ACTE
V,
SCENE
V_:
ZAMORE.
Dieux! quel genre inoui de trouble et de supplice
!
En_tre quels at_tentats faut-il que je choiFisse
'i
(AAlzire.)
Il s'agit de tes jo~rs : il s'agit de mes dieux.
Toi qui -m'oses aimer, qse juger entre·eux.
Je m'en remets
a
toi.; mon creur se flatte encore
Que tu ne voudras point
la
honte de Zamore.
ALZIRE.
Ecoute. ,Tu sais trop qu'un pere infortuné
-Disposa de ce creur que je t'avais <lon né;
Je reconnus son Dicu: tu peux de ma jeunesse
Accuser, si tu veux, l'erreur ou la faiblesse;
Mais des lois des chrétiens mon esprit enchanté ,,
Vit chez e~x , ou dq moins crut voir la vérité;
Et ma bouche , abjurant les dieux de ma patrie ,
Par mol} ~me en secret ne fut point démentie :
Mais renoncer aux d:ieux que l'on croit dans son creur,
C'est le ctime d'un rnche, et non pas une erreur :
C'est trahir 1l la fois) sous
1Ul1
masque hypocrite )
Et le dieu qu'on préfere
1
et le dieu que l'on quitte :
C'est mentir au ciel méme,
a
l'univ-ers,
a
soi.
Mourons, mais en mou.rant, sois digne encor de moi;
Et
-sj
Dieu ne te donne une clarté nouvelle,
Ta probité te parle, ii faut, n'écouter qu'elle,
ZAMORE.
J'ai prévu ta répons.e : irl vaut mieux expirer
Ét mourir avee toi, que se déshonorer.
ALVAREZ,
Cruels, ainsi tous deux voas voulez votre perte
! ·
Vous bravez. ma bonté qui vous·était offért~.
Ecoutez, le temps presse, et ces lugubres cris...
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