Previous Page  154 / 458 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 154 / 458 Next Page
Page Background

138

LA MORT DE CÉSAR.

A.pres l'affreux serment que vous m'avez vu faire ,

Pret

a

servir l'Etat, mais

a

tuer mon pere,

Pleurant d'étre son fils, honteux de ses bienfaits,

Admirant ses vertus, condamnant ses forfaits,

~

Voyant en lui mon perc, un coupable, un grand homme,

Entrainé par César, et retenu par Rome,

D'horreur et .de pi.tié mes esprits déchirés

Ont souhaité la mort que vous lui préparez.

Je vous düai bien plus: sachez que je l'estim~;

Son grand creur me séduit au·sein méme du crime;

Et, si sur les Romains quelqu'un pouvait régner,

Il est le seul tyran que Í'on dut épargner.

Ne vous alarmez point; ce nom. que je"déteste,

Ce nom seul de tyra_n l'emporte sur le reste.

Le sénat, Rome et vous, vous avez tous ma foi ·:

Le bien du monde entier me parle contre

un

roi.

J'embrasse avec horreur míe vertu cnielle;

J'en frisson'ne

a

vos yeux' mais je vous suis fidele.

César me va parle1·; que ne puis-je aujourd'hui

Vattendrir,

~

changer, sauver l'Etat et lui

!

Veuillent les immortels,. s'e:xpliquant par ma bouche,

Pretera mo~ organe un pouvoir qui le touche

!

Mais si je n'obtiens rien de cet ambitieux,

Levez le bras, frappez, je détourne les yeux.

;

Je ne trahirai point mon pays pour mon pere:

Que Í'on: approuve ou non ma fermeté sévere, .

Qu'a l'univers surpris cette grande action

Soit un objet d'horreur ou d'admiration;

l\fon esprit, peu jaloux de vivre en la mém.oire,

Ne considere point le reproche ou la gloire:

Touj'ours indépendant, et tonjours citoyen,

Mon devoir me suffit, tout le reste n'est ríen.