MAN
ne odeur dégoütante de drogue, qu'on ramaiTe dans dif–
férentcs contrées, íur l'écoree
&
fur les ftuilles de plu·
licurs
:trbre~.
Le chapitre de la
wa11Ht
de la matiere médicale de
Geotrroi , ell pleio de recherches
&
d'éruditioo . Cet au–
teur a ramaiTé rout ce que les auteurs ancieos
&
mo–
dero< ont écrit de la
mamu .
11
prouve par des palfa–
ges tirés d' Ari!lote , de Théophrane, de Diofcoride, de
Galien, d'Hippocrate, d'Amynrhas, de Pline, de Vir–
·gile, d'Ovide, d'Avicenne
&
de Serapion, que tous ces
3utcurs, grecs, latins
&
arabes, o
m
fort bien cont•u na–
rre
mamu,
fous les noms de
m
id,
de miel de ro[Je, de
mi<l dltfl•, d'huile mitlltu[t, &c.
&
que la plupart onc
avancé que cette matiere tomboit du ciel, ou de
l'air.
Plioe, par exemple, met en quenion,
G
Con miel en ro·
fée en 'une efpece de fueur du
ciel,
de falive des anres,
ou une forre d'excrément de l'oir .
Ce préjugé fur !'origine de la
manne,
n'• été décruit
que depuis cnviron deux íiecles . Ange Palea,
&
Bar–
thélemi de la
V
ieu x-ville, francifcains, qui ont donné
un commenraire fur Mefué en
1
5'43,
otH été les
p~e
miers qui ont écrit que !J
"'annt
étoit un
fue épa>f!i
du
fr~ne.
Donat-Antoine Altomarus, médecin
&
phi–
lofophe de N aples , qoi a été fort célebre, ''ers l'année
1
H8,
a confirmé ce Centiment par des ob[ervations dé–
citi ves, dont voici le précis.
Prem ierement, aya
m
fait couvrir des frenes de toiles
ou d'étoftcs de laine, pendant plufieors jours
&
plufieurs
nuics, en Corte que
h
rofée ne pouvoit tomber delfus,
on nc hiffa pas d'y trouvtr
&
d'y recueillir de
laman·
m
pendant ce rems-la.
.Secondement, ccux qui recueillent la
manne,
recon–
noilfenc qu'apri:s l'avo[r ramallée,
il
en Cort encare des
mémes endroics d'ou elle découle
p~u-a-peu,
&
s'~paiffit
enCuite par la chaleur du foleil .
'
Troifiememem, íi on fait des incifions dans ces arbres,
il
en découle quelquefois de la véritable
mann•.
Quacriemement, les gens
el
u pays alfurem avoir vu
des cigales, ou d'aurres anir¡uux, qui avoient percé l'é–
corce de ces arbres,
&
que le< ayanr chaffés, il étoit
forti de la
mannt
par le trou qu'ils y avoient fait.
Cinquiemement, ceux qu i font du charbon, out fou–
vem
remarqué que la chaleur du feu fait fortir de la
manne
des
fr~nes
voifins.
Sixiemernem, il y
a
dans un mi:me lieu des orbres qui
donnent de la
mannt,
&
d'aqtrcs qui n'en donnene point.
Ces obfcrvations d' Alcomorus ont été confirmées par
Goropius , daos fon liyre intit ulé
Nilofcopi~fll,
par Lo–
be!, Penna, la Cone, Corneille Confencin, Paul Boc–
cone
&
pluíieurs aurres naturalines .
Exenút
de la mat .
mld.
de
G~ofrroy.
C'en un point d'hinoire naturelle
trcs-décidé au–
jourd'hui, que la
manne
n'efl autre chofe qu'un fue vé–
gétal, de la clalfe ejes .:orps muqueux, qui décoole foit
de lui-méme, foic par incilion, de l'écorce
&
des feuil·
les de certains arbres .
'
On la trmn•e principolement fur les
fr~nes,
alfez com–
munémen t fur
les melefes, quelquefois fur
le pin, le
fapin, le chéne, le genéyrier, l'olivier; on trouve fur
les feuille; d'érable, méme daos ce pays une fubflance
de cette t¡ature; le
fi guier fournic auffi quelqutfois un
fue tres- doux, qu'un rrouve fur fes feuilles, fous la for–
m~
de petits grains, ou de perites gouttes deiTéchées.
La
mamu
varie beaucou p en forme
&
en conlillan–
ce, [clon le pays
o\J
on la recu•ille,
&
les arbres qui
la fourni(fent. ' Les autcurs nous parlent d'une
mannt
li·
quide qui' en tros-rare parmi nous, ou ploti)t qni ne s'y
trouve poim; d'une
mmrne maftichina,
d'une
manne óom–
hycine,
d
1
unt:
ttzanne
de cedre,
m11mu
alhagine,
&c.
On
trouv~
encare la
mmmt
dininguée daos les
trqi–
tls
du
dr~~tus ,
par les no
m~
des pays d'ou on nous
l'apporte ; en
mamu
orie.nrale,
manne
de l'lndc,
mnnne
de Calabre,
manm
de
Brian~OI],
&r.
·
·
D e tou,tes ces efpeces de
111anne,
nons n'employons
en Médecine que celle qu'on uous apporte d'ltalie,
&
particnlieremenc de Calabre on de Sicile. Elle naí'c daos
ce pays fur deux diffÚentes
e[
peces, ou plutót variérés
de frenes; f.woir, le pctit
frene ,
fraxiHus hrmzilior,
jiw
nlt<ra 'rhtopbrafli,
&
le frene
a
feuille ronde,
fra–
xin:u rotundiore folio .
Penda
m
les cl]aleurs Je l'été, la
mmmt
[ort d'elle–
m~me
des branches
&
des foailles de cet arbre, fons la
forme d'un fue gluant, q¡als liquide, qui fe durcit bien–
cót a l'air' meme pendant la nuit, pourvu que le te
m~
fcit ferein ; car la récolte de la
ma11nt
efl' perdue, s'il
fur vient des pluies ou des brouillards . Celle-ci
s~appelle
m,.,,,
[ Pontanlt .
La
mamu [pontanlt
efl diflinguée en
mannt
du tronc
&
des
~ranchcs,
di corpo,
&
en
manne
MAN
des fenilles,
di fronde.
On ne nous apporte point de
cette derniere qui en tri:s-rare' paree qu'elle en difficile
ii
ramalfer . Les habirans de ces pays fonr auffi des in–
cifions
3
l'écorce de l'arbre,
&
il en découle une
man·
m
qu'ils appellcnt
fonata
ou
forzattll•.
Cette derniere
opération fe faic, des le
commencemen~
de l'été, fur
certains frenes qui croitfent [ur un terrem fee
&
pier–
renx,
&
qui ne donnt:nt jamais de la
manne
d'cux-me–
mes;
&
a la Í!n de Juillet,
,a
ceux qui om fourni jufqu'
alors de la
Yl'ltJ71iU
Jpontanee
.
N ous avons dans nos boatiques !'une
&
l'antre de
ces
manno
dans trois différens états.
1°.
Sous la for–
me de
~rolfes ~outtes
ou flalaélites,
blanch~cres,
opa–
ques, feches, carf.1nces, qu'on •ppelle
mannt
m
larmu.
On prétend que ces gomtes fe fom formées au bout de¡
pailles, ou petlts batons que le pay[ans de Calabre a¡u–
Oent daos les incition qu'ils fonc aux frenes. La
man–
"'
m
/arma
c!l
la
plus eflimée,
&
elle mérite la pré–
férencc, a la feu le infpeéliou' paree qu'elle ell la plus
pure , la plus manife!lement inaltérée.
2°.
La
manm: en fortt:
ou
en mnron1,
c'efl~3.·dire,
en
petits p1ihs formés par la réunion de pluíieurs grains on
grumeaux collés
enr~mble;
celle- ci en plus jaune
&
mofns feche que la précédcnte; elle en pourtant tri:s–
bonne
&
tres-bien confervée. La plfipart des apothiquai–
res font un triage daos les cailfes de cette
ma11ne
m
for–
te;
ils en féparent les plus beaux morceaux, qu'il gar–
dent
ii
pare, fous le nom de
manne cboijit,
ou qu'ils mé–
lent avec la
manne ew
l.~rmn.
3Q·
La
mannt
~traf!e ,
ainfi appellée paree q•1'elle efl
molle
&
onélueu[e, elle en auffi noiratre
&
[ale C'dl
tres-mal-a·propos que quclques per[onnes, parmi lefq uel–
les on pourroit compter des médecius ,
la prét'érent
a
la
mannt fuh•.
La
mannt g raf!•
en toujours une dro–
gue garée par
1'
humidic~,
par la pluie ou par l' eau de
la mer, qui ont pénétré les cailfes rlans fefquelles on
l'a apportée. Elle fe
trouv~
d'ailleurs fouvent fourrée de
miel, de calfonade commone
&
de [cammonée en pou–
dre; ce qui fa it un remede au moins infidele , s'il n'efl
pas
toujours dangereux , employé dans les cas ou la
mamu pure
en indiquée.
l':lous avons déja obfervé plus haut, que la
mamu
de–
voit
~tre
rapportée
a
la cla(fe des corps muqueux: en
etf'et, elle en a tomes
les proprié tés; elle donne dan¡
l'analyfe chimique tous
les
príncipes qui fpécifieot ces
corps.
Voy<::.
MuQUEUX. Elle cont>ent
le corps nu–
tricif
y_6~étal.
Voy•z:.
No uRRISSANT. Elle en capable
de donncr du vio.
Voyez:.
V
1
N.
La partie vraiment médicámenteufe de la
manne,
cel–
le qoi conn itue f.1 qualité purgativc
1
p~rolt
étrc un prin–
cipe étranger a la Cubfl ance principale dont elle efl for–
mée,
a
u corps doux. Car quoiqne le miel , le fuere ,
lts fucs des frnits d0ux lacheot le ventre daos quelqnes
cas
&
che•¿ quelqoes
tuj~ts,
cependant ces corps ne peu–
vent pas érre regardés comme véritablcment pnrgatifs,
an lieu que la
mmmt
en ' un purgatif proprement dit.
Voyrz
Doux.
Voyez:.
PuRGf.>TIF .
La
manne
efl de toas les remedes employés dans la
pratiquc moderne de la Médccine , celui done
l'ufage
en ·le plus fréqucnt, fur-tout
d~ns
le traitement des ma–
ladics aigues, paree qu'il re!pplic l'indication qu; te pré–
fente le plus commun¿ment daos ces cas, favoir, l'éva–
cuation par les couloirs des intellins,
&
qu'elle la rcm–
pl it eflj cacement, dou,cement
&
fans
dan~er.
p
_feroic fu perflu de fpéci6er les cas <jans lefquels il
convtent de purger avec de la
mqnne ,
comme cous les
pharmacologincs l'ont fait,
&
plus encare d'expliquer
comme eux , ceux daos lefquels oo doit en redoutcr
l'ufage. Elle r¿nffit parfaitement tolltes les fois qu'uoe
év~cuation
douce en indiquée; elle concourt encare a[–
[e'¡;
,efficacement
il
l'aélion des purgacifs irritans, elle pur–
ge méme les hydropiques' elle en véritablernent hydra–
gogue,
&
enfin elle ne nuit jamais, que daos les cas ou
la porgatiqn en abfolun]ent conrr'indiquée.
On la donoe
quelquefoi~
Ceule,
!i
la dofe de deux on–
ces jufqu'a trois, daos les [ujers fac iles
a
émrmvoir, ou
lorfque le corps efl difpofé
a
l'évacua¡ion abdominale.
On la fair fondre plus ordinairement dans une infution
de íen6, dans une décoéliou de
t~marins
oo de plantes
ameres; on la donne au!Ii a
v~c
la
rhu~arbe,
avee le ja–
lap,
a
vec différens fels, notammeut avee un ou deux
gr~ins
de tartre-émétiql!e, doot elle déterminc ordinai–
remcqt l'aétion par les [elles.
' On corrige aflet ordinaircmeoc fa faveur fade
&
dou–
ceatre; en exprimant dans la liqueur ou elle 'en diiTouce,
un jus de citron, ou en
y
ajoutant quelque¡ grains de
cr~me
de tartre; m1is ce n'en pas pour l'empc!chcr de
[e
changer en bile, ou d'entrctenir une cacochimie chau-
de