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PRÉFACE.
mais tout art demande un talent, et Je talent est
rare.
_Nous ne ·pouvons mieux finir cette préface
q~e
par ce passage de notre com'patriote Mon–
taigne sur les spectaclBs.
«
J'ai soutenu les premiers personnages es.
u
tragédieslatines de Bucanam etde Guerante ,et
<<
~e Muret,qui se représenterent
a
nostre college
«
.~e Guyeune avec dignité. En cela, Andreas
ce
Goveanus nostre principal, comme en toutes
«
autres parties de sa charge, fent sans compa–
H
raison le plus grand principal de France, ei–
«
m'en tenoit-on maistre ouvrier. C'est un exer–
u
cice que je· ne mesloue point aux jeunes en–
«
fants de maison, et ai veu nos princes depuis.
s'/
<e
adonner en personne,
a
l'exemple d'aulcuns
u
des ancie1íls, .honnestement et louablemen
t :
ce
il étoit loisible m~me d'en faire métier aux
<<
gents d'honneur en Grece :
Aristoni tragico
«
actori rem aperit : huic et genus et fortuna
t<
honesta erant: nec ars
~
quia nihil tale apud
<e .
Grcecos pudori est
~
ea diformabat.
Car j'ai
«
tousiour~ accusé d'impertinenceceulxqui con–
ce
damnent ces esbattements, et d'injustice ceulx
ce
qui .empeschen~ l'entrée de nos bonnes villes
<<
a:ux comédiens qui le valent , et envient au
«
peup1e ces plaisirs puhlics. Les bonnes polices