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R S.
xv
de cenfeurs ,
~
me
me d' ennemis:
11
efi :vrai qu' elle a jufqu' ici
l'
avantage
de
ne
compter parml eu;c aucun
d~s E~nvains
célebres qui éclairent la Nation & <'lui 1'ha–
nOl:ent ; & ce
qu.onpourrOlt faIre peut-et·re de plus glorieux pour elle, ce feroit
la
lille de fes partlfans
&
de fes adverfaires . Elle doit néanmoins
á
ces denliers plus
qu'i~s
ne
p~nrent;
nous n'orons d"iJ-e
qu'~ls ~e
vOlldroient. Elle .Ieur
~oit
.les c;f:forts
&
1
émulat~on
des
Aute~rs;
elL: leur. dOlt J'mdulgence du Publtc, qUl fintt toUJours
&
commence
qu~lquefOls
par erre Jufie,. & que l'animofité bleffe encare plus que
laJatyre
~'amu1e.
S'il a favorifé l'exé cutíon de ce.t ouvrage, ce n 'efl: pas que les
def~uts
hu
eIl ayent échappé,
&
comment 1'auroient-ils pu? Mais il a fenti que le
vr~l
moyen d.'ammer les.
A.uteur~,
&
d~
contríbuer ainfi par fon fuffi'age ·au
bi~l1
&
a
la perfeclton de ce D1CltOnnalre, étolt de ne pas ufer envers nous de cene féve–
rité qu'íls montre quelquefois,
&
que le defi
1'
de lui plaire nous eut fait fupporter
avec courage .
L'Encyc.opédie
a
donc
d~s
obligations tre:s-réelles au mal qU'OA a voulu luí fai–
re: E!le ne peut .manquer fur-tout d 'intéreffer en général rous les gens dj:! lAttres,
q~l
n om
111
pr.éJugés
a
f~utenir,
.ni Libraires a protéger, ni compilations paífées,
plé[entes, ou futures a faIre \'aIOlr. C'.efi auffi
a
eux que nous nO)Js adreffons, en
demandant pour la derníere foís leurs lpmieres
&
leur fecours. Nous les conjurons
de.
nouv~au
de
~e
réunir avec nous poul' l'exécution d'un Ouvrage, done nous
VO~
dnons falre CelUI de la Nation,
&
auquel norre deíimérelfement
&
notre zele dOI.
vent rendre tous les honnétes
gens
favorables.
VoiHt ce que nous avions a dire fur l'Encyclopédie
&
fur
nous. Nous
ne
pell~
ferons plus maintenant qu'il ébauchel-
d a n s
la rerralte
&
dans le filence ce morrn....
menr
a
la gloire de la France
&
des Letn-es. Nous fommes bien éloignés de lui
'appliquer les tín-es faíl:ueux qu'Horace prodiguoit
a
fes ouvrages
(a),
&
que nos
adverfaires ,m.eme;s
~ous or~~ invit~ ~'aPP.Iiquer
au _natt-e, quand il feroit fini, dans
le
Adou~e o~ I~S
etOlent <¡u
11
le filt Jamals: No?-s Ignorons, ' nous
~e cherc~lOns
pas
~eme_
a prev0;t· quel fera .ron fort; dl! mOJl1s n_en ne parOlt plus s oppof;l' a la con–
tlnuatlon de
1
Encyc1opédle,
&
certamerpenr nen pe s',/ oppofera )amaIS de notre
part . La déc1aration (;!xprelfe que nous faÍfon s de ne repondre de rien.
l'
injuíl:ice
~u'il.
y
auroit
~
l'exiger de nous fur-tollt
~pres
Jes
mefures que le Gouvernerpent
a pnfes pour nous en décharger, la réfolutlOn ou nous fommes de chercher la ré–
compenfe de notre travail dans notre travail meme,
l'
obfcurité enfin .Ol! nous a1-
fiOOS
a
.vivre. tO)Jt femble afflll:er notre Tepos. Nous ne demandons qu'a etre utiles
&
ollbhés ; & en tac):¡ant par nou-e travall de nOllS procurer le premier
de
ces avan–
tages,
il
feroit injufie que nous ne puffions obtenir 1'autre. A 1'abri des feuls traits
vraiment dangereux
&
vraiment fenJibl es . que la malignité puilfe lancer contre nous,
que pourra-t-.eIle tenter deformais contre deux hommes de Lettres, que
les
réfle–
xions ont accoutumé depul s long-tems a ne craíndre ni l'injufiice ni la pauvreté;
qui ayam appris par une triíl:e expérience, non
a
mépl'ífer, mais a redouter les hom–
mes, ont le courage de les aimer,
&
la pmdence de les fuü'; qui fe reprocheroient
d'avoir mérité des ennemis, maís qui ne s' affligeront point d' en avoir,
&
qui ne
peuvent que plaindre la haine, parce qu'elle pe famoit rien leur enlever qui excite
leurs regrets? Solon
s'e~ila
de fa patrie quand
il
n'eut plus de bien
a
lui faire. Nous
n'avons pas fait a la natre le n)eme bien que ce grand homme fit
a
la fienne. ma:is
nouS lui fommes plus attaGhés. RéfQlus de lui confacrer nos veilles
(a
moins qu'elle
ne ceffe de le vouloir) nous travaillerons dans fon
f~in
a donner
a
1'Encyclopédie
tQus les foins dont nous fommes capables, jufqu'a ce qu'qle foít affez hemeufe pour
paffer en de meilleures mains _ Apres avoir fait l'occupation orageufc:
&
pénible des
plu.s précieufes années de notre . vie , elle
f~ra
peut-etre la
~onfolati~.n d~s
dernieres .
Plpífe-t-elle, quand noS' ennemlS & nous ne terons plus, etre un temOlgnage dura–
ble de nos fer¡.timens
&
de leur injuíl:ice! Puifle la poltérité nous aimer .;;omme
g~ns
de bien,
fi
elle ne nous efiime pas comme gens de Lettres! Puiffe enfin le Publtc,
fatisfait de notre docilité, fe cnarger lui-meme de répondre a tout .ce gu'on pouna
faire, dire ou écrire contre nous ! C 'eíl: un foin dom nous nous repoferons dans la.
·fuite fur nos leéteurs
&
fur notre ouvrage. SOl.lvenons-nous, dit 1'un des plus beaux
génies qU"lÍt jamais eu notre nation
( b),
de la fable
du
Bocalini: " Un voyageur
" étoit Importuné du bruit des G:igales; il voulut les tuer
1
&
ne fit ql!e
s'écarte~'
de
" fa route: il n'avoit qu'a continuer' paiíiblement fon chemil1, les cIgales ferOlent
. ?'
mQrtes d'elles-memes au bout
d~
huit jqurs ".
(a) Exegj
monumelltltm,
&C!.
(b)
Préfuce d'Abre .
Nous