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FON

~iner,

en entaíTnot panies íur panies, avoir faít de l'har–

mooie, lorfqu'ils n'ont fait que da bruit. Saos doute

une baíTe bien faite foiltient

&

nourrit agréablemenr un

chaot; alors, comme nous l'avons déja die, l'oreille la

moins exercée qui les eotend en meme tems, efi for–

cée de faire une égale attentioo

a

l'un

&

a

l'autre,

&

fo~

plailir cominue d'etre un, paree que fon attencion,

quoique por1ée íur différcns objets,

dl

toOjours une:

c'efl ce qui fait fur-cour le charme de la bonne mufi–

que italienne;

&

c'efl-Ja cette uniré de mélodie do

m

M.

Rou!fean a

bien établi la néceffité daos la

lettre fur

la Muilque /ran<;oife. C'efl avec la meme raifon qu'il

a die au

mbt

A e e o

M P A G N E M E N T :

Les ltaliem

ne verdent pas qu"on entende rien dans Pnccompagne–

raent, dans la l·a./fe, q11i ptti./fe dijlrairt l'orúlle

de

7'ob–

j.e

prú;cipal,

&

ils Jont

dam

/'opinion que l'attention

J'lvanoiiit en fe partageau.t.

11

en

cooclut

lrCs-bien,

<¡u'il y a beaucoup de choix a faire daos les fons qui

formen e l'accompagocment, préciíémetH par cette rai–

fon, que l'attention ne doit pas s'y poner: en effer

parmi le! différens fons que l'accompagnement doit four–

nir en fuppofant la baíTe bien

faite,

il

fauc du choix

pour décerminer ceux qui s'incorporcot tellemenr avec

le chane' que l'oreille eo [ente l'effer fans erre pour cela

di!lraire du chane,

&

qu'au contraire l'agrémenr du chane

en augmeme. L'harmonie fett done

á

nourrir un beau

cham; mais il ne s'enfuit pas que

tour l'agrémcnr de

ce chanr [oit daos l'harmonie. Pour íe convaincre bien

évidemment du concraire, il n'y a qn'a joüer íur un

clavecin la baíTe du chaot bien chilfrée, mais dénuée

de fon de!Tus; on verra cambien le plaifir [era diminué,

quoique le deffus [oír réellemenr contenu dans cette baíTe.

Concluons done comre l"opinion que nous combnuons,

<¡ue l'expérience luí efi ab[olument concraire;

&

en con.–

venant d'ailleurs des grands dfets de

l'harrnonie daos

certains cas, reconnoifions la mélodie daos

la p!Opart

comme I'objer principal qui ftate l'oreille. Préférer les

effets de l'harmonie a ceux de la mélodie' íous ce pré–

texte que !'une efi le fondement de l'autre, c'cfl 3-peu–

pres comme fi on vouloit ío(ltenir que les

fondernens

d'une maifon font l'endroit le plus agréable a habiter,

paree que tour l'édifice porte deíTus .

N ous prions le Ieéleur de .-garder ce

qu~

nous ve–

nons de dire Íur l'harmonie

&

íur la mélodie, comme un

fu pplémen t au dernier chapitre du prcmier livre de nos

Elémens de M ufique; íupplément qui nous a paru né–

ceflaire pour démeler ce qu'il peut y avoir de problé–

marique daos la quefiion,

fi la m

él

odie eft fuggérée par

J'harmonie?

Que dirons-nous de ce qu'on a avancé dans ces der–

niers rerns, que la Géométrie efl fondée [ur

la

réfon–

nance du corps fonore; paree que

la Géomérrie e!l,

dit-on, fondée fur les proportions,

&

que le corps

[o–

nore les engendre tmHes? Les G éometres nous fauroi–

ent mauvais gré de refucer férieufement de pareilles af–

fertions : nous nous permettrons Ceulemcnt de dire ici ,

que la confidéracioo des proportions

&

des progreffions

efl emicrement inutile

a

la théorie de l'art mulical: je

p en[e l'avoir fuffifamment prouvé par mes élérnens

m~rne de Muflqne, ou j'ai donné, ce me fernble, nue

théorie de

l'harmonie affez bien dédoite,

filivanc

les

principes de M. Rameau, fans

y

avoir fait aucun ufage

des proportions ni des progreffions. E o elfet, quand les

rapports de l'oélave, de la quiote, de

la tierce,

&c.

feroient tour autres qu'ils ne

fonr; quand ces rappons

ne formeroient aucune progreffion; quand on n'y re–

J)1arqueroit aucuoe loi; quand ils feroiem incommeníu–

rables, foit en eux-rnemes. foit entre eux, la réfon–

nance du corps fonore, qui produit la douzierne

&

la

dix-feptieme majeures,

&

qui fair frémir

la douzieme

&.

la dix-fepcieme majeures au-deffous de luí, fuffiroir

pour fonder tour le f'yfleme de l'harmonie. M. Rouf–

feau

3

tres-bien prouvé, au

mot

CON

5O N N A

N

CE,

que

la confidération des rappom ell tout-a-fait illufoire pour

rendre rai[on du plaifir que nous font les accords con–

fonans; la confidéracion des proportions n'efl pas moins

inutile daos la théorie de la M ufique. Les géometres

qui ont voulu introduire le calcul dans cette derniere

fcience, ont eu grand tort de chercher daos une íource

touc-a-fait étran¡¡ere , la cauíe du plaifi r que

la Muli–

que nous procure ; le calcul peut

a

la vérité faciliter

l'intelligence de certains points de la

thé~rie,

comme

des rapports entre les cons de la gamme,

&.

du

tem–

pérarnen~;

mais ce qu'il fant de calco! pour traiter ces

deux pornts

~fl

fi

limpie

& ,

pour tour dire, fi peu de

~hofe ,

que rren oe mérite moios d'étalage. Combien

¡lonc dqit-on defapprouver quelques muliciem qui entaf-

FON

fent daos leurs écrits chiffres fur chiffres,

&

croyent toot

cet appareil nécelfaire a I'art? La fureur de donner

a

leurs produél:ions un faux air fciemifique, qui n'en im–

pofe qu'aux ignorans, les a fair com ber daos ce défaut,

qui ne fert qu'a rendre leurs

traités beaucoup moins

bons

&

beaucoup plus obfcurs. Je crois qu'en qualité

de géometre, on me pardonnera de protefler ici ( fi Je

puis m'exprimer de la force) conrre cer abas ridicule de

la Géométrie dans la Mufique, comme J'ai déja recla–

mé ailleurs conrre l'abus de la

m~me

fcience dans

la

Phyfique, daos la Métaphylique,

&c.

Voy.

A

P P L

1

e

A-

TION,&c.

_

Qu'il me foit encore permis d'ajoílter ( car une vé–

rité qu'on a dite, conduit bien-rót

&

comme néceíTai–

remenc

a

une autre) que les explicacioos

&

les raifon–

nemens phyfiques ne font pas plus utiles

ii

la

théorie

de l'arr mufical, ou piOtól le font encare moins que

les calculs géométriques. Nous íavons, par exemple,

&

nous le diíons ici par I'inrérct que nous prenons aux

ouvrages de M. Rameau , que cet artille célebre fe re–

proche avec raifon d'avoir melé daos

le prernier cha–

pitre de fa Génération harmooique, aux expériences lu–

m ineufes qui font la bafe de fon fyfleme,

l'hypothefe

phyflqae done nous avons parlé fur la dilférente élaHi–

cité des parcies de l'air, par le moycn de Jaquel le il pré–

tend expliquer ces expériences; hypothcíe puremeot con–

jeélurale,

&

d'ailleurs iofuffifante pour rendre raifou des

phénomenes . Ct>ux qui om les premiers propofé cette

bypotheíe ( car M . R ameau convient qn'il n'en efi pas

l'aureur), ont pO la donner comme uoe opinion; mais

jamais on n'a dO en faire la bafe d'un craité de

l'har–

monie.

Des

faits,

&

point de verbiage; voila la grande

ngle en Phyfique comme en H ifloi re.

Tenons-nous-eo done aux fans;

&

p~ur

ti

oir ce long

article par quelque chofe qui intértfle véritablemeot les

anifles

&

les amateurs,

emrerenons

ici

nos Ieaeun.

d'u–

ne belle expérience du célebre M. Tartioi, qui a rap–

port

a

la

ba./fe fondamentale.

Voici certe expérience relle qu'elle e!l rapportée par

i'auteUr meme, dans.fon OU\'rage quj a pour titre,

'Jrat–

tato di

M~<fica ,

fecpndo la vera

Jcienza

dell'armvt~Pa,

imprimé

á

Padooe

T7f4;

ouvrage qui n'efl pas égale–

ment lumioeux par-tour, mais qui conrient d'excellen–

tes chofe.s,

&

done nous pourrons faire ufage daos

la

fu ite pour éorichir plulieurs articles dt l'Encyclopédie.

E~ant

donnés a-Ja-fois ( c'efl M. Tartmi qui parle)

deux fons produirs par un meme infirument capable de

tenue, c'efi-a-dire qui pnifle faire durer

&

foíltenir

le

fon,

comme

trompette , hautbois, violan, cor-de-chaíTe,

&c.

ces deux foos en produiront un troifierne trcs-fen–

lible . Ainfi, qu'on

tire en méme tems d'un violoo

deux fans forrs

&

foilrenus en tel rapport l'uo

il

l'au–

tre qu'on voudra, ces deux fans en produironr un troi–

fieme, que nous affignerons

tout-a-l 'heure. La m eme

chofe aura líeu,

fi

au líeu de rirer les deux fans

:l-la–

fois d'un meme violan'

00

les tire íéparément de deux

violons éloignés l'uo de l'au rre de cinq ou lix pas; pla–

cé daos J'inrervalle des deux violons, on tntendra le

troifiem<> fon,

&

o n !'encendra d'aucanr mieux, qu'on

Cera plus pres du milieu de cet

incervalle ,

&

d'autaot

moins, qu'on fe rapprochera davanrage d'un des deux

violous. La m eme expérience aura Iieu,

&

mt'me plus

[eoliblemeot encore,

on

[e

íerr de hautbois au lieu de

violons . Voici mainrenant que! efi ce troilierne foo daos

tous les cas .

Deux íons

a

l'unifTon ou

~

I'oélave, ne donneor point

de troifleme fon.

Deux fons

a

la quince, comme

11t fol,

donnent pour

troifieme Con

l'uoiíTon

f<t

du

fon

le plus grave. Cet

uoillon fe di!lingue difficilement, mais

il fe di!lingue.

Deux íons a la quarre, commc

t<t,

fa,

donneot la

quince

fa

au-deíTous du fon le plus grave

ut.

Deox íoos

a

la tierce majcure, comme

ut, mi,

doo–

nent l'oélave

flt

au-deffous do fon le plus grave

11t.

Deu

s

fons

:1

la tierce mineure , cornme

11t

~,

donnent la dixierne majeure

la,

au-delfous du

fon

1~

plus grave

ut

* .

Dcux fom

:1

l'intervalle d'un ton majeur,

11t

rl,

don–

nene la double oélave au-deíTous do Con le plus gra–

ve

ttt.

Deut fans

a

l'intervalle d'un

too m ineur,

ré, mi

donnenc

J'ut

qoi efl

a

la feitierne au-deiTous du foo

1~

plus grave

rl.

Deox íoos

:1

l'intervalle d'un fe mi-ton majeur,

fi,

ut

doooeot

l'ut

a

la triple oélave au-deiTous do fon le plo;

aigo

Id.

Deux fon;

~

l'intervallc d'un demi-ton .mincur,

Jol,

Jol