ACTE 11, SCENE 111.
357
LADI ALTON.
Et tu serais capable de l'affirmer devant des gens de
conséquence?
FRÉLON.
Je suis en relation avec des personnes de conséquence.
Je connais fort la maitresse du valet de chambre d'un
premier commis du ministre; je pour:r,ais meme parler
aux laquais de milord votre amaut, et dire que le pere
de cette fille., en qualité de mal intentionné, l'a en–
voyée
a
Londres comme mal intentionnée; je suppose–
rais meme que le pere est ici. Voyez-vous ; cela pour–
'rait avoir des suites , et on mettrait votre rivale, pour
ses mauvaises intentions, dans la prison ou j'ai déja été
pour mes feuilles.
LADI ALTON.
Ah! je respire; les grandes passions veulent etre ser–
vies par des gens sans scrupule ;
,i
je veux que le vais•
seau aille
a
pleines voiles , ou qu'il se brise.
Tu
as rai–
son; une Ecossaise qui se cache , dans un temps ou tous
les gens de son pays sont suspects, es·t surement une en–
nemie de l'Etat; tu n'es pas un imbécille, comme on le
dit. Je croyais que tu n'étais qu'un barbouilleur de pa–
pier, mais je vois que tu as en effet des talens. Je t'ai
déja récompensé; je te récompenserai encore.
ll
faudra
m'instruire de tout ce qui se passe ici.
FRELON.
Madame, je vous conseille de faire usage de tout ce ·
que vous saurez, et meme de tout ce que_vous ne saurez
pas. La vérité a besoin de quelques ornements : le men–
songe peut etre vilain, mais la fiction est belle ; qu'est–
ce, apres tout, que la ,,érité? la confor mité
a
nos idées :