Table of Contents Table of Contents
Previous Page  654 / 922 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 654 / 922 Next Page
Page Background

626

GLO

Jui-m€m~

ce qu'il devroir mérjrer des autres: ainti on

die

un

rtgn~

glorieux

,

&

non pas

rln

roi

gloriet~x

.

Cependan t ce ne leroit pas une faure de dire au plu–

riel , les plus

glorieflx

conquérans oe valenr pas un

prince bieofaifant; mais on ne dira pas,

In

princc¡ glo-

ri•ttx,

pour dire

les princc¡ ii!Jt{Jra.

.

Le

gloriet~x

n'efl pas tour-a-fair le fier, ni l'avanra–

geux , ni

1'

orgueilleux. Le fier riem de

1'

arrogant

&

du dédaigoeux,

&

re communique peu.

L'a,•am~geux

a

bufe de la moindre Qéférence qu'oo a pour lui. L'or–

gueilleux étale

1'

ex ces de la boone opinioo

qu'

il

a

de

lui-méme. Le

glorimx

efl plus rempli de vanité ;

il

eherche plus

a

s'établir daos

1'

opioion des hommes;

il

veut réparer par les dehors ce qui lui manque en eltet.

L'orgueilleux fe croit quelque chofe; le

gloriwx

veut

paroltre qnelque chofe. L es nouveaux parvenus font

d'ordinaire plus

glorimx

que les autres. On a appellé

quelquefois les Saints

&

les Aoges, les

gloriwx,

com·

me habitans du leJOUr de la

gloirc.

G/o,·iwfcment

e!l tOLIJOUrs pris en bonne part; il re–

gne

glarie~tf•ment

;

il fe tira

glorieufement

d'uo grand

danger, d'une mauvaifc affaire.

Se

glorifier

el!:

tatHÓt pris en bono e part, tantót en

mauvatfe, fe loo l'obJet dont il s'agit.

11

fe

glarifie

d'a–

voir exercé fon cmploi avee dureté.

11

fe

glorifie

d'u–

ne difgrace qui efl le fruit de fes

taleos

&

1'

etfet de

l'envie . O o die dts manyrs qu' ils

glorifioitnt

Dieu ,

c'e!l-a-dire que leur conflance rendoit rcfpeél:ablc aux

hommes le Dieu qu'ils

annon~oieot.

Art. de

M.

DE

VoLTAIRE.

G

r.

o 1

R E ,

f.

f.

(

Philafoph. Morale)

e' ell l' éclat

de la bonne renommée .

.,

L'dll me efl un

f•ntimeoc

tranquille

&

perfonnel ;

J'admiration, un mouvemeot rapide

&

quelqu•fois mo–

meotsné; la eélébrité, une renommée étendue;

la¡gloi–

r•,

une renommée écla1aore,

le concert uuanimc

&

folltenu d'une admiration univerfelte.

L'~l1ime

a pour bale l'honnete; t'admiration, le rare

&

le grand dans le bien moral ou phylique ;

la célé–

brité, l'extraordi11aire ,

1

'étonnant pour la multitude · la

gloire,

le mervellleux.

'

Nous appellons

merveillm><

ce qui s'éleve ou fcm–

ble s'élever au· de!fu$ des fdrces de la nature ; ainfi la

gloire

humaine, la fe ule dont nous parlons

ici ,

tient

beaucoup de l'opinion; elle cll vraie ou fautfe comme

elle.

JI y

a deu>< forres de faulfe

gloire;

!'une

e(!

foodée

fur un faux maveilleux ;

1'

autre fur uo mer•eilleux

réel, ma:s funelle .

11

fcmble qu'il y ait auiTI deux e–

fpeces de vraie

gloi>·e;

!'une foodée fur un mervcilleux:

agréab¡e; l'autrc fur on mcrveilleut otile au munJt :

mais ces deux objtts n'eo font qu'uo.

La

gloire

f<ln<lée fur un faux merveilleux, n'a que le

regoe de l'illufion,

&

s'évanoüi1 avee elle: te!le efl la

glaire

de la profpénté. La profpérité n'a point de

gloir·e

qoi lui appartienne ; elle ufurpe celle

de~

calens

&

des

v enus , dont on fuppofe qu'elle efl la compagoe: elle en

ell bien·t6t dépouillée, ti t'oo

s'apper~oit

que ce o"efl qu'

uu larcin_;_

&

pour !'en eonvaiocre ,

il

fuffic d' un

re–

vers,

errp1t11r perfona, manet

ru

.

O o adoroit la for–

tuoe danf ton favori;

i1

ell difgracié, oo le mépri(e:

mai~

ce..

ret~ur

n'efl que pour le peuple; aux yeux de

celm qn1 vott l_e, hommes en eux-memes, la profpéri–

ne prouve nen. l'advertilé n'a rico a détruire.

Qu'avee un efprit fouple

&

une ame rampante

un

homme né pour l'oobli s"éleve au fommer de la

f~rtu­

ne ; qu'il parv1enoe au comble de la faveur

e' e!l un

phéoomeoe que le vulgaire n' o fe conten¡pler' d' un

ceil

tixe; il admire, il fe prollerne; mais le t3ge n'ell poiot

ébloüi ; il deco.uvre les

ra~hes

de ce préteodu corps

lummeux,

&

vott que ce qu oo appelle fa lumiere

n'efl

rien qu'un é<:lat réBéchi ,

fuperfi~iel

&

palfager. '

La

glo~re

tondée fur un mervelll•ux fuodle

fait uue

imprdlloo plus durable ;

&

a

la honre des ho:nmes.

il

faut un fiecle pour l'effacer: te!le efl la

gloire

des ta–

lcos fupérieurs, appliqués au malheur du monde.

Le genre de merveilleux le plus funefle, mais le plus

frappant, fut toilj• urs l'éclat des

conqu~tes.

Il va nous

fervir d'exemple, pour faire voir aux hommes combien

il

ert ab(urde d'attacher la

gloire

aux eaufes de leurs

rnalheurs.

_v_ingr mille hommes dans l'efpoir du butin, en ont

futV\ un feul au carnage. D'abord un feul homme

a

!a

ter~

de vingt mil!e hommes déterminés

&

docl!es,

J~trépt~es

&

foümis, a étonné la mulr:tude. Ces mil–

l ters d hommes en ont égorgé , mis en fuite, ou fubju–

¡¡ué un plus graod nombre. Leur chef

a

e

u

le front

GLO

de dire,

j'ai combattu

,

j6

fuis vainquwr;

&

l'Uoi–

vers a répeté,

il a combattu, il efl vainqt«ltr

;

de-li

le merve¡lleux

&

la

gloire

dts conqueres.

Save-z.· vous ce que vous taites, peuc-on demander

i

ceux qui célebrent

les

conqoérans? Vous applaudilfe-z.

a

des gladialeurs qui

s'exer-~ant

au milieu de vous' fe

difputent le prix que vous referve"Z.

a

qui vous portera

les coups les plus surs

&

les plus terribles. Redoubléz

d'acclamatioos

&

d'éloges. Aujourd'hui ce font les corps

fanglan~ ct~

vos voifins qui combem épars dans !'are–

ne; demaiu ce fera vocre tour.

Telle ert

la force dn merveilleu>< fur les efprits de

la multitud

e.

Les opéralions produéhiees font la plll–

part lentes

&

tranquilles; elles ne nous étonoent poiot.

Les opératioos ddhuélives (ont rapides

&

bruyantes ;

nou; les

pla~ons

au rang des prodiges .

11

oc fao1 qu'un

mois pour ravager une province ; il faut dix ans pour

la rendre Cerrile. On admire cclui qui

!'a

ravagée;

a

peine daigne- t-on penfer

il

celui qui la rend ftrtile .

Faur-il s'étonner qu'il (e falTe taot de graods maux.

&

t1

peu de grands bieos?

Les peuples n'auroot·ils jamais le courage ou le bon

feos de fe

réunir cootre celui qui

les

immole a fon

ambition effrénée,

&

de lui dire d'un cóté comme les

foldats de Céfar :

Liceat difcedere, Cd!far

,

A rabie fcelerttm. Qur.eris

terrtiq1u

marique

Hii

ferntm Jttgrdit. Animas effrmdere viles,

Q_uolibet hofte

,

para¡.

(

Lucan. _)

De

1'

autre c6té , eomme le Scvrhe

a

A lexandre :

, Qu'avons-nous

a

démiHer al!ec tÓi? Jamais nous o'

a–

" vo!Js mis le pié daos too pays. N 'efl-il

pas permis

, a

ceo~

qoi vivent dans

les bois d'ignorer qui tu es

,, &

d'p\i

tu viens

,

?

N'y aura-t-i! pas au-moins une clalfe d'hommes

af–

fe-z. au -deiTus du vulgaire, alfez fages, alf•-z. courageux,

alJe-z. éloquens, pour fol11ever le monde contre

fes

op–

prcrTeurs,

&

lui rendre odieufe une

gloire

barbare?

Les gens de L eures détermineur l'opininn d'un lie–

cle

a

l'autre; c"efl par

eux qu'elfe

e!l 6xée

&

rranfmi–

fe; en quoi ils peuveot

~tre

les arbitres de

la

gloire,

&

par conféqueot

les plus otiles des hommes ou

les

plus peruicieux.

Vixere fortes ante Agamemnono

M

~tití;

(ed omneJ il/acrymabilet

Urg entur, ignoti1ftle long

a

Naéle:

e

arene qrtia vate fa

ero.

( Horat.)

Abaodonnée au peuple, la vérité s'altere

&

s'obfcur–

cit par la tradition ; elle s'

y

perd dans un déluge de

fables. L'hé10i"que devieot abfurde en palfaot de bou–

che en booehe: d'abord oo !'admire comme un prodi–

ge; bien-cót oo le mépri(e comme un con1e furaoné,

&

l'on finit par l'oublier. La litine potlérité ce croit

des fiecles reculés, que ce qo'il a plu aux écrivains cé–

lebres.

Louis

XII.

difoit:

., Les Grecs ont fait peu de cho–

" res.

mais ils ont eunobli le peu qu

"ils

noe

fail par la

., fubtimité de kur

~toqueoce.

L es

Fra11~ois

oot

fait

de grandes chofes

&

eo

grand nombre; mais ils o'ont

.. pns sa les écrire. Les feuls Rc>main' Ollt eu le dou–

., bte avantage de faire de grande, cho(es,

&

de

les

cél~brcr

dignement ,. . C'dl un roi qui reconooit

que la

gloire

des nations ell daos

les maius des gens

de Lettres.

Mais ,

il

faut l'avoüeo,

ceu~-ci

ont trop fouvent ou–

blié la dignité de leur état;

&

leurs éloge> proflitués

aux crimes heureux , om fair de graods mau><

~

la

terre.

Demande-z.

a

VirgHe que! étoit le droir des Romaios

fur le refle des hom mes ,

il

vous répond hlrdimenr,

Parcere [ttbjeélis

&

debellare [ttperbos.

Demande-z.

a

Solis ce qu'on doit penfer de Cortes

&–

de Mon1e-z.urna, des

Mexiq~ains

&

des Efpagnols ;

il

vou< répood que Cortes étolt an héros,

&

Monte

2

u–

ma

un

ryran; que les Mexiqua!os étoienc des barbares,

&

les E(pagnols des gens de bten.

En écrivaot o

o

adopte un. perfonnage, une patrie;

& ·

il

femble qu'il o'y aít plu< neo

~u

monde , ou que toU!

foir fait pour eux feuls. La patrte d'uo fage e!l la ter–

re, Con héros e!l le genre humain .

Qu'uo counifan foit un llateur, fon état l'excufe en

que!-