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HON
gers,
&
ce n'e(l jamais daos cct élar..!'humiliation qu'il
faut confidérer les hommes,
Un génie du premier ordre a préleodu que
l'hon" ""
étoil le reaort des momrchies,
&
la vertu cclui des
républiques, EII-il permis de voir q\\elques erreurs daos
les ouvrages de ce graod homme, qui avoit de
l'hon–
neur
&
de la vertll!
11 ne déti nit point
l'honneu"
&
on oc peut en le
lífallt, a[[acher
¡¡
ce mot une idée précife ,
I1 déñoit la vertu, I'amour des lois
&
de la patrie ,
Tous les hornmes, du plus an moins )
aimclU
leur
patrie, c'e(l-a-dire , qu'i1s I',imem dans leur famille,
dans leurs polfeffions, daos leurs cOllcitoyeos, dont ils
stteodent
&
re~oiveOl
des foeours
&
des eonfol.tioos,
Quand les hommes font contens du gouvérnemem fous
lequel i1s vivem, quelque foit fon genre, i1s aiment les
lois, ils aiment les princes, les magiChats qlli les pro–
tegem
&
les défendent , La maniere dont les 10ls [001
étoblies, Cléeutées, Oll veogées, la forme du gouver–
nelnent., fom ce qll'OO
appel1e
rordr~
politi'lfte.
Je erois
que le préfident de Montefquieu fe feroit exprirné avee
plus de précifion, s'il avoit dé6ni la verm, l'amour de
I'ordre polilique
&
de la patrie,
L'amour de I'ordre ell dans touS les hommes,
lis aimem l'ordre dans les o\1vrages de la nature, ils
aiment les proportipm
&
la fymélrie dans cet "rbre,
dont les feuiHes fe rép1ndent en cerele fur la tige, dans
les différens émaux diClribllés fymétriquement [ur l'in–
feéle, l. Reur
&
le eoquilla!!;e, daos
l'alfembla~e
des
différentes parties qui compofeot la 6gure des animaux ,
lis aimem l'ordre daos 'les ollvrages de l'art: les pro–
""rtions
&
la fym étrie daos uo poe'me, dans une piece
de m" Ílque , dans un bidment, dans un jardin, don–
nent
a
l'efprit la facilité de raCfembler dans uo momem
' &
fans peine, une multitude d'objets, ce voir d'utl
eoup d'ce!l uo tout, de palfer
~Iternaljveme,nr
d'uoe
partle
a
l'alllre fans s'égarer, de reveoir fur fes pas qnaod
iI
le veut, de porte< foo anemioo ou
iI
lui plalt,
&
d'etre sOr que I'" bjet qui l'"ecupe, ne lui fera pai per–
d.. l'obj<t qui vient de I'occuper,
L'ordre politique, outre le plai"r
fe~ret
de ra/Tembler
&
de conrerver daos l'eCprit beaucoup de conooilfances
&
d'idées , oons donDe eneore le plailir de les admirer;
il nous étonne,
&
nous donoe une grande idée de
00-
tre nature. N aus le
trOtlVOIlS
difficile, utilc
&
beau;
naos voyoos
:t
vec
[urprHc nalrre dtun
pc::tit
nombre de
caufes, une multitUde d'effets, N ous admirons I'har–
mooie des différemes pardes du ¡¡ouveroement,
&
dans
une monarchie, comme daos une républiqoe, naus
pouvons aimer jofqll'au
fanatiCmc
cet
ordre mile,
lim–
pIe, grand , qoi fixe nos idées, éleve
notrC
ame, nous
éclaire, nous
prote~e,
&
décide de neme deflinée , L'a–
grieulteur
fran~ois
ou romain, le patricien ou le gemil–
homme,
cont~nts
dI! leur
gOllverncrncnr,
aimenc 1'or–
dre
&
la patrie, Daos la monal chie des Perfos , on
n'approchoit poim des autels deS dieu" fans les ,"vo–
qner ponr la patrie; il n'é'(oit
plS
permis
30
c¡[Oyen de
ne prier que pour lui feul , La mooarehie des Incas
n'étoil qu'une fam ille immenfe, dom le monarque éroit
le pere , Les jours OlI le citoyen cultivoi, foo ehamp,
étoient de.¡ jours de travall; les jours ou
iI
cultivoi, le
champ de l'état
&
du pauvre, étoknt des jours de fe!–
tes , Mal'- dans la monarchie, comme dans la républi–
qne, cet amaur de h patrie, ccue
venu,
n'eCl le ref–
fort principal , que daos quelqnes fitu3tions, dans quel–
ques circonflances :
I'honneur
en
par-tour un
Irnobile
plqs
cooClamment a¿[if , Les eouronnes civiques
&
murales
Jes ooms des pays de conqllétes dooués anx v,inqueurs,
les triomphes excitoient aux graodes .aions les ames
rom3ines, plus que l'amour de la pallie, Qu'on ne me
dife poinr qne je eonfonds ici
I'honnw,
&
la gloire, je
fyais les diflinguer, ma;s je crois que par-LO\1t ou on
21me la gloire, il Y • de
l'honntw ,
11 Comient avee la
vertu les faifi::eanx dn confnl
&
le feeplre des rois;
I'honneu,
ou h vortu dans la' république, dans la mo–
narehie, font le principal re(lort, felon la natnre des
lois , la puiJfanee, l'éleudue, les dangcrs , la prorpérilé
de l'état ,
Dans les grands empires, on eel plus eonduit par
l'
hunn"",
par le delir
&
I'efpéranee de l'eelime , D a",
les pellts état' il y a plus\ l'amOllr de I'ordre polidque
&
de la patrie; il regne dans ces derniers un ordre pi us
parfai!. D ans les pedts élats , on aime la patrie', paree
que les !ieos qui attaeheql , elle, oe font pr.Cque que
ceu~
de la nature; les dtoyens foot uois en,,'"ux par
le fang,
&
p~r
de bohs offi ces mmuels ; l'ém n'ell qu'
uné famille,
3,
laquelle fe rapportem tous les fentimens
di! ceeur) tOaJours plus forts ,
a
proportioa qu'i1s
~'é-
HON
teodent moios , Les grandes fortuoes y foot impomble; ,
&
l. eupidité titoins irritée ne peut s'y couveir de Lé–
nebres ; les mceurs y font pures,
&
les vertus [oci les
y fooe des venus politiques,
Rem"quC2. que Rome nailflOte
&
les petites répn–
bliques de la Grece, ou a regué l'emhou/iafme de la
patrie, étoient fouvent en danger; la moindre fiuerre
mcoa~oit
leur eonCli'udoo
&
leur liberté , Les citoyem,
dans de grands périls , faifoiem natllrellemcl1I de gr:tnds
efforts; i1s avoiem
3
erpérer du fncces de la guerre,
la
conterv3tion
de
tOl}[
ce
qll'ils
avoient de plus cher.
R ome a moins montré l'amour extreme de la patrie.,
daos la guerro contre Pyrrhus ,
qu~
dans
la
guerre con–
tre Porfenna,
&
motns
dans la guerre
COlllre
M lthri–
date, que dans la guerre comre Pyrrhus ,
Dans un graod éea" foit répub!ique, foit Olooarchie,
les guerres font rarement daogereules pour la eGnlbtu–
tion de l'ét. t,
&
pour les fortn nes des cit )yeLls, Le
peuple n'a fouvent
¡¡
craindre que la perte de quelques
places frontiere, ; le ci!Oyen n'a rien a erpérer du fuc–
ces de la oatÍon;
iI
eel raremont dans de. cireonl!aoees
OU
iI
puilfc femir
&
mani'feCler l'enthouÍlafme de la pa–
trie, 11 fallt que ces graods é,ats {()iem menacés d'un
malheur qlli entralneroit eelui de chaque cit<)yeo, alor;
le
~atfloti(jne
fe reveille , Quaod le roi Guillaume eut
repris Namur, on établit en Fr.nee l. capitadon,
&
les citoyens charmés de voir uoe nouvclle relfouree
pour l'état, rCynrent I'édit de ect impÓt avee des cri,
de joie, Anoibal, aux portes de Rome, o'y caura ni
plus de douleurs, ni plus d'allarmes , qoe de nos jours
el! relfcntit la France pendam la maladie de
fi)[l
roi.
SI la perte de la fameLlfe bataille d'Hoehted a fait faire
des ehaofons aux
Fran~ois
mécomens dll mioiflre; le
peuple de Rome, apres la défait6 dei armées romaines,
a Joui plus d'uoe fois de l'humiliation de ,fes m,agiflrats ,
Mais, pourquoi cet
hon",,,r
mobile pre[que lOojours
priocipal dans tous les gouvernemens, ell-i1 quelquefois
" bizarre? pOLlrquoi le place-t-on daos des
ufa~cs
ou
,uérile" ou funefles? pourquoi impoCe-t-11 que1qtlC!foii
, des devoirs que eondamnem la nature, la raifoll épu–
rée
&
la vertu?
&
pourquoi daos eertains tems eCl-il
particulicrement attriboé
¡¡
certaines qualités, certaines
aélions,
&
dans d'amres tems,
a
des aéljoos
&
a
des
qualités d'no genre oppofé?
II faut fe rappeller le graod principe de I'utili,é de
David Hume:
c'ell I'utilité qui décide toujours de no–
tre eflime , L'homme qui pellt uous ttre utile eel l'hom–
me que Oous hooorons ;
&
chez tous les peuples, l'hom–
me fans
hunneur
eCl celui qui par fOil caraaoce eel cenC6
ne pouvoir fervir la Cociéle,
M ais eerta ioes qualités , certains talcns, font eu di–
vers ,ems plus ou moins utiles; honorés d'abord, ils le
fom moins daos la fuite, Pour trollvor les cauf"s de
eeue différence,
iI
faut prendre la fociété daos Ca naif,
(3nce, voir
I'hOHIUY"
a
roo
origine, f'uivre
la fociéc6
dans fes progros,
&
l'hon"et/T
dilOS , Ces changemeos,
L'homme daos les forélS " U la natuee I'a placé, ect
oé pOur combaure I'homme
&
la nature, Trop foibl&
cOntre fes Cemblables,
&
contre les tigres, il s'alfocie
aux premiers poor comb,mre les autres, D'abord la
force dll eorps eel le principal mérite; la débilité ect
d'::lt1tauc plus mépriíée, qu'avant I'invemion de
ces
ar–
mes, avee lefquels un homme foible peut combattre
fans defavamage, la force du corp. étoit le fondement
de la valeur, La violenee ft1t-elle injufle, n'Óte point
1'1>onl1<11'
,
La plus douce des oceupations ell le com–
bat;
iI
n'y a de vertus que le eOl1rage,
&
de belles
aétiollS que leS" viéloires, L'amour de la vérité, la fran–
chife,
la
bonne-foi, qualités qui [uppofeut le comage,
font apres lui les plus hooorées ;
&
apres la foibletTe
r ien o'avilit plus que le rnenfonge , Si la corl1munaut6
des femmes n'eel pas établie, la fidélité coojugale ferll
leur
honnw"
parce qu'elles doivenc, faos feeours, pré–
parer le repas des ¡(ucrriers, garder
&
défcodre la mai–
fon, élever les eofans; paree que les éealS é,ant encare
égaux, la eoovenallee des perfonncs déeide des maria,
ges; que le choix
&
les eogagemens Cont libres,
&
oe
lailfeilt pas d'excufo
a
qui peut les rompre, Ce peuple
gromer efl oéeeCfairement ruperelitieux,
&
la fuperctitioD
déterminera I'efpeee de fon
hon" e""
daliS la per/,"uaÍlon
qoe les dieux doonent la vitroire
a
la bonne caufe , Les
diffe rens fe decideront par le eombat,
&
le citoyen
par
bonn.,,',
verfera le fang du citoyen , On croit qU'ii
y a des
fée~
qui oot un commeree avee les dieux,
&
le rcfpeél qu'on a pour elles, s'étcod a tout leur fexe,
On ne croit poim qu'une femme puilfe maoquer de fi–
délité
a
un homme eClimable,
&
I'h",,,.ur
de l'épou¡;
dépend de la ehalleté de Con époufe ,