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LIS

qoe'

il

cut du moins bien de la peine

a

fe foutenir ;

quoique les lieurs Comaus

&

de la Planche, qui en

étoient les direéleurs, fuífent tres-habiles daos ces Cortes

de manufa<'hues ,

&

qu'illeur eilt éré accordé

&

a leurs

ouvriers de grands privilé!les , tant par l'édit de leur éta–

blilfemcnr , que par pluneurs déclarations données en

conféquence.

L e regne de L ouis

X IV .

vit renattre ces premiers

projers íous l' inrendance de

M.

Colberr. Des l'an r664,

ce minillre fit expédier des lettres-!'atentes au tieur Hr–

nard , pour l'érablirfemem d'noe manufaéture royale de

tapirferies de

haute

&

baf!e-I~(Je

en la vil!e de Beau vais

en P icardie;

&

en r667, fu t établie par lettres-pareores

la manufaéture royale des G obelins , oii ont éré fabri–

quées depuis ces excellemes tapírfcries de

haute-liffe,

qni

ne cedcor a aucune des plus bclles d'

Angl~terre

&

de

Flandrcs pour

k;

delfeins,

&

quí les égalent prefque

pour la beauté de l'ouvrage,

&

pour la force

&

la

sil–

reté des teintures des foies

&

des laioes avec lcfquell es

elles font travaillées.

Voyez:.

Gon¡;:LI!-1.5.

Outre la manufaéture des G obelins

&

celle de Beau–

vai•, qui fubli lleot toiljours,

i1

y a deux autres manu –

faél ures

fran~oifes

de

haute

&

baffe-li(Je,

!'une a A u–

burfon en Auvergne,

&

l'autre

a

Felletin daos la haute

Marche. Ce font les tapilferics qni fe fabriquent daos

ces deux lieux., qu'on nomme

ordinairetnent

tapiff~r;cJ

d' Au<•ergne.

Fel)etin fait rnieux les verdores,

&

Au–

bulfon les perfonnages. Beauvais fait !'un

&

l'autre beau–

coup tnieux

qu'en ""\uvergnc: ces mannfaaures emplojen_c

auffi l'or

&

l'argent dans leurs tapilferles.

C <S quatre manufaélures fran_c¡oifes

avoie.nt

ét<! éta–

bli~s

égalernent pour

13

haute

&

baUt-li(ft;

mais il y a

déJa long-teros qu'on ne fabrique plus ni en Auvergne,

ni en

Pi~ardie,

qne de la

ba(Je·li(Je;

&

ce n'efl qu'2

l'hórel royal des Gol>elins ou le trayail de la

haute

&

baff_t•lifft

s'efl eonfervé.

<?n. ne fait auffi que des

baf!e~-lif!n

en Fbnclres ;

mars 1! faut avouer qu'elles font pour la plilpart d' une

g;rande peauté,

&

plus

gr~ndes

que c.elles de

Franc~,

u

1

on en

except~

cell.es

¡:les G obelins .

L es hameurs les pl us ordinaires des

haNte<

&

baf!es~

/i_/[e1

font

deux

aunes,

denx

!\_unes un

quart, deux a·unes

&

demie, dcux 3uoes dcux riers , deux aunes trois

quarrs,

trois am;tes, .trois aunec;

un quart

~

&

trois

aunes

&

de:–

m ie , l.e tout mefu re de Faris.

ll

s'cn fait cependant quel–

ques-vnes d5" plus hau.tes, mais

ell~s

rQn t pour )es mai–

fons royales q u de commande.

En

.'~uvergnc,

fur-tom

a

J\ubuífon , il s'cn fait au–

derfous de dcu x aunes ;

&

il

y

en a d'une aune trois

q uarts,

&

d'une aune

&

Jerl)ie .

-

Tc•ut~

¡:es rapirferies , quand elles ne font pas des

plus hau rs prix, fe yendent

3

!'aune conrante ; les be!Jes

s"eO iment

pa.r

!emu res .

Fab~i7ue

de

la

hat~te-li({e.

Le métier fur lequel on

~rayaille 1~

hatttc-li(Je

dl

drefíé perpendiculairem_ent :

qmute principales

pieces

le cvmpofcnt,

deux longs

ma–

dri~_rs

ou pieces de pois,

eSe

deux gros rouleaux ou en–

fubles.

Les mad ricrs qni fe non1ment

cotterets

ou

cottcrclles,

font mis tous droits : les rouleaux font placés tranfver–

falement , l'un au

haut

des cotterets,

&

l'au¡re au bas;

ce dernier

it

un pié

&

demi de diflance du plancher on

envir0 n-

T ou5 les

deux ont des rouril lo ns qui entrene

daos de< trous cotn-enables

a

lcur groffeur qui font aux

cxtrém it6 des conerets.

Les parres avec lcfquelles on les tourne fe nommem

des

t<ntoyi;

celle d'en-haut le

grand tentoy ,

&

ccllc d'en–

bas le·

petit tentoy

.

D ans chacun des rouleaux efl

ména~ée

une rainure

d'tm bouc

a

l',ancre, capab\c

de contenír un long mor–

ceau 9e bois rond , qu'on y

p~ut

arre ter

6f

affermir avec

des fiches de pois o

u

de fcr . C e

morce~u

de bois , qui

a

prefque

~ou te

la longt¡eur des rouleaux , s'appell!! un

-vcrdrllon,

&

fert

a

attacher les bcmts de la chaine . Sur

le rouleau d'en-haut efl rouléc cttte ci¡alne·, qui efl faire

d'une efpece ·de laine torfe;

&

fur le rouleau d'en-bas

fe

roule l'ouvrage

a

mefu re qu'il

s'avance .

'

T~m

du loug d!!S cottcrets ¡¡ui font des plancl¡es ou

m~dners

de 14 ou

t f

pouce~

de )arge , de

3

ou 4 d'é·

patilcur ,

&

de

7

on

8

piés de hautcur, font des trqus

percés de ditlancc en dtrtance du · cóté que l'ouvqge fe

rravaille

~

dans lefquel s fe

rnett~t)t

des morccaux ou grof–

fes chevtl)cs de fer qui o nt un crochet aulfi de fer

ii

un

d~s .

boUts.

Ce~

morceaux de fcr qu'on nomme

de~

harc

drllrers ,

&

qut fervent

3

fou reqir la perche de

liffi ,

font

percés au.

m

de _plutieurs trous' daos lefquels en palfant

une d¡evtll e qut

appr~che

ou. élqigne la percl¡e, on pcttt

p~nder

oq Uchcr )es

li(Jei,

futvatu le

b~foin

qu'on en a,

LIS

La perche de

li./Je ,

qui efl d'environ trois pouces de

diametre,

&

de

tOLHC

la

long:ueur

du

méríer

l

en

nom–

mée ainli, paree qu'elle enfile les

lrf!a

qui font croifer

les fils de la cha1ne. Elle fait 3-peu-?res daos le

mé,

tier de

hat~te-l¿ffi:,

ce que font les marches daos celui

des Tiíferands.

Les

li(Jei

font de petites cordelettes attachées

a

cha–

que lil de la cha1ne avec une efpece de nceud coulant

autfi de ticelle, qni forme une efpece de maille ou d'a¡:¡–

nea n.: elles

fervent

2

tenir la chaine

ouverte pour

y

pou–

voír palfer les broches qui fonr ch>rgécs des foies, des

laines, ou autres matieres qui entrent daos la fabrique de

la

haTtte li.!Je.

En fin, il

y

a quantité de petits bitons, ordinairement

de bois de faule, de diverfes lougueurs , mais tous d'uu

pouce de diamene, qne le hanteliffier tient aupres de luí

daos des corbeilles pour s'en fervir a croifer les fils de

la chatne, en les palfant ii.-travers, d'ou ils fonr nom–

més

bátom de croi{ure;

&

¡¡fin quo les fils ainti eroifé'

fe mainciennent

toiljours

daos un

arrangement conveQ.a- .

ble, on entrelace auffi entre les fils-, mais au-deífus du

¡,awn de croifure' une

,ti

ce!le a )aquel le les ouvriers don–

nent le nom de

jiuhe.

L orfque le métier

ell

dreífé

&

la chalne tendue, la

prcmiere chofe que doit faire le )laute)iffier, c'efl de tra–

cer fur les fils ,de cette chaí'ne les principaux traits da

delfein qu'il veut qui foit repréfenté dans fa piece de ta–

pitTcrie ; ce qui fe fait en appliquant du cóté .qui doit fer–

vi.r

d'c:nyers,

d~s

cartons

_couformes au tableau qu'il

co–

pie ,

&

puis en fuivant leurs contours .avcc de la pierre.

noire fur les 6ls du cóté de l'endroit, en fort¡o que les

traits paroiilent

ég~lement

&

devant

&

derriere;

&

afin

qu'nn

puilf~

deffiner plus surernent

&

plus correélement,

.on fou¡ieo¡ les carwns avec

Jltte

)ongue

~

large table

.de bois.

·

A l'égard do tablean ou delfein .original fur lequel

l'oovrage doit s'achever,

il

efl fufpendu au dos do hau–

teliffier,

&

roulé fur une longue perche de laquelle on

en déroule autaot

$jU'il

efl IJéceífaire

l

&

a

mefure que

Ja

oiece s'av3nce.

Ou¡re toures les pieces du ¡nérier dont .on vient de

parler, qui le compofent, pu .qui

y

font pour la plupart

• ttachées,

il

faut trois principaux outils ou inflrumens

pour placer. les laines ou foies, les arraoger

ll;.

les fer–

rer dans les fils

d~

la

~hatne.

Les outils font une

bro–

.che,

un

prigne,

&

une

aiguil/; de fer.

La brqche el! faire de )mis dur, comme de buis ou

autre femblabie ¡:(pece:

e!l~

efl de (ept

a

hui¡

p0t1C<S

de longueur, de huit

lign~s

environ d.e grolfeur

&

de

figure ronde , tinilfant en pointe avec un petit manche.

C 'efl fur ce¡ inflrurnent qu,i fert comme de naverte,

que font dévidées les foies, )es )aipes, ou l'or

&

l'ar-

gent que l'ouvrier doit emp)oyer .

·

L e peigne efl attffi de .bois , de hoit a neuf pouces de

longu~ur

&

d'_un pouce

d'ép~ilfeur

du cóté du ,dos, al–

lant o rdinairement en .diminuant jufqu'a )'extréroité des

dents qui ont plus ou moins

d~

ditlance les unes ¡les au–

¡res, fuiyant le plus ou le moins de fin e!fe de l'opvrage.

Enfin l'aiguill' de fer, qu'on appelle

aiguille

a

pre)–

)er,

a la forme des aiguilles orcjinajres, mais plus grof–

fe

&

plus longue . Elle fert

a

pr,crer les lajues

&

les

foics , lorfqu'il

y

a quelqu.: ¡:on¡our qui ne ya pas bien:

le fi l de laine? de foie, d'or ou

d'ar~ent,

dont re cou–

vrc la cha1ne des ¡apifleries,

&

que daos les manufa–

élures d'étolfes on

appell~ tr~me'

re nomme

affure

par–

mi les ha

0

teliffiers

fran~ois.

Toutes chofes !!tant préparées pour l'ouvrage,

&

l'ou–

vrier le youlnnt comtnencer, il

fe

place

a

l'envers de

la piece, le dos tourné

il

fon delfejn ; de forre qu'il rra–

vaille, pour ainfi dire,

3

Paveugl~,

nc:

voyan~

rien de

ce qu'il fait,

&

étant obligé de fe déplacer ,

8?

de ve–

nir al)-devant du métier, quand il veu¡ en voir l'endroit

&

en examiner les défaut> pour les corfiger avec l'ai–

guille

3

prelfer.

Avant de placer fes foies ou fes laines, le hautelif–

fter fe to\¡rne

&

regarde fon delfein ; enfui¡e dequoi

&yan~

pris une broche chlrgéc de la ¡:oulcur conven¡1ole, il la

place entre les fil s de la cha)oe qu'il fait croifer avec

les doigts par le moyen des

li(Ju

attacpées

a

la perche;

ce: qu'il recommencc chaque fois qu'il change de cou–

le~r .

I,.a foie ou

!•

lainc

~tant

placée,

il

la bat avec le

pergne;

8?

lorfqu'tl en a mis plutieurs rangées les unes

fur les aurres ,

il

va yoir l'effer qu'elles font pour en ré–

fo rmer

}e~

conrours avec

l'aiguille

a

prelfer,

s'il en ell:

bcfoin .

Quand les pieces foot largcs, plutieurs ouvriers y peu–

vent travaitler

3.

la fois :

a

mefu re qutclles s'avancenr'

on roule fur l'enfuble d'en·pas ce qui efl fait

1

~

on dé–

roul<;