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ACTE III,

SCENE

IV.

141

R.omps nos fers, sois Romain, renonce au diademe.

CÉSAR,

Ah

!

que propos'es-tu?

BRUTUS.

Ce qu'a fait Sylla meme.

Long-temps dans notre sang Sylla s'était noyé;

ll

rendit Rome libJe, et tout fut oublié.

·

Cet assassin illustre, .entouré de victimes,

En descendaut du trone effa~a tous ses crimes.

Tu n'eus point ses fureurs, ose avoir ses vertus.

Ton creur s1:1t pardonner; César, fais encor plus.

Que servént désormais les graces que tu donnes?

C'est

a

Rome,

a

l'Etat, qu'il faut que tu pardonnes:

Alors plus qu'a ton rang nos creurs te sont soumis;

Alors tu sais régner, alors je -suis ton fils.

Quoi ! je te parle en vain?

CÉSAR.,

Rome demande un maitre ;–

Un jour

a

tes dépens tu l'apprendras peut-etre.

Tu Yois nos citoyens plus puissants que des rois:

Nos mreurs changent, Brutus; il faut changer nos lois . .

La

liberté n'~st plus que le droit de se nuire :

Rome, qui détruit tout, semble enfin se détruire.

Ce colosse effrayant ,. don t -le monde est foulé,

_En pressant l'univers , est lui.:.meme ébranlé.

ll

penche vers sa chute, et contre la tempete

Il demande mon bras pour soutenir sa tete. (8)

Enfin, depuis Sylla, nos antiques vertus,

Leslois, Rome, l'Etat, sont des noms superflus.

Dans nos temps corrompus, pleins de guerres civiles,

Tu parles comme au temps des Deces, des Emiles.

Catorr t'a trop séduit, mon eher fils; je prévoi

Que ta triste vertu ·perdra l'Eta\ et.toi.