Table of Contents Table of Contents
Previous Page  611 / 792 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 611 / 792 Next Page
Page Background

LUN

découvcrte

~ppartient

aux modernes

&

les ancñens n'cn

onc

poiot cu connoiff:.mce.

'

Jc ra¿ bien que les G rccs

&

les Romains avoient des

ouvrier~

qui faifoient des yeux de verre , de cryfhl,

li'~"

d'argeot, de pierres prc.'cieufes pour les flatlles ,

pnnc1palement pour celles des dieux. On voit enca re

des retes de lcurs divinités ' donr les yeux font creufés :

telles fonc celles d' un Jupiter Ammon d'une BlcchaR–

te , d'une idole d' Eg pte, dont on a d'es figu res . Pline

parle d'un lion en m'tbre, dont les reux étoient des

<!meraudes; ccux de la M inerve du temple· de Vulcain

a

Athcoes, qui, felon Paufanias, brilloient d'un verd

de mer , n1étoiem fans doute aurre chofe que d<s yeux

de _béril. M. Buonarotti avoit d>ns fon cabinet quelques

peme~

flatues de bronze avec des ycux d'argent. On

nommoit

fab(r oculariHs,

l'ouvrier qai faifoit ces for–

res d?ouvrages;

&

ce terme fe trouve dans les marbres

f4pulchraux; mais il ne fig nitioit qu'un faifcu r d'yeux

po(jiches ou artiticiels,

&

nullement un f.1ifeur de

lunar

ta,

telles que celles dont nous faifons ufage.

ll (erqit bien étonnont ,., les anciens les cnlfent con–

mtcs. que l'hifloirc n'en et1t jamais parlé

a

propos de

vieillards

&

de vu• cou rte. 11 fcroit encare plus furpre–

nant , que !es Poetes de la Grece

&

de R ome, nc fe

fo(fent jamais permis

a

ce fuiet aocun de ces üaits de

fatyre ou de plaifamerie, qu'ils ne fe font pas refufé

a

tam d'amres égards . Comment Pline qui ne lailfe ríen

échapper, aoroir-il ubmis cctte découvcrte daos fon ou,

vrage,

&

parriculierement dans le

/iv.

V /f.

ch. lvj.

qui

traite des invenreurs dos chafes? Gommcm les medecins

gr~as

&

romains, qui indiquent mil le moyens pour fou–

lager la vt1e, ne difent· ils pas un mot de celui des

lu–

nettu~

Enfi n comment leur ofage qui efl fqndé fur

les befoins de l•humanité , auroir-il pt1 celfer? Comment

l'art de faire un inflrumem d

1

optique

fi

fimple,

&

qui

ne demande ni talenr, ni

"~nie,

fe feroit·il Perdu daos

la fuite des tems 1 Copcluons dor¡c, que lés

lu>uttes

font une

iovemi~n

des modernes,

&

que ks ancicns ont

ignpré ce beau lecret d'aider

&

de foul ager la vñe .

C'e(l"fur la fin du xiij. fiecle, entre l'an u8o

&

1300,

que les

ltmotte.s

furent uouvées; Redi témoigne avoir

eu daos fa bibliotheque un écrit d' un

Sc~ndro

D ipo–

ponp

1

comppfé eo 1298, daos lequel il dit : , je fuis

., fi v1eux que je ne puis plus lirc ni éqire fans verres

,,

qu'on nomme

l~t~tette.J , fen~a

ru&hiali

,.

Dans

le

di–

dior¡qairc italien de

l'acad~mie

de la c.urca, on lit ces

paroles att mot

oceh.iali:

,

frere J ordanus de R ivalto ,

, qui fi nit fes jqurs en 1311, a faít un livre en 1305,

., dans lequel

i1

dit, qu'on a découv.ect dopuis

w

ans

,~

l'arl utile de polir

d~s

verres

a

IIJIIe.,tln

,, •

Rog-er

Bacon mort

a

Oxfprd en 1191 , connoirfoit cet art de

travailler les verrcs ; cepcodant ce fu t vrailfemblablement

~n

'Italie

qu'on

en troúva l'invention .

Maria M anqi dam fes opufcu les fcientifiques,

tqme

IV.:

&

dans fon perit livre intitnlé

Jo

¡¡1'

occhiali d<l

nA–

Jo ,

qui parut en 17ª8

prét~qd

que· l'hifloire de cene

découverte

~(1

dqe a

S

alvino degl'armati, ftorentin,

&

il le prouve par foq

~pitaphe .

11

efl vrai que R tdi, daos

f~

!euro

:i

Charles D ati, imprimée

a

Fl~rence

en 1678,

in-4°. avoit donné Akxandrc Spina dominicain, pour

llam~ur

de cette

découv~rte;

r¡¡ais iL paro!t

p~r

dlautres

remarque~

du

mcm~

Redi, qulA fexandrc Spina avoit

fet~lement

imité par fon génie ces Cortes de verres trou–

vés avant lui. En effet, gans la biblimheque des peres

de I'Oraroire de

Pi(~

;on garde un manufcrit d'une an–

cieqnc

c~ronique

latine en parchelt\in, ou ell marquée

la mort du frere A exandrc

S

pina

a

l'an 13 t3, avee

cet éloge:

91'"''""'-1'"

1Jidit aut

at~divie

f4lta,

fcivit,

&

fau re;

octllaria

ab

aliquo

p~·imo

falla ,

&

communi–

-earr no/ente,

ip[t

[u 1t,

&

com.n1u.nice;:vit.

A le!i:andre

!¡pina n'efl done pnint l'inventeur des

l~neeu1;

il en

imita parfaitetnent 1'mvemion,

&

taot d'autres avec lui

y

réu mrent, qu'en peu d'anoá>OS

cet

au fut tcl(e:nent

r~pa

0

du

par-tout, qu'on n'employoí¡ plus que des

lu–

tutto

pour aider h vti.e . De·la vient que 1,3ernard Gor–

dop1 qui écrivoit en 1300 fon ounage intitulé,

lilium

Modicind' ,

y

décl~re

dans l'éloge d' un certain coll yre

pour les yeu¡, qu'il a la propriété de faire lire aux vieil–

lards les plus petils qraéteres, fans le "feco4rs

d.es

/u~

w<tees

. (

D . ]

. )

·

~U llJ!TTE

D'APP.ROCHE ,

(

li.ift.

des Ín'/Jmtiom

'J'O–

tÜrnos.)

cet utile

&

admirable ioflrument d'optique, ctui

rapp¡o~he

la vue des corps éloignés , n'a point éré c.c>nnu

des ancieos,

&

ne 1'-a méme été des modernes, fous

le nom de

lu11ttte1 d'H"IIande,

ou

de Galillo,

qulou

commencemcnt du

deroier

lieclc .

qdl en vain

qt~'on

allegue pour

¡e~uler

celle

da~e,

g9e

~9~z-.~:~~~n

qéclare dans \o.n voyage d'

l\ah~,

LUN

6oi

qu'il avoit vil dans un monaflere de fon erdre, les a:u–

vres de Comellor éerites :lu treiz ieme ftecle, ayant au'

frontifpice le portrait de Ptolomée, qui contemple les

aflres avec un tube

a

quatre ruyaux; mais dom M a–

bHion ne dit point que le t11be fdt gami de verres . On

ne fe fervoit de tube dans ce tems-lii, que pour diriger

la vúe, ou la rendre plus nene, en fépar2nt par ce moyen

les objets qu'on regardoit , de, amres donr la proximit6

~uroit

empeché de voír ceux-lii bien diflinétement .

11 en vraí que les prin€ipes fur lefquels (e font les

lu–

n<te« d'approcho

ou les télef€ >pes , n'onr pas

ét~

igno–

rés _des an€ie!'s géometres;

&

c'en

peut·~tre

faute d'y

avo1r réfiéch1, qu'on a été fi long-tems fans découvrir

cette merveilleuf< machine. Semblable 3 beaucoup d'au–

tres, elle e(l demeurée caché¡: dans fes príncipes, ou dans

h majeflé de la nature, pour me fervír des termes de Pli–

ne, jufqu'a ce que le hafard l'ait mife en lamiere . Voicf

done comme M. de

la

H ire rapporte daos les

ml moiru

de

1

1

acad. des Scionces,

l'hinoire de la déeou verte des

ltm<ttu d'approcho;

&

le récit qu'il eA faít efl d'aprcs

le plus grand nombre des hifloriens dlt pays.

Le tils d'un ouvrier d' Alcmaer, nommé jacques Mé–

tíus, ou plutót Jakob Metw , qui faifoir dans cette villc

de la Nord-Hollande, des lunettes l potter fur le nez ,

tenoit d'une main un verre convexe, comme font czeux

dont fe fervent les presbytes ou vieillards ,

&

de

l'autr~

main un verre concave, qui

fen

pour caux qui ont la

viie courte . Le jenne homme ayant mis par amufement

ou par harard le verre concave proche de fon mil,

&

ayant un peu éloigné le convexc qu'il tcnoir au-devant

de: l'aurre main, il

s'apper~ut

qu'il voyoit au·travers de

ces deux verres quelqnes objcts dloignés beaucoup plus

grauds,

&

plus diflinélemcnt ,/ qu'il ue les voyoit aupa–

ravant

¡

la vue limpie. Ce nouveau phénomene le frap–

pa;

i1

le fit voír

a

fon

p~rc.

qui fu r le champ a(fem–

bla ces mémes verrcs

&

d'autres femblables, dans des

tubes de quarre ou cinq pouces de long ,

&

voil-3 la

P.remiere décou verte des

lun<ttes d

1

approdi..

Elle fe divulgua promptement dans toute l'Europe,

&

elle fut f•ire fd on toute •pporence en 1609; car Gali–

lée publíaot en r6to fes obferv•rions aflwnumiques avea

les

lunetees d'approch,,

reconoolt dans fon•

J:luncius

Jj-

4<1!etts,

qu'il y a voit oenf mois qu'il étoit inflruit éle

cette découverre .

U ne chofe

alfe~

étonnante, c'efl comment ce céle–

bre aCt:ronome, avec une Junettc qu'il avoit faite

luirm~

..

me fur le modele de celles de Hollandc, mais rres-lon–

gne , put reconnoltre le mouvement des fatellitcs de Ju•

piter . La

{¡motte d'approch<

de Gali16e avoit enviran

cinq piés de longueur; IJr plus ces forres de

lunett.s

font

longues' plus l'efpace qu'elles funt appercevoir en petit .

· Quoiqu'il en fo it , Képler mit tnnt d'applicstlo.n :\ fon–

qer la caule des prodiges que les

lunettes d'approch<

dé,

couvroient aux yeux, que ma lgré fés travaux aux tablcs

ntdolphines, il trouva lo tems de compofer fon beau

traité de D ioptriqt¡e,

&

de le donoer en

1~11,

un

~n

apros le

NMcius fjdtr<f's

de Galilée.

Dcfcartes parut enCuite fur les rangs,

&

puWia en 1637·

fon ouv rage de D ioptrÍ'lJ!e, dans lequel

il

faut conve.

nir qu'il a pouflé ,forr lffin fa théorie fur la vilion,

&

fur la figure que doivent avoir les lentilles des

/u,eeiu

a

'appro.ch<

;

ma;s Íl s'e(l trompé dans les efpéranccs qu'il.

fondoit fur la conflruélion d'une grande

lmucte,

avec·

un verre

con~exe

pour objeétif,

&

un concave pour

oculaire. U ne

luneftte

de cene efpeoe, oc feroit voir qu'

lln efpace prefque infenGble de l'objet . M D efcarres no

fongea point

a

l'avantage qu'il retireroit de la oombi–

naifon d'un verre co nvexe pour oculaire; cependanc

f~ns

cela, ni

l~s

grandes

lunet6~.J,

ni les perites, n'auroient

...

été d'aucun urage pour faire des découvertes dans le

ci~l,

&

pour l'obfcrvatioll dos angles. Ké?lcr l'avoit

dit , en parlant de la combinaifon de> verres len ticulai.

res:

duabfi.J crmvexiJ,

m~iora

&

dijliitfl.a

prte/l(fr~

vi–

fibilia. , fod

ewrfu fit u.

M •is Dcfcartes, tour"occup6 de

fes proprCI idécs, fongeoit rarement

a

Jire leS OUVrages

des aunes. C'efl done

a

l'année t6!t . qui en la date

de la Oioptrique de I<:épleP , qu'on doit tixer l'époqljo

de la

lun't!tte

a

denx "Vcrres convexes

.

L':Ouvrage qui a pour tirrc,

oculu1

Elite

&

E.woch,

par le P. Reita capucio allemand, ou l'on tr5ite de ceuo

efpec~

de

/¡mottt'

n'a paru que loog· rems apres. 11 en

pnurtant vrai , que ce pere ap.res avoir parlé de la

lt.–

tJette

3 dcux

verres omve:s:t!S,

a imaginé de

meare all–

devant dt: cene

lrm~tte

une feconde perite

lu.nette,

com"'

porée pareillemeot de deux ve

~res

con vexes ; cetre fe–

cot\de

lunette

rea veríe le ren verfemcnt

d~:

la

premiere,

&

fait paro1rre les objets dans leur polition

narur~lle,

ce

ql,\i efl fort

~ommode.

en plufieurs

occ~(ions;

ma1s ceuo

·

Gll,gg '

inven•