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GLO
Jui-m€m~
ce qu'il devroir mérjrer des autres: ainti on
die
un
rtgn~
glorieux
,
&
non pas
rln
roi
gloriet~x
.
Cependan t ce ne leroit pas une faure de dire au plu–
riel , les plus
glorieflx
conquérans oe valenr pas un
prince bieofaifant; mais on ne dira pas,
In
princc¡ glo-
ri•ttx,
pour dire
les princc¡ ii!Jt{Jra.
.
Le
gloriet~x
n'efl pas tour-a-fair le fier, ni l'avanra–
geux , ni
1'
orgueilleux. Le fier riem de
1'
arrogant
&
du dédaigoeux,
&
re communique peu.
L'a,•am~geux
a
bufe de la moindre Qéférence qu'oo a pour lui. L'or–
gueilleux étale
1'
ex ces de la boone opinioo
qu'
il
a
de
lui-méme. Le
glorimx
efl plus rempli de vanité ;
il
eherche plus
a
s'établir daos
1'
opioion des hommes;
il
veut réparer par les dehors ce qui lui manque en eltet.
L'orgueilleux fe croit quelque chofe; le
gloriwx
veut
paroltre qnelque chofe. L es nouveaux parvenus font
d'ordinaire plus
glorimx
que les autres. On a appellé
quelquefois les Saints
&
les Aoges, les
gloriwx,
com·
me habitans du leJOUr de la
gloirc.
G/o,·iwfcment
e!l tOLIJOUrs pris en bonne part; il re–
gne
glarie~tf•ment
;
il fe tira
glorieufement
d'uo grand
danger, d'une mauvaifc affaire.
Se
glorifier
el!:
tatHÓt pris en bono e part, tantót en
mauvatfe, fe loo l'obJet dont il s'agit.
11
fe
glarifie
d'a–
voir exercé fon cmploi avee dureté.
11
fe
glorifie
d'u–
ne difgrace qui efl le fruit de fes
taleos
&
1'
etfet de
l'envie . O o die dts manyrs qu' ils
glorifioitnt
Dieu ,
c'e!l-a-dire que leur conflance rendoit rcfpeél:ablc aux
hommes le Dieu qu'ils
annon~oieot.
Art. de
M.
DE
VoLTAIRE.
G
r.
o 1
R E ,
f.
f.
(
Philafoph. Morale)
e' ell l' éclat
de la bonne renommée .
.,
L'dll me efl un
f•ntimeoc
tranquille
&
perfonnel ;
J'admiration, un mouvemeot rapide
&
quelqu•fois mo–
meotsné; la eélébrité, une renommée étendue;
la¡gloi–
r•,
une renommée écla1aore,
le concert uuanimc
&
folltenu d'une admiration univerfelte.
L'~l1ime
a pour bale l'honnete; t'admiration, le rare
&
le grand dans le bien moral ou phylique ;
la célé–
brité, l'extraordi11aire ,
1
'étonnant pour la multitude · la
gloire,
le mervellleux.
'
Nous appellons
merveillm><
ce qui s'éleve ou fcm–
ble s'élever au· de!fu$ des fdrces de la nature ; ainfi la
gloire
humaine, la fe ule dont nous parlons
ici ,
tient
beaucoup de l'opinion; elle cll vraie ou fautfe comme
elle.
JI y
a deu>< forres de faulfe
gloire;
!'une
e(!
foodée
fur un faux maveilleux ;
1'
autre fur uo mer•eilleux
réel, ma:s funelle .
11
fcmble qu'il y ait auiTI deux e–
fpeces de vraie
gloi>·e;
!'une foodée fur un mervcilleux:
agréab¡e; l'autrc fur on mcrveilleut otile au munJt :
mais ces deux objtts n'eo font qu'uo.
La
gloire
f<ln<lée fur un faux merveilleux, n'a que le
regoe de l'illufion,
&
s'évanoüi1 avee elle: te!le efl la
glaire
de la profpénté. La profpérité n'a point de
gloir·e
qoi lui appartienne ; elle ufurpe celle
de~
calens
&
des
v enus , dont on fuppofe qu'elle efl la compagoe: elle en
ell bien·t6t dépouillée, ti t'oo
s'apper~oit
que ce o"efl qu'
uu larcin_;_
&
pour !'en eonvaiocre ,
il
fuffic d' un
re–
vers,
errp1t11r perfona, manet
ru
.
O o adoroit la for–
tuoe danf ton favori;
i1
ell difgracié, oo le mépri(e:
mai~
ce..
ret~ur
n'efl que pour le peuple; aux yeux de
celm qn1 vott l_e, hommes en eux-memes, la profpéri–
té
ne prouve nen. l'advertilé n'a rico a détruire.
Qu'avee un efprit fouple
&
une ame rampante
un
homme né pour l'oobli s"éleve au fommer de la
f~rtu
ne ; qu'il parv1enoe au comble de la faveur
e' e!l un
phéoomeoe que le vulgaire n' o fe conten¡pler' d' un
ceil
tixe; il admire, il fe prollerne; mais le t3ge n'ell poiot
ébloüi ; il deco.uvre les
ra~hes
de ce préteodu corps
lummeux,
&
vott que ce qu oo appelle fa lumiere
n'efl
rien qu'un é<:lat réBéchi ,
fuperfi~iel
&
palfager. '
La
glo~re
tondée fur un mervelll•ux fuodle
fait uue
imprdlloo plus durable ;
&
a
la honre des ho:nmes.
il
faut un fiecle pour l'effacer: te!le efl la
gloire
des ta–
lcos fupérieurs, appliqués au malheur du monde.
Le genre de merveilleux le plus funefle, mais le plus
frappant, fut toilj• urs l'éclat des
conqu~tes.
Il va nous
fervir d'exemple, pour faire voir aux hommes combien
il
ert ab(urde d'attacher la
gloire
aux eaufes de leurs
rnalheurs.
_v_ingr mille hommes dans l'efpoir du butin, en ont
futV\ un feul au carnage. D'abord un feul homme
a
!a
ter~
de vingt mil!e hommes déterminés
&
docl!es,
J~trépt~es
&
foümis, a étonné la mulr:tude. Ces mil–
l ters d hommes en ont égorgé , mis en fuite, ou fubju–
¡¡ué un plus graod nombre. Leur chef
a
e
u
le front
GLO
de dire,
j'ai combattu
,
j6
fuis vainquwr;
&
l'Uoi–
vers a répeté,
il a combattu, il efl vainqt«ltr
;
de-li
le merve¡lleux
&
la
gloire
dts conqueres.
Save-z.· vous ce que vous taites, peuc-on demander
i
ceux qui célebrent
les
conqoérans? Vous applaudilfe-z.
a
des gladialeurs qui
s'exer-~ant
au milieu de vous' fe
difputent le prix que vous referve"Z.
a
qui vous portera
les coups les plus surs
&
les plus terribles. Redoubléz
d'acclamatioos
&
d'éloges. Aujourd'hui ce font les corps
fanglan~ ct~
vos voifins qui combem épars dans !'are–
ne; demaiu ce fera vocre tour.
Telle ert
la force dn merveilleu>< fur les efprits de
la multitud
e.
Les opéralions produéhiees font la plll–
part lentes
&
tranquilles; elles ne nous étonoent poiot.
Les opératioos ddhuélives (ont rapides
&
bruyantes ;
nou; les
pla~ons
au rang des prodiges .
11
oc fao1 qu'un
mois pour ravager une province ; il faut dix ans pour
la rendre Cerrile. On admire cclui qui
!'a
ravagée;
a
peine daigne- t-on penfer
il
celui qui la rend ftrtile .
Faur-il s'étonner qu'il (e falTe taot de graods maux.
&
t1
peu de grands bieos?
Les peuples n'auroot·ils jamais le courage ou le bon
feos de fe
réunir cootre celui qui
les
immole a fon
ambition effrénée,
&
de lui dire d'un cóté comme les
foldats de Céfar :
Liceat difcedere, Cd!far
,
A rabie fcelerttm. Qur.eris
terrtiq1u
marique
Hii
ferntm Jttgrdit. Animas effrmdere viles,
Q_uolibet hofte
,
para¡.
(
Lucan. _)
De
1'
autre c6té , eomme le Scvrhe
a
A lexandre :
, Qu'avons-nous
a
démiHer al!ec tÓi? Jamais nous o'
a–
" vo!Js mis le pié daos too pays. N 'efl-il
pas permis
, a
ceo~
qoi vivent dans
les bois d'ignorer qui tu es
,, &
d'p\i
tu viens
,
?
N'y aura-t-i! pas au-moins une clalfe d'hommes
af–
fe-z. au -deiTus du vulgaire, alfez fages, alf•-z. courageux,
alJe-z. éloquens, pour fol11ever le monde contre
fes
op–
prcrTeurs,
&
lui rendre odieufe une
gloire
barbare?
Les gens de L eures détermineur l'opininn d'un lie–
cle
a
l'autre; c"efl par
eux qu'elfe
e!l 6xée
&
rranfmi–
fe; en quoi ils peuveot
~tre
les arbitres de
la
gloire,
&
par conféqueot
les plus otiles des hommes ou
les
plus peruicieux.
Vixere fortes ante Agamemnono
M
~tití;
(ed omneJ il/acrymabilet
Urg entur, ignoti1ftle long
a
Naéle:
e
arene qrtia vate fa
ero.
( Horat.)
Abaodonnée au peuple, la vérité s'altere
&
s'obfcur–
cit par la tradition ; elle s'
y
perd dans un déluge de
fables. L'hé10i"que devieot abfurde en palfaot de bou–
che en booehe: d'abord oo !'admire comme un prodi–
ge; bien-cót oo le mépri(e comme un con1e furaoné,
&
l'on finit par l'oublier. La litine potlérité ce croit
des fiecles reculés, que ce qo'il a plu aux écrivains cé–
lebres.
Louis
XII.
difoit:
., Les Grecs ont fait peu de cho–
" res.
mais ils ont eunobli le peu qu
"ils
noe
fail par la
., fubtimité de kur
~toqueoce.
L es
Fra11~ois
oot
fait
de grandes chofes
&
eo
grand nombre; mais ils o'ont
.. pns sa les écrire. Les feuls Rc>main' Ollt eu le dou–
., bte avantage de faire de grande, cho(es,
&
de
les
cél~brcr
dignement ,. . C'dl un roi qui reconooit
que la
gloire
des nations ell daos
les maius des gens
de Lettres.
Mais ,
il
faut l'avoüeo,
ceu~-ci
ont trop fouvent ou–
blié la dignité de leur état;
&
leurs éloge> proflitués
aux crimes heureux , om fair de graods mau><
~
la
terre.
Demande-z.
a
VirgHe que! étoit le droir des Romaios
fur le refle des hom mes ,
il
vous répond hlrdimenr,
Parcere [ttbjeélis
&
debellare [ttperbos.
Demande-z.
a
Solis ce qu'on doit penfer de Cortes
&–
de Mon1e-z.urna, des
Mexiq~ains
&
des Efpagnols ;
il
vou< répood que Cortes étolt an héros,
&
Monte
2
u–
ma
un
ryran; que les Mexiqua!os étoienc des barbares,
&
les E(pagnols des gens de bten.
En écrivaot o
o
adopte un. perfonnage, une patrie;
& ·
il
femble qu'il o'y aít plu< neo
~u
monde , ou que toU!
foir fait pour eux feuls. La patrte d'uo fage e!l la ter–
re, Con héros e!l le genre humain .
Qu'uo counifan foit un llateur, fon état l'excufe en
que!-