MA NII!:RI:S
FA ~ ONS,
(
Sy nom. )
lfs
ntuitrtl
(om
f'expreffion des mceurs de la nation , les
fa¡onJ
font une
charge des
ma>fitra,
oo des
ma11iau
plus reche.rchl!es
daos quelques individus. L es
manitrtJ
devieouent
fafonJ
quand elles font affeét ées. L es
faponJ
font des
m•'"""
qu i ne font point ¡¡énérales,
&
qui Iom propres
a
un cer–
tain caraétere paruculier, d'ordinaire peti t
&
vain.
MANIERE
gra11dtur
¿,,
(
Archittllure . )
1~
grandeur
daos les ouvrages d'architeéture peot s'envifa¡¡er de
deu~
fa~ous;
elle fe rappone 3 la marre
&
au corps de l'édi–
fi ce , ou
i
la
manitrt
dont
il
cll
b~ti .
A
l'égard dG premier point, les ancicns n¡onumens
d'architeéture , fur-tout ceux des pays orientaux l'empor–
toient de beaucoup fu r les modernes. Que pou voit·on
voir de plus é tnnnaot que les muraílles de Babylone,
que fes jardins M tis fur des votltes
1
~
que fon
tem~le
dédié
a
]upiter-Bélus, qui s' élevott
a
1~
hauteur d' un
m ille, ou il y avoit huit différens
éta~es,
chac1fn hat¡t
d'un fiade ( t
l
f
pas géométr_iques),
&
au fommet. l:ob–
fcrvatoire babylnnien? Que dtrons-noos de ce
prodt~teux
baffin, de ce réfer voir artificiel qui contenoit l'Euphra·
te, 1ufqu'a
ce
qu'on tui etlt drelfé un nouveau
can<~l.
&
de tOliS leS foffés
a
tr3Vt=tS
lefqueJS
00
le ,fit CO\tler?
11 ne fzu t poiot traiter de fables ces merveillcs de l'att,
paree que nous n'avons pl us
aujourd' ~ui
de parelis
?u–
vrages. T ous les H ifloriem qui les décrivoient n'étorent
ni fourbes ni menteurs . La muraille
de
13 Chinc eíl un
de ces éditices oriemaux qui figurem dans la mappemot¡ ·
de ,
&
dom la defcriprion paroitroit flbtliel)fe, íi la m u·
raille
elle-m~me"
ne
fubfiflnlt aujourd'hni.
Pour ce qui regarde la
grandenr dt manltrt,
daos les
ou vrsges "d'architcéture, nous fom mes bien
éloi~nés
d'é–
galer édle des "Grecs
&
des Romains . La vlle du feul
Paruhéon de Rome fuffiroir pour défabufer ceux qui paot·
feroient le contraire. Je n'ai pas trouvé de ¡uge qui air
v¡1 ce
f~p,erbe
1emple, fans reconnoi¡re qu'ils avoienr
éré frappés de fa nobletfe
&
de fa majeflé .
Cette
grandt~tr
de >t¡aniert,
en architeéture, a tam
d~
f orce f'ur l' imaglnation , qu'un petlt bitiment ou elle
r~~oe,
donne de plus nobles idées
a
l'efprit , qn' un autre
bhiment vingt fois plUS étendu
a
J'é~2rd
de la mafTc ,
ou cette
manitr<
e!l commune . C'cfl ainíi peut-érrc
qu'on auroit été plus Curprís de l'air majeflneux qui pa–
roiffoit dans une flatue d'1\lexandrc faite par la main ce
~ilippe,
quoiqu'eÍie ne fOt pas plus grande que le natu·
re! , qu'on oc
l'~urqir
été
a
la vile du mont Athos, li,
comme .Oioocrare le propofoit , on l'ctlt taillé pc>u r re–
¡>r.éfemcr ce conquéran¡, avec une riviere fur !' une de
fes m•ins,
&
une vil!e !Ür l'autre .
'
M . de Chambray dans fon parallelc de l'architcéture
ancienne avec la ll}Oderne, recherche le príncipe de la
qifférence des
manitru,
&
d'ou vient qu 'en une po·
reille quanrité de fpperficie, !'une Cemble grande
&
ma·
gnifiqu e,
&
l'a)ltre paroir peci:e
&
mefquine
¡
la raifon
c¡u'il en do'nne eil fort íimple; il dit que pour introdui–
re daos l'archheéture certe
¡randtur dt manitu,
il faut
faire que la divilion des pnncipaux membres des ordres
ait peu de parr ies,
&
qu'elles foient routes ¡¡randes
&
de grands rellefs, afin que l'ceil n'y voyant neo de pe-
1Ít,
l'imagination en foit fortement tom:hée . D aos une
corniche, par eumple, ti
la
doucine du couronoemenr,
le larmie, les modillons ou les denticules viennent
:l
faire
une be!le montre avec de grandes faillies,
&
qu'on n'y
r emarque point cette confuhon ordinoire de petits cavers,
de quarts, de ronds , d'oflragales ,
&
je ne fais quelles
s utres parricularit ¿s
entrem~ lécs,
quí loin de taire bon
c.ffer dans les grands ouvrages, occupent une place inu–
ttlemenr
&
anx dépens des principaux membres,
il
efl
tre ·certaio que la
mnnitrt
en paroitra fiere
&
grande;
tour au-contnire, elle deviendra petite
&
cherive, par
la qnantité de ces
m~mes
oroemens
qui partagent Jlan–
gle de la vü_e en
t~ot
de rayoos
ú
prefi.és,que tour lui
fem ble confus.
En un mor, fans enrrer daos de plus grands d<!tails
qui nous ntcneroient trop loin , il fuffit d'obferver qu'il
.n'y a rien dans 1' Architeaure, la Peinture, la Scolptu–
re,
&
rous
le~
beaux -ans,
~ui
plaife davantaue qu_e
la
/?rnw~ttJr
de manitrt:
1001
ce qui ell
majeflue~•
frappe,
unprtme du refpea,
&
fympat ife avec la graodeur oa–
rurelle de !'ame .
( D . '] . )
MAstERE,
en P tinlurt,
efl une fa)OO particuliere
que chaque pelmre fe
foit de deffiner, de compofer ,
d'exprimer, de colorier; felon que
ceu~
mawiert
appro ·
che plus ou moins de la nature, ou de ce oui ell dc!ci·
d~
beau, oo l'3ppelle
hon•l
ou
mauvai[t
manirr~ .
Le
m~me
peintre a fucceffi vement rrois
m.snitrtJ
&
quclquefo:s
davanra~e;
la premiere viem de l'habitude
daos
l~quellc
il
eíl d'imiter celle de foo maitre: ainíi l'on
MAN
reconnoit pa: l<s buvrages de te!,
q~1'il
fort de l'éc,>le
eje te! ou te! mairre; la feconde fe turme par la décou–
-verte qu'il fait d,; bca11tés de la nnturc ,
&
alors
il
chan–
ge bien uvamageufemenr; mais fou vent au-lieu de fubiíi–
tller la n
ature
a
la
manitrt
qu 'il a prife de ron maitrc,
il adopr.e
p.trpréférence la
manit~·t
de quelque sutre qu'il
croit meilleu re; en fin de quelques vices qu'ayenr été en·
tach¿cs fes différenres
ma,itrtJ,
ils foo t roujours plus
outrés dans la troirieme que prend un peintre,_& f' der–
niere
ma»itrt
~ll
COUJOUrs
la plus mauvaife.
V e
m~me
qo'on reconno'lt le fl yle d'un auteur nu l'écriture d'une
~rfonne
qui nous écrit fouvent, u n reconno1t les ou–
.vra~es
d'un peintro dont on a vu C.mvenr des tableaux ,
&
1 on app_elle cela
connoítrt la Hfnniert .
11
y a des per–
fonnes qui pour avoir vt1 bcaucGltp d• tablenux, connoif–
fent
les différen<es
manitro,
&
favent le nom de leurs
auteurs,
mém~
beaucoup
mico~
que les Peint res, fans
que pour cela ils lotent en état de
ju~er
de
11
b""uté do
l'ouvrage . Les Peiutres fon t
(j
manilrh
daos leurs
O~·
vra.~
es, que quoique ce fi>it 3 In
ma'fitr•
qu'on les
:e·
czonnoi(fe, les ouvragqs de celui qui n'auroit point de
md–
,;,,, fcroiem
l.e plus facile;nent
r~connoltre
lenr au–
teur.
MANIES,
f.
f.
(Mytb.)
déetfes que Paul'a nias croit
étre les mét-nes
qu~
les Furies ; elles avJient un temple
fous ce nom dans I'Arcadie , ptcs du lleuvc
Alph~e,
au
mémc endroit ou O relle perdtt Jlefprü, apres avoir rué
fa mere.
( D . '] . )
M A N 1E
1'
TE,
C.
f. (
Tmpri..,t ur
tn
toilt.)
petit
morceau de feutre dont on fe fert pour frotter les bords
du chaffis.
M ANlEURS,
C.
m. pi.
(Comm . ~
e'
font desga–
&nes-deniers établis fo r les porr
de P.16s, & qui y fub–
ltilent en remuant ave¡¡: des pelles les blés qui
y
reflem
quelquc tems. lis ne fom pa
da enrps, comn¡e plu –
fieurs autres petits officiers de la vil!e.
DiEliM. dt co»t·
Hure~.
M A N l F E S TE,
f.
m. (
D roit pp/ie.)
déclamion
que font les Princes,
&
autres pm(fanccs , par un écrit
p11blic
l
des
rair'ons
&
mnyen' lur lefquels ils fondent
leurs aroits
&
leurs prétenrions, en
com men~1nt
quel –
que guerrc , ou aurre entreprHC; c,cl1 en deux mors l'a–
pologie de leur conduite.
Les anciens avoient une cérémonie augu fie
&
fo·
lemnelle , p2r laquclle ils faifoient intervenir dans la dé–
claration de guerre, la majefié divine, comme témoin
&
vengeretfe de
l'injurlice de
ceu~
qui fnuticn roient
une telle guerrc inJuflement.
Peut-~rre
auili que leurs
ambalfadeurs éraloicnt les raifons de b guerrc dans des
haraogues cxpreffes, qui précc!doient In dé noneiation des
hérauts d'armes : du-moins nous trouvons de td les ha ·
rangues daos prefque ¡ous le H irloriens, en particulier
daos Pol ybe, dnns l'ire-Live, dans Thu cydide,
&
ces
fones de pieces fou t d'uo grand ornement
a
l'hifl oire.
Que ces
haran~ues
to ient de leur propre génie ou non
il en tres-probable que le fond en erl vrai,
&
que les rai:
fons ju(liticatives, ou feulement perfual"ives, om été pu–
bl iées
&
alléguées des deux cótés. Sans doute que les
Romains cmployoient route leÚr force de plumc p.ntr
colorer le_urs guerres,
&
fur cer article, Jamais peuplc n'eut
plus bef<>1n des fupercherics de l'éloqucnce que celui-1:1.
Les puitfances modernes é1alenc 3 leur tour, dans leurs
écritS publics, rous
les artífices de
la
rhétnrique ,
&
rou t
ce _qu'elle.a d'adrctfe, poar expofer la
JU
ice des caufes
qm leur tont prcnd re les armes.
&
les torts qu'ils pré·
tendent nv'?ir
rc~us
Un mouf de politique
:1
rendu necetfaires
ces
mani·
fef/tl,
daos
.il
íitoation ou font
:l
l'égard des uns des
a.u ~res
les prtnces de I'Europe , liés enfemblc par la re–
hgtc:n , par le fang, par des all iances, par des ligue< of–
fen_ltves
&
défen(ives.
11
eíl de la prudence du prioce
qut déclare la guerre
a
un .nutre, de nc pas s'attirer en
meme
Ce•ns
Jur les btaS tOliS les aJliés de ceJui qu'il at–
taque: c'efl en portie pour détourner cet incon vénieot
qu'on
fai~
aujourd' hui des
mani(tfltJ,
qni renfermenc
quelquefo15 la n ifon qui a déterminé le prince
á
com–
mencer la guerre fans la déclarer .
Ce n'efl pas cependant fur 11es forres de pieces qu'ils
fondent .le plus
Ir
fucces de leurs armes, c'efl fur letlts
P!éparattf, , leors forces, leurs alliances
&
leurs négo–
ctatlons.- lis pourroient rous s'exprimcr comme fit un pré–
teur lum_daos une
a fiembl~e
ou l'on déli!>éroit ce qu'on
répondrott aur Romains, qui fur des
foup~ons d~
ré–
volte, avoiem mandé les magiflrats du Latium. , M ef–
"
fieurs, dir-il, il me femble que daos la conjnnéture
, préfeote nous devons moios nous embarralfer de ce
, que nous avoos
:1
dirc que de ce que nous avons
¡¡
, faire; car quand nous aurons bien pris ootre partí,
&
., bie_n