ACTE
II,
SCENE IV.
_
, l 2'j
Hardi dans le sénat, faible dans le danger,
Fait pour ñaranguer Rome, et non pour la venger;
Lai~sons
a
l'orateur qui charme sa patrie
Le soin de nous louer quand nous l'aurons servie.
Non, ce n'e~t qu'ayec vous que je veux partager
Cet immortel honneur et ce pressant danger.
Dans une heure, at1 sénat le tyran doit se rendre:
La,
je le punirai; la, je le veu;x surprendre;
La,
je veux que ce fer, enfoncé dans son scin,
Venge Caton., Pompée, et le peuple romain.
C'est hasarder beaucoup. Ses ardents satellites
Par-tout du Capitole occupent les limites;
Ge peuple mou , volage, et facile
a
fléchir,
Ne sait s'il doit enc0r l'aimer ou le ha'ir.
Notre mort, mes amis, paraít inévitabie:
Mais qu'une telle mort est noble et désirable
!
Qu'il est beau de périr dans des desseins si grands !
De voir couler son sang dans le sang des tyrans
!
Qu' avec plaisir alors on voit sa derniere heure !
Mou rons , hraves amis, pourvu que César meure ,
Et que la liberté, qu'oppriment ses forfaits,
Renaisse de sa cendre et revive
a
jarnais.
'
CASSIUS.
Ne halani;ons done plus, courons au Capitole
!
C'est la qu'il nous opprime et qu'il faut qu'on l'immole,
Ne craignons ríen du peuple, il semble eneor douter;
Mais si l'idole tombe, il va la détester.
BR U TU S.
J
ul'ez done a·vec moi, jurez sur cette épée,
Par le sang de Caton , par eelui de Pompée,
Par les manes sacrés de tous ces vrais Ro~ains
Qui daus les champs d'Afrique ont fiui leurs destins;