226
LA O
1
fait cette grace, fes fujets por reconnoitfJnce t!chcnt de
le divertir de leur mieu¡ par des combats de Jutteurs
&
d'éléphans.
11
n'y a que lept grsndes dignilés ou vice-royautés
daos fes états , paree que foo royaume n'efl divi(é qu'en
fept provinces: mais il
y
a un vi¡:eroi.
géoé~~l
po'!r pre–
mier minitlre, auquel tous les aucres vtce-rots .obéttfent.:
cenx-ci comm1ndent
a
leur tour aux mal)danns ou fet–
gneurs du, pays de leur diflri8:.
La religion des Langiens, c'efl ainl.i qu'on oppelle
peuples de
L ao ,
efl la m!me que <:elle de Siamois , une
parfaitc idolatrie, accompagnée de
fo~leges
&
de mille
fuperrlitions. Leurs prétres, nommés
ta)apoj,,,
font des
m iférables, tirés d'orclioaire de la lie du peuple; teurs
livres de cérémonies religíeufes font écrits comme ceux
de$ Pégans
&
des Matabariens, fur des
fe~¡illes
de pal–
mi~r,
avec des ronches de terre.
La poly5amie regne daos
ce
pays-lil.,
&
les jeunes
gar~ons
&
ñ ltes
y
vivent daos la plus grande inconti–
nence. L orfqu'une femme erl nouvellement accouchée,
toutc la familte fe: rend chcz elle
&
y patre un mois en
repas , en fetlins
&
.:n jeux, pour écarter de fa maiion
les magiciens , les
emp~cher
de .faite perdre le lait
a
la
mere
&
d'enforceler
l'~nfant.
Ces peuple• font encare un.e nutre
f~te
pend1nt trente
jours
au
déces le leurs pareos . D'abord ils mettent
le
mort dans un cercueil bien enduit pa.r-tout de bitome;
il y a ferlin tous les jours ponr les talapoins, qui emptoieut
une p•rtie du tems
a
conduire, par des cbanfons parti–
culiercs , l'llme du mort daos le cbemin du ciel .
Le
mois
c¡piré , ils élevent un bncher, y pofent le cercueil , le
brOlent
&
ramaffent les cendres du mort, q.¡'ils tranfpor–
ten¡ daos le temple des id
0
Ics .
~pres c~a,
on ne fe
foul'ient plus du défut¡t, paree que fon ame efi potree ,
par la .tral)fmigration, au li<u 'qui Jui étoit derliné. '
Les L angiens rclfemblcnt aux Siamois de figure, avec
cettc fcule ditférence qu
1
ils font plus déliés
&
plus bJfan–
nés
¡
i)¡ O))t de longue§ oreilles comme tes
Pé~ou¡¡ns
&
Jes
haolta\IS
des cótes de la mer; mais le roi de
L ao
fe di–
!lit¡¡¡ue perfonnellement par le vuide des trous de fes
oret)les. Qn commeoce
a
les lui percer .des la premiere
enfance,
&
l'on augmeme ahaque mois l'quverture·, en
emplqyant' toujonrs de plus grones cannules, jufqu'a ce
qu'~9ffn
les oreiltes trouées de fa maje(lé
~ient
atteint la
plus grande IOt¡zueur qu'on puilfe leur proeurer , Les
fe!Jlmes qui ne
Cogt
pas moriées portent
a
leurs cireilles
d es pieces de métal ;
l~s
hommes fe ·foiu peindre les
jall)bes depuis la cheville du pié jufqu'au genou, avec
des fleurs
inéffa.~ables
a
la maniere de )¡ras peints des
Siamois : c'erl-la · la marque dirlinéHve de leur religion
&
de leur courage;
c'e~
a-peu-pres
cell~
que quelques
fermiellj d' Angleterre mettent
a
leurs li}OUtons
~u'ils
font
parquer dans
d~s
cQmmunes.
(D.
J.)
L AOCOON
LE, (
Sculpt. antir.)
c'e(lun des plus
beaux morceaux de fc
0
lpture grecque que nous potfé–
dioos ;
il
efi de la maín de Polydore, d' ,\tl¡énodore
&
d' Al(efandre, trois excellegs maltres de Rhodes, qui le
tailterent de concert d'un feut bloc de marbre.
Cet
ouvrage célebre fut
rrou~
.1
Rome dans les rui–
nes du patais de Titus, au commencemetit dLi
xvj.
íie–
cle,
ft~us
le pontificar de j ulcs JI.
&
paaa depuis dans
le palaJS li'arnefe. De tous cou x qui l'oíu pu voir
1
il
n'ell perfonne qui doute de l'art fupérieur des aneiens
:l.
donner une ame vraiment noble,
&
préter la parole
au
m arbre .
&
au brmne .
L aocoon ,
dont tOt¡t le monde fait l'I¡Hloire, efi ici re–
pr~Cemé
avec fes deux ñ)s, dans le tems .que les deux
:;ffreux. lerpens, fqriis de f'lle de Ténédos, l'embratfent,
fe rephem
~u
·tour de fon corps, le-rongem
&
l'infeélent
de leur
vc~in :
lifez ce
q~'en
dit Virgile.
S erpms amplexui
¡tttr'{Ut
lmpluat
&
miferoJ mor[ll aepa[<itur artuJ;
Corripimt¡, Jpirif'l"' ligmft
i>~ge'ltibw,
&
j,•m
B u
111edimn
aff1,pÜxi, liis eolio
[t[Uil'J'J'I.mea Giflum
Terga dati, fuNrant
capite,
&
cerviúb'!I
altii.
Mai~
que l'exprellion des figures du
Laocoon
de la
Grece efl
fupérieur~
au ta\¡leau
dn
poete de Rome
1
vous
n'~n doutere~
poim
apre~
avoir va "le jugement bdllÚlt
qu en. porte un mpderne, connoiil'eur en ces maueres .
]<
vais le
)~itrer
parler
Iui-m~rne ,
lJ
ne 'noble fimplicité ,' nous dit-il erl fur-tout le ca–
raólere dirlinéHf des chefs-d'cruvre
d~s
Grecs: ainfi que
le fond
ae
la mer rcrle tOJljou'rs eo ·repos quelqulagi–
tée que
foi~
!a furface , de mllme llexpréllon que les
precs ont m1fc 9ans leurs fignres fait voir daos JOlltes
1es paffions pne ame grano:!e
&
tnnqitille: cette gtandeur,
1
•
'
1
•
~
•
LAO
cette rranquilité regoen¡ au milicu des tourrnens les plus
alfr<UX .
Le
L aocoo"
en olfre un bel e•emple : lorfque la dou–
leur fe Iaifie appercevoir daos tous les mufctes
&
dans
tous les nerfs
d~
Con corps, nu point qu'un Cpeélateur
attentif oe peut prefque pas
s'emp~cher
do la femir;
en
ue
confidér~at rn~me
que la cootraélion douloureufe du
bas-ventre, cene grande douleur ne fe molltre avec fu–
ie Qi daos te vifage ni dans I'attitude.
L4ocoon ,
pr~tre
•Apollon
&
de N eptune,
Be
jette point de cris efiro-
ya~les,
comme nous t'a repréfe()jé Virgile; l'ouverturc
de fa boucbe ne !'indique pas'
&.
fon caraélere aum fer –
me qn'héro"fque ne fouffre point de l'imaginer; it poulfe
pllltót des foupirs profonds, auxquels le .cml)ble du mal
ne feml;>le pas permettre un libre cours;
&
c'ell ainfi
que le frere du foodateur de Troie a été dépeint par
Sadolet. La douleur de fon corps
&
la grandeur dé fon
ame font pour ainli dire combioées la batanee
i
la main,
&
repandues avec une force égale daos toute la .conñ.–
gurarion de la rlarue .
L aocoon
fouffre bea<ICOUp,
rnats
il foutfre comme le Philoélete de Sophocte: fon mal–
heur nous pénetre jufqu'
AU
fond de l'ame , mais uous
fouhaitons en meme tems de pouvoir fupporter le n¡al–
henr comme ce grand bom•ne )e Cnppone: J'eipre!ljon
d'une ame
{j
fublime furpaff< de beaucoup la ·r<prél"en–
tation
de
la nature.
JI
falloir que I'artifie de cene
n–
p;emon fentlt en lui-memc la force de cot¡rage qu'il
vouloit irnprimer
il
fon marbre . C'ell eocore un des
~vant3ges
de I'ancienne Grece, que d'avoir polfédé de;
artilles
&
des phitofophes dans les ml!mes perfonnes •
La fageae prétant la maio
il
l'art, mettoit dans )es figu–
res des ames .élevées au-delfus des ames commun!!5.
Si l'artirle cut \!Ot,mé une draperie
a
Lauco07t'
paree
qu'il .étoit revetu de
.ta
qualiré de
pr~tre,
il
nous auroit
a
peine rendu fenlible la moitié de la do)lleur que foutfro
ie malheurenx frere
cj'
.l}nchife . De la
fa~on
au contraire
donJ il I'a
repréfent~,
l'expreffion erl telle, que le Ber.
nin prétendoir décoqv¡ir daos te roidiílement de l'une
des cuitres de
Laocoon
le commeneemenJ ·de J'elfet du
venin du ferpent. La dou.lenr exprim ée tgute feute dan¡
cette rlatue de
Laocoon
auroit été un
déf~ut .
Pour rénnir
cie
qui caraélé.rife I'ame
&
ce qui la rend· noble; l'ar–
rifle a donné
:l.
ce chef·d'reuvre une aqion quj .dans
Ilexc~s
de douteur approche le plus de l'état du repos,
faJ¡s que ce repos dégénere en iudifférence
OJl
.en
une
efpece de léthargie.
·
JI
erl des cenfeurs qui n'applauditrant qu'a .des ouv"'–
ge~
oií domlnent des atrimdes extraordinaires
&
des a–
élions réodues avec un feú outré , n'applaudilfeQt point
a
ce chef-d'reuvre de la Grece: <)e tels juges Íle veulent
fans dome que des Ajax
&
des
Capan~s
·. JI
f~udroit
pour mériter leurs
fufirag~s
que les figures enffeJH une
ame femblable
:l.
celle qui fQrt de fon orbitc, lll•is on
conooltra te prix folide de
1~
.fia_tue de
Lao<QoR
en fe
familiarifaot avec les
ouvra~es
des Grec¡,
&
ep
contra–
élant pour ainli dire I'habitude de vivre avec eux .
p,.,,,
mu
Jtlf X
'
difoit Nicomaque
a
un homme . qui" ofoit
critiquer l'Helene de Z euxis,
preni
"""
y<HX,
&
111
la
trouvt~aJ
divine .
·
Pline ·prit les
yeu~
de Nicomaque pour juger du
LM–
••on.
Selon luí la peimure
m
la fonte n'oñt jamais den
produit de li parfair .
OP"'
omJ<ibui,
dit-il;
&
pitlur"
&
flatunri.c
artii,
pr.,f•w•dnm,
lib.
xxxrr.
ph.
:u.
C'crl auffi
1~
premier des morcealll qui ayem été reprt–
fentés en taille-douce dans le tivre des anciennes fiarues
de la ville de !lome, mis au jour
par
Laurent Vacca–
rius
•rS4.
On
á
en francc quelques copies de
~elui
du
palaii' F:icnefe,
&
en· particnlier cellc quí e!l en bronze
ñ
Trianq~
.
c:;e
fameux grouppe le trouve eocore fur une
gravure antiqu.c dn
cabin~t
du roí; on rem3rque
fuf
le
devant un braíier,
&
dans le fond le commencemeut dn
frontlfpice du _;emple pour le facrifice que ce
grand-pr~tre
&
fes
enf:ms
t:1ifoienr
:i
Neptune torfqne les deux
horribles ferpens Yinrent
I.csen velnpper ·
&
leur donncr
la
rnort. En
fin
le
Laoc••~
a
ér~
gravé meryeilleufement
fur un amétyfie par · le célebré Sirlet,
&
cet ouvrase
parre pour fon chef-d'reuvrc.
( o·.
J~y-
' ).,. A
Q
D
1
C
p.'
E, (
Glo¡:. ""''·)
, ...
~
••••
Laodicea;
les
Géógraphes nommenr fcpt villes de ce pom,
qu'il
im–
porte de-dirl inguer ici .
· 1°.
Laodicle
fur le Lycus,
L a•dicea
aá
L ymm
&
Ie;s babitat!S
Laodiw:i
áans Tacite, efi une Yille
cél~bre
d Afie,
d~ns
h
Carre, fiméc pres du tleuye Lycus, qui
fe perd dans le Méandre,
a
dix licues de la ville de
Colotre au N .
E.
&
a
deux lieoes d'Hiérapolis au
S.
Pline affurl! qoe fes 'm"urs étoiem baignés par I'Afopus
&
le Caprus .
11
aJOU
te
qu~ellc
fut d'abord appellée
Dio-
fpulit,
&
enCuite
Rhoas.
·
~·o¡i-