22.8
RoOM
cirque, on les gladiateurs
ne
recevoient que des ble(furei,
parureot bieO!or inlipides 'uI dames Romaines . On vir
ce
fexe, fair pour la pieié, pourfoi",e
iI
grands cris la
mon des combauaDs. On eligea dans la fuiee qu'ils
c¡pira(fent avec grace, dit I'abbé D ubos,
&
ce fpea.–
ele affreu% devint Déce(faire pour .chever I'émodon
&
complerer le plaifir . P.r-li notre auention fe porte fur
Jes chofes nouvelles
&
extraordinaires, Dons reeher–
choos avec intérér tout ce qui réveille eo nous beau·
coup d',dées; par-lO foO! détermioés meme nos goues
purement pbyfiques. L es liqueurs fopes nous pl.ifeot
principalemeot, parce que la chaleur qu'elles com–
muniqueot au
fan~
produir des idées vives,
&
fem–
ble doubler )'exirtence: on pourroit en cOllclure que
le plaifir oe confille que daDs le femimem de l'e.irteD–
ce , porté
a
un cerrain dégré . En effet, eD fuivam
ceux du chatouillemcllt, depuis eeue fenfation vague,
qui ert une imporrunité juCqu'a ce dernier terme, au
de-la duquel ert la dou\eur : en defcendaot du chagrio
le plus profood , juCqu'a eette douleur tendre
&
ioté–
re(faote, qui eo ert une eeinte affoiblie,
00
feraie tenté
de croire que
la
douleur
&
le plaifir ne differeot que
I'ar des nuances .
VOJ<Z.
PL-"tSIR. Quoi qu'il eo foit,
iI
ert cenaio que nous de.oos au beCoin d' etre émus
uoe curiofité, qui deviem la paffioo de ceux qui o'en
Oot poim d' autres, u'n goue pour le merveilleux, qui
nous entraine a tous les fpeaacles e¡traordioaires, une
ioquiétude qui oous promeoe daus la région des chi–
meres. Ce qui ert renfermé daos ce qu' on appelle
les
termo de
la
raifún,
ne peuc donc pas étre long-tems
pour nouS le poiut 6xe du bonheur . L es choCes difli–
ciles
&
ontrées, les idées hors de la oalUre doivem
nous [éduire prefque mremenl.
V..fez
F
ANATlSME .
L a vigil.nce reJigieuCe,
&
I'occupation de la priere ne
[ufliCem pas
a
l'imaglOaeion mélancholique d'un bon–
ze.
11
lui faur des cha!nes dont il le chargc; des char–
bons ardeos
~u'il
mette fur fa eete, des c\oux qu'il
s'enfooce d2ns fes chalrs;
iI
ert averti de fon exi!lence
d'une maniere plus it;ldme
&
plus forte, que celui qui
remplit fimplement les divoirs de la vie civile
&
de la
ehariré . Suivez le cours de toure, les affeélions hu–
maines , vous les verrez tendre
a
s' exaleer, .u point
de paroitre eotierement défigurées. L'
homme
délicat
&
fenfible ¿eviem foible
&
pufillaoime:
13
dmeté fuc–
cede au courage; le comemplatif devkot quiérifie,
&
le .élé ert hieotÓr un h" mme atroce .
11
eo ell .infi des
autres caraaeres,
&
meme de celui qui fe montre de
Ja maniere la plus eonllaote dans quelques iodividus,
la gaieté
11
efl rare qu'elle dure plus long-tems que
la Jeune(fe, paree qu'elle ert abforbée par les paffions,
qui occupem I'ame plus profondémeot, ou dérmiee par
fOil exercice mcme . M ais dans ceux en qui ce" c3raae–
re fubfifle plus long-tems, pJree qu'ils oe (out eapa–
bies que d' intérees Cuperficiels, iI s'aleere par dégrés,
&
perd be.ucoup de fon hooocreté premiere . L es
h.m–
mes
légers qui n'out que la gaieté pour attribur, ref–
feOlblent al!C:1.
¡,
ces jeunes ani0l3ux qui, apres avoir
épuifé touees les fituatiolls plailllOees, fioi(fent par égra–
liguer
&
mordre . Cene pente qui emraine prefque toUS
lés individus, peut s'obferver en grand daos la mafle
des é véuemeos qui ont agité la terre. Suive1. I'hi!loire
de toures ·Ies natiom , vous ver,e1. les md llenrs gou–
vernemens fe dénaturer; une fermemadon lellle a fair
eroitre la tyraooie dans les
répu~liques:
la monarchie
ert changée par le tems en pouvoir arbitraire.
VOJ<Z
GOUVER NEMENT .
L orCql1e daos un éeat
la
Cécurité commence
a
polir
les meeurs ,
&
que les idées fe touroent du c6té des
plaifirs , la vertu regne au milieu d'eux: une urbl0ité
moderte couvre la vOlllpté d' 110 vo,le , mais iI devient
bieot6e imponun . Aloes le Iibertinage fe produit Caos
pudeur
&
des gotlts homeux inCulteor la nature . Dans
Jes arrs, vous verrez I'architeél:ure quitter UDe limpli–
ciré noble pour prodiguer les oroemens; la peintllre
chargera foo coloris; la meme altératioo
Ce
r<ra femir
dans les ouvrages d'efprit . Le beCoin de nouveaueé
meura la fine(fe
¡,
la place de I'élégance; I'ob[curilé
prendra celle de la force, ou fophilliquera fort; une
m~taphyfique
puérile analyCera les {entimens; tout fe–
ra perdu, fi que\ques géoies heureux De rompent pas
Gene marche naturelle des penchans humains. M ais
la
phyfique expérimentale eultlvée
&
le tableau de la na–
ru te prt![cnti! par des
hDmma
d'une trempe forte
&
ra–
re
pourrom donoer
a
I'e[prit hllmaio uo (pea.cle qui
~eodra
fes vues,
&
fera naitre un nouvel ordre
d~
chofes .
Nous voyons qoe
I'homm.
pare(feux par mture, mais
.1Igitt! par I'impatience de fes
<lelir~
ert le jouet conrinuel
ROM
d'un eCprit qui oe fe renouvell. que pour le trahir .
F~ti~nt!
dans la «eherche du b oh. ..r par mille intér.:ts
élran~crs
ql1i le
eroir.ne, rebuté por les obUacles, ou
dégoílté par la joui(fance,
i1
femble que la mt!chance–
té lui dút
~tre
pard.'onable,
&
que
le
malheur foie fon
blt oaturel. L·imérct de tous rt!damant cunero I'inté–
r~t
de chacun , a dooné nairrance aUI I"is qui arreeeo
t
l'exlérie'Jr des graods crimes. Mais
m li~ré
les lois,
i1
rerte tnGjnurs
¡,
la méchanceté un em"ir. qui a'en ert
pas moins va!le pour éere
tén~breux .
D .ns une
(ocié–
té oombrellCe , uoe folule d'intérets honneles
&
obCcurs
que la fcélérate(fe peut troublcr, lui d one
f.~ns
dan;;er
uu exercice continueJ . La
foci~lé
humaine feroit done
uoe confédéraeion de méchans que I'intéret feul tien–
droit uois,
&
aUlquels il ne fand roit que la Cupprcffion
de
c~e
intérét pour les arlner les uos contre les al1rres _
J\1ais eo obCervant
l'húmm.
de pr. s , il n'efl pas potli–
blc de méconnoirre eo lui un fentimem d,lUX qui I'in–
tére(fe au Con de Ces lcmblables eoutes les fois qu'il
dI
tranqtlille (hr le lieo. Peut·erre rencontrere1.-VOUS
quelques moullres atrabilaires qn'une organifation vi–
cieufe
&
rare pOrte
¡¡
la cmauté. Une habitude a!feou–
Ce aura rendu peut-étre
a
quelques autres cene émOlion
néce(faire. La phlpart des
h.mma ,
lorfque des paflioos
paniculieres ne les el1leveroot p'as aux mouvemens de
la oature céderom
¡¡
uoe Cenhbilité préei<ufe qui ell
I~
Cou ree' de toutes les venus,
&
qui peut
~tre
eelle
d'un booheur eonrtane.
VOJ<Z.
HUMANITÉ. Ce {omi–
ment lempere dans
I'''omm.
\'aél:ivieé de l' amour-pro–
pre;
&
pen femblable aux autres gemes
d'éJ1lo~ioo,
il
acquien des forces eo
s'e¡;er~am.
On ne faurOl r
don~
l'inCpirer de trOp bonne heure aux eofaos. On devro't
ehercher
¡,
I'exciter en eUI par des images pathétiques ,
&
leur préCenter des fituadons anendri(fantes qui puf–
fent le développer . Des
¡e~ol1s
de bienCéance feroieot
peue-etre plus de leur gone,
&
leur ferviroiel1t fure–
mem plus que De peuveoe faire les moe, barbares dont
00 les fatigue. Si ces idée, ne Com pas fort aaives
pendant I'effervefcence de la jeuoe(fe, elles s'emparent
du terrein que les paffiol1s abandoooem,
&
leur dou–
ceur remplace I'yvre(fe de cclles-ci . Elles élev""t
&
rempli(fent I'ame. Malheuréux qui n'a poiO! éprouvé
la Cenfltion complete qu'elles procureot! Nous diCons
qu'on pourroit développer daos les enfans le fentiment
vertueur de la pieié. L 'expérience apprend qu'nn puur- ·
roit auffi leur inCpirer tOllS les préjugés favorables, foit
au bien des
hommn
en gélléral, Coie
a
I'avaulage de la
fociétt! particuliere daos laquelle ils vivene. Ces heureux .
préjugés faifoienr
a
Sparte autam de héros que de ci–
toyeos,
&
ils pourroiem produire dans tOUS les
hommes
toutes les vertm relaeives
oux
fitUations dans lefqud les
ils fom placés. L' amollr propre éeañe une fois dirigé
vers uo objee, une premiere aaioo généreuCe ell un
eO, agemem pour la Cecoode.
&
des Cacritices qu'on
a faits 113ie I'eilime de foi -mem, qui CoGeient
&
a(fure
le earaaere qu'on sleft doooé. 00 devient pOur foi
le juge le plus C"vere . Cet orgueil cflimable maitrira
I'ame ,
&
produit ces mouvemens de Vertu que leur
rareré fait
rc~arder
comme hors de la naeure . Cene
e!lime de
f<.)i-m~me
ert le principe le plus ft1r de toule
aaino forre
&
généreu[e; 00 ne doie poiot eo alteodre
d'efclaves avilis par la craime. L'a(fervillement oC'peut
cenduire qu'a la baffe(fe
&
3U crime. Mais I'édueation
oe peut pas etre regardée comme uoe af!j¡ire de pré–
ce[lees ; c'ert I'excmple, I'exemple feul , qui moditie les
"ommn ,
CIcepeé quelqlles ames privilégiées qui jugen!
de I'e(fcnce des chofes, paree qu'elles fentent elles-me–
mes, les autres fom eotraioés par I'imiraríoo. C'ert el–
le qui fair prorterner )'eofam aUI piés des aurels, qui
doune I'air
~rave
au fils d'un magirtrae,
&
la conte–
oance fiere • celui d'un guerrier '. Ceete peme
a
imiter.
ceete facilité que nous avoos d'eere t!mus par les paf–
(ioos des autres, femblelll aouoncer que les
ho'1tmu
001
emre eUI des rapports fecrees qui les uoi(fent. La
fociéeé fe trouve compnfée
d'homma
modifiés les uos
par les autres,
&
l'oplOion publique donne a tous cetl);
de chaque fociété particuliere un air de rc(femblanee
qui perce a-travers la différeoce des caraéleres . L a eon–
tinuieé des exemples domc!\Jques fait Cans douee une im_
preffion forre ·fur les ellfaos; mais elle n'ell rieo en
comparaifoo de celle qu'ils recoivem de la ma(fe
gé–
nérale des meenrs de leur tems.
VOJ<Z
M OE URS •
Chl que
r,ecl~
a done des traies marqués qui le .dillin–
guent d'uot;
~utre.
On dit,
l. jiule d. la eh,val,ri, :
on poqrroit dire,
I~ JJed~
des
btafIX-llrts,
ce/,,; de
/.
phil.[ .phie;
&
plut
a
D ieu qu'iI en viot un qu'oo put
appeller,
1, jiul. d. la bienfai[ana
&
d, I'hllmanil/ !
Puilque ce font
l'exem~e
&
I'opinion qui défigneot
les