.N!
A
N
de quclque autre mauierc . Souvent
m~me
cette
mannc
gra.f!e
n'ell autre chofe qu'un fue épais mélé avec le
miel
&
un peu de fcammonée ; c'dl ce qui faic que cette
t>lflnn<
en
mielleur~
&
pu rge fo.cement.
On
rejette auffi ccrcoines marTes bl•nche< , mais opa–
ques, dures, pcfanres , qui ne fom point en Clalaélites.
Ce n'ell que du fuere
&
de la
mannc
que l'on a tait
cuire enfemble, jufqu':l la confillance d'un éleéluaire fo –
lidc; mais il ell aifé de diltinguer cette
mamu
anifi ciclle
de celle qui en nlturelle , car elle ell compaéle, peCan–
te, d'un blsnc opaque,
&
d'un gotlt cout différent de
celui de la
mamu .
Daos la Calabre
&
la Sicile , pendant les chaleurs de
l'été, la
mannc
coule
d'elle·m~me,
o u par incifion,
de~
bronchcs
&
des teuilles du cronc ordinalrc,
&
elle
Ce
durcic par la chaleur du foleil, en grains ou en grurneaux.
C cllc qui coule d'elle-rneme
s'app~lle
fPo>tt,tlc:
celle
qui ne
Con
que par incilion efl appellée par les
habitan ~
de
la Calabre,
forz.ata
ou
for~atclla ,
paree qu'on
nc
peut l'avoir qu'en falfílnt une incilion a l'écorce de l'al'–
bre. On appelle
manna di fro.,dc,
c'ell-a-dire
mannt dn
fwillu ,
celle que l'on reeueille fur Je.s feu illcs ·
&
ma>t–
na di corpo,
celle que l'o n tire du tronc de
l'~rbre .
En Calabre, la
mannc
coule d'elle-rnéme daos un tems
fcrein , depuis le
10
de Juin jufqu'a la fin de Juillct,
du tronc
&
des grorfes branche< des arbres . Elle com–
mence
:l
couler fi¡r
le midi ,
&
elle contfnue jufqu'au
~oir fou~
la forme d'une liqueur trcs-elaire; elle s'épaif–
ht enfuue pc11·a-peu,
&
fe forme en grumcaux
qui
durciflem
&
deviennent blancs. On ne les
rama(f; que
le matin du lendemain, en les dérochant avea des cou–
teau x de bois, pourvd que
le
tetm aic été férain pen–
dam la nuit; oar s'il furv iem de la pluie ou du brouil-
1ard, la
mamJt Ce
fond,
&
fe perd entierernent. Apres que
l'on a rnmarfé les grumeaux on les mct dans des vafes
de terre non vernirfés; enti>ite on les étcnd fur du pa–
pier blanc,
&
on les cxpofc au foleil
jufqu':l ce qu'ils
uc s'auachent . P.lus aux mains . C'efl lo ce qu'ou appelle
la
mnnne choijie
du tronc de l'arbrc .
Sur
la
fin de
J
uillet , lorfque ce
u
e liqueur cerfe de
couler, les payfans fom des incifions
dan~
l'écorce des
dcux ron es de frl:ne jufqu'au corps de l'arbre; alor< la
m
eme liqueur découle encore depuis midi jufqu'au fi>ir ,
&
fe
transf~>rmc
en grumeaux plus gros . Quelqucro;s
ce fue elt
11
abondnnt, qu'il coule juíqu'an pié de l'ar –
brc,
&
y fo rme de grandes maffes QUÍ rerfemblent
a
de
b
cire ou
:l
de la réfine. On les y
la
irTe pendanc un ou
deux JOurs, afin qu'elles
fe
durclrfem ; enCuite o n les con–
pe par pctits
mnrceau~,
&
o n les fa it fécher au folcil .
C'cll lil oc qu'on appelle In
mmme
tirée par incifion,
forzata
.&
for~otclla.
Sa couleu r n'ell pas fi blanche;
elle
devtent rourfe,
&
fou vem meme noire
¡¡
caufe des
ordures
&
de la terre qui
y
font mélées.
'
L a troifteme efpecc de
mann'
efl celle que I'on re–
cueille íur les feuilles du
fr~ne,
&
que l'on appelle
man–
" ''
di fronJt.
Au mois de juillet
&
au mois d'1\ollt
vers le midi, on la voic paroltre
d'elle·m~me com m~
de perites goutes d'unc liqueur tres-claire, fur 'les fibres
nerveufes des grandes fcuillcs,
&
fur les veines des pe–
tites. La
c~aleur
.foit fé chcr ces ¡:Otmes,
&
elles fe chan–
gent en pems gratns blancs de In grorfeur du m illet ou
du fromem. Quoique l'on ait fait autrefois un grand
~ra
ge de
cettc "'"""' rccueillie fur
les feu illes, cependanr
on en trouve tres-rorement dans les boutiques d' ltalie ,
a
eaure de la difficulté de la romarfer.
Les habicnns de la Calabre metrent de la ditfércnce
entre la
mannc
tlrée par incifion, des arbres qui en onc
d~¡a
donné
d
1
cux-m~mes ,
&
de la
mannt
tirée pJr in–
cthon des frenes fauvages, qui n'en donnent jamais d'eux–
memes. On croit que cene derniere elt bien meilleure
que la prcmiere; de
me
me que la
manne
qui coule d'elle
me'!l~
du cronc ell bien meilleure que les
autre~.
Quel–
quctots aprcs que l'on a fait l'incilion dans l'écorce des
fréucs, on y infe re des pailles , des chalomeaux , des fé–
cus, ou de petites branches. Le f• c qui coule le
long
de ces corps s'épaiffit,
&
forme de grolfcs gounes pen–
damcs ou ltalaélites, que l'on 6te quand elles lbnt alfe¡
~;.rat~des.;
o!1 en retire la paille,
&
on les fait (échcr au
lolct~:
ti s en forme des larmes
trcs-bcllcs , longues,
erenles, légeres, commc cannelées en-dedans
blanch~'!"',
&
tirnnt quelqucfois rur le rouge. Quand' elles Cont
teches , on les renferme bien précicufe ment dans des caif–
fc.. On ellime beaucoup cette
mannc
rtalaélfte,
&
avec
n tfon:
c~r
elle ne conueot aucune ordure. On l'appelle
c:ommunemem che'l. nous,
mm1nc
~n
/armes.
Apres
In
m<~nnc
m larmn,
on fait plus de css daos
nos
~outiques
de la
manne
de Calabre,
&
de celle qu'on
rccuetlle dans la Pouille prcs d u mom Saint-Aoge, quoi·
'l'omc
X.
MAN
qu'elle ne foic pas fort feche ,
&
qu'elle fo it un peu
1.1~ue . On place apr<is celle-l.i, la
rnan4c
de Sicile , q i ell
plus blanche
&
plus feche . En fin
la m ;ns elli>née ell
celle qui vient d•ns le terrirnire
~
Rome , appellée la
tolpha,
pres de Civira-vecchia, q 1i ell lc-=he, plus op3-
quc , plus pef•nte ,
&
m"ins che
re.
N ous avons ci-defíus nommé en p1rfant
la
m.1mu de
Brimt¡:on'
on l'appelle ainfi paree qu'elle 'découle pres
de Briant¡:on en D auphiné. Certe
m"""'
efl blanche
&
divifée en grume1ux , tantóc de
fi~ure
fphérique
tJnt/1; de
la ¡;rorfrur de
la
coriandre, cautot un
p~u
lon;s
&
oros .
Elle efl
douc~ , •~réable,
d'un goOt de fuere
u~
pcu"réfi–
neux; mais on en fait rarement
ufa~e,
paree qu'elle efr
beaucnup moins purgative qoe celle d' lcalic.
Les feuilles du mélefe tranfudent auffi quclquefois
dans les pays chauds une cCpece de ''"""' au
forc de
l'éré;
mai~
cela n'arrive que qunnd
l'année
d i
chaude
&
feche ,
&
poinr antr<·mont. On a bien de
13
peine :l
féparer corte e(pcce de
manne,
qnart d il
y
en
3
fur des
feuillcs du mél /:fe, o
u
eile
cll forrement atta.:hée . Les
payfans pour la recrtleill ir, \'Oilt le tnatÍO aba!lre
l
COUpS
de hache , les branches
de
cet arbre , les
m~ucnt
par
mnnccaux,
&
les gardcnt
a
l'om re. Le fu e qui
erl
en–
eorc tro p mou pour pouvolr
~rrc
eucilli , s'épai ffit,
&
fe
durcic dans l'efpace de vingc-quatre heures; alors on le
ramarfc, on l'expofc au roleil pour qu 'il
(e
fecho enrie–
rement,
&
on en fépare autanr que l'o n peut , les perites
feuillcs qui s'y truuvent
mél~es.
Cette réculte
c(l
des
plu< chétivcs .
Enfinnous avonsremarqué qu'on connoilfoit en O rient
la
manne alhatine:
elle dlainfi nornrnéc paree qu'on la
tire de l'arbrirfeau
nlha.~i .
V oy<'(.'
ce qu'on
a
d;t de la
mamu alhatillc
en décrivont
l'arbrt{lt.
J'aJrn'lcerai feule–
mem que la
manne alhagi>u
ne femit pas d'upe moin–
dre vertu que cclle de Calabre, fi elle étoit ramarfée
proprement.,
&
nettoyóe des o rdures
&
des feuilles dont
elle ell chargée.
L e célebre Tournefort ne doute point que
~erte
maw–
'" orfentale ne íoir la rn€me que le
ttrtniabiw
de Séra–
pion
&
d'Avicenne, qui ont écric qu'il tmnb¡¡it du
c.d
cornme une rofée, fur certains arbrirfeau x
char~és
d'é –
pines. En ef!cc,
l'olha~i
jeete de petites branches fans no'T\–
bre,
hérilfée~
de toutes partS d'épines de la lnngueur
d'un pouce,
trcs·ai~ul'< , gr~les
&
fl exibles . D '.illcur
il
crolc aeondamrnent en
E~ypte ,
en Arménie, en (iéor–
gie , on Petrc furtout, aucour du monc Ararat
&
d'Ecbl–
tane,
&
dans quelque· ílos de
1' 1\rchip~l.
Je 6nis ici cct anicle , qui méritoit que! que étendue ,
paree que !'origine de la
manne
elt
fort curienfe, paree
que les anciens ne l'ont poinr découverre.
&
paree qu'en–
fin
e~
fue concret fou rnit
¡¡
la medecine, le meilleur
purgatif lénitif qu'elle connoirfe , convenable
a
tout
3~e,
en [Oll! pays, ;\ !OU!
fe~e ,
;\ !Ollte oonllitntion,
&
pref–
que en comes Cortes de m.1lndies. (
D. '}.
)
M ANNE,
(lltfl.
nat. C him. P harm.
&
mat.
mld, )
man
ou
manna
ell un mor hébreu , chalda't'que, arabe ,
grecr
&
latín, que nous avons
anfii
adop!é,
&
qui
a
été
donné, die Geotfroy,
a
quatrc Cortes de lublhnces. Prc–
mierement
~
In nourrirure que D ieo envoyn a
u~
J
uif~
dans le M fert; ou plus anciennemenc r.ncorc,
ií
un fue
épais, doux,
&
par conféquent alimemeux, que les peu –
ples de ces concrées ooonoilfoient déja ,
&
qu'ils ima–
giooiont tomber du ciel rur los feuilles de
qu~lqu~s
ar•
bres. Car, lorfquc cette
rof~e
célelle fut apper9uc pour
la premiore fois par les lfraélites, ils
fe dirent
les uns
aux autres ,
mnn·hu ,
qui
li~nifie ,
fel on Saumnifl! ,
c'efl
dt la mannr.
Ce pe
u
pie
re
trompa cependant, en jugeanc
fur cctre reflcmbl•ncc; car, felnn le témoignage incon·
tcllnble de l' hiltorien (ncré, l'aliment que D teu envoyl
aux lfraélitcs dlns le déíerr, leur fut miraculeufement
aceordé, par une proteaion tome part'c\l!iere de
r:,
pro·
vidence · au lieu que
k
[uc miedeus dnnt ils luí donne–
rent le
~o
m, étnit, enmme noos
l'avons déja remar·
qné
une produélion
tome
namrelle de ce climae, oií
elle 'efl encare alfcz commune anjnurd'hu i .
Voilií done déJ1 deux
fubflances difléremes qu'on
trouve défignécs par le nmn de
mmmt.
,
L es anciens Grecs ont dnnné aulli
trcs-commoné–
mcm ce nom
ii
une matiere fort différonte de celle-ci ,
favoir
a
l'o!tbnn
ou
cnunJ
rl petitJ
gramJ.
{/oye~
EN ..
CEN
•
Enfin, quelques Botanll'es ont appellé
man>u,
la gro:–
ne d'uo certain gramen, bon
a
m3ngcr'
&
connu fous
le nom de
gramw daOyloides rfwlcntum, gr•mrn man–
'"''
t[cttlentum, &c.
.
N ous ne donnons aujourd'hui le n
om de mamz:,
qu'
a
une feule matierc ; favoir 3 un corps concr.er,
m1ellc~
t ,
d'une coulcur mane
&
terne,
bl~ncbe
ou Jaunatre, d
ll>
E
z
ne