ACTE II, SCENE V.
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qu'on le sach~ : elle travaille de ses mains
po.urgagner
de quoi me payer, ne se plaint jamais, dévore ses lar–
mes; j'ai mille peines
a
lui faire garder pour ses besoins
l'argent de son loyer: il faut des ruses
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incroyahles pour
faire passe:r jusqu'a elle les moindres secours; je lui
compte tout ce que je lui fournjs
a
moitié de ce qu'il
coilte : quana elle s'en aperi;oi t, ce sont des querelles
qu'on ne peut apaiser, et c'est la seule qu'elle ait eue
dans la maison : enfin 6'est un prodige de malheur, de
nohlesse et de vertu;
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elle m'arrache quelquefois des
larmes d'admiration et de tendresse.
FREEPORT.
Vous etes bien tendre ; je ne m'attendris point,
moi; je n'admire personne , mais j'estime... Ecoutez :
comme je m'ennuie, je veux voir cette femme-la; elle
m'amusera.
FABRICE.
Oh!
monsieur, elle ne re~oit presque jamais de visites.
Nous avions un milord qui venait quelquefois chez elle,
mais elle ne voulait point luí parler sans que ma femme
y
fút présente : depuis quelque temps il
n'y
vient plus'
et elle vit plus retirée_que jamais.
FREE PORT.
J'aime qu'ou se retire : je hais la cohue aussi-bien
qu'elle : qu'on me la fasse venir;
ou
est son apparte–
ment?
FABRICE.
Le voici de plain pied au café.
FREE PORT.
Allons, je veu~ entrer.
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