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EPO

bies, les pretres,

&

nutres perConnes libres qu'on di–

fpenloit du combat, étoit la preuve par le fer ardent .

C'étoit une barre de fer d'environ trois livres pef.,nt;

ce fer étoit béni avec plu(jeurs cérémonies,

&

gardé

dans une égliCe qui avoit ce privilége ,

&

3

lnquelle on

payoit un droit pour faire

I'lprclIvc.

L'accuCé , apres avoir jeuné trois jours nu pain

& iI

l'cau, entendoit la mea e;

iI

Y

communioit

&

faiCoit,

Qvant que de reeevoir l'Eucharillie, ferment de Con in–

noeence;

il

étoit conduit. :\ I'endroit de l'égliCe delliné

a

fai re

1'lprC1<ve;

on lui jettoit de I'eau bénite;

iI

eo

bu voit meme; enCuite ¡¡ prenoit le fer qu'on avoit fait

rougir plus ou moins, Celon les préCumptions

&

la gra–

vité du crime;

iI

le Co(llcvoit deux ou trois fois, ou

Je portoit plus ou moins loin , Celon la Centence . Ce·

pendan t les prétres récitoient les prieres qui étoient d'u–

fage. On lui mettoit en Cuite la main dans un Cae que

J'on fermoit eIaaement,

&

Cur lequel le juge

&

la

panie adverfe appofoienr leurs fceaux pour les lever trois

jours apres; alors s'il ne paroirroit point de marque de

brOlure,

&

quelquefois auffi, Cuivant la nature

&

3

J'in Cpcaion de la plaie, l'aecufé étoit abfous ou déela–

ré coupable.

La

m~me

Ipre"ve

Ce faifoit eocore en mettant la

main dan un gantelet de fer rouge, ou en marehant

nud s piés fur des barres de fer juCqu'au nombre de dou-

7.e , mais ordinairement de neuf. Ces fortes

d' /preu–

'/leJ

Cont appellées

¡utelvang

dans les anciennes lois des

P ays·I3as ,

&

Cur-tout dans celles de FriCe.

O n peut eneore rapporter

ii

eette efpoce

d' éprellve

cclle qui Ce faiCoit ou en portant du feu dans fes ha–

bits, ou en paaant au·travers d' un bucher allumé , ou

en

y

jettant des livres pour jQger s'ils bn'iloien t ou

non , de I'onhodoxie ou de la fa urreté des ehofes qu'

jls contenoien t. L es hilloriens en rapportent pluueurs

exemples .

L 'ordalie

par l'.au Ce faiCoi t ou par l'eau bouillante,

ou par I'eau froide;

l'lprwve

par l'eau bouilla.nte émit

3ceot1lpagnée des memes céré monies que celle du fer

c haud ,

&

conli lloit

a

plooger la main dans . une cuve

pour y prendre un anneau qui y étoit f"Cpendu plus ou

moios profondément.

L'lprwve

par l'eau froide, qui étoit eelle du petit

peu ple, fe taiCoit arrez umplement. Apres quelques orai–

lons prononeé.:s fur le patient, on lui liDl t la main

droite avec le pié gaucne,

&.

la main gauehc avec le

pié droit,

&

dans eet état on le jcuoit

a

l'eau .

S'i!

furnageoit,

0 0

le traítoit en eriminel; s'il eofon<roit,

ji élOit déelaré innoeeot. Sur ce

pi~-ta

iI

devoit fe

trouver peu de coupables, paree qu'un homme en cet

état ne pouvaot faire aueun mouvemen t,

&

fon volu–

me étant d'un poids Cupérieur

a

un volume égal d 'eau ,

il doit néceaairement eofoneer . D ans ceue

ipret<ve

le

m irac le devoit s'opérer fur le eoupable, au lieu que

dans celle du feu, il devoit arriver dans la perConne

de I'innoeent .

II

ell eneore parlé daos les aneiendes lois

de

l'épret/'IIe

d6 la croix, de eclle de l'Eucharilllc ,

&

d.e

celle du p3in

&

du fromage.

Dans

l'épre1lve

de la eroix les dcux parties Ce te–

noient de"ant une croix les bras élevés; cdles des deux

qui tomboil la premiere de lallitude perdoi t Ca caufe.

L'lprmvc

de l'EucMrillie fe faiCoi t en reeevant la eom–

munion ,

&

necauonnoit bien des parJures faerilégcs .

Dans la troiueme' on donooit

¡¡

ceuK qui étoient aeeu–

fés de vol, un morceau de pain d'orge

&.

un mor–

ceau de fromage de brebis fur leCquels on avoit dit la

melle;

&.

lorfque les aecuCés oe pouvoient avaler ce

morceau , ils éroient een Cés eoupable. M . du Cange ,

au mot

cormed

remarque que ceue fa<ron de parler ,

que

ce

morceau' de pai" me p"jife Itr. ngler ,

vient de

ces

COr!

es d'

IprettveJ

par le pain .

II

efl con llan t , par le témoignage d'une

foul~

d'hi–

lloriens

&

d'autres éerivains, qne toutes ces dlfféren–

tes Cortes

d'lprwves

on t été en urage dans prefque tou–

te l'Europe ,

&.

qu'elles on t été approuvées far des

p~pes , des concites,

&.

ordonnées par

~es lo~s

des ,rOls

&

des empereu rs. Mais

n

n'efl pas mOltls qu elles n ont

jamais été approuvées par rEgliCe. D es le commen–

cement du

IX.

lieele, Agobard archevequc de L yon,

éerivit avee force

contre la damnable opinjon de ceux

qui prttmdem 'fue D ieu fait connoíll e fa 'Volonté

&

fo n j1lgement par

ItI

épreuves

de realt

&

dlt fett , &

atttro femblableJ.

11

fe recrie vivement eon trc le nom

de

j ugement de D ieu,

qu'on oColt donner

a

ces

Ip";'.–

VtI;

comme

ji

Di",

dit·il

leJ avoit ordOllnéeJ, Olt J

,1

devoit fe foúmettre

J

nOJ pr'¡uga

& "

nOJ Jent imenJ

partiwliert po"r nO"J rlveler toul le '11,'jl nOlu plai, de

....-......

T ome

17.

EPO

713

favoir .

Yves de Chumcs dans le

xj.-

/ieele les

a

attl~

qués,

&

cite

a

ce CUJ et une lenre du pape Etieone

V.

a

Lamben évequc de M ayeoce, qui

ell

auffi . rapportéc

dans le deeree de Gratien . Les papes Célellin

111.

Inno–

cent

111.

&

Honorius

111.

réiterent ces défenfcs . QU3-

ere conciles provinciaux arremblés en

829

par Louis le

D ébonnaire,

&

le j v. concile général de L atran , les

défcndirent. Ce qui prouve que l'EgliCe en général,

bien loin d'y reconno)tre le doigt de Dieu, les a too.–

joues regarMes comme lui étant ¡njurieuCes

&

favora–

bles an menfooge. De-la les théologiens les plus Ca–

ges ont foOtenu apres Yves de Chames

&

S . Tho–

mas, qu'elles étoiene condamnablcs paree qu'on y teo–

loit Dieu toutes les fois qu'on y a voit recours, parce

qu'¡¡ n'y a de Ca pan aueun commaodement qui les

ordonoe, paree qu'on veut conno)tre paT cene voye des

choCes cachées qu'il n'appartient qu'a D ieu Ceul de con–

no!cre. D'ou ils coneluent que c'en

a

julle tiere qu'

elles oot été proCcrites par .les Couverains pontifes

&

par

les conciles.

Mais les défenCeurs de ces

!p..ettveJ

oppoCoic ot pour

leu r jullitication les m iraeles dont elles étoient Couveot

aecompagnées. Ce qui oe doit s'entend re que des or–

dalies; car pour

l'éprettve

par le Cerment, le duel,

la

croix,

& c.

elles n'avoient rien que d'humain

&

de na–

lurel;

&

de-U nalt une autre ql1enioo tres·importante ,

Cavoir de quel prineipe part le merveilleux ou le Cur–

naturel qu'une intinité

d 'auteur~

contemporains attellent

avoir

aeeompagn~

ces

iprcl,veJ .

Vient-i1 de D ieu,

vient-iI du M mon ?

Les théologiens memes qui condamooieot les

/prm–

ves,

CatlS eonteller la vérité de ces m iracles , o'ont pas

balaneé

ii

en amibuer le mervcilleux au démon; ce que

D ieu permetloit, diCoient-ils, pour punir ¡'audace qu'oo

avoit de tenter Ca toute-puiffance par ces voyes

Cuper~

llitieufes; Centiment qui peut fouffrir de .grandes diffi–

CUllés. Un aoteur moderne qui JI-égit fur Ja vérité de

la religion , prétend que D ieu ell interveno quelqutfois

dans ces

Iprell'VeJ ,

ou par lui-meme , Oll par le mini–

llere de bons anges, pour fuCpendre l'aaiviré des liam–

mes

&

de l'eau bOllillante en fa veur des innoeens, Cu r–

tout lorfqu'il s'agirToit d.e doarine; mais

il

conviene

d'u o autre eÓté que /i le merveilieu x ell arrivé dans

le cas d'une aecu fa tion criminelle Cur la vérité ou la

fauflet é de laquelle ni la raiCon oi

la

révélation oe don–

ooient aueune lumiere,"¡1 ell impoffible de décider qui

de D ieu ou du démon en étoit l'auteur;

&

s'iI oe dit

pas nettement que c'étoit ce1ui-ci, il le lairre enere.

voir.

M. D uelos de l'académie des Belles-Lettres, daos

une di!rertation fur ces

éprw vCJ,

prétend au contrairc

qu'il n'y avoit poinl de merveilleux , maís

b~aucoup

d'ignoranee, de etéd ulité,

&

de Cuperllition . Quaot .3UI

faits illes eombat, foit en infirmanl l'autorité des auteurs

qui les ont rapponés , foit en déyclopant l'artifi ee de piu–

{ieurs

IfrcuveJ,

foit eo tiratH des cireooflances donl el–

les étolent accompagnées des enifons de douter du Cur–

naturel qll'on a prétendu y trouver .

0 11

peu t les voir

daos i'éerit mame d'ou DOus avons tiré la plus gran–

de partic de cet aniele,

&

auquel oons renvoyons le

Jeacur comme

a

un exemple excellent de la logique

dont ¡¡ fau t faire uCage dans l'examen d'une infi nité de

cas femblables.

Mim . do l'acaJ. tomo XI/. ( G)

. Comme toutes les

IprmveJ

dont

00

viene de parler

s'appelloient en Saxon

ordtal, ordlal

par le feu ,

.r–

dial

p3r I'eau,

&c.

iI ell arrivé que leur durée a été

beaucoup plus grande dans le Nord , que par-tout ait–

leurs . Elles ont fubullé eo Angleterre juCqu'au xiij ue–

ele. Alors elles furent abandonl1ées par les juges, fans

etre encore Cupprimées par aae du parlement; mais en–

fin leur uCage cerra loealemen t en

Ilf7.

Emma mere

d'E doüard le confea eur, avoit elle·meme fubi

I' éprw–

ve

du fer chaud . La eoOtumc qu'avoient les payfans

d'll. ngleterre dans le dernier oeele de faire les

.freu–

vo

des Corciers en les jeltant dans I'eau froide plés

&

poiogs liés , efl vrailTemblablement un relle de

I'ordtal

par I'eau;

&.

ceue pratique ne s'ell pas conCervée moins

long·tems dans nos provioces, ou

1'00

y

a Couyent af–

Cujetti, meme par Centenee de juge, ceux qu'on faiCoie

parrer pour forciers .

N on-Ceulement l'EgtiCe toléra pendant des (jeeles tou–

tes les

IpreJtveJ,

mais elle en illdiqua les cérémonies ,

donna la formule des prieres , des impréeations, des

e.xoreifmes ,

&

Coutfrit que les pr':tres y prétarrent leur

m inillere: Couyent meme ils étoient aaeurs, témoio

Pierre Ignée.

Mais pourquoi dans

l'tpre"ve

de I'eau

froide , ellimoit·ot;l

~oupable

&

non pas ionocen!, celui

Xx~x

qui