
1
rivée . On te conduit Ó'abord
a
l'audience,
&
il
ue
peur refler dans la capital e aprir
l'audience de congé.
Ll fameufe ambafl'ade de
SiaHJ
en France dans le
dernier fiecle, nous a val u les relarions rle oa royan–
me compofées par le
P,
Tachard , par l'aboé de Choi–
fy, par MJ'4. de Lisie, Gervaife. de Chaumonr,
&
de la Lr>Ubere; mais ourre que roures ces relarioos fe
conrredi
(ene,
elles ri'om pas
le mérite de celle ele
Kcempfer, qui d'ailleurs ell pollérieure
a
tous les vo–
yagcurs que je viens ele nommer.
e
Le cbevalier DIS
} .AVCO'IJRT
• )
Su.~,
(
Gfog. mod. )
capitale du royaume de
Sia111,
&
la
r~lidence
Ju roi. Cette capirale ell appell<'e par
les Siamois
Mma11g-Syo11t!Jia,
&
par les Chw>is
]u~bia
&
'}t~dill.
Lol)g.
(Uivanc Callini , Lieutaud,
&
Dcf–
place,
118. 21.
¡o; fuivant le P. Noel,
11 8.
(í.
30.
Latit.
fuivant les uns
&
les autres, 14,
rs.
Cerre ville ell renommée daos rooce< les
Indes,
quoique trehmoderne, n'ayant p>S aujourd'hui plus
de crois Gecles d'anriquiré. 'Elle écoit auparavanr dans
le líen ou efl préfenrement Bankok, fur le bord oc–
cidental de la grande riviere Menan; f!lais on l'a dé–
molie pour. la rebatir ou elle ell a-pr¿lent, daos une
ile bafl'e formée par cerce riviere . Cecee ilc
a
la
forme
de la plante du pié, le ralon rourné
a
l'ouell,
&
en–
vi ron deux mi!les d'Allem·Jgne de circuir. Elle ell fi.
ruée daos un pays cout-l-foir plat , autant que la vGc
peur s'érendre, !ur un rerrein bas, cpupé par plu–
fieurs canaux qui viennent de la riviere,
&
qui for–
mene tour auranr de perites !les quarrées; de forre
qu'oo ne fauroir alter fort loin fans bareau. Elle
e~
environnée d'une muraille de briques, qui doit
~rre
aujourd'hui tombée
~n
ruine ,
li
on
n~ 1'~
pas r\'ta-
bli~ .
Ptu.