D1sTINCTIONS
PHlL0S0PIUQUES;
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Philofophes , au fojet de la
DijlinElion
réelle
:
ils convien–
nent
tou-s unanimement que cette
difü11élion
exifte dans
les chofes;
&
qu'elle
y
confül:e dans une
Altérité
de natureº
Ils conviennent par-la meme, que quand nous concevons
deux objets r€ellement difüngués )'un de l'autre, nos idées
-om pour objet, deux chofes dont l'une n'eíl pas l'autre·;
deux chofes dont l'une peut, ou _ exifier fans l!autre , ou du
moins
etre
niée de l'autre.
U
n'en efi pas de .ineme, de cette
autre. DiflinElion
qui a
lieu entre les propriétés eífentielles d'une meme
&
uniquc
chofe;
&.
qui fuppofe, dans cette rneme
&
unique chofe;
du moins une
differente Concepti{Jilité.
Celle-ci a occafionné
&
occafionne encore les _plus bruyantes difputes dans les
Ecoles philofophi<i_ues : difputes aífez frivoles pour le fond
des chofes, mais qui deviennent intére-íTantes par l'univer•
íalité de leur objet;
&
qu'on ne pe~t guere ignorer, fans
s'expofer
a
tout confondre dans les idées TT1étaphyfiques.
C'eft done uniquement fur .cette feconde efpece de Diftinc–
tion, fur celle qui a líen entre les propriétés effentielles
d'une rneme
&
unique chofe, que doit ici
fe
porcer
&
{:e ,
fixer tome l'attention d~ l'efprir.
Pour bien fixer
&
pour faire bien fentir íci
l'
état précis de
la quejlion,
au fujet de cette feconde difünélion, nous allons
le renfermer
&
le préfenter dans cet unique pro1bleme mé–
taphyfique:
Quel efl l'objet précis
&
détermini de· mes idées
;
'iu,and je
con9ois différentes propriétis e.ffentielles d'une
meme
&-
unique
chofe
.?
.
Par exemple, quel efl: l'ohjet précis
& déterminé
de mes,
idées : quand je con~ois Dieu, tantot comme Díeu , tantot
cornme éternel, tantot comme t<;>ut-puifiant, tantot comme
juíle , tantot· comme bien~ifant,
tamot
comme fage; ou
quand je com;ois un meme
homme ,
tel qu' Arifte , tantot
comme Ariíl:e,
tantot
comme· homme ,
tantot
comme rai–
fonnable , tantot comme animal , tantot comme fobfianc~;
&
ainfi du reíle? Voila ce qu'il s'agit d'expliquer
&
de
déterrniner dans toute
fa
généralité
!
.
,
C'eft uniquement pour réfoudre ce
ProbUme
métaphyfi,que;
qu'ont été imaginés les trois fyfternes que nous allons e:>:pofer
&
examiner :
f
yfte-mes qui femblent avoir pris naiílance , le
premier dans le fein -du délire ; le fecond, dans le fein du
fophiíine ;
le troificme , dans le fein de la vraie philofophie~