TÉMOIGNAGE DES
SENS.
fauífes apparences : ce qui efi évidernrnent faux. Car Dieu
·a
autrefois ainfi trompé
&
Abraham
&
T obie
&
faint Pierre,
en leur montrant des Anges revetus d'un corps hurnain ; en
leur montrant de-s hommes,
la
ou
il
n,y
avoit
.pas
des horn~
m-es. ·pourquoi Dieu ne pourra-t-il pas faire toujours ,
ce
qu'il
a
fait quelquefois
?
RÉPONSE.
Av.ancer que -Dieu peut,
en
quelque maniete·
que ce foit, tromper les hommes;
éeíl:
montrer qu'on s'eft
fait
de
Dieu,, une idée vifiblement contradiél:oire. L'idee
d'Etre incréé
&
créateur , d'Etre infiniment
fage
&
infini-,
ment parfait,
&
ridée d'Etre trornpeur, d'Etre impofleur ,'
font
deux idées plus incompatibles dans· leuf objet; qu~
l'tdée de cercle
&
de quarré ,
de
globe·
& de
cube, ne peu~
vent l'etre tlans
le
leur. '
·
1°.
Les différentes
Apparitionsfurnaturtllü,~qui
'font rappor.;
tées
&
dans les Livres Saints
&
dans l'Hifioire de l'Eglife, font
des
Miracles deflinés, non
a
tromper, mais
a
éclairer les hommes.
.
Le Miracle efi le langage de la Divinité, ou le fceau divin
qu'elle imprime
a
fon langage. Quand Dieu vcut annoncer
aux hommes quelque vérité nouvelle
,
ou réveiller
&
mieux
,inculq_uer dans leur efpr~t quelque vérité déja conr1ue,
que
fait-il
?
Ou
il
arrete
ie _foleil dans
fa
courfe ; ou
il
ranimé'·
un cadavre inanimé; ou
il
revet
un
Ange d'un corps humain;
·ou
il
rei:id rniraculeufemem la fanté a quelg_ue Malade défef .. ·
péré; ou
il
interrompt vifiblement quelqu'autre Loi général~
~
e laNature.
11
efl: clair que s'énoncer
~
s'expliquer ainíi
~
c
'e.íl:parler en Dieu.
·
.
·
·
- A l'occafion du Miracle opéré ,
il
_nait quelquefois dans
1'
efprit de ceux qui en
font
f
peétateurs
~
témoins , une illu–
fion innocence
&
paífagere; fruit d'un jugemenr trop
pré-.
cipité, qui eíl:ime inconfi<lérément qu'il n'y a point de mira–
de , la ou
i1
efi évidemment poffible qu'il
y
ait un míracle.
Mais a la foite de cette illuíion innoceme
&
paífagere
,
Dieu fait éclater quelque
Vérité d'un ordre fupérieur,
qa'il
vouloit annoncer ou rappeller aux hommes.
Aipfi,
dans le
,Miracle, loin d'étre trompeur; Dieu e:ll: un mairre adorable·,
qui nous apprend ou nous confl:ate de falutaires vérités.
Par exemple,
a
l'occ~fion du miracle dans lequel des
'Anges fe mo&rrem reverus d\m corps humain ; Dieu ap–
prend
a
Abraham, que de lui va nartre, contre roure atceme,
un Fils intéreífant , dont la pofiérité doit donner le jour au
Meffie promis: Dieu apprend
a
Tobie , quel tenclre iméret
il prend aux Ames charitables
&
bienfaifantes, au~quelles il
accorde dans le beíoin , une proreélion fornarnrelle
&
mira–
culeufe: Dieu apprend
a
Saint Pierre , avec que! foin
fa_